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dimanche 7 octobre 2012

Let's go!



14 OCT  28EME DIM

“ Let's go!”



Les mots sont comme les images : dis-moi quel est ton vocabulaire, je te dirai qui tu es! Le grec était l'anglais de l'époque. Et les mots ne sont jamais neutres!


Quand Marc a parlé du divorce, il l'a fait, de façon très moderne,  au masculin ET au féminin. Comme un cinéaste très conscient de l'impact de ses images, il adopte ici encore un langage inclusif: "eis" = quelqu'un (homme ET femme) en grec. En effet, Marc écrit pour des chrétiens de Rome, des non-juifs parlant le grec pour la plupart : il ne faut jamais l'oublier! [Matthieu, qui écrira quelque 10 ans plus tard en milieu juif patriarcal, interprétera le mot "eis" (en anglais "one" ou "someone") par "neaniskos = jeune homme", ce qui en fera l'histoire bien connue du “jeune homme” riche.] Chez Marc, "cette personne" représente tout être humain : vous, moi...



Ainsi  "QUICONQUE" reconnaît en Jésus le Messie et le Fils de Dieu, se "prosterne" devant lui. [ "Gonupeteô" = tomber à genoux, et en particulier "proskuneô", signifient à la fois "adorer et se prosterner". (Voir Mt 4, 9-10). D'autre part, les titres de Messie et de Fils de Dieu sous-tendent tout l'Évangile selon Marc. (Relire en particulier 1, 1 ; 8, 29 et 15, 3].

"Maître, ["didaskale" = enseignant, et non pas "kyrie" = maître au sens de Seigneur], que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?”

Déjà en Mc 7, 21-22, l'évangéliste soulignait que Jésus ne retient parmi les commandements que ce qui touche les relations humaines : c'est dans l'attention aux autres - la charité -, que s'exercera l'amour de Dieu et son appréciation de notre comportement.

Ainsi cette jeune personne qui a reconnu le Messie en Jésus aurait réussi à tout (!!!) observer parfaitement depuis sa "jeunesse"! Prétention juvénile, mais bien sympathique! "Moi, je...!" Jésus observe et se prend d'affection! “Ah! Tu vises le plus haut ? Alors ... vends tout ce que tu as, et viens avec moi.”

Le coût de l'excellence! Quel est-il?



Dans le sermon sur la montagne, Jésus propose la même perfection à tous ceux qui le suivent et ses disciples en particulier : “Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait!” Impossible!? L'évangéliste pense sans doute à Gn 18, 14: “Y a-t-il rien de trop merveilleux pour Yahvé?”

Sur les murs de La Sorbonne, en 68, on pouvait lire : "Soyez réalistes, exigez l'impossible!" “Puis viens. Suis-moi.” Image difficile à saisir! Non pas : "Viens derrière moi!" Plutôt: "Let's go! Allons!" ["akolouthéô" = "acolythe" est un verbe d'accompagnement"]. Et cette invitation-là est au cœur de l'Evangile : elle s'adresse à toute personne qui veut devenir disciple de Jésus.

Un (grand) écrivain français - Georges Bataille -, a donné à l'un de ses livres ce titre: L'Impossible. Il n'est pas mauvais de le relire, ces temps-ci. Il a dit aussi: «Laisse le possible à ceux qui l'aiment.» Le vrai réel, comme l'amour, serait-il donc de l'ordre de l'impossible? Ce qui est sûr, c'est que notre imagination est toujours en deçà de ses dimensions.

En tout cas certains, dont je suis, ne cesseront pourtant pas de le demander, ce réel, comme la liberté de la poésie elle-même.

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