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vendredi 3 septembre 2010

A l’école des disciples...



Petite homélie intermédiaire

A l’école des disciples

La liturgie, depuis quelques dimanches, fonctionne comme une sorte de voyage initiatique, une sorte d'école itinérante, comme les élèves de l’école péripatéticienne, fondée par Aristote en 335 av. J.-C. au Lycée d'Athènes : la légende rapporte qu'Aristote y enseignait en se promenant.
C’est ce à quoi servaient les anciens Portiques, ces longues galeries couvertes soutenues par des colonnes et placées devant une façade.



Jésus conduit ses disciples pas à pas vers l'achèvement de sa mission afin qu’ils en comprennent la portée et les enjeux. Et pour ceux qui accepteront de rester avec lui et d'en devenir les témoins de génération en génération, jusqu’à aujourd’hui. Tout cet ensemble de textes constitue maintenant un enseignement, pour devenir pour notre temps les disciples du Jésus-Christ du 21ème siècle.

Sans cesse résonne à leur endroit - et à notre endroit maintenant -, ce reproche du Maître : « Vos pensées ne sont pas mes pen­sées. » II semble nous dire sans cesse: « Faites un effort pour comprendre et réagir autrement que selon vos réflexes habituels. Devenez plus humains tels que Dieu vous a faits. » Il commence à s’éloigner, le « printemps de Galilée », et le charme indéniable du jeune prophète : en route, il devient plus que déconcertant. Luc précise « Ses traits se durcirent en attaquant la montée de Jérusalem ». Il affronte les chefs de toutes les catégories du moment : scribes, lévites et phari­siens, c’est-à-dire théologiens, prêtres et dévots !

« Mais que veut-il, à la fin ? Que faut-il faire pour le suivre? »



Dès la sortie de la Galilée, cela a commencé par aller mal avec les proches (Lc 9, 51-56). À l'entrée en Samarie, ce fut l’hostilité des habitants qui ne reconnaissent pas le mont Moriah de Jérusalem, mais le mont Garizim de Sichem (Naplouse). Du coup, les disciples, pris de panique et prenant Jésus pour Élie revenu, lui demandent de jouer les Zeus olympiens et de lancer le feu du ciel sur ces gens comme Élie jadis sur les prêtres de Baal (2 R 8,10).  Et lui remet ça :

« Mais de quel esprit êtes-vous donc ? Je ne suis pas venu pour détruire mais pour sauver. »

Le ton est donné, le nouvel enseignement du Maître va faire mal : pour avancer, nous sommes sommés de vérifier de quel esprit nous sommes vraiment, non dans nos discours ready to say mais dans nos réactions spontanées, qui révèlent qui nous sommes vraiment sous la pellicule du christianisme bimillénaire de note culture.

La première rencontre (Lc 15) a campé «la bande à Jésus » devant deux groupes d'auditeurs : les pharisiens dévots et les scribes théologiens d'une part, et les publicains percepteurs et les pécheurs outlaws d'autre part. Il est évident qu'ils n'ont pas les mêmes motivations. Les seconds sont attirés par la renom­mée du prophète qui accueille tout le monde, même s'ils ont mauvaise réputation ; quant aux premiers, scandalisés de le voir se mêler aux sans foi ni loi, ils cherchent à surprendre Jésus en défaut et le disqualifier : l’homme est dangereux !

On ne voit pas de non juifs, sinon le plus sou­vent des Romains - les occupants doublement détestables - et, justement, des Samaritains, ces hérétiques dont ils ont du traverser la province pour gagner Jéru­salem.  C’est pourtant l’un d’entre eux que Jésus a pris un jour comme exemple, pour en faire l’un des plus beaux héros de cette parabole inoubliable du Bon Samaritain (Le 10, 25-37) – histoire qui appartient au patrimoine mondial de l’humanité. Luc en citera un autre, un lépreux, le seul reconnaissant de 10, guéris par l’homme de Nazareth.



Tous les hommes sont catalogués selon leur origine ou leur statut social, et il est bien prévu par la Loi de savoir comment se comporter selon les uns et les autres : tout est codifié. Eh bien Jésus déborde ces limites et il entraîne ses disciples à les considérer autrement : cet homme est vraiment, t dangereux, puisqu’il relativise la loi, LA LOI !

Le disciple de Jésus qui voulait suivre ce Maître, c’est-à-dire devenir chrétien au temps de la rédaction des évangiles (vers les années 70), en lisant ces textes, va découvrir une nou­velle manière de voir les hommes : le regard ! Changer le regard ! Ce stage à l'école nomade de Jésus enseigne une nouvelle façon d'être humain, détruisant toutes les barrières, supprimant en sa chair, toute haine... créant en sa personne un Homme nouveau.


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