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dimanche 26 septembre 2010

LA FOI, OK ! MAIS ACTIVE !

3 octobre 2010
27ème  dimanche du Temps ordinaire Année C
LA FOI, OK ! MAIS ACTIVE !


Lectures
  • Hab, 2-3 ; 2, 2-4
  • Ps 94
  • 2 Tim 1, 6.,,14
  • Lc 17, 5-10

Jésus s'est éloigné de la foule et ne s'adresse plus qu'aux disciples. Le thème du cours d’aujourd’hui est « grave » : il s’agit du scandale, plus exactement de la pastorale du scandale : comment ne pas cesser d’être accueillant au repentir, tout restant lucidement des hommes de pardon.

La situation est en tension permanente. Tantôt extrême sévérité tantôt miséricorde infinie. Alors en retrait avec Jésus, ceux qui le suivent  (et essaient de comprendre – dur, dur ! - quel type d'homme ils doivent devenir), lui lancent un appel qui traverse les siècles et monte au cœur de tout disciple : « Augmente en nous la foi ! »

Vous vous rappelez : un jour, dans l'Évangile de Jean (Jn 6), à la suite de ce long discours plutôt difficile du Pain de Vie, les auditeurs déconcertés le quittent en foule, restent seuls les disciples tout aussi désemparés. Jésus va les provoquer encore plus (tactique pédagogique de ce maître aux mille ressources) : « Et vous aussi vous voulez me quitter ? Profitez de la foule !» 

Nous connaissons la réponse - souvent la nôtre quand il faut rester chrétien et catholique romain en dépit de tout le ramdan des scandales comme de Rome : « Non, non ! Nous restons ! Vers qui irions-nous ? Tu as, toi, des paroles de vie éternelle. » Même si nous ne comprenons pas toujours comment être disciples et surtout « quelle est sa pensée qui n'est pas notre pensée, sa volonté qui n'est pas notre volonté... ».



Il semble que la foi ouvre le chemin…
… si elle est bien cette confiance en LA           personne qui éclaire et trace la voie. Sans toujours connaître l'itinéraire exact, ni « la meilleure façon d’marcher » : nous marchons la route avec lui !

Les premiers disciples, et les rédacteurs des évangiles, nous transmettent ces paroles de Jésus –grâce à Dieu !-, si souvent paradoxales que, parfois, les textes semblent se contredire : ainsi nous pouvons prendre le risque d’interpréter ! Nous en avons ici un exemple, avec sa brusquerie juvénile à propos du serviteur inutile. Comme si – sûrement ! -, excédé par la lenteur des disciples à « piger »[1], il les rabroue pour les faire avancer. « Lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été prescrit dites-vous que vous êtes des serviteurs inutiles, vous avez fait ce que vous aviez à faire. »
Traduction :
  1. Un : Vous réclamez plus de foi alors que, avec votre foi pas plus grosse qu’un grain de moutarde,  vous pourriez faire bouger bien des choses.
  2. Deux : C'est la foi en vous-mêmes qui vous manque : vous ne croyez pas en vous !
  3. Trois : Osez ! Et vous verrez changer le monde autour de vous.
  4. Quatre : Et n’allez pas en tirer une quelconque gloire ! Dites-vous que vous n'avez fait que votre devoir, celui que votre foi vous engage à vivre. »
« Serviteur inutile » ! Voilà ce qui rend tellement humain, Jésus, le fils de Dieu ! Dureté – c’est-à-dire exigence (les disciples ne s’y trompent pas !) - et pourtant chaleur aussi  – c’est-à-dire affection - pour eux, comme quelques chapitres avant, en Lc 12, 37 : « Heureux ces serviteurs que le maître trouvera en train de veiller, en vérité il se ceindra et les fera mettre à sa table et passant de l'un à l'autre les servira. »



La comparaison du grain de moutarde suffisant pour une foi active, il en avait déjà pris l'image comme origine de la croissance du Royaume de Dieu (Le 13, 19). Tout commencement – c’est évident ! -, est comme une petite graine, ainsi aussi la foi, comme le Royaume en croissance. Il s’agit d’apprendre de Jésus à jouer sur les mots et les situations pour faire éclater le sens et ouvrir l‘intelligence du cœur.

La pédagogie paradoxale de Jésus déséquilibre, déstabilise, « décoiffe » : elle exige de changer de tactique pastorale en permanence, parce que l’expérience prouve que rien n’est jamais acquis une fois pour toutes.
En matière d'Évangile, ce n'est pas « OU ceci OU cela », mais « ET comme ci ET comme ça ». L’évangile n’est pas EX clusif, mais IN clusif ! Ce qui ne devrait pas surprendre, puisqu’il relève d’une mentalité sémitique, plutôt (moyen)orientale qu’occidentale ! La pensée bouddhique fonctionne aussi comme cela !
Nous serons toujours Rappelés à l’Ordre, nous autres, occidentaux, à nous demander « quelle est donc  CETTE  pensée qui n'est pas notre pensée, CETTE  volonté qui n'est pas notre volonté... ».


Le « chrétien actif », traité au soir de son travail comme celui qui a simplement fait ce qu'il devait et qui ne mérite pas plus que la satisfaction de son devoir bien fait, devient pourtant si proche de son Maître, Jésus qui l'envoie, que celui-ci ne le traite plus en simple disciple, mais en ami. Jésus, d’après Jean, ira jusqu’à se ceindre les reins d’un tablier de cuisine, pour « lui laver les pieds » et lui déclarer
que, de même qu’il lui a confié de transmettre tout ce que le Père voulait faire connaître, il l’appelle désormais son ami.

La foi apparaît donc intimement liée au sens du service gratuit,
« à nous dépenser sans attendre d'autre récompense que celle d'avoir fait votre sainte volonté », comme le chante la prière scoute, issue de celle d'Ignace de Loyola.


  1. Pas de conditions préalables : la gratuité modèle l'homme à l'image de son Créateur. 
  2. La foi rend libre d'aimer sans contrainte et, paradoxalement, le serviteur, inutile. 
  3. Pas de privilèges dans le Royaume, ni de rang d'honneur, pas de « niches » fiscales ou autres  
  4. seule une hiérarchie de service !

« Celui qui veut être le plus grand qu'il soit celui qui sert » (Le 22, 34-27).
Les Chrétiens, les cathos et l’Eglise peuvent faire mieux ! Encore un  effort !

*   *
*

Question :
Mais alors, dans la foi, n'y a-t-il aucune place pour la reconnaissance, pour les remerciements ?





[1] Intelligenti pauca ! L’homme intelligent comprend vite !

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