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lundi 11 juillet 2011

Le siècle de fer

Le siècle de fer

17 Juil
15ème DTO


Textes
§  Sg 12, 13.16-19
§  Ps 85, 5-6.9-10.15-16a
§  Rm 8, 26-27
§  Mt 13, 24-43 (ou brève : 24-30)


Béni sois-tu, mon Dieu, pour ton infinie patience envers nous,
et pour ton espérance  qui passe les apparences
Pour rejoindre le secret des cœurs où grandit ton fameux  Royaume...

Garde-nous de précipiter nos jugements,
 fais-nous entrer dans le temps de ta sagesse...

Tu sais bien
que nous sommes bien prompts à la justice expéditive envers les autres…
Apprends-nous à te laisser faire en nous et par nous,
Et de voir tout avec indulgence et miséricorde,

Que  nous apprenions de toi à voir toujours les effets de ta grâce avant celle de nos fautes.

Rien ne s'impose par la force, ce Royaume encore moins : s’il émerge quelque part, c’est au cœur  d'une humanité en manque permanent et lentement transformée par la miséricorde. A supprimer le fumier, on anémie la fleur..., car c’est bien le fumier de notre humanité qui donne naissance à une fleur... Dieu en aura certes couru le risque, mais en nous gardant par son Esprit.



C’est ainsi dans la mesure où nous sentons sur nous pleuvoir son indulgence que nous exercerons d’autant plus notre compassion et patience envers les autres : c’est de toute façon la seule façon de ne perdre ni courage ni espérance !

Notre psaume est le cri de celui qui voit de moins en moins clair là où  il doit aller, un cri auquel l’avocat de Dieu (le Paraclet) se hâte de donner suite car il vient d'un être qui pourrait tomber dans le désespoir et qui en appelle à son Créateur,  à son amour et sa puissance.
Paul, en deux versets, rappelle de façon pathétique aux Romains combien cet Esprit Défenseur déposé en nous, peut aider – avec notre assentiment -, canaliser notre prière vers le Père.
Quant à Jésus - même si certains parmi les scribes et pharisiens (les "intellectuels" de la religion de son temps) sont incapables de comprendre à cause de leur esprit fermé -, il continue d'instruire « les petits et les humbles de cœur »  qui « pensent précisément avec leur cœur d’abord ».

Sans pour autant être « un malade », chacun connaît un ennemi toujours aux aguets pour le contrarier : un jaloux, un envieux, un malheureux en somme ! L’ivraie, cette mauvaise herbe, est ce poison capable de contaminer toute la récolte, toute une existence... On est parfois pour soi-même, son plus terrible ennemi !


Oh « les voisins et amis », toujours bien intentionnés, vous gratifieront de toutes les recommandations possible, et chacun ira d’un « Tu peux me croire ! » Eh bien, en vérité, en vérité, je vous le dis, ne les croyez pas ! En nous le bien et le mal - comme dans le monde, autour de nous, les bons et les méchants -, sont inextricablement mêlés...
Il faut avoir avec nous-mêmes, la même patience que ce fermier, et plus loin, que Dieu « qui fait briller son soleil sur les bons et les méchants... » Qui sait si notre propre patience notre constance ne seront pas finalement reconnues par les « méchants » qui alors se tourneront eux aussi vers Dieu ?...
Ce qui nous arrive, peut aussi bien arriver aux autres ! Et nous-mêmes, ne sommes-nous pas les autres des « autres » ?



La question est : Qui est habilité à discerner « l’ivraie », au milieu de toutes les nouveautés qui courent le monde ? Peut-on tout rejeter de prime abord, de peur de risquer de perdre ce qui est bon... ? Mais quand on dit que l’Eglise est là pour discerner ce qui est bon, parce qu’elle est censée agir sous la mouvance de l'Esprit… , avons-nous eu raison de lui faire entièrement confiance, ces dernières années, et encore maintenant ?

Le monde a changé : la seule autorité institutionnelle ne suffit plus pour considérer les choses, les êtres - et ce monde où la moindre erreur devient globale, et se trouve transmise et connue en temps réel et répétée en boucle ! On n’échappe plus à l’incompétence ni à l’inexpertise ! L’assistance de l’Esprit n’est pas un cataplasme, et il ne peut rien sur une jambe de bois. De même qu’on ne peut pas faire partir une fusée Saturne avec un pétard de carnaval, il faut être aguerri aux affaires du siècle, pour prétendre à être, dans CE siècle, Mater et Magistra ! Sinon, on ne vous le pardonnera pas !

C’est déjà fait : les cathos, en masse, ont voté avec leurs pieds, vers les portes de sortie !

Une fois la confiance ébranlée, il faudra du temps, de l’invention et de la réforme, pour la récupérer, si tant est que cela soit possible! Et, de toute manière, cette confiance ne ressemblera pas à la précédente : surinformée - même si déformée -, il faudra compter avec les aléas de l‘erreur, donc redoubler d’expertise et de prudence ! Finis les « je ne savais pas ! » ; trop faciles les « je demande pardon ! » ; irrecevables les « vous comprenez… ».

Patience et miséricorde, compréhension et compassion ne signifient ni bêtise ni ignorance !
Notre Ecole Républicaine se perd de ne pas le comprendre ni l’admettre.
Notre Catéchèse Catholique s’est déjà perdue depuis longtemps, et n’a trouvé que les JMJ olympiques à la place !


Notre Eglise le comprendra-t-elle ? Quand ?

Quousque tandem, Roma, abutere patientia nostra [1]?
«Jusques à quand, Rome, abuseras-tu de notre patience ?»

Oui ! La puissance de notre Dieu est grande.
Oui ! Le grain de sénevé, la plus petite des semences, peut devenir un arbre qui abrite des nids pour les oiseaux.
Oui ! Même si nous nous sentons bien petits, rien ne s'oppose à ce que nous devenions des élus, des saints, des princes de son Royaume.

Mais notre « bonne » volonté suffira-t-elle en ce siècle de fer

« Regrettera qui veut le bon vieux temps, écrit Voltaire[2],…
Ce temps profane est tout fait pour mes moeurs.
J'aime le luxe, et même la mollesse,
Tous les plaisirs, les arts de toute espèce,
La propreté, le goût, les ornements :
… Il est bien doux pour mon coeur très immonde
De voir ici l'abondance à la ronde,
… Nous apporter, de sa source féconde,
Et des besoins et des plaisirs nouveaux.
L'or de la terre et les trésors de l'onde,
Leurs habitants et les peuples de l'air,
Tout sert au luxe, aux plaisirs de ce monde.
O le bon temps que ce siècle de fer !
Le superflu, chose très nécessaire,
A réuni l'un et l'autre hémisphère.
… Le paradis terrestre est où je suis. »

Comment sonder les reins et les cœurs ?
Jusqu'où et comment avons-nous à cultiver ce que Dieu a déposé en nous ?
Si pour lui, si grand, il n’y a rien de « petit », tout a de l'importance, alors. Le train-train quotidien n'est rien moins que banal...

Le cynique n’est pas réaliste, mais celui qui croit pouvoir opérer des merveilles Deo Juvante, avec l’aide de Dieu.

http://img80.imageshack.us/img80/2817/chat40gx.jpg

A force d’être fidèle dans les petites choses, les grandes nous seront fidèles !



[1] Premiers mots de l'apostrophe foudroyante de Cicéron à Catilina, lorsque celui-ci osa se présenter au sénat après la découverte du complot qu'il tramait contre la République. Voltaire, dans Brutus, a imité cet exorde. Aruns s'écrie : « Jusques à quand, Romains, - Voulez-vous profaner tous les droits des humains ? »
[2] Dans « Le Mondain »

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