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dimanche 27 février 2011

LES DELINQUANTS DU BIEN


LES DELINQUANTS DU BIEN
9ème DTO
Année A
6 mars 2011
Lectures :


L’époque est à la monnaie de singe ! On se paie de mots. Y compris – et depuis quelques années surtout - en religion et dans l’Eglise. Verba volant !
Cela suffit si peu que Jésus a cru devoir le dire expressément : « II ne suffit pas de me dire "Seigneur, Seigneur !" pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. » En écho à Matthieu, Jean ne dira pas autre chose : « Petits enfants, n'aimons ni de mots ni de langue, mais en actes et en vérité » (1 Jn 3,18).
« Passer à l'acte », comme un délinquant, est l’impératif par excellence !
Mais les délinquants du bien, ne courent pas les rues, et quand il y en a, ici ou là, « on » trouve qu'ils devraient…, qu’ils auraient du…


 Être / Agir ?

Ne tombons pas dans la dynamique sartrienne des Chemins de la Liberté, entre « être et essence », et de « l’homme est ce qu’il fait » !
De façon plus populaire, on comprendra bien vite que’on ne peut pas être chrétien sans s’adonner ce faisant au bine et à la vérité…
Bine sûr qu’ « être » implique un « agir », et pas seulement un savoir théorique (Je sais…) et une stratégie de bureaucrate (Il faut qu’on…).
Nous voyons Jésus se ressourcer constamment, au plus profond de son être, dans la proximité avec son Père, et se mettant non moins constamment à l’aide des hommes et des femmes de son entourages ! Equilibre difficile à trouver puis à tenir, certes : mais c'est dans ce sens qu'il faut aller de toute façon ! Matthieu y répondra, plus tard, au chapitre 25, qua d il s’agira de régler les comptes ! Le seul critère ne serait autre que l'attention et le soin porté au prochain, c'est-à-dire le bien fait effectivement.

Car ce qu'il faut comprendre ici, c'est que faire le bien fait partie intégrante de la vie spirituelle. Pour des gens comme Jean Bosco et Vincent de Paul, c'en est même le cœur et l'essentiel. Pour ces gens-là – des saints, des grands saints ! -, gens concrets s’il en fut,  à toute heure passée en adoration / prière … devrait correspondre le même temps passé à servir les pauvres ou à accomplir toute œuvre utile pour les hommes : la charité active !

C’est pourquoi, de façon très pédagogique, avant la Cène, Jésus lave les pieds des disciples. Ceci ET cela ! La croix ne sera que le développement jusqu’au bout de cette mise de soi au service intégral ! Même sans aller jusque-là, il y a de la marge pour faire beaucoup de choses.
Être à la fois Marthe et Marie : une question  de jugement et d’&équilibre. Du bon sens, au fond, qui est la traduction profane du mariage de la charité et du discernement !

Il n’est pas facile d’opérer ce type de choix, comme dans tout choix. Et puis nous sommes des êtres de saison, comme les légumes ! Nous avons nos printemps et nos étés, mais aussi nos automnes et nos hivers. Faisons donc tranquillement la marmotte et le castor, quand nous sommes enclins à ceci ou à cela. Sachons seulement que la marmotte doit bien se réveiller un jour, et le castor cesser d’amasser !
Nos cœurs sont lents à consentir aux éclairs de la conscience et aux appels venus du ciel et de la terre. Créés  pour jouir du bonheur de Dieu, il nous faut apprendre à jouir du bonheur des hommes par le bien que l’on fait sous le regard de Dieu.
La Deutéronome nous rappelle, comme aux Hébreux dans le désert, la terrible loi humaine de la nécessaire détermination en toute chose :
 « Les commandements que je vous donne, mettez-les dans votre cœur, dans votre âme... » (Dt 11,26). Et encore à la fin du livre (30,15) : « Vois, je te propose aujourd'hui vie et bonheur, mort et malheur. Si tu écoutes les commandements du SEIGNEUR ton Dieu que je te prescris et que tu aimes LE SEIGNEUR, que tu marches dans ses voies, que tu gardes ses commandements, ses lois et ses coutumes tu vivras et tu multiplieras... »

À l'inverse, et naturellement, on obtient le résultat contraire : mort et malheur.
Mais cette loi, dis-tu révolte ta justice !
Elle n’est à tes yeux qu’un vulgaire caprice,
Qu’un piège où la raison trébuche à chaque pas !
Confessons-là, Byron, et ne la jugeons pas ! »
écrit Lamartine au Lord généreux et fantasque !

Plus près l'on se tient de la Parole de Dieu, plus près l'on se tient des autres
La Parole fait retentir un appel à la vie qui se donne : elle appelle une réponse qui conduit à Dieu en passer par le prochain et maintenant le lointain ! Rien de plus dramatique que de passer à côté des autres, de Dieu et de soi-même en définitive ! De se manquer, de se louper : ce serait l’aliénation !
Car ce serait se priver du mystère de la rencontre avec ce qui est A/autre et dont les retombées nous constituent en propre !



Le danger n'est pas illusoire que nos résistances à faire le bien l’emportent. Paul parle ne cesse de nous faire méditer sur les pesanteurs multiples et complexes qui grèvent le cœur humain : entre conditionnements ou circonstances extérieurs et dispositions intérieures, nos actions ne se révèlent pas toujours heureuses. C’est bine lui crie : « Le bien que je veux faire, je ne le fais pas ; le mal que je voudrais éviter, je le commets »... Invincible fatalité ? Non, mais mystère de nos résistances de nature ! Tout le monde est concerné. Pas d'exception : « Frères, tous les hommes dont dominés ! »

C’est en ce sens que La Parole est un pédagogue qui est là pour instruire et rendre chacun conscient de cette réalité. Et si elle source – non d’héroïsme, ce qu’elle peut être pour l’un ou l’autre -, mais d'accablement...- et sans doute l'a-t-elle été malheureusement ! -,  c’est qu'elle était mal comprise, parce que mal transmise par des esprits chagrins et malades, amateurs de la Loi comme instrument de leur pouvoir et d’oppression sur les autres !

Il faut apprendre à « habiter » ses résistances : c’est comme ça qu’on peut les réformer, les vaincre et les muer forces pour le bien. L'humanité du Christ, telle que la contemple et l'explique Paul, fait cela : elle vainc toute supposée fatalité du mal. En d'autres termes, s’il n’est pas toujours possible de faire tout le bien que l’on devrait, il est toujours urgent de tout faire pour y atteindre !



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