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dimanche 8 avril 2012

Convaincre par la miséricorde





2e Dimanche de Pâques - B
15 Avril


Shalom alekhem  שלום עליכם
Pax vobis !
La paix soit avec vous!

Depuis qu’il est ressuscité  Jésus « se manifeste » le dimanche (« dies dominica » = le Jour du Seigneur), devenu  le premier jour de la semaine. Les chrétiens ne se réunissaient pas tous les jours. Ils avaient, eux aussi, « autre chose à faire », leur vie quotidienne. Ils ne pouvaient pas être constamment ensemble : ils ont décidé de le faire dans le cadre d’une «rencontre hebdomadaire».
Personnelle, ou individuelle, la présence du Christ ressuscité est ressentie, expérimentée et célébrée AUSSI dans le cadre communautaire, l’Église.


Ils se rencontraient, mais ils avaient peur. Au moment où Jean écrit, c’est toujours la persécution. Les premiers disciples ont pris l’habitude de se réunir tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre : « messe domestique ». Ils s’accueillent, mais il y a des défections : et on comprend ! Ils verrouillent leurs portes. Mais chaque « dimanche », se renouvelle le «signe» (sacrement) du Cénacle : avec le pain et le vin, mystérieusement, Jésus, le Christ, se glisse parmi les siens, là où ils se rassemblent : à Éphèse, Antioche, Corinthe, Jérusalem, Rome. Et ainsi chaque dimanche « devi(e)nt » Pâques!

L’Église en tant que telle, c’est D’ABORD et AVANT TOUT cela : la réunion de femmes et d’hommes au milieu desquels le Christ ressuscité se rend présent.

Vous vous rappelez qu’on rapporte que la première parole du Christ après sa résurrection est une parole de paix, une parole qui, comme un refrain permanent que l’on siffle dès le matin et qui, têtu, ne vous lâche pas de toute la journée…Don de la paix qui chasse la crainte et le doute. Pas la paix du monde, mais la paix confiée aux « premiers chrétiens», comme un héritage précieux, le soir du jeudi saint : «C’est la paix que je vous laisse, c’est MA paix que je vous donne»...

Qui dit présence du Seigneur, dit joie ! La joie de la résurrection est celle qui vient après la peur de la mort  vaincue et après le doute surmonté. La joie pascale, la joie chrétienne, n’est ni facile ni spontanée : ce n’est pas celle que nous éprouvons « inconsciemment » quand tout va bien (santé, jeunesse, vitalité, essor économique, amitié, famille…). La joie de la résurrection, elle, c’est celle qui vient «après»... après la peur, après la crise! C’est la joie et la paix qui remontent du « très profond », d’une situation désespérée (la mort d’un crucifié!) et que rien désormais ne pourra faire disparaître. Bref, c’est la joie et la paix que procure la foi en Jésus-Christ.

« Qui a peur de Virginia Woolf ? » ? Qui n’a pas (eu ?) peur ?  Qui n’a pas sa peur secrète ?

Nous avons tous nos peurs : peur de Dieu, peur des autres, peur de souffrir, de manquer d’argent, de ne pas être à la hauteur, de vieillir, de mourir… Comment être heureux, comment connaître la joie ?
« N’ayez pas peur, ayez confiance en moi. J’ai vaincu la pire des peurs : celle de la mort !»
Le rassemblement eucharistique établit une paix, au-delà de tout différence, de toute supériorité et de toute infériorité. «Parmi vous, il n’y a ni Grecs ni Juifs, ni hommes ni femmes, ni esclaves ni hommes libres» dira Paul, en ces époques de castes et de classes.

Lors du premier matin de Pâques, Jésus donne en fait aux disciples une vie « re nouvelée », « ré insufflée » :
  • «Il répandit sur eux son Souffle et il leur dit: Recevez l’Esprit Saint !».  Comme lors DU MYTHE FONDATEUR de la création d’Adam et Ève, quand, après avoir plané sur les eaux primordiales, l’Esprit de Dieu leur insuffla la vie : il se passe pour les disciples et pour nous à leur suite, d’une «création nouvelle»... Nous sommes recréés, renouvelés…
  • Puis Jésus continue : «Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis !» : paroles adressées « ce matin-là » à l’ensemble à venir des disciples du Christ, appel à nous libérer mutuellement en nous pardonnant les uns les autres.
  • Et enfin, la mission : «De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie»...

Chacun est désormais institué porteur de la «miséricorde de Dieu», tout (ou presque !) comme Jésus l’était! Vous vous rendez compte de l’énormité de ce pouvoir : «Tous ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis.» ?

Car, comme l’homme de la Synagogue de Nazareth, chaque chrétien est « autorisé » à dire : «L’Esprit de Dieu repose sur moi, l’Esprit de Dieu m’a consacré, il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer une année de bienfaits de la part de Dieu, libérer les captifs...» (Luc 4, 18.19).
Mettons-nous dans la tête que nous sommes porteurs d’un Esprit spécifique : un Esprit libérateur, un Esprit vivifiant, un Esprit qui pardonne au nom de Jésus.

Si, à l’heure actuelle, un très grand nombre de baptisés ne fréquentent plus les églises - sinon comme des « automates » pour le mariage, le baptême de leurs enfants et les funérailles -, c’est que toutes les générations de chrétiens n’ont pas été à la hauteur de l’héritage transmis !

Notre vie « de ressuscité » ne semble pas « nouvelle », mais « congelée », conventionnelle, aride, inhospitalière, sectaire, muséographique : « passée » ! No future !

Comment faire pour que les rassemblements dominicaux entretiennent et vivifient A NOUVEAU ET DE NOUVEAU  notre foi de croyants!  C’est vrai qu’on ne peut vivre sa foi seul : la foi a besoin de se nourrir de la parole de Dieu, de s’alimenter à la foi des autres. Et elle a besoin d’être partagée.
Mais quand « cette foi proposée aujourd’hui » est frappée de péremption, elle doit être recyclée !

-          « La paix soit avec vous! » OK
-          « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ! » Encore OK !

Mais, pour l’amour de Dieu, soyons convaincants !



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