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lundi 22 novembre 2010

Si on avait su…

Si on avait su…
dimanche 28 novembre 2010
1er dimanche de l'Avent, année A

Textes

§          Is 2,1-5.
§          Ps 122,3-4.6-7.8-9.
§          Rm 13,11-14.
§          Mt 24,37-44.

« Je suis un survivant des camps de concentration ; mes yeux ont vu ce qu’aucun homme ne devrait
voir : des chambres à gaz construites par des ingénieurs instruits, des enfants empoisonnés par des médecins éduqués et par des infirmières qualifiées, des femmes et des bébés exécutés et brûlés par des diplômés de l’université, je me méfie donc de l’enseignement.
Ma requête est la suivante :
aidez nos élèves à devenir des êtres humains. Vos efforts ne doivent jamais produire des monstres éduqués, des psychopathes qualifiés, des Eichmann instruits. La lecture, l’écriture, l’arithmétique ne sont impor tantes que si elles ser vent à rendre nos enfants plus humains. »
Un Directeur d’école américain.

Nous autres chrétiens, nous disons que le Christ est venu ! Nous disons que nous avons cru au message des apôtres ! Nous prétendons mettre au monde, au milieu du monde, un peuple nouveau qui fait corps, et doit manifester ainsi, aux yeux de tous, que notre vérité est unité dans l’amour, ou amour dans l’unité, c’est selon l’époque et le lieu !
Et pourtant, voici que la liturgie d’aujourd’hui - à la suite de l’Écriture -, nous renvoie en quelque sorte au point de départ de l’aventure, puisqu’elle nous prescrit de raviver en nous l’attente, l’espérance et l’ouverture à ce qui vient.



Longue attente dans la foi qui remplit tout l’avant Jésus !
Cela rejoint quelque chose qui nous habite tous, souvent à notre insu : une insatisfaction de ce que nous sommes et avons à vivre. Les publicitaires le savent, qui nous annoncent sans cesse du « nouveau » ou « d’autres manières de… ». Les lendemains qui chantent ont toujours leur succès.

Laissons là le futur, le grammatical et l’hypothétique, le futur d’Isaïe et de David !
Découvrons que cette insatisfaction confuse, et qui semble souvent sans objet, recouvre en fait l’espérance de notre accès à l’homme nouveau dont parle Paul.
L’homme nouveau et terminal que rien ni personne ne puisse dépasser.
Le chemin jusqu’à nous a été fait par Jésus, le Christ, l’ultime Fils de l’homme (c’est ça l’incarnation): la réalité, c’est que c’est lui qui vient toujours vers l’homme : notre « passivité active » consiste à l’attendre et à l’accueillir.
Nous sommes ici sous le régime de la grâce ! Dans le temps de l’attente !




"Tenez-vous prêts", dit Jésus par la bouche de Matthieu.
Fort bien : mais en faisant quoi et pour quoi faire ?
Rien de particulier : la liste de comportements établie par Paul : « Conduisons-nous honnêtement sans ripailles ni beuveries, sans orgies ni débauches, sans dispute ni jalousie; ne vous abandonnez pas aux préoccupations de la chair pour satisfaire ses tendances égoïstes. »  n’est rien d’autre que de la morale ordinaire.
Quant à Jésus, on lui fait dire seulement que si les gestes sont les mêmes pour tous ceux qui pratiquent le même métier, l’état d’esprit peut être très différent. Bien des motivations sont possibles : tuer le temps, nourrir sa famille, faire de l’argent, afficher sa supériorité, réelle ou illusoire…
Certaines sont compatibles avec l’attente du Christ, d’autres non : que voulons-nous vraiment ?
Notre « type » d’attente du come back de Dieu colore tout ce que nous choisissons d’entreprendre : il nous habite même quand nous n’y pensons pas. Que ce soit la foi ou autre chose, cela peut se vivre au milieu de tous les bouleversements du monde, de tous les déluges.

En fin de compte, tout ce que nous avons à souffrir rejoint – que nous en soyons conscients ou pas -, la croix du Christ que nous incarnons même à notre insu et prélude ainsi à une permanente résurrection de nous-mêmes.

Ah !« Tenez-vous prêts !» Matthieu insiste sur le caractère inopiné de ce moment de révélation ! Paul en souligne plutôt l’imminence : « L’heure est venue (…) La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. » De toute façon, il importe de rester vigilant : on nous avertit que cela ne sera annoncé par aucun signe prémonitoire.
Ce temps – ce « Moment », comme aime à dire l’allemand en nous empruntant le mot -, n’est pas à situer au bout de « notre » temps : il touche en quelque sorte à la dimension invisible de ce que nous vivons. C’est ce que nous voulons dire quand nous affirmons la présence de Dieu dans tous nos « maintenant » ?
Ubi caritas et amor, Deus ibi est !
Dès qu’il y a amour dans nos vies, il y a présence de Dieu en nous, et de nous en Dieu.
Sinon – corollaire et collatéral -, le Christ est bien encore là, mais crucifié. Jusqu’à la fin du monde, ajoute Pascal.



La présence de la crucifixion fait toujours corps avec la Résurrection ! Nous n’échapperons jamais à la puissance qui nous fonde - et que nous, les chrétiens, appelons Dieu -, … mais ailleurs, dans cet autre monde que nous ne pouvons imaginer, mais qui est toujours là, à nos portes. Ad portas ! On ne peut en être que plus proche chaque jour qui passe…

*       *
*
Voilà donc : Jésus vient de renseigner ses contemporains – ses disciples et les autres -, sur les signes moraux ou prophétiques qui marqueront l'approche de son Grand Come back ! L’espérance prime en dépit de tout… le reste ! L’exemple du « figuier » fait florès depuis Malachie (Mal.3:17) jusqu’à Jean (21:18,19) !
Quelle allure aura la nouvelle génération issue de l’Israël historique, de l’Israël de son époque, et de l’Israël futur qui lèvera dans les temps de la fin ?
Ce (ne) pourra être (qu’) un groupe de fidèles au milieu d'une masse incrédule[1]. Ceux qui, au temps de Jésus, s'étaient opposés à lui pour le rejeter et le mettre à mort, ont subi quelques années plus tard le châtiment annoncé (Luc 21:24). A son retour, ceux qui porteront les mêmes caractères moraux que cette génération connaîtront le même sort.

Ces paroles rapportées de Jésus luisent comme une lampe prophétique qui luira dans l'obscurité avant la lumière du grand jour (2 Pi.1:19) et s'accompliront inéluctablement. Quant au jour et l'heure où se dérouleront les événements rapportés dans ces passages, ils sont inscrits dans le conseil secret du Père (v.36) (Act.1:6-7). Les croyants qui attendent la délivrance sont ainsi toujours tenus en éveil. Insouciance des incrédules et vigilance des croyants : v. 37-44.

Ainsi la génération de Noé était elle aussi – déjà -, caractérisé par l'incrédulité et l'injustice (Gen.7:1) : Matthieu ne laisse pas Jésus insister ici sur la violence et la corruption qui dominaient alors. Il relève plutôt l'insouciance de ces gens, leur recherche des jouissances terrestres, dans la poursuite de leurs intérêts et de leur prospérité. Sans inquiétude pour l'avenir, ces « impies » fermaient leurs oreilles à la voix divine (par la prédication de Noé), tandis que l'arche se construisait (1 Pi.3:19,20; Héb.11:7; 2 Pi.2:5).
On se demande bien ce qui a changé depuis ! Manque-t-on aujourd’hui, à tous les échelons de la «société » - des sociétés doit-on dire, civile et religieuse -, de ces innombrables « mangeurs et buveurs » (2 Cor.15:32) qui en sont venus à ne plus se soucier du règlement de compte qui accompagne la mort ? Pieds et poings liés à la « terre » lors du Grand Retour, et le cœur hermétiquement clos à l'évangile du royaume, ils se laisseront emporter en un instant (2 Thess.1:8,9) ! Foi versus incrédulité : seul Dieu saura distinguer, selon ses critères qui n’ont jamais été les nôtres !

Paul ne cesse d’exhorter les romains : « L’heure est venue de sortir de se réveiller. La nuit est bientôt finie, le jour se lève. Cessons le marché noir, prenons la tenue du combat de la lumière ». C'est pour ce monde insouciant, endormi, plongé dans la nuit, que le Seigneur vient comme un voleur (1Thess 5:2-7;  2 Pi.3:10).

En un moment, ceux qui n'auront vécu que pour la terre seront dépouillés de tout (v.43). Et même de la terre…




[1] Alors le SEIGNEUR dit à Ésaïe : Sors, je te prie, à la rencontre d'Achaz, toi et Shéar-Yashoub, ton fils… au nom hautement significatif ! "Shéar-Yashoub" signifie : "un résidu reviendra !"
Mais pourquoi donc ce nom donné à son fils ? Lors de son appel, le jeune homme Ésaïe avait demandé à Dieu : "Jusqu’à quand ?" (Is  6.11) Jusqu’à quand faudra-t-il avertir, parler, prophétiser ? Et Dieu lui répondit : jusqu’à la ruine de tout Israël ! L’homme de foi, pénétré de la fidélité de Dieu, comprend : de la ruine inéluctable sortira un reste du peuple sanctifié… "Un reste reviendra !" Que sera ce reste du peuple qui connaîtra l’accomplissement des promesses ? Comment sera-t-il suscité ?

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