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dimanche 14 novembre 2010

Le Royaume du dedans

Le Royaume du dedans
dimanche 21 novembre 2010
Solennité du Christ, Roi de l'Univers

Textes
§          2 Sam. 5,1-3.

οδ ροσιν· δο δε · κε, δο γρ βασιλεία το θεο ντς μν στιν.
Et on ne dira point : voici, il est ici; ou voilà, il est là; car voici, le Règne de Dieu est au-dedans de vous. (Lc 17:21)

Quand les hommes de toutes les tribus se rendirent à Hébron, ce fut pour reconnaître à la fois que chacun était  du même sang que’ lui, et pour le plébisciter comme roi d’Israël, élu par Yahvé ! Ils s’en remettaient à l’un d’entre eux, qui avait fait ses preuves devant le hommes et devant Dieu : « Dans le passé déjà, quand Saül était notre roi, tu dirigeais les mouvements de l'armée d'Israël, et le Seigneur t'a dit : 'Tu seras le pasteur d'Israël mon peuple, tu seras le chef d'Israël. ' ».

Après tant de guerres, et avant tant d’autres, le psaume 122 - le chant de la montée vers le lieu où Yahvé a rendez-vous avec son peuple, vers Jérusalem -, résonne d’une espérance toujours remise, d’un espoir sursitaire de la paix. Les pèlerins crient leur joie, quand on leur a dit : « Montons à la maison du Seigneur ! »  et qu’ils sont parvenus devant les portes de la Ville Sainte, une ville où tout ensemble ne fait qu'un, où le droit a son siège, comme la maison de David… Alors, appelons le bonheur sur Jérusalem : « Paix à ceux qui t'aiment ! Que la paix et le bonheur règnent dans tes murs! »

C’est dans les mêmes teintes d’espérance que le pharisien Saul de Tarse, notre Paul, célèbre la continuité du royaume : ce dieu qui rendus les chrétiens capables d’avoir part à leur tour, à l’héritage du peuple choisi jadis. L’hymne merveilleuse, trésor du patrimoine mondial de l’humanité, est l’écho du psaume des montées :

Il est l'image du Dieu invisible,
le premier-né par rapport à toute créature,
c'est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre,
les êtres visibles et les puissances invisibles :
tout est créé par lui et pour lui.
Il est avant tous les êtres, et tout subsiste en lui.


Et vient alors la spécificité de ce royaume inauguré par ce Juif, fils d’une juive de Nazareth, et de l’Esprit même de Yahvé Dieu, fils de David…

Il est aussi la tête du corps, c'est-à-dire de l'Église.
Il est le commencement, le premier-né d'entre les morts,
puisqu'il devait avoir en tout la primauté.
Car Yahvé Dieu a voulu
que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total.
Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui,
sur la terre et dans les cieux,
en faisant la paix par le sang de sa croix.

La situation a du être dramatique pour tous les juifs sincères, témoins de l’apparition météoritique de ce Jésus de Galilée qu’on venait de crucifier ! Il faut se représenter la scène, à la manière des Exercices de Saint Ignace de Loyola (tous les détails !) :
ü      Le peuple restait là à regarder, muet d’horreur et d’interrogation !
ü      « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs » : c’était écrit en 3 langues sur le cartouche au dessus de sa tête : en hébreu, en latin et en grec, de façon que l’empire entier le sache !
ü      Tous y allaient de leur quolibet !
1.      Les chefs des prêtres (les curés, évêques et cardinaux de l’époque) ricanaient un peu facilement : « Il en a sauvé d'autres : qu'il se sauve lui-même, s'il est le Messie de Dieu, l'Élu ! »
2.      Les soldats aussi se moquaient de lui, comme le chat joue avec la souris, quand elle est blessée et qu’elle se traîne lamentablement sur le sol : ils lui donnaient de la boisson vinaigrée : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
3.      Même l'un des deux malfaiteurs crucifiés avec lui l'injuriait : « N'es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
4.      Tandis que l’autre le reprenait vivement: « Tu n'as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c'est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n'a rien fait de mal… Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. »
Ø      Et c’est là que tout pointait :
ü      Jésus lui répondit :
Ø      « Je te le déclare solennellement :
Ø      aujourd'hui,
Ø      avec moi,
Ø      tu seras dans le royaume. »


*     *
*
Je ne peux m’empêcher de rappeler deux citations parmi des dizaines, que les papes successifs ont cru devoir prononcer sur le royaume de France puis sur la République Française[1] :
Ø      Clément V (Bulle Rex gloriae, 27 avril 1311)
« Dans la nouvelle alliance, la France est le peuple élu de Dieu et occupe à peu près la même place qu'Israël dans l'Ancien Testament ».
Ø      Pie XII (1940, message radiodiffusé)
« La France a partie liée avec le Christ qui n'a jamais été vaincu et ne le sera jamais »

Il ne peut échapper à personne que les circonstances expliquent étonnamment ces déclarations ‘intempestives’[2] et [3] : la peur et l’appel à l’aide !
C’est pourquoi j’ai mis en exergue ce verset de Luc :
« οδ ροσιν· δο δε · κε, δο γρ βασιλεί το θεο ντς μν στιν ».
« Et on ne dira point : voici, il est ici; ou voilà, il est là; car voici, le Règne de Dieu est au-dedans de vous ». (Lc 17:21)
Qu’est-ce qu’un chrétien authentique?
  • Quelqu’un né de nouveau ou né “d’En Haut”, né d’eau et d’Esprit, c’est-à-dire né de la Parole de Dieu et du Saint-Esprit. (Jean 3:3,5)
  • Quelqu’un passé “de la mort à la vie”, qui est ” mort et ressuscité avec Christ” (Eph 2:1-10)
  • Quelqu’un qui s'est vraiment repenti sa vie passée et est sauvé par grâce, par la foi dans le Christ, et non par ses propres bonnes oeuvres. (Eph 2:8)
  • Quelqu’un qui veut être disciple de Jésus, c’est-à-dire qui, ayant reconnu Jésus comme son Sauveur personnel, et l’ayant confessé, veut aussi lui obéir comme Seigneur et Maître de toute sa vie, et veut marcher sur ses traces en pensant, en parlant et en agissant toujours plus COMME Jésus a lui-même pensé, parlé, et agi. ( Act 11:26)

Mais comment - vraiment, profondément -, réaliser qu’un chrétien, c’est d’abord un homme ou une femme qui a “déménagé” en esprit, c’est-à-dire qui a pris possession, dans le Christ, de son nouveau « domicile », de sa nouvelle « patrie », quelqu’un qui est déjà entré dans « le royaume de Dieu » ?
Il nous a ressuscités ensemble et fait asseoir ensemble avec Christ” (Eph 2:6)
Pour nous, notre cité est dans les cieux” (Phil 3:20)

Qui plus est, comment réaliser qu’un chrétien, c’est quelqu’un qui est réellement devenu “une nouvelle créature en Christ” (2 Cor 5:17): que c’est un homme ou une femme, un être NOUVEAU, en qui le Christ habite par son Esprit, et qui est désormais appelé à marcher selon l’Esprit, c’est-à-dire comme Jésus lui-même a marché, en laissant la vie de Jésus se manifester, s’incarner en lui. C’est quelqu’un dont la vieille nature a été crucifiée avec Christ ! (Gal 2:20;Eph 4:20-24;Col 3:9-10)
“J’ai été crucifié avec Christ, et ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi”
Un authentique chrétien est donc un individu NOUVEAU qui est devenu citoyen et habite un “pays” NOUVEAU: LE ROYAUME DE DIEU
Et ce, qu’il habite physiquement en France, au Japon, aux USA, dans n’importe quel pays du monde ou même en…Israël !

Pour beaucoup –d’entre nous tous -, le royaume de Dieu est perçu seulement comme un “lieu” où nous serons plus tard, c’est-à-dire au ciel, avec Jésus, pour l’éternité: c’est une réalité céleste qui ne concerne pas aujourd’hui nos affaires sur la terre. Pour d’autres encore, le royaume de Dieu sera établi physiquement sur la terre au retour de Jésus à Jérusalem (?), quand il viendra régner pour mille ans, et que nous régnerons avec Lui, selon les prophéties…
Certes, tout cela est juste et vrai, mais partiellement seulement.
Pour d’autres, il nous appartient d’établir le royaume de Dieu sur cette terre avant le retour de Jésus, et là, c’est certainement faux et contraire aux Ecritures.

Mais avons-nous vraiment conscience de la réalité concrète du royaume de Dieu, ici et maintenant, dans notre vie ?
“Le royaume de Dieu est au dedans de vous” ( ou encore “au milieu de vous”).


Oui, le royaume de Dieu est une réalité concrète sur la terre aujourd’hui pour chacun de ceux et celles qui sont devenus chrétiens par cette nouvelle naissance qu’est le baptême dans la mort et la résurrection du Christ.
Il consiste dans le règne effectif de notre Seigneur Jésus-Christ dans le cœur et sur tout l’Être : (ce que nous sommes) corps et âme - c’est-à-dire pensées, émotions, volonté- et esprit ; règne aussi sur nos actions et comportements (ce que nous faisons) qui dépendent de ce que nous sommes et de la manière dont nous percevons ce que nous sommes dans le Christ.

A mesure que Jésus étend véritablement son règne sur ma vie, et dans chaque domaine de ma vie, dirigeant tout mon Etre, c’est-à-dire à mesure que je lui obéis et lui suis vraiment soumis, le royaume de Dieu s’étend au-dedans de moi ! Et à mesure que son règne s’étend au-dedans de moi, son règne s’étend autour de moi ! Chacun d’entre nous est appelé à être, sur cette terre, un ambassadeur du royaume de Dieu. (2 Cor 5:20) “Que ton règne vienne !”

Toute nouvelle naissance marque son entrée dans le royaume de Dieu par une « porte étroite nommée Jésus ». Mais jour après jour, le chrétien apprend à devenir un véritable disciple de Jésus-Christ, son Sauveur et  son Seigneur, qui est le ROI de ce royaume. Pour cela, jour après jour et même instant après instant, le chrétien apprend à suivre « le chemin étroit », c’est-à-dire notamment il apprend à “ne plus se conformer au monde présent (ou au siècle présent) mais à se  laisser transformer par le renouvellement de son intelligence, c’est-à-dire de ses PENSEES - afin de pouvoir discerner la volonté de Dieu : « ce qui est bon, agréable et parfait » (Rom 12:2).




[1] Citations des papes sur la Mission divine de la France
[2] Ce n'est finalement que le 16 octobre 1311 que le concile de Vienne, présidé par Clément V, commence ses travaux. 300 évêques et abbés étaient convoqués, mais il n'en vint que 114, surtout italiens et français. Les conclusions des commissions pontificales diffèrent cependant de ce que désire le roi et son gouvernement: l'Ordre du Temple doit être réformé et non aboli. Plusieurs évêques ne sont pas convaincus de la culpabilité des Templiers et penchent dans le même sens. Ils voudraient les entendre se défendre. Ne voulant pas s'opposer ouvertement au roi, Clément V va atermoyer pendant plusieurs mois.
Au printemps 1312, les membres du concile apprennent que Philippe le Bel est à Lyon avec son armée. Prenant peur, ils acceptent alors tout ce que le pape décrète. Par la bulle Vox in excelso du 22 mars 1312, celui-ci supprime purement et simplement le Temple, bien qu'il ne le condamne pas. La bulle Ad providam du 2 mai décrète que les biens du Temple passeront aux mains des Hospitaliers. Enfin, une troisième bulle, datée du 6 mai, annonce que le pape se chargera du jugement des dignitaires de l'Ordre. - Le concile de Vienne prend officiellement fin le 11 mai 1312.
[3] Les Allemands envahissent la France. Débâcle et exode des civils qui fuient l’armée allemande. Plus de sept millions de personnes sont sur les routes.


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