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dimanche 24 juillet 2011

Instruire et nourrir !

Instruire et nourrir !


31 Juil
18ème DTO


Textes
§         Is 55, 1-3
§         Ps 144, 8-9.15-16.17-18
§         Rm 8, 35.37-39
§         Mt 14, 13-21

Mon Dieu, ce ne doit pas être facile ( ?) d’être « tout » !
Quand tu te donnes, comment fais-tu pour te donner ?
Quand on dit que tu combles le désir de l’homme,
on a peine à imaginer ce que cela veut dire !
Quand tu invites à donner comme tu donnes, comment faire ?
Et ce n’est pas simple avarice…
Nous dépasser ?
Ce serait se confondre à toi par ta toute puissance,
Dieu des limites de l’impossible devenu possible !
C’est de l’homme pauvre que tu te glorifies
En rassasiant les foules de ta présence
depuis la première aube du premier jour !

Alors livrons-nous ensemble :
Que notre humanité nourrisse ta divinité
Que ta divinité éternise notre humanité.


Ce Royaume impossible à définir avec des mots, c'est d’abord l'inverse d'une humanité où on pratique le « chacun pour soi ». C’est plutôt le règne de l’invitation permanente : Mi casa es su casa ! A table on n’invite que ses amis !

Les apôtres ne savent pas très bien ce qu’ils doivent faire avec cette foule : le préposé aux provisions a bien dû prévoir quelque chose, mais qu’est cela, même en y ajoutant les poissions et les pains du jeunes homme envoyé par sa mère aux commissions…
Il faut dire qu’ils n’ont encore aucun entraînement : faire confiance, ça s’apprend aussi ! Ils étaient à Cana, ils ont vu le vin : plein de vin ! Au lac, ils vont voir le pain : plein de pain !

A  Babylone, les Juifs déportés durent lutter âprement connurent pour du pain quotidien... Isaïe en profite pour annoncer le temps (quand ?) où toute nourriture sera gratuite... Mais de quelle nourriture s’agit-il donc, car chacun sait bien que la moitié du monde ne mange pas à sa faim ?
Oui, qu’est-ce qui nourrit l’homme, vraiment ?
C’est une vraie question.


Quand on chante que Dieu nourrit son peuple et l’a nourri tout au long de son Histoire, il y a quelque chose qui cloche : il y a donc nourriture et nourriture. Et la nourriture matérielle était / est & sera l'annonce et l’image de cette nourriture spirituelle par laquelle Dieu a choisi de rester avec les hommes jusqu'à la fin des temps... Le Pain de Dieu, en somme !

Matthieu nous raconte donc que Jésus nourrit tout le monde avec 5 pains et 2 poissons...
C’est lui qui repousse la suggestion des disciples de les renvoyer prudemment avant la nuit, et leur demande qu'on leur donne à manger !!!
C’est « mission impossible » ! Le rapport quantitatif ne tient pas !
On connaît la suite.
Alors que s’est-il passé ? Exactement !
Tour de passe passe ? On comprend que les gens voulaient l’attraper pour en faire leur Roi !
C’est ce que j’aurais fait, moi aussi ! Cette réaction parle pour une action extraordinaire : il a dû se passer quelque chose que les « yeux » (oculus) n’ont qu’ad-«miré » : deux mots qui ont formé le mot « mir –acle » : « les yeux admirent » !



Franchement : les 5 pains, les 3 poissons, les milliers de convives…Voilà qui relève de l’art de raconter en vogue dans cette culture. C’est un midrash : מדרש une compilation de commentaires homilétiques, légaux et rituels ou légendaires, moraux, folkloriques et anecdotiques, pour exposer et interpréter un évènement qui touche la foi en Dieu.
Ce midrash situé sur les bords du lac – comme celui situé à Cana -, est exposé comme une préfiguration du Repas eucharistique, que Jésus inventera la veille de sa mort pour continuer à nourrir les siens de son Corps (au lac) et de son Sang (à Cana)...
N’oublions jamais que ces textes ont été écrits près de 50 ans après la mort et la résurrection de Jésus, et ailleurs qu’en Palestine, par des gens et des communautés judéo et pagano chrétiennes qui veulent rendre cohérents les divers épisodes de la vie de Jésus dont ils se souviennent et qu’ils rapportent dans la perspective de susciter la foi en lui.

Comment ne pas comprendre l'effarement des apôtres devant la proposition impossible de Jésus ? Dans la logique du midrash, leur foi - la foi -, doit être mise à l’épreuve
L’évangéliste veut nous enseigner (catéchèse) que si nous croyons vraiment, il se produit dans notre vie des choses qui nous paraissent impossibles... 



Ailleurs ne nous est-il pas dit par la bouche de Jésus qu'un peu de FOI (gros comme un grain de moutarde) pourrait déplacer des montagnes et faire pousser des arbres dans la mer ?... Et que toute prière faite dans cette foi est exaucée de la manière qui est le mieux pour nous ?
Nous sommes ici du côté de la foi…
On peut rester de l’autre côté, et ne pas passer la frontière où l’impossible devient possible !
 « Demandez et vous recevrez »...
Instruire et nourrir !

Les jésuites[1] disent qu’il nous faut agir comme si tout dépendait de nous tout en sachant bien que tout vient de lui et de la force de son esprit.
De quoi et de qui pourrions-nous avoir peur ?...

Ecoutons l’appel du fond de notre coeur  afin d'être toujours prêts à suivre cette force qui peut devenir nôtre.

Cela implique indéniablement une certaine énergie... et prend du temps... On ne récolte que ce qu'on sème... et quand on donne, on ne compte pas !
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[1] C’est la Saint Ignace de Loyola aujourd’hui. Íñigo López de Loyola, francisé en Ignace de Loyola (né le 24 décembre 1491, à Azpeitia dans le Pays basque espagnol et mort le 31 juillet 1556 à Rome) est le fondateur et le premier Supérieur général de la Compagnie de Jésus — en latin abrégé SJ pour Societas Jesu — congrégation catholique reconnue par le pape Paul III en 1540 et qui prit une importance considérable dans la réaction de l'église catholique aux XVIe et XVIIe siècles, face à l'ébranlement causé par la Réforme protestante

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