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mardi 5 avril 2011

22 Avril Vendredi Saint UN PUTTO, DES PUTTI

22 Avril Vendredi Saint
UN PUTTO, DES PUTTI

  

Textes
-          Ps 31,2.6.12-13.15-16.17.25.  .             
-          Heb. 4,14-16.5,7-9.
-          Jn 18,1-40.19,1-42

Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. (Lettre aux Hébreux)

Cette semaine a cela d’immensément significatif qu’elle met véritablement en scène pour plus d’un milliard de personnes dans le monde, des évènements historiques clés qui ont d’une part changé la face de la terre, et d’autre part continuent d’animer les espérances et la foi de milliers de milliards d’êtres humains depuis deux mille ans !
Tout le monde ne partage pas l’adhésion à cette conviction, mais tous en sont influencés et ont marqué le temps par sa commémoration : Semaine Sainte, Pâques, Résurrection etc.… Voilà des mots et des réalités culturelles qui ont estampillé d’un sceau indélébile les arts, les civilisations, le temps et l’espace…

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Dans l'après-midi du Vendredi Saint, c’est le jour où l’humanité – bon gré mal gré -,  commémore dans les églises bien sûr, mais à la TV et sur les ondes, la mort de Jésus de Nazareth, et célèbre deux cérémonies distinctes que la culture des temps a élaborées :
  1. la première, qui est un chemin de croix, se célèbre vers 15 heures environ, au moment où Jésus est censé avoir expiré sur une Croix, en un lieu nommé Calvaire ou Colline du Crâne;
  2. la seconde a lieu un peu plus tard, en fin d'après-midi, ou en début de soirée.

L’histoire de la liturgie – importante du point de vue anthropologique -, nous apprend que cette cérémonie du soir, ou de la fin d'après-midi, se célébrait autrefois le matin, comme celles du Jeudi Saint (la veille) et du Samedi Saint (le lendemain), qui se célébraient toutes le matin. [Autrefois, c'était avant 1955, il y a une cinquantaine d’années. Cette année-là, en effet, Pie XII promulgua une réforme complète du Missel de la Semaine Sainte : désormais, on célébrerait ces offices aux heures qui correspondent aux temps précis des événements historiques :
-          la Cène du Seigneur, au soir du Jeudi Saint ;
-          la Passion et la Mort de Jésus, dans l'après-midi du Vendredi Saint ;
-          et l'attente de la Résurrection, dans la nuit du Samedi Saint au Dimanche de Pâques.]

Tout cela venait d’une question de jeûne à régler en fonction de l’heure de la messe[1] !
Le jour du Vendredi Saint, de temps immémorial, l'Église ne célèbre pas de Messe, celle-ci étant le sacrement et le mémorial de la victoire du Christ sur la mort ; le Vendredi Saint, Jésus meurt. On ne se réjouira de la victoire de Jésus qu’au matin de Pâques. Pourtant la cérémonie s’en déroule tout à fait comme une Messe, sans consécration, pourtant.

Ceci est important et nous montre combien le sacrement et le symbole tâchent de rendre le plus  accessible possible, le sens dont ils sont les vecteurs. C’est quand ces vecteurs – hommes et moyens – deviennent opaques et incompétents, que le sens sacré - non pas s’échappe -, mais échappe aux sens et à l’esprit de ceux – les fidèles - auxquels ils sont censés s’adresser !
Ainsi une mystagogie, c’est-à-dire un accompagnement explicatif - en voix off, par ex. -, des étapes de la liturgie de ce jour, serait un accompagnement pédagogique bienvenu pour une mentalité habituée aux commentaires qui « légendent » les images transmises par les media.


Le seul plan de la cérémonie est en soi une véritable catéchèse :

  1. prière silencieuse,
  2. oraison,
  3. lectures,
  4. prière universelle,
  5. introduction de la Croix dans l'église

  1. dévoilement de la Croix,

  1. adoration de la Croix,
  2. "Notre Père" suivi de  la communion,  postcommunion,
  3. bénédiction d’envoi.
La correspondance de ces cérémonies avec celles de la Messe est quasi totale: sauf pour le dévoilement de la Croix et son adoration.
  1. prière silencieuse > acte pénitentiel
  2. oraison > oraison collecte
  3. lectures > lectures et évangile
  4. prière universelle > prière des fidèles
  5. introduction de la Croix dans l'église > procession d'offertoire et offrande
  6. dévoilement de la Croix > consécration du pain et du vin
  7. adoration de la Croix > prière eucharistique
  8. "Notre Père" suivi de la communion > idem postcommunion > idem
  9. prière de bénédiction > bénédiction gestuelle


Arrêtons-nous sur ces deux variantes :
Le dévoilement de la Croix (& L'adoration de la Croix.)

  1. Retenons que la Croix est apportée voilée : elle représente le pain et le vin apportés à l'offertoire de la Messe, substances ordinaires, parties de la Création, les fruits de la terre.
  2. Le dévoilement de la Croix signifie alors la révélation du changement opéré par la consécration du pain et du vin, leur transmutation, leur transsubstantiation :
Ø      ce pain et ce vin signifient maintenant réellement le Corps et le Sang du Christ présents substantiellement.

Il s'agit bien ici d'une simple analogie :
ü      il n'y a pas de Messe,
ü      la Croix n'est pas la substance du Christ.
Mais le rapport est parfait quant à la chose signifiée :
ü      la Croix signifie la Passion,
ü      tout comme le sacrifice du Christ est rendu présent dans et par les signes du pain et du vin consacrés au Corps et au Sang du Christ.
Ø      Le dévoilement de la Croix rend présent les signes de la Passion, comme  la consécration, à la Messe, rend présent en plus et surtout la substance du Christ ressuscité.

*** Enfin, le dévoilement de la Croix, pris dans le sens d'un enlèvement du voile, et donc d'une révélation, peut être associé à la consécration dans le fait que, par la foi et dans la foi, les croyants reçoivent du prêtre, qui consacre le pain et le vin, cette révélation, qui doit être crue, que ce que nous voyons n'est plus du pain et du vin, mais bien le Corps et le Sang du Christ : "Ceci est mon Corps... Ceci est mon Sang..."

L'adoration de la Croix

  • Elle correspond de façon analogique à la Prière eucharistique, ou anamnèse.
  
ü      En adorant la Croix, le croyant exprime sa foi dans le signe rédempteur,
ü      tout comme l'Église offre à Dieu le Père le Corps et le Sang de son Fils en invoquant l'Esprit Saint.

  • Peut-être, la plus belle analogie se trouve-t-elle dans la fraîche naïveté du baiser que le chrétien dépose sur les pieds du Crucifix : comme d’un ami à l’ami, crucifié par amour.
ü      Chacun des membres de l'Église témoigne ainsi sa foi et son amour pour le Christ, montrant par là qu'il ratifie pleinement l'Alliance éternelle fondée dans le Sang du Christ et ouvrant ainsi son cœur  par amour et humilité,
ü      afin que l'Esprit Saint y pénètre et le rende semblable au Christ par la communion : "Je ne vis plus ; c'est Jésus qui vit en moi." (Gad. 2, 20)

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Ces jours ne seront ainsi porteurs de sens que pour autant que leur « mise en scène » devienne un « théâtre de l’âme ». Le baroque « inventa » le putto (putti au pluriel), terme architectural et pictural italien qui désigne la statue ou l’effigie d'un nourrisson joufflu  (toujours un garçon et parfois un ange.), inspiré de l'art de la Grèce antique. Son rôle est de montrer par ses « facéties » l’attitude intérieure de l’âme à adopter devant telle ou telle représentation.

Devenons les putti de notre âme !




[1] Si, avant 1955, on célébrait ces offices le matin, c'est parce qu'il s'agissait de célébrer chaque fois une Messe. Or, à cette époque, à cause du jeûne eucharistique qui devait s'observer depuis la veille à minuit, la Messe se célébrait le matin, avant l'heure de midi. Donc, le matin des trois jours saints, on célébrait la Messe du jour en question. Le Jeudi-Saint, on célébrait la Cène du Seigneur ; le Vendredi-Saint, une cérémonie dans laquelle on utilisait des hosties consacrées, ou sanctifiées, la veille, cérémonie que l'on appelait : Messe des pré-sanctifiés ; le Samedi-Saint, on célébrait la Vigile pascale, une vigile fort matinale, puisqu'elle commençait vers neuf heures du matin...

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