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lundi 31 janvier 2011

Le signe de la division


2 février 2011
Le signe de la division
Présentation de Jésus au Temple :

Textes :
Ml 3, 1-4
Hb 2, 14-18
Lc 2, 22-40


Jadis…
Aujourd’hui….                                    & demain ?
Le prophète Malachie exerce son ministère vers l’an 450 avant notre ère, une époque marquée par la corruption, la tiédeur de la foi et la négligence dans le culte. En outre, les Exilés revenus de Babylone n’ont pas pu recouvrer leurs propriétés, tombées entre les mains des gens restés au pays, et l’on comprend qu’ils aient voulu récupérer leurs biens plutôt de se préoccuper du Temple. « Où est le Dieu de la justice ? » (2, 17), demandent-ils. En réponse, le prophète annonce le prompt jugement de Dieu.
Il parle du Messager (« Malachie »[Melek, Malik, Melki] veut dire « Roi ») qui lui prépare le chemin. Mais la suite du texte montre que le Seigneur et le messager de l’Alliance sont un seul et même personnage. Ainsi Dieu intervient au sein du personnel du Temple dont le prophète déplorait le relâchement. Son jugement n’est pas une condamnation, mais une purification, traduite par les images énergiques du feu et de la lessive. Dieu purifie les prêtres, « fils de Lévi », dénoncés pour leurs négligences (Ml 1, 6 – 2, 9). Dès lors, le culte retrouvera sa pureté tradition. Alors tout le peuple juif - Ville sainte et province (Juda) -, sera exaucé quand il implorera la justice de Dieu.

La tradition chrétienne a vite fait de voir Jean Baptiste dans « le Messager », et interpréter la Présentation de Jésus comme l’accomplissement de l’oracle de Malachie sur la venue du Seigneur en son Temple.

Le chrétien 2011 essaie de vivre comme tel, en une époque marquée par la corruption, la tiédeur de la foi et la négligence dans le culte. En outre, les tradis et intégristes, revenus de Coire, de Bordeaux et d’ailleurs, n’ont pas pu recouvrer leurs propriétés, restées entre les mains des catholiques restés fidèles, et l’on comprend qu’ils aient voulu récupérer leurs biens plutôt de se préoccuper de Rome. « Où est le Dieu de la justice ? » (2, 17), demandent-ils. En réponse, le chrétien de 2011 annonce le prompt jugement de Dieu.
Le chrétien 2011 attend le Messager qui lui prépare le chemin. La suite de l’histoire montrera que le Seigneur et le messager de l’Alliance sont un seul et même personnage. Oui Dieu interviendra au sein du personnel de Rome  dont le chrétien 2011 déplore le relâchement. Son jugement n’est pas une condamnation, mais une purification, par le feu et la lessive. Dieu purifiera les prêtres, « fils de Lefebvre et Maciel, de l’argent et du sexe », dénoncés pour leurs négligences. Dès lors, le culte retrouvera sa pureté. Alors tout le peuple chrétien - Rome et le monde -, sera exaucé quand il implorera la justice de Dieu.

En qui la tradition chrétienne finira-t-elle par voir « le Messager », et quand interprétera-t-elle la Présentation de Jésus comme l’accomplissement de l’oracle de Malachie sur la venue du Seigneur à Rome ?





Qui  permettra à ce chrétien 2011 d’accéder auprès de Dieu, le Tout Autre et l’Invisible ? Quel médiateur trouvera-t-il qui appartienne pleinement aux deux côtés en présence – en deçà & au-delà ? Pour l’auteur - encore non identifié -, de la  Lettre aux Hébreux, Jésus seul accomplit cet idéal, et non pas les ‘anges’, comme le pensaient certains lecteurs d’alors, et comme certains para chrétiens d’aujourd’hui qui se donnent d’autres médiateurs – des idoles, entre pouvoir, argent et sexe -, auprès de Dieu, que Jésus Christ.
Notre mystérieux auteur tient pour acquis que le Christ est Fils de Dieu, supérieur aux anges, qui appartiennent réellement au monde divin, eux aussi. Mais, du côté humain – de notre côté donc -,  Jésus a partagé notre « nature de chair et de sang », c’est-à-dire, en un mot, la faiblesse qui a la mort pour horizon. La mort est liée au mal et à ses forces, en cela qu’elle interrompt - de manière inadmissible pour tout être humain - toute relation entre les hommes, même avec Dieu (cf. Isaïe 38, 18). L’homme ne peut seul se soustraire à cette « situation d’esclaves ».
Or si Jésus peut appeler les hommes « ses frères », c’est qu’il a accepté de passer lui aussi par l’épreuve - de la Passion et -, de la mort. Et si Dieu l’a fait accéder auprès de lui par la résurrection, le Christ à son tour libère ses frères – nous, donc -, de la peur de la mort comme d’une impasse. Il vient aujourd’hui à notre secours dans l’épreuve du laisser aller et du laisser faire de nos tentations et de nos désespoirs
Le Juif Jésus accomplit ce que le judaïsme attendait du Grand Prêtre, justement ! Mais ce Grand Prêtre-là recommençait le rite chaque année, le sacrifice des animaux étant impuissant à rétablir la relation avec Yahvé, avec le dieu éternel  et tout puissant. En prenant la place de l’animal du sacrifice, une fois pour toutes,
Ø      Jésus devient un Prêtre encore plus Grand que l’autre, étant à la fois, l’autel du sacrifice et la seule victime susceptible d’assurer notre harmonie définitive avec son Père.
Ø      De plus il est « miséricordieux », car il connaît bien nos épreuves en connaissance de cause ! Et « fidèle », crédible et accrédité, si et puisque nous reconnaissons en lui le délégué de Dieu.
Ø      Ce destin de solidarité s’ouvre enfin à l’univers entier, lorsque, soumis comme fils de juive à la Loi de Moïse, Jésus est présenté au Seigneur dans le Temple appelé à devenir l’Eglise du monde.



Ce sera ainsi sa première manifestation à son peuple, au Temple, centre de la vie religieuse d’Israël, et au monde en anticipation si  l’on en croit la chant du vieillard Siméon… qui se réjouit de tenir dans ses bras « la lumière qui doit éclairer les nations » (Lc 2,32). Son « bal des deb », en somme !
Plus tard, c’est Paul qui sera l’initiateur de cette mission (cf. Actes 13, 46-47). Mais nous savons encore aujourd’hui combien l’accès des peuples à cette lumière se fera et se fait toujours dans le drame. Ce Christ (ne l’oublions pas), est qualifié de « signe de division » (comparer Luc 12, 51). Car, devant lui et l’Évangile, il faut prendre position et révéler ses bonnes ou ses mauvaises dispositions : chacun, un jour ou l’autre, « sera transpercé » par cette crise de la foi, comme l’âme de Marie, prédit Siméon : les pensées de chaque homme doivent être mises à jour.

Et derrière cette démarche rituelle, il y a tant de mémoire : la loi de purification  (Lévitique 12, 8), l’offrande à Dieu du premier-né (Exode 13, 12) ; le service du Temple (1 Samuel 1, 24-28) … Tout le monde ne peut que s’inscrire dans une tradition : et ici une grande tradition !

Jean Baptiste, le cousin, légèrement son aîné, est un homme des déserts. Jésus est un homme de la ville, des agoras, des rues et des places… Matthieu lui prêtra des paroles de pertubateur, d’agitateur, de ‘minorité agissante’: « Je ne suis pas venu pas apporter la paix, mais l’épée » (Mt 10, 34). Ce que Luc retraduit ainsi : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais la division » (Lc 12, 51).

Plus clair, tu meurs !

Les « bénis oui oui » d’aujourd’hui – qui feront rentrer l’Eglise dans le mur, parce que nos chefs les suivent de peur de les perdre !!!-, s’insurgent devant cette déclaration. Les chefs tout autant ce type d’ «ouailles » ne peuvent admettre que Jésus  - par définition, sinon,  il n’est pas Jésus -, ne laissera jamais les gens en paix : du haut en bas de l’échelle ecclésiastique. C’est s’ailleurs tout l’honneur d’un Dieu (Honest to God !) qui accepte le défi de la liberté humaine, face à la Parole de son fils.

Celui qui entre aujourd’hui dans le Temple sera un signe de division.
Point !

lundi 24 janvier 2011

Intimissime

30 janv 2011
Intimissime
4ème Dimanche  du Temps Ordinaire
Année A



Seigneur
nous recherchons toujours
dans la sagesse humaine
une solution à nos maux,
nous cherchons à l'extérieur, ailleurs,
d'où nous viendra le secours...
Et, si souvent, nous sommes déçus.
Nous t'en prions,
renouvelle notre regard
sur le monde et sur nous-même.
Fais-nous vivre dès maintenant
de ta Vie, de ta Sagesse, de ta Science.
Que nous goûtions à la béatitude de ton Amour
au coeur même de chaque événement,
quoi que nous vivions.
Tout est grâce
quand nous pouvons te reconnaître
derrière l'apparence des choses.
Seigneur tu es
bonheur pour tes enfants,
bonheur pour ceux qui t'aiment,
bonheur pour qui accueille ta présence,
ta présence douce et bienfaisante
de tous les instants.

Grâces te soient rendues, Seigneur !

(D'après EPHATA)



Textes


La septième ‘béatitude’ est toujours actuelle : elle l’est plus que jamais dans le monde changeant des dernières semaines, où nous avons vécu des affrontement africains du centre et du nord, dans deux pays au moins où notre langue nationale sert de véhicule à la pensée et à la communication. De la Côte d’Ivoire à la Tunisie, de Gbagbo et Ouatarra à Ben Ali, de présidents doubles à président en fuite, qui se lèvera pour dire, en français, en arabe ou en Baoulé, Sénoufo, Yacouba (dan), Agni, Attié, Guéré, Bété, Dioula, Abé, Mahou, Wobé, Lobi, Koulango, Abron, Dida, Adioukrou, Soninké:

« Heureux ceux qui font la paix. » (Mt 5)

comme chez Jean on peut lire :

« Celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3,21).

En quoi est-il différent de « faire la paix » et de « faire la vérité » ?



 
Sous ces problèmes de langue, il y va des visions du monde où « paix » et « vérité » ne se « font » pas de la même façon, de même que ces réalités « se disent » différemment…

Vous-même qui me lisez en français, vous vivez ces réalités avec une sensibilité qui a été façonnée par les mœurs dont vos entourages étaient coutumiers. Et puis, il faut « croire » la paix possible et la vérité « faisable » ! Et qu’il ne peut y avoir de paix ni de vérité sans « justice » ! Si la « béatitude » est un précepte, elle se doit d’être réaliste : aucun commandement ne sera crédible sans tenir compte des réalités quotidiennes que vivent les hommes dans les vicissitudes de leur existence. C’est pourquoi, pour être pris au sérieux, ce « programme de bonheur » doit être conclu par ce verset 12, du chapitre 7 de ce même Matthieu – certainement l’homme « froid » de l’impôt romain, ce collaborateur, ce « publicain » comme on disait à l’époque -, bref un homme qui ne se « payait »  pas de mots, mais d’actes et de faits :

« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous mêmes pour eux — c'est la Loi et les Prophètes » (Mt 7,12), à commencer par le pardon : « Pardonne-nous offenses comme nous pardonnons ! ». La justice commence par la réciprocité des « traitements » : relations, salaires, santé, éducation, chances… « De même que… ainsi… ».

Vous m'appelez le Maître et le Seigneur: et vous dites bien, car je le suis.
Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds,
vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres.
Car je vous ai donné l'exemple,
afin que, comme je vous ai fait, vous fassiez aussi vous-mêmes. (Jn 13, 12-15)

Alors oui, la conséquence qui découle de cette observance — accomplir SEULEMENT, mais TOUT ce que ce commandement demande – est EFFECTIVEMENT – une béatitude ! Car cette justice du traitement réciproque ne peut qu’entraîner des relations de paix entre les hommes, en leur révélant alors « au passage »  leur dignité personnelle : voilà la vérité !

Quand quelqu’un refuse d'entrer dans le circuitle cercle vicieux, en allemand le Teufelskreis, le cercle du diable ! - de rivalité qui emprisonne l'homme perdu, il refuse par le fait même – ipso facto -, de défier son prochain, de le jalouser, de le placer au-dessous de lui, il devra faire face à quiconque le frappe INJUSTEMENT sur la joue, lui marche INJUSTEMENT sur les pieds, attend SA RIPOSTE pour que sa propre violence ait un alibi…, quand quelqu’un refuse d'entrer dans le circuit de la violence, il en brise la pseudo justification et témoigne à sa propre conscience et au spectacle du monde, d’une FORCE ENCORE PLUS GRANDE que la violence dont il accepte d’être frappé, celle de JESUS lui-même, l’homme bafoué que DIEU n’ a pas abandonné ! JAMAIS !

Paul parle d’expérience. Homme de violence fanatique et meurtrière - au non de son idéologie inquisitoriale de pharisien talibanesque -, il se reconnaît désormais frère de ces dockers du port de Corinthe à qui il envoie ces mots (1 Co 1, 26-31):
Regardons-nous !
Ce n’est pas chez nous qu’on trouvera
des philosophes à la mode, des chevaliers d’industrie ni des gens de la haute !
Si nous avons rejoint le christ, c’est parce que nous sommes « des fous »,
 oui je vous le dit !
C’est des gens comme nous qui confondront ceux qui croient tout savoir !
C’est notre apparente faiblesse qui viendra à bout de toute la force du mal !
C’est parce que nous ne « comptons » pas,
 c’est précisément parce que nous ne  sommes « rien »,
que Dieu nous choisit pour renverser ce qui est supposé « être » quelque chose !
Une fois pour toutes,
nous avons compris que notre justice a un nom :
c’est Jésus, le Christ, notre bonheur et notre paix !



 
Celui qui croit la tâche facile, qu’il s’en aille !
Personne n’a idée de ce qu’une telle attitude mentale exige de lutte intérieure pour y parvenir ! Déchirement du cœur, renoncement souvent à « nos droits » ou à « notre fierté » ! Peur normale, enfin, quand nous pensons qu'ont toujours été persécutés et mis à mort, ceux qui ont « fait la paix » : Gandhi, Martin Luther King et, bien sûr, Jésus lui-même !

Question ? Qu’est-ce qui nous fait croire que de tels hommes étaient - et que nous serons -,  heureux ? Peut-être parce que nous avons appris et compris nous aussi que le mot même de PAR DON, peut devenir un MODE D’ÊTRE  (par-don), un DON qui surpasse tout don : certainement parce que, comme Paul, nous avons « entendu » quelqu’un nous l’enseigner avec autorité, pour l'avoir lui-même pratiqué le premier et en avoir porté les conséquences « jusqu'au bout » (Jn 13, 1) ! Peut-être, croyons-nous  que le secret du bonheur est là ! Et son « surcroît » aussi,  que jamais nous n'aurions pu inventer,  tient dans la raison que Jésus donne du vrai bonheur : « Ils seront appelés fils de Dieu. »

Ainsi la promesse associée au « faire la paix » n'est rien moins que la filiation divine - à sa ressemblance, cette ressemblance qu'un fils a toujours avec son père. Si rien n'est plus grand que Dieu, rien ne peut donc surpasser le partage - PAR DON -, que Jésus nous fait de son identité.

 « Faire la paix » n’en demeure pas moins une charge, sinon un fardeau : charge et tâche que Dieu confie à ceux qu’il appelle, non pas pour mieux les dominer, mais pour nous don­ner part - encore PAR DON -, à sa propre Loi qui est de nous communiquer le propre bonheur de Dieu si nous l'imitons.
Ce « devenir Dieu » -  à quoi nous sommes des­tinés -, consiste bien à faire la paix et la vérité, à la manière de Dieu, c’est-à-dire EN TOUTE  JUSTICE !

dimanche 16 janvier 2011

PROCHE TOUT PROCHE

PROCHE TOUT PROCHE
3ème Dimanche du Temps Ordinaire
Année A
23 janvier


Seigneur Jésus,
lorsque le temps fixé par le Père fut venu,
tu t’es arraché à la tendresse de Marie,
aux tiens et à ta petite Patrie
pour faire la volonté du Père.
Ainsi, tu peux exiger
la même « radicalité » dans le don
et le même zèle au service du Père
de ceux que tu as choisis
pour être tes disciples...
Aussitôt, laissant tout,
sans un regard en arrière,
ils te suivirent.
Irrésistible attraction vers la lumière !
Et nous, nous sommes rivés à notre médiocrité
bien que tu nous appelles à la Vie
à la plénitude des biens du Royaume.
Tu nous demandes tout
pour nous rendre libres
de tout recevoir de ta main.
Guéris-nous de nos peurs,
de notre sagesse humaine,
afin que nous puissions ouvrir les yeux
sur les réalités d’En-Haut
et que nous convertissions nos coeurs
pour être les messagers
de la Bonne Nouvelle.
AMEN
(D'après EPHATA)



Textes
1 Co 1,10-13.14


Le temps – notre temps -, est toujours bref. Les anthropologues parlent désormais de temps bref et de temps long. Chacun vit un temps court (sur Sophia Antipolis, on est vieux à 35 ans !) dans le vaste temps.  Mais il ne faut pas pour autant renoncer à prendre un temps, même ‘fulgurant’, pour méditer la Parole de Dieu, celle d’aujourd’hui, comme celle de demain ‘tant qu’il fait jour, dit un jour Jésus. D'autant plus que, ce matin, le mot clé de l'Évangile est bien fait pour éveiller l'attention : « Le Royaume de Dieu est tout proche de vous. »



Ce leitmotiv des synoptiques indique que là est  l'essentiel de la mission apostolique qui se continue – cahin, caha -, dans l'Église. Si cela signifiait que les apôtres avaient pour mission d'annoncer « des cieux nouveaux et une terre nou­velle », quelque chose qui ressemblerait à un retour du paradis sur terre … eh bien, on peut dire qu’à l’évidence que ce n’est pas demain l’avant-veille ! Fin des temps, Parousie ? Notre monde est censé devoir passer d’abord  par une période de bonheur édénique - à la manière dont Isaïe prophé­tise poétiquement les temps messianiques où ‘le loup ne devrait plus manger l'agneau’...

On peut toujours rêver, et adroitement solliciter les textes, avec, en plus, une bonne dose d'optimisme pour s'imaginer cela ! Il est bien plus objectif et vraisemblable – hélas peut-être ! -, d’admettre qu'aussi longtemps que les hommes seront ce qu'ils sont, le monde restera ce qu'il est : une terre déchirée, où la paix et la justice ne règnent guère que de façon précaire et sporadique, et encore ! dans de rares îlots fragiles et menacés, au milieu d'un redoutable océan de cupidité maladive, de corruption structurelle, de bêtise obstinée, de haine aveugle et de mal polymorphe ... S’il ne faut donc pas se tromper sur le Royaume que nous attendons, n’oublions pas que les temps de Jésus n’étaient guère plus’gentils’ : la Galilée, par ex., - où il est censé avoir vécu les trente premières années de sa vie (!) -,  était souverainement méprisée par les judéens de Jérusalem, et sous occupation militaire permanente, vu qu’elle était un ‘carrefour de nations’ du nord et de l’est, d’où venait l’une des Routes de la Soie. Pour les judéo chrétiens de l’empire, l’état du monde romain n’était en rien meilleur, entre esclavage et persécution !



Le type de Royaume à l'avène­ment duquel nous sommes ‘appelés’ à œuvrer, et pour la venue duquel nous prions cha­que fois que nous récitons le Pater : Que ton règne vienne ! est au-dedans de nous, parmi nous et entre nous : nulle part ailleurs. Au demeurant, c'est ce que répètent les Évangiles à longueur de pages – à bon lecteur, salut ! -, en comparant ce ‘régime’ à la graine qui germe au plus profond du sol de notre être, ou au levain enfoui dans la pâte de nos vies.

‘J’vous dis pas l’chantier’ !

Travailler à répandre autour de soi la paix et la justice, combattre le mensonge et le mal sous toutes ses formes, ce n’est pas, cela n’a jamais été du gâteau ! Allons plus loin : on se tromperait même si l'on croyait qu'il suffirait de bâtir une société humaine socialement juste pour que le Royaume de Dieu soit réalisé !
Tout cela est d’un autre ordre - comme dirait Pascal ! -, d'un autre ordre que le bonheur du grand soir ! Cela commence – eh oui ! -, par le don et l’accueil de cette ‘chose’ indescriptible proprement qu’on appelle ‘la grâce’ dans notre être tout entier, et qui est un ‘bouquet’ de ce qu’on appelle ‘les valeurs évangéliques’ : la charité,  la douceur, l'humilité, et … le plus dur…, l'amour de l'ennemi...
Ça ne se fabrisque pas, ce ne sont pas des produits manufacturés qui se monteraient dans les ateliers mystiques d’une relocalisation ecclésiale des âmes ! Une espèce de transmigration de style brahmanique !
Il s’agit d’une dotation gratuite de Dieu, que l’on peut refuser, comme on peut ne pas accepter tout autre cadeau ! Comme on a le droit malheurerusement de rejeter toute exigence : pour la terre comme pour le ciel !
Surtout que ce cadeau-là l’est pas mal, exigeant !




Car - on n’en sortira pas !-, l’amour est don de soi à l’autre dans la liberté.  Vous le savez bien ! Un tel chemin est exigeant. Vous le savez aussi ! Un chemin où l’échec n’est pas une fatalité : mais le symptôme d’un manque de volonté et d’espérance qui ouvrent toujours une issue vers une démarche de vérité et de pardon.
Cette liberté de la grâce ne connaît pas la crainte non plus : vous l’avez plus d’une fois prouvé par votre vie, à votre insu le plus souvent, chaque fois que vous n’avez pas refusé de vous engager : que ce soit dans le mariage, dans la famille, dans la vie sacerdotale ou religieuse, dans un parti politique, dans une organisation syndicale ou culturelle…
Quand Dieu s’engage avec vous, c’est sans retour !

Vous connaissez la lettre où l’Apôtre épanche pour les Corinthiens,  ces 6 versets  qui sont plus qu’un poème d’amour (1 Co 13, 4-7 ; 11-12): véritable définition du Dieu de Jésus-Christ :

Car Dieu - comme l'amour -, est patient et bon ;
Il ignore, lui,  ce que sont : envie et vanité, vantardise et orgueil !
Honnête et généreux, il fait confiance et  pratique la justice et la vérité ;
L’amour excuse tout, l’amour croit tout, l’amour espère tout, l’amour supporte tout. …
L’amour- comme Dieu -, n’a pas de fin !

La finale est encore plus belle : je vais la transposer pour vous, mes chers amis !

Quand vous étiez enfants,
vous parliez comme des enfants,
vous pensiez comme des enfants,
vous raisonniez comme des enfants ;
maintenant que vous avez grandi,
vous allez inévitablement faire disparaître tout ce qui était de l'enfant !



 
Jusqu’à ce jour,
vous vous regardiez à travers un miroir, d'une manière obscure ;
mais maintenant, vous allez pouvoir vous voir face à face !
Jusqu’à ce jour,
 vous ne vous connaissiez qu’à peine !
Et voici que l’espérance de l’amour va vous révéler
A vous-même comme un autre….



dimanche 9 janvier 2011

UN NOM NOUVEAU

UN NOM NOUVEAU
2ème Dimanche du Temps Ordinaire
Année A
16 janvier 2011

Seigneur Jésus
tu es l'AGNEAU de Dieu
qui enlève le péché du monde.
Tu es l'AGNEAU sans tache.
Ton innocence et ta pureté
ont aspiré notre péché.
Par l'offrande de ta Vie,
tu nous redonnes notre beauté première
tu nous baptises dans ton Esprit
et tu nous enveloppes
dans le feu de ta présence, faisant de nous
des fils et des filles du grand ROI,
prêtres, prophètes et rois...
Seigneur Jésus,
je sais que j'ai du prix à tes yeux,
je sais que tu m'as tant aimé, moi,
que tu as donné ta Vie pour moi.
Que te rendrai-je pour tant de grâces ?
Je n'ai rien à t'offrir que ma pauvreté
mais me voici devant Toi,
je viens faire ta Volonté.
Accepte l'offrande de tous mes frères
et fais de nous un peuple saint
qui t'appartienne,
une lumière pour ceux
qui sont encore dans les ténèbres...
(D'après EPHATA)


Textes

C’est bien la façon de considérer qui nous sommes et comment nous sommes, qui fait la différence entre l’estime et la honte de soi ! Pas l’humilité qui est, elle, fille de la vérité, mais le sentiment  glauque de ne pas s’aimer soi-même ! Si nous ne nous aimons pas, n’attendons pas que les autres se mettent à nous aimer ! A nous plaindre, à avoir pitié, oui, peut-être, et encore ! Mais nous aimer ! Ou alors, par celles et ceux qui vont vœu d’aimer tout le monde et surtout les gens que personne n’aime, à cause d’une difformité, d’un vice, d’une déchéance, d’un malheur…
Si on pouvait chanter de joie sur soi, ce verset du psaume 139 serait le refrain : « C'est toi Seigneur qui m'as formé les reins, qui m'as tissé au ventre de ma mère. Je te rends grâce pour la merveille que je suis ! Prodige que je suis et que tes œuvres !... »
Car c’est la vie qui l’emporte au-delà de tous les concours de beauté et des classes sociales !
Le niveau du don de Dieu est la relation intime qu'il nous invite à nouer avec lui. On prend ou on laisse ! Chacun est libre !

Isaïe se fait l’écho du psaume : « Le Sei­gneur m'a appelé dès le ventre de ma mère ; dès le sein, il a prononcé mon nom... » C'est aussi ce que nous retrouvons chez Jérémie : « Avant de te for­mer au ventre de ta mère, je t'ai connu ; avant que tu ne sois sorti du sein, je t'ai consacré... » Saint Paul lui-même ne parlera pas autrement : « C'est lui qui dès le sein maternel m'a mis à part et appelé par sa grâce... »

Si ces ‘gens’ ont pu le dire – Isaïe, Jérémie, Paul -, il n’y a aucune raison qui empêcherait chacune et chacun d’entre nous de se sentir autorisé à le dire avec eux. Je le répète, notre relation avec Dieu se situe à une profondeur inatteignable à aucune créature – inimaginable -, et qui soudain  nous surprend ! Personne n’est le même, le chemin est celui de chacun, de même que chacun a sa propre mère... Chacun est singulier, et reçoit ce « caillou blanc » - dont parle l'Apocalypse - et sur lequel est « gravé un nom nouveau que nul ne connaît hormis celui qui le reçoit »... Hormis celui qui le reçoit et celui qui le lui donne, bien sûr...



Voilà le lieu de l’intimité : le pasteur connaît chacune de ses brebis, et chacune reconnaît sa voix, personnellement ! C’est le sens chrétien du prénom, qui se dit d’ailleurs en anglais : christian name, ce qui dit tout.
Cela va loin ! Quand Jésus choisit l’un ou l’autre des ses apôtres, il ne donnera pas à tous un nom spécifique, sauf à l’un d’entre eux : Simon sera débaptisé Pierre, Cephas, lui confiant (Mt 16, 16) une tâche, une mission spéciale.
  • On se souvient de Jacob, le menteur, qui devient Israël, Le fort de Dieu !
  • Et de son grand-père, Abram, qui devient Abraham, le Père des croyants !
  • Mais il faut penser à chacun des prénoms que nous donnons à nos enfants : est-ce la sonorité ou le sens qui guide les parents ? S’appeler Emmanuel (Dieu est au milieu de nous), n’a pas le même sens que s’appeler Zoé (La vie) ou Victor (le vainqueur). Et encore moins avec Claude (le boiteux), Mélanie (la négresse) ou Hippolyte (le garçon d’écurie).
  • N’oublions pas que les papes prennent un nouveau nom, pour se refaire une virginité catholique pour démarrer une nouvelle vie !
  • Et que les religieuses elles aussi changent de nom : et en plus elles prennent souvent des prénoms d’hommes !

Il y a une grande correspondance entre les trois lectures : c’est qu’à la base du nom et de l’appel, au soubassement de la mission que suppose chaque prénom, il y a une expérience de Dieu qui donne à la Parole annoncée – c’est l’évangile -, une densité qu'elle n'aurait pas sans cela.
Ne l'oublions jamais : le prophète - celui qui « parle » - est d'abord un voyant, c’est quelqu’un qui a une « vision » du monde, des hommes et de l’avenir !
Jésus déclare à Nicodème : « Nous parlons de ce que nous savons, et nous attestons ce que nous avons vu. » Voilà pour le prophète !
Ce que Jean reprendra pour lui et tous ceux qui suivent le prophète : « Ce que nous avons vu et entendu... c'est cela que nous vous annonçons. »



C’est ce qu'on peut attendre de tout  professionnel averti en quelque domaine que ce soit.
Les chrétiens ont besoin de professionnels prophètes : il y a une compétence nécessaire dans le domaine de la Parole de Dieu. Elle est faite d'étude et de prière : on ne parle bien que de ce que l'on connaît.

Quand quelqu’un pense, sent, sait et est reconnu avoir reçu l’appel de la Parole, alors, il n’y a pas d’alternative : Paul lui dit : « Je te demande de mener une vie digne de l'appel que tu as reçu ! »