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mardi 22 novembre 2011

La vulnérabilité du veilleur

La vulnérabilité du veilleur

27 Nov
1er Di Avent

Textes
-         Is 63,16-17.19.

« Veillez »
On ne peut pas prendre conscience sans être surpris comment les étincelles de l’Évangile – comme autant d’étoiles lointaines et si minimes soient-elles -, nous rejoignent dans le quotidien, et elles luisent toujours autant, comme la petite fille Espérance de Charles Péguy, qui court toute nue à notre rencontre !

Mais n’ayez crainte, il n’est jamais trop tard pour faire ces découvertes !

Chez chacun, la perspective d’une espérance pour l’au-delà colle à la peau et au cœur, quoi qu’on en dise ! Et cette parole, ce logos, ce dabar – appelons-le comme on veut -, virevolte de dimanche en dimanche, parmi toutes les assemblées du monde !



« Veillez, donc ! ». Il y a de quoi ! Nous sommes dans les jours de tous les dangers ! Proches, lointains ; domestiques, nationaux, globaux ; culturels, spirituels, religieux ; financiers, politiques, écologiques….

C’est une autre voix qui parle, aujourd’hui. Celle de l’Avent. C’est d’un autre rendez-vous qu’il s’agit : un rendez-vous avec quelqu’un – un homme/dieu ! -, qui va naître, un rendez-vous avec notre propre naissance, comme chaque année…

Et ce premier dimanche de l’Avent, c’est le début des préparatifs !
-          De l’attente dans le couloir de la vie ! D’un dieu – le seul ! -, qui vient se faire homme pour  savoir ce que c’est que d’en être un ! Il fallait y penser, et le faire !
-          Du côté « homme », c’est célébrer notre désir de pouvoir (re)naître au milieu des inquiétudes, des interrogations, des peurs de tous les jours !
Il s’agit - ni plus ni moins -, de réapprendre à veiller
-          sur la naissance du Dieu de Jésus – dont nous portons le nom de Christ / Chrétien -, dans le monde
-          et sur notre naissance en lui qui nous rend éternels.

Marc nous présente un Jésus insistant : « Prenez garde, veillez, car vous ne savez pas… Veillez donc… car vous ne savez pas… » On ne sait jamais assez… effectivement !
Car il y a de quoi se demander…, vraiment…, au milieu des interrogations  - un peu trop réalistes peut-être, pour ne pas dire pessimistes -, il a de quoi se demander : à quoi cela rime de veiller dans une société qui trop souvent dort ou n’aspire qu’à dormir ! ? On ne cesse de  nous faire courir ici ou là, et de nous endormir à notre tour comme citoyen et croyant, comme être humain en somme!
Courir, mais courir vers qui, vers quoi, au fait?
Qu’est-ce que veiller dans une société qui entraîne des dormeurs à la mort de leurs rêves et qui vole leur vie comme leur mort?
Règne de la répétition morbide et mortifère, absurde et  insensée : Fuskushima, DSK, Goldman Sachs, Iran, Somalie… Nil novi sub sole ! Rien de nouveau sous le soleil !


Tous ces évènements nous jettent à la figure notre vulnérabilité constitutive. Non seulement le monde que nous habitons, mais toute naissance est vulnérable.
C’est pourquoi cet insistant appel évangélique à veiller nous fiche un sursaut d’espérance. Du moins à moi !
C’est aussi cela l’Avent/Avant-Noël !


Il faut changer la vie, certes, mais (tout) changer n’est pas (tout) détruire ! C’est sauver, qu’il faut !

Jean (9,4) fait dire à Jésus :
Nos/me oportet operari opera eius, qui misit nos/me,
donec dies est;
venit nox,
quando nemo potest operari.
Au nom de Dieu,
agissons, au travail
tant qu'on y voit encore ;
la nuit tombe déjà,
on ne pourra plus rien faire !
μ ( μμσ) δε ργζεσθαι τ ργα το πμψαντσ με
ωσ μρα στν:
ρχεται νξ,
τε οδεσ δναται ργζεσθαι.

Oui ! Travaillons-y tant qu’il fait jour !

Voici que commence le temps de la confiance qu’il nous faut continuer, sinon retrouver.
Veilleur, que dis-tu de ta foi, que fais-tu de ton espérance?
Qu’est-ce qui, dans cette société qui est la nôtre, peut devenir porteur d’espérance?

Veiller, c’est travailler à ce qui nous revient : notre devoir d’état !
Veiller pour agir, c’est regarder résolument dans la direction de l’espérance.

Chacun – chaque chrétien de toute façon -, a à se découvrir et à se reconnaître responsable du travail de la foi et de l’espérance, pour se faire le portier de sa propre vie et de la vie des autres. Une attente active pour ouvrir, pour nous ouvrir…cette porte !

L’Évangile transmis en Église n’a pas vécu et ne nous est pas parvenu à coup de dogmes,  mais d’inventions - on l’a oublié ! -,  pour une vie ouverte à l’espérance, à l'attente, pour une vie disponible.
Car veiller, c’est d’abord décider de rester vivant, de s’interroger, d’activer sa soif et sa faim : vivre notre vulnérabilité comme un triomphe de la vie de l’esprit et de l’espérance. Elle est là, la vulnérabilité du veilleur.

Veiller, c’est refuser énergiquement de se laisser gagner par la peur, qui signerait déjà notre complicité avec la violence.
Oui, veillons sur la qualité de nos jours et de nos nuits.
Veillons sur le sens que nous donnons à nos partages du pain et de la coupe en mémoire de Lui : vivons-les et portons-les jusque dans l’action de grâce ( sens du mot eucharistie) pour cette espérance qui nous traverse le corps. Le corps : pas l’âme seulement ! Garder vivante l’attente de son retour « jusqu’à ce qu’il revienne » ? Jésus l’a dit tout simplement : « Prenez et partagez : c’est mon corps et mon sang ! ». Et renaissez dans la vigilance.



Joyeux Avent, donc ! Et bientôt Joyeux Noël! Puisque l’Avent, c’est déjà la chance – à saisir ! -, de naître et de renaître.

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