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lundi 3 octobre 2011

Alors, ce royaume?



28e dim. temps de l'Église
9 octobre 2011

Textes
-          Is 45, 1.4-6a
-          Ps 95
-          I Th 1, 1-5b
-          Mt 22, 15-21

La marque constante de la sagesse [ et de LA FOI] est de voir le miraculeux dans le banal,
Raph W. Emerson


Ce fameux « Royaume des cieux », annoncé par ce rabbin itinérant qu’est Jésus, semble un mythe pour qui n’est « capable » de voir que les réalités matérielles... Mais, croyons-le : il y a bien un « au-delà » - un « méta » en grec ; une « paramita » en sanscrit… -,  et l'Église, oui l’Eglise chrétienne,  est au service de cet au-delà ... même si elle semble s’y prendre très mal, surtout depuis que le monde se globalise, CAD devient « un » !


Peur ? Impréparation ? Concurrence ? Dépit de n’être plus la seule à prétendre à une « catholicité » qui ne soit ni religieuse ni romaine?

Pourtant, c’est bien par là qu'elle est censée jouer son rôle de ferment spirituel au sein de la cité des hommes, qu’elle a été « lancée »  avec mission d'avertir ceux qui sont engagés dans l'action temporelle – commerce, industrie, finance, politique …- que cette dernière ne prend tout son sens que dans la mesure où est respectée la hiérarchie des valeurs.
Mais que se passe-t-il quand le héraut ne donne pas le bon exemple ??? Et en conséquence se discrédite et discrédite le message qu’il est censé transmettre ?

Savez-vous que dans l’ancienne Grèce, le « kerux » - d’où vient le mot « kerygma » -, le « facteur », le messager, le «postman » était souvent mis à mort après sa mission ? Dans Antigone de Sophocle, au vers 276, on peut entendre la réplique « Personne n'aime le messager porteur de mauvaises nouvelles ». Dans cette Antiquité païenne - tout comme dans celle que nous décrit la Bible -, ce n'était donc pas de tout repos d'être le messager d'une nouvelle, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Malheur au porteur de mauvaises nouvelles : bataille perdue, défaillance d'un allié, décès d'un proche parent du roi. D’une certaine façon, le messager était rendu co-responsable de la mauvaise nouvelle qu'il apportait !

Si la nouvelle était bonne, on ne songeait pas toujours à l'en féliciter et à l'en remercier. Personne n'a pensé à offrir un peu  d'eau au malheureux coureur qui avait apporté aux Athéniens après plus de quarante kilomètres de course la nouvelle de la victoire de Marathon et qui n'eut que le temps de proclamer « Nous sommes vainqueurs ! » avant de s'effondrer à son tour, ajoutant sa propre mort aux victimes de la bataille !


Or, porter un message, annoncer une nouvelle, et très spécialement celle que le Royaume de Dieu est tout proche de nous, n’a jamais été, n'est jamais et ne sera jamais un métier de tout repos. Car ce message est tout ensemble varié et exigeant :
-         la Parole de Dieu et sa communication (catéchèse);
-         le partage et la solidarité avec nos frères (charité);
-         la justice à faire aimer et à mieux aimer (engagement);
-         le partage de la souffrance des autres (compassion).
Et qui peut aller jusqu’au partage du pain et du vin, dans le sacrement de l'Amour des autres (mystère de l’Eucharistie)?

En exil à Babylone, le peuple choisi était resté près de deux générations dans un royaume certes, mais décadent et qu’absorbera vite Cyrus, roi de Perse, tellement renommé pour son humanité... que le prophète Jésaïe le considère comme un Sauveur, un Messie … qui en annonce un Autre, Jésus, envoyé, celui-là, pour sauver l'Humanité entière...
Jésus, Cyrus : comme quoi ! Le Psalmiste le célèbre déjà comme Maître de l'Univers devant qui tous les pouvoirs humains révèlent leur néant et qui seul mérite vraiment le titre de Roi, car Lui seul est capable de créer un univers vraiment marqué par la justice... Espérons-nous !

C’est ce que promet l’inébranlable Paul aux habitant des (Thes) Salonique : l’avènement triomphal du Royaume Nouveau où Jésus, le Christ, triomphera définitivement. En attendant, les frères de ce Christ - les chrétiens -, doivent se maintenir activement tendus vers le terme, par leur foi, leur espérance et leur charité. Car c’est à travers eux que l'Esprit même de leur Christ agit et entraîne le monde vers son achèvement, en le pénétrant de sa propre Parole.



Justement, voici qu’on interroge Jésus pour le prendre en faute... Le cercle infernal se resserre peu à peu autour de lui. Mais ceux qui l’approchent pour le surprendre dans ses paroles ne s'accordent même pas entre eux : bien qu’ayant le but commun de détruire son influence et quoi qu’il dise, de le condamner par ses paroles...

Maintenant on le flatte pour le piéger... Pour ses concitoyens, Jésus a toutes les apparences d'un homme ordinaire : alors on l'aborde en louant son jugement, sa modération et son impartialité. Depuis l’Eden et la Genèse, la flatterie a toujours marché ! Le flatteur vit toujours aux dépens de celui qui l’écoute, nous rappelle La Fontaine ! Ah ! Se faire dieu, devenir semblable à lui, prendre sa place ! Borné dans sa nature, infini dans ses voeux, l’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux, écrit Lamartine à Byron !

Mais Jésus - ce Dieu Homme inédit et inouï -, connaît les détours du cœur humain et par une question posée adroitement, il confond ses interlocuteurs... L'Évangile EST actuel. Combien de chutes morales ont commencé par des flatteries habilement présentées...
-         la jeune fille/femme inexpérimentée, exploitée par son employeur ou un DSK passant par là ...
-         le jeune délinquant, tenu par un réseau de profiteurs et de cartels qu'il ne connaît même pas...
Comment discerner le vrai, sans demander instamment à l'ESPRIT de vérité de nous ouvrir les yeux de l’âme afin d'agir selon notre conscience intime... ?

Mais quand savons-nous que nous sommes vrais dans ce que nous vivons...

L’homme Jésus sait bien que sa réponse peut et va déplaire à quelques-uns, mais

il est celui qui donne vie et voie à la vérité,



et il n'hésite pas à déclarer frontalement que
-         César qui s’est donné le droit d'émettre de la monnaie à son effigie, a aussi le droit de la réclamer...
-         comme Dieu a le droit de tout nous demander, à nous qu'il a créés à son image et qui ne possédons que ce qu'il nous a donné...

Mais « le plus beau des enfants des hommes », Jésus, flaire la lâche hypocrisie de ceux qui l'interrogent... Il n’est pas dupe ! Pourtant pour ceux qui seraient sincères (il doit bien y en avoir, tout de même !), Jésus résout ce pseudo cas de conscience en demandant qu’on lui montre une pièce de monnaie. Et preuve à l’appui…

Oui, que l'Évangile est donc actuel...

Le monde, aujourd’hui - notre monde -, connaît lui aussi des peuples entiers qui n'acceptent plus leurs gouvernants et qui font tout pour saboter leur autorité et les faire tomber : hier les Juifs qui haïssaient les Romains, aujourd’hui les jeunes arabes qui ont eu déjà raison de Ben Ali de Tunisie, Moubarak d’Egypte et Kadhafi de Libye, et qui ne vont pas tarder à faire de même avec Saleh du Yémen, Béchir de Syrie, avant les autres qui ne perdent rien pour attendre... et préparent déjà leur retraite dans un pays « ami » !

Si Saul Paul, si le citoyen romain Paulus « se permet » de demander aux premiers chrétiens de se soumettre à l'autorité civile, c’est que lui ne craint rien, ayant hérité de son père le statut de citoyen romain, et il n’a pas hésité – et il a bien fait ! -, à s’en servir pour échapper aux pièges mortels de ses propres coreligionnaires juifs de Jérusalem... Comme quoi…

Tout en « méprisant » le libéralisme, le dirigisme d’état, le capitalisme, le système bancaire et la  caste des "possédants", ne peut-on pas trouver le moyen de profiter et de faire profiter des partages que l’on fait de ses avoirs.
Dans quelle société ne faut-il pas de l'argent ou son équivalent ? La « bande à Jésus » avait nommé un trésorier, non ?!
Corée du Nord, Albanie, Cuba…est-ce l’alternative ?

Ce qui est sûr – au-delà de la théologie, des hiérarques et de Rome -, c’est que d’après l'Évangile, le chrétien
-         doit partager avec les démunis,
-         ne fait pas faire de l’argent une idole,
-         et sert Dieu le Premier, présent en ceux qui vivent autour de nous…

Message, Bonne Nouvelle pour tous ?

La plus grande richesse que nous puissions faire nôtre, c'est de savoir avec certitude – c’est cela la foi chrétienne ! -, que Dieu nous AIME – vous qui me lisez et moi qui vous écris !
Vous et moi sommes BONNE NOUVELLE pour le monde si nous y semons l’AMOUR, de façon que quelqu’un  - ne serait-ce qu’un seul homme -, puisse dire :



« Si tu m'aimes comme ça, c’est peut-être vrai que Dieu lui aussi m'aime
tel que je suis... »

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