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lundi 29 octobre 2012

Heureux...



TROIS HOMELIES A LA SUITE POUR 


1er, 2 et 4 novembre

1 ER NOV   TOUSSAINT
“ Heureux ceux.....”


A l'endroit, à l'envers : de quel monde nous parle cette admirable page des béatitudes, ce  monument de la grandeur humaine dressé sur notre monde, peut-être  l'expression la plus sublime de toute l'histoire de l'humanité?
Le monde à l'envers, de toute évidence!



Cet évangile de Toussaint décline plutôt un achèvement : la réussite définitive de l'oeuvre de  Dieu.. Aujourd'hui, comme chaque jour, on en est toujours au commencement, à sa racine et dans son germe.

Chez Luc, Jésus descend de la montagne après avoir passé la nuit en prière et parle “dans la plaine”. Chez Matthieu, au contraire, Jésus gravit la montagne. Intéressant! Gravir et redescendre... sans fin... comme Sisyphe!
Mais Jésus apparaît plutôt comme le nouveau Moïse, venu  promulguer la loi du Royaume nouveau, d'un Nouveau Monde! La loi nouvelle? Il faut changer de vie, se convertir, voir les choses d'une autre manière, car ce Royaume-là est au milieu de nous : les "cieux" c'est d'abord la terre!

Tout ce qui vibre en nous d'aspirations et de désirs humains de générosité, d'espérance et d'amour, ainsi que d'éternité, est touché par ces paroles! En même temps que tout ce que notre vie comporte de douloureux et d'insupportable est enfin dévoilé, reconnu, guéri. La misère qui semble s'abattre toujours sur les mêmes, l'exclusion des malades et des infirmes, la pauvreté et la souffrance elles-mêmes deviennent sources et motifs de joie.

La libération c'est faire des forces de mort, des forces de vie!.

Qui n' a pas maintes fois essayé de poursuivre et de réaliser ce qu'il y a de plus pur en lui, mais toujours il nous a semblé que nous n'étions pas libres, comme si des forces opposées nous l'interdisaient.

Ce progrès annoncé par les béatitudes sera-t-il toujours fuyant et insaisissable? Ne pourrons-nous qu'on jamais l'atteindre, et encore moins le savourer? Au secours, mon Dieu!

Comment renverser radicalement  nos mentalités et nos valeurs, comment correspondre pas au dessein initial du Créateur et de la création?




L'important, c'est d'être libre :
respirez la pauvreté,
ne tenez à rien ni à personne :
l'éternité est à ce prix !
L'important, c'est d'être sensible
à la vie, à la mort,
à la joie, à la peine :
le réconfort est à ce prix !
L'important, c'est d'être tendre
à qui résiste,
à qui se donne,
à qui te hait ,
et à qui t'aime :
l'avenir est à ce prix !
L'important, c'est d'être juste
pour qui a tort
et pour qui a raison,
pour qui savait
et pour qui ne savait pas :
la joie est à ce prix !
L'important , c'est d'être créatif
de neuf et d'espérance,
d'amour et de pardon :
la vie est à ce prix !
L'important, c'est d'être pur
devant soi et les autres,
devant les petits et les grands :
Dieu est à ce prix !
L'important, c'est de faire la paix
ici et là,
tout près et loin
si l'on veut être fils de Dieu.
L'important, c'est d'être persécuté quand on est juste,
l'éternité coûte cher !
Oui, c'est important
quand on vous flétrit,
quand on vous persécute,
quand on raconte n'importe quoi sur votre compte.
Souriez : votre éternité grandit encore !
Tous les prophètes sont passés par là !


Le jour des morts
la tombe est vide...
Vendredi 2 novembre 2007

S'agit-il seulement d'un pèlerinage sur les tombes?
S'agit-il seulement d'une célébration de la mort?
Il s'agit de commémorer nos défunts, e nous souvenir de ce qu’ils furent pour nous et pour Dieu.
Cette démarche entraîne des questions sur le sens de la vie et de notre destinée, face aux interrogations que provoque la mort, contre laquelle l’homme n’a jamais cessé de se révolter.



Le concile Vatican II souligne très justement et avec force : « C'est en face de la mort que l'énigme de la condition humaine atteint son sommet. L'homme n'est pas seulement tourmenté par la souffrance et la déchéance progressive de son corps, mais plus encore, par la peur d'une destruction définitive. Et c'est par une inspiration juste de son coeur qu'il rejette et refuse cette ruine totale et ce définitif échec de sa personne. Le germe d'éternité qu'il porte en lui, irréductible à la seule matière, s'insurge contre la mort. Toutes les tentatives de la technique, si utiles qu'elles soient, sont impuissantes à calmer son anxiété: car le prolongement de la vie que la biologie procure ne peut satisfaire ce désir d'une vie ultérieure, invinciblement ancré dans son coeur. » (GS, N°18).
 Ce désir d’éternité, l'homme Jésus de Nazareth le porte en lui-même. Il se fera même notre porte parole lorsque lui-même aura rendez vous avec la mort : « Mon Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
Ce cri sur la croix contient toutes nos incompréhensions face à la mort. Si Dieu prend au sérieux notre condition humaine, c'est qu'en cet homme Jésus il a vécu tout ce qu’un homme peut vivre sauf le péché. C'est en traversant la mort qu'il devient Christ, et permet qu’elle soit traversée par tout homme qui accepte de prendre sa main : "main-tenant"! « Tous ceux que le Père me donne viendront à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors » (Jn 6, 37).

Jésus le Christ nous "rappelle" l’unique but que recherche Dieu : « Or, la volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour. Car la volonté de mon Père, c’est que tout homme qui voit le Fils (l'homme Jésus) et croit en lui (le reconnaît comme Christ) obtienne la vie éternelle » (Jn, 6, 39-40).

Cependant même si Dieu ne se lasse jamais d'offrir à tous les hommes son salut (Dieu est amour), même lorsque l'homme s'éloigne de lui, la peur reste humaine, jusqu'au bout de l'agonie! A la foi dans l'homme Jésus devenu Christ, doit s'allier l'espérance que donne la foi!
De nouveau « En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit-Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal » (GS n°22).

C'est forts de cette foi que les chrétiens ne s'enferment pas dans la nostalgie et les regrets lorsqu'ils commémorent leurs défunts, car cette célébration les oriente vers leur propre avenir. « Nul ne vit pour lui-même ». C'est depuis leur baptême qu'ils vivent avec le Christ de l’espérance en la Résurrection: ce qui les fait choisir la vie et la transmettre en communion à la mort et à la Résurrection du Christ. Dès le début, la résurrection est à l’œuvre dans la vie du baptisé: sa vie n’est plus à lui-même mais au Christ. 


Ainsi nos défunts sont avec le Christ Jésus, le Fils éternel du Dieu éternel! Ils sont devenus des passeurs de vie ceux qui recherchent un bonheur sans fin.


4 NOV   31 EME  DIM
“Le plus grand commandement”

Il existait énormément de lois au temps de Jésus, pour toutes les situations!
Mais la morale mise en place par les Pharisiens, le parti religieux le plus important, était encore plus complexe. Dans la Bible et la tradition, les rabbins avaient trouvé 613 lois dont 248 obligations et 365 interdictions. Pour s’en rappeler, il suffit de penser qu’il y avait autant
d’interdictions qu’il y a de jours dans l’année!!!
Et cela  dure encore pour les juifs de la stricte observance!

Ainsi et d'une part, le commandement d’"aimer son prochain comme soi-même" existait déjà. C’est une loi très ancienne qu’on retrouve entre autres dans le Lévitique (19, 18), parmi d’autres dispositions légales. Par exemple: "Tu ne commettras pas d’injustice, tu n’auras pas de haine, tu ne te vengeras pas…" et, dit le texte: "c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis Yahvé." (Lévitique 19, 15-18). La loi de l’amour du prochain était donc très connue et il est clair que le docteur de la loi qui posait la question la connaissait très bien. Et de même la réponse de Jésus n’est donc pas une nouveauté à première vue.

D'autre part, nous savons par ailleurs que l’amour de Dieu, dans la religion juive, était central. C’était LE grand commandement: la base, le centre, le fondement de toute la religion juive. Tout juif authentique se rappelait chaque jour qu’il devait aimer Dieu de tout son cœur, de toute son intelligence et de toute sa force.



Aujourd’hui, pourtant, Jésus apporte quelque chose de neuf: pour la première fois, quelqu’un enseigne que le commandement d’aimer son prochain est semblable, ou du moins égal, au grand commandement de l’amour de Dieu. Et cela était vraiment une nouveauté.
La tradition juive considérait le manque d’amour ou l’injustice à l’égard du prochain comme une ingratitude envers Dieu qui avait été tellement généreux pour son peuple qu’aucun homme, par  simple reconnaissance, ne pouvait se mettre à tromper, à mentir ou à voler. Plus qu’une simple loi apprise, l’amour du prochain était ainsi un hommage à la générosité de Dieu.

La question du docteur de la loi aurait été à sa place, si elle n'avait pas été dictée par une mauvaise intention. Sa réponse est énoncée "avec la prudence du serpent et la simplicité de la colombe" : Maître, tu as bien dit, et selon la vérité, qu'il n'y a qu'un seul Dieu, et qu'il n'y en a point d'autre que lui, et que l'aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute son âme, et de toute sa force, et son prochain comme soi-même vaut mieux que tous les holocaustes et que tous les sacrifices.
Jésus reconnaît à la fois son intelligence et son habileté : Tu n'es pas éloigné du royaume des cieux. Voici le tentateur embarrassé tout d'un coup : il a voulu surprendre Jésus dans ses discours et il a été presque pris lui-même par les paroles de Jésus! 



 Précieux témoignage sorti de la bouche du "nouveau" Maître : « Tu n'es pas éloigné du royaume des cieux. » Mais - sous-entendu -, celui qui s'en contenterait ressemblerait à un vaisseau qui aurait supporté la tempête en pleine mer, et qui, en vue du port, fait naufrage. « Non loin du royaume des cieux » signifie avoir presque atteint le but, mais non complètement.

Rappelez-vous le roi Agrippa répondant à Paul qui lui disait :
- Roi Agrippa, crois-tu aux prophètes ? - Je sais que tu y crois.
- Il s'en faut peu, répondit le roi, que tu ne m'en persuades!
Il s'en faut peu, mais il s'en faut de quelque chose. Ainsi, en définitive, il n'y croyait pas.
Il en va de même avec ce : « Non loin du royaume des cieux ! »

« Le royaume des cieux est forcé et les violents le ravissent. »

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