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lundi 29 novembre 2010

L’Eau, l’Esprit et le Feu

L’Eau, l’Esprit et le Feu
dimanche 05 décembre 2010
2ème dimanche de l'Avent, année A

Textes
§          Is 11,1-10.
§          Ps 72,2.7-8.12-13.17.
§          Rm 15,4-9.
§          Mt 3,1-12.


Jean-Baptiste devrait revenir, comme « en ces jours-là » !

Jean-Baptiste est la figure qui inaugure le temps de l’Avent : on l’appelle le Précurseur – celui qui court en avant pour faire savoir que celui qu’on attend, arrive enfin ! Et il le montre du doigt, quand il paraît : « C’est lui ! ».
Jean-Baptiste est le médiateur, celui qui se place à l’intersection, au croisement, entre l’avant et l’après : un présent déjà passé, et qui tombe de suite dans le futur. C’est toujours le présent, quand on évoque l’action et la parole du Baptiste : c’est pourquoi c’est aujourd’hui qu’il parle. Qu’il nous parle !

Jean-Baptiste est le dernier parlant-visionnaire des Juifs de la Bible : il se retourne alors, et devient le parlant-visionnaire des hommes de l’Evangile : un bras vers l’arrière, un bras vers l’avant.
Il est même une / la vraie figure de l’Eglise qui se veut porte-parole de et pour tous ceux et celles qui ont annoncé que c’est bien ce Jésus-là qui est venu, qui vient et qui viendra !

JB fait savoir clairement qui il est et qui il n’est pas, pour qu’on ne fasse pas d’erreur sur son compte : « Moi, je vous baptise, dans l’eau (la manière juive, le « mikvé »[1]), en signe de pénitence ; mais celui qui vient après moi (et là, il montre du doigt, son cousin, Jésus), est plus grand que moi, et je ne suis pas digne de lui cirer les chaussures.  Lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint[2] et le feu.»"



Il y aurait donc un baptême dans l’eau, et il y a un baptême dans le feu !  Qu’est-ce que cela signifie ? 
Le baptême de Jean est un baptême dans l’eau.  Tout comme le baptême de l’Eglise. 
Il y a donc un baptême dans l’eau, qui est celui de l’Eglise, et un baptême dans le feu. 
Or, que veut dire le rabbin pharisien Paul quand il parle d’"un seul baptême" (Ep. 4, 5). 
On ne peut nier que l’eau, ce n’est pas le feu, l’eau et le feu devant être compris ici au sens matériel : pourtant dans le baptême « matériel » de l’Eglise, il s’agit d’une vraie eau, et pour ce qui est du baptême de feu, il s’agit bien de vrai feu, puisque Jean-Baptiste dit d’une manière expresse et terrible: ". . . brûler la paille dans un feu qui ne s’éteint pas."

Pierre, dans la seconde épître à lui attribuée, nous donnerait-il la clé de ce mystère ?
"Les cieux et la terre d’aujourd’hui (présent) sont gardés par la même parole divine et réservés pour le feu, au jour du jugement et de l’anéantissement des impies." (2 P. 3, 7) 



Ainsi, le baptême dans l’eau et le baptême dans le feu trouvent tout leur sens propre :
o        le baptême dans l’eau est destiné à purifier l’âme,
o        tandis que le baptême dans le feu est destiné à purifier le corps. 

§         Durant notre vie sur terre,, dans le temps et l’espace, notre âme est donc purifiée de ses péchés par le baptême, ainsi que par la pénitence (qui peut être comprise comme la perpétuation de la grâce baptismale tout au long de l’existence);
§         mais notre corps n’est pas encore purifié : il ne le sera qu’à la fin des temps, lorsque le Seigneur ressuscitera notre corps pour la gloire éternelle (selon la formule imagée de l’Ecriture !).

La formule est « formidable », au sens de « qui fait peur », bien qu’elle sonne de façon bucolique ! Ecoutez plutôt : «Il tient en main le van ; il va nettoyer son aire, amasser le froment dans son grenier, mais brûler la paille dans un feu qui ne s’éteint pas

Le van est une sorte de panier-passoire qui sert à séparer les grains de la paille et des autres déchets.  Jean-Baptiste affirme que le Christ va être chargé de séparer le grain de tout le reste : image encore pour dire « régler tous les comptes ». Dieu a certes créé tous les hommes par Amour ! Mais Dieu est aussi Justice ! 
Et il est toujours dangereux de séparer Amour et Justice en Dieu - et en chacun, d’ailleurs ! -, car ce serait tronquer la réalité de son être et de tout être.  Il faut en tenir compte, sans quoi on se trompe, on trompe les autres, et on se perd ensemble . . . 
Dit autrement : Dieu nous offre son Amour, mais si nous n’y répondons pas, nous aurons à rendre compte à sa Justice.

Quand Paul nous avertit : "Que chacun donc se mette soi-même à l’épreuve, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe." (1 Cor. 11, 28), il définit le rôle de l’Eucharistie, qui, en effet – bien que « devenue la messe qui lasse et qu’on délaisse » -, est l’Amour d’un Dieu qui se donne, mais qui vient toujours avec sa justice
o        soit nous ressusciter pour la gloire (voir plus haut),
o        soit nous accepter que nous nous condamnions nous-mêmes à l’ignominie. 

L’Eucharistie,  c’est aussi – comme je le disais en ouverture à l’image du Baptiste -, ce signe et cette réalité prophétiques où l’Eglise tout entière devrait être consciente d’être présente, celle d’hier dans celle d’aujourd’hui, qui annonce celle de demain ! 

*      *
  *

Trois temps donc:

  1. Changer de vie, mettre le cap sur Dieu, dont ainsi on s’approche du Règne (comme Israël est « invité » à le faire, après l’Egypte et après Babylone).
  2. Toute conversion engage nécessairement une réponse "en conscience" à un appel personnel : appartenir à la descendance d'Abraham ou à l’Eglise ne suffit pas, et ne garantit rien automatiquement. Cette conversion en profondeur est selon Jean Baptiste un "tout ou rien", vigoureux : la refuser, c'est tomber sous la rigueur du jugement de Dieu. Baptiste est bien le dernier prophète en Israël depuis 3 siècles, et sa tenue, son mode de vie, et sa manière de parler avec une telle force, ne pouvaient qu'attirer les foules des hommes en quête de « quelque chose » pour entendre ce qu’il avait à dire.
  3. Il ne faut pas confondre Jean Baptiste et le Messie attendu et annoncé. Cela est est manifeste dans la différence des baptêmes : entre l’eau rituelle répétitive, et l’eau sainte primordiale, en vue d’une réalité intérieure objective et invisible : à savoir la communication de l'Esprit même de Dieu, totalement insaissable et indéfinissable, mais pour autant "incontournablement" nécessaire pour transmettre à tout homme ce que Jésus aura achevé, pour tous, dans son "Heure" décisive de mort-résurrection.



Les disciples - après la Résurrection de leur Maïtre et après leur propre Pentecôte -, reprendront et transmettront ce message :

croire en Jésus –mort et ressuscité -  est indispensable à l’éternité.

Oui :
ü      l’engagement jusqu’à l’ultime du juif Jésus, dans son obéissance à la volonté de son Dieu jusqu'au dernier moment de son existence,
ü       et son baptême, fruit de cet engagement,
ont été réalisés pour communiquer à tout homme venant sur terre le "jugement" de Dieu, tout de vérité, mais d'une vérité inséparable de sa miséricorde et de son pardon !

Car le dieu de Jésus-Christ est et reste un Dieu d'Amour,
qui, par les chrétiens de chaque aujourd’hui du monde,
se fait pauvre en l’homm- messie Jésus qu’ils incarnent,
pour nous enrichir de son seul bien :
sa divine pauvreté

(2 Co 8, 9 et 1 Jn, 4, 7 - 16).


[1] Le Mikvé (ou mikveh) (en hébreu: מִקְוָה; au pluriel: mikvaot) est un bain rituel utilisé pour l'ablution nécessaire aux rites de pureté dans le judaïsme. C'est l'un des lieux centraux de la vie communautaire juive, avec la synagogue et l'école juive (yeshiva)
[2] Le mot qui désigne l'Esprit Saint dans la Bible hébraïque est le substantif féminin, rûah, qui signifie très concrètement « e souffle ou le vent »; Il en est ainsi en grec ancien (πνεμα, « pneũma ») et en latin (spiritus) ; ptah, disait la religion pharaonique : « celui qui ouvre », le démiurge de Memphis, dieu des architectes.). On entend « éclater » l’air que ses consonnes libèrent dans toutes ses appellations! - Dans le Nouveau Testament, il est représenté par des symboles : la colombe (Mc 1, 10), la tempête, les langues de feu (Ac 2, 2-3). Saint Jean le désigne comme Paraclet, ce qui veut dire « Consolateur » ou « avocat » (Jn 14, 15).

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