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lundi 9 mai 2011

La tragédie des masques

La tragédie des masques
15 mai 2011
4ème dimanche de Pâques Année A

(Journée mondiale des vocations)


Lectures :
  • Actes 2,14a.36-41
  • Psaume 22
  • 1 Pierre 2,20b-25
  • Jean 10,1-10


Prions donc pour les vocations ! La tradition est belle !
Pour connaître la Bonne Nouvelle de la résurrection du Christ, il faut qu’on l’annonce et qu’on la fasse connaître ! Encore faut-il l’avoir « connu » soi-même ! Comment ? Maintenant qu’il est « parti » et que l’histoire s’accomplit !

Luc parle des premiers témoins
II y a des hommes qui nous  [c’est Pierre qui est cité, ce n’est pas Luc qui parle : Luc n’a jamais connu Jésus !] ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis son baptême par Jean jusqu'au jour où il nous a été enlevé. Il faut donc que l'un d'entre eux devienne avec nous témoin de sa Résurrection (Ac 1,21-22).
C’était pour remplacer Judas - qui avait connu Jésus -, par Matthias, qui semble avoir été l’un des 72, en plus des 12, et qui donc l’avait connu lui aussi.



Car, au départ, CELUI qu’il fallait communiquer et partager, c’était le JESUS d’avant la mort  (le temps !) et le tombeau, et le CHRIST d’après la Résurrection et de l’Ascension (l’éternité !). Témoins, ils le sont d’abord de la continuité entre l’un et l’autre. Et ceci n’est pas évident : à Emmaüs, Cléophas et son copain ne l’ont pas DE SUITE RE – CONNU ! Il a fallu LE SIGNE  que lui seul avait inventé et à quoi ils le RE CONNURENT. Et comme ils l’avaient reconnu à CE geste, eh bien, c’est CE geste qui le RE PRESENTERA  DESORMAIS !


L’exégèse critique nous révèle bien sûr que ce texte a été composé bien après ces jours terribles de la disparition de Jésus, et prouve donc que CE geste est devenu très vite LE signe de reconnaissance des chrétiens de l’empire romain. Cet exemple montre par excellence le processus qui s’est déroulé. Ainsi, et très vite donc, quiconque (juif ou non juif, judéo et pagano chrétien) prenait part à CE Signe, reconnaissait le Christ comme son seigneur et se reconnaissait lui-même chrétien ipso facto, par le fait même. On devine ici l’importance irrécusable que l’Eucharistie - la messe, la communion -, a prise, devenant constitutive de l’être chrétien!


Pierre peut proclamer : « Que tout le peuple d'Israël en ait la certitude : ce même Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ » (Ac 2,36).  Oui, l'indication donnée par Marc est d'une importance immense : avant d'être envoyés, les Douze ont d'abord passé du temps avec Jésus :
  • l'annonce n'a pas pour objet un simple message : elle conduit à une rencontre, celle de Jésus Seigneur ;
  • elle prend sa source dans une rencontre personnelle avec lui

  • et va s'étendre peu à peu à d'autres.
C’est cette rencontre qui provoque et accomplit le deuxième critère, pourrait-on dire : celui de la « conversion personnelle » (mutation, devrait-on dire : transsubstantiation, même !) de celui que cette proclamation  bouleverse :

« Convertissez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ pour obtenir le pardon de ses péchés. Vous recevrez alors le don du Saint Esprit » (Ac 2,38).

Celui qui invite à la conversion doit être lui-même déjà engagé sur le chemin de cette conversion, sinon sa parole n’est pas crédible et reste superficielle. Cette proclamation est œuvre de l'Esprit « que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent » (Ac 5,32) et elle dispose les auditeurs à recevoir le même Esprit. En effet, l'Esprit agit d'autant plus que l'auditeur accueille la Parole divine avec confiance et docilité. Cette obéissance profonde relève d'une conversion jamais achevée. Mais elle est décisive pour être vraiment disciple.

Ce kérygme, cette annonce que « Jésus Christ est vivant aujourd’hui, ici : hic et nunc » n'est pas une information parmi d'autres : c’est un véritable principe de transformation, qui peut être douloureuse et dangereuse. L’exigence par définition ! Avant de se relever pour la vie, il faut s’être couché dans la mort : et on meurt de toutes les façons, lentement ou vite, comme ci ou comme ça. Personne ne choisit.

On peut hésiter : Père si tu pouvais…Et puis non, j’assume !
L’essentiel, c’est de finir par faire ce qu’on doit faire, même si on rechigne ou qu’on n’est pas d’accord à priori ! Ici, c’est l’issue qui compte !

On ne peut annoncer un salut, que s‘il a commencé à avoir des effets sur soi et dans sa propre chair, dans sa propre psyché, dans sa propre existence! Le reste est théologie, sermon et/ou bagatelle !



Ah prier pour les vocations, c’est vrai ! Chacun y va de sa théorie sur « La Crise » !
Je prétends pour ma part, que rares sont les prêtres - qui sont actuellement appelés par les évêques - qui ont rencontré Jésus Christ « physiquement », dans leur vie intime, secrète : dans leur sanctuaire !
On exige d’eux qu’ils aient rencontré « leur évêque » - oui! -, pour lequel ils vont travailler! Qu’ils pensent comme lui, qu’ils agissent comme lui, qu’ils se comportent comme lui ! On leur demande AUJOURD’HUI d’appliquer le Droit Canon et de restaurer ce qui jamais plus ne sera : une Eglise d’AVANT Vatican I !

Il me semble que s’est perdu, à force de volonté restauratrice d’un passé révolu, le sens même du
salut pour soi et partant, pour son prochain.
Car, au fond, de quoi avons-nous besoin d'être sauvés ? De quoi ai-je besoin personnellement d’être sauvé ? Les futurs « Matthias » - faute de Jésus historique -, sont-ils ardemment invités à tenter de faire l'inventaire de leurs besoins et de leurs aspirations ? Cela risque d’ailleurs de ne pas aller bien loin et d'en rester
-          soit à une religion consolatrice à bon compte, évoluant selon les tendances du marché des rêves et des émotions : entre devoir dominical (comme il y avait un devoir conjugal !) ; procession ; pèlerinage… et JMJ ;
-          soit à une religion de préceptes et d’interdits (chacun sa liste !)
les deux laissant de côté la pitié, la miséricorde et le pardon au nom du Fils d’un Dieu qui ne veut pas la mort du pêcheur, mais qu’il vive de la vie même de son Fils qu’il a rappelé lui-même du Royaume des Morts ! !!

Peut-être – évêques en tête -, avons-nous oublié que la grandeur effective de Dieu n’est qu’à hauteur de la dignité de notre vocation d’homme, et que « sa gloire, c’est l’homme vivant ». Il ne s’agit pas – même si cela le fut dans l’histoire ! -, de défendre le  Fort Alamo de l’Eglise Catholique Romaine, en enrôlant tous les Davy Crockett, Légionnaires du Christ ou autres Navy Seals errants qui se présentent de diocèse en diocèse, avides de croisades héroïques à la sauce western, péplum ou "Canonnière du Yang Tsé" !



Mais voici le temps des irréductibles, des vengeurs, des nostalgiques… Des psychopathes de la religion, je le dis tout de go ! Les Djihadistes romains en multiples guildes franchisées! Et j’en connais des tas, malheureusement. Et dans mon cabinet et « comme ça… ! » Alors que Celui qui est venu, est venu « pour que les hommes aient la vie, et pour qu'ils l'aient en abondance » (Jn 10,10).

Nous avons certainement à redéfinir le Règne de Dieu : il faudra choisir
entre façon St Nicolas du Chardonnet, à Paris
et façon Pudong, à Shanghai ;
entre « mon prochain
ou mon lointain
comme moi-même » !

Le monde est nouveau, encore une fois. Pas rénové, pas relooké, pas retapé, pas restauré !
Mais neuf, autre, ailleurs !
Il a fallu jadis quitter Jérusalem : c’est à Rome que cela se jouait !
Quand faudra-t-il quitter « Rome », et pour où ?  
Oui au fait, où cela se joue-t-il aujourd’hui ?

La Parole de Dieu a toujours invité à choisir la vie plutôt que la mort (voir 30,15), à choisir le Règne de Dieu plutôt que l’autosuffisance du devoir bien fait, en son nom, mais sans lui !
Benoît XVI a beau dire dans son exhortation sur la Parole de Dieu : « II ne s'agit pas d'annoncer une parole de consolation, mais une parole de rupture qui invite à la conversion, qui rend possible la rencontre avec Dieu, germe d'une humanité nouvelle » (Verbum Domini, n° 93): moi, je ne vois rien venant de Rome qui illustre cette affirmation vraie en soi, indicative mais… vaine !


Les « choix de vie » du « futur appelé » vont-ils contribuer
à la crois­sance d'une humanité nouvelle EN LUI-MEME d’abord,
celle que le Christ a inaugurée par sa mort et sa Résurrection : LIBRE, LIBRE, LIBRE !!!
Afin de respirer cette LIBERTE DES ENFANTS DE DIEU assez fort,
Et de donner aux autres envie de respirer comme lui !

Mort et vie sont à l'œuvre dans le monde, aujourd'hui comme aux premiers jours du christianisme. La parole de Pierre, le jour de la Pentecôte, paraît rude, mais …est-ce que cela changé ? « Sauvez-vous de cette génération tortueuse : Σώθητε ἀπὸ τῆς γενεᾶς τῆς σκολιᾶς ταύτης. » Cette génération (mot à mot de σκολιᾶς) à une scoliose de l’âme


La scoliose est une déformation latérale en forme de courbe de la colonne vertébrale, d'autant plus grave que l'enfant est plus jeune.
Deux choses donc :
-          courbe, ce n’est pas droit !
-          d’autant plus grave que ça commence tôt !
Pierre n’était pas sorti de l’auberge, ni nous non plus, aujourd’hui !
Nous sommes une génération sacerdotale scolieuse ! Nous sommes tordus, et cela commence dès petit !
Voilà !
Bon courage !


Si le Christ ne cesse d'appeler chacun par son nom, c’est d’abord pour nous faire sortir de notre routine, de notre médiocrité et aussi de nos pratiques tor­tueuses pour nous conduire vers la vie en abondance : les 3 ans de noviciat avec lui ont été juste suffisants pour les Douze! Et c’était AVEC LUI !
Nous, à qui confions-nous les futures générations sacerdotales ?
N’est-ce pas pour les « formateurs » qu’il faut d’abord prier ? Et ceux qui les nomment, les épiscopes ? N’est-ce pas déjà trop tard vu l’état de l’Eglise ?
« Moi, je suis la porte », dit Jésus » ! Il faut croire que Rome en a perdu la clef, et qu’il n'y a plus que le reste du dépôt de l’histoire dans le Saint des Saints césaropapal : le Droit Romain et Le Magistère Romain !




Avant de les appeler, Jésus a du prier un max à l'écoute de la volonté du Père ! Se livrant à une ascèse intérieure qui prit de la hauteur par rapport aux réalités quotidiennes de la Palestine.
La vocation de ses disci­ples est née précisément dans le dialogue intime de Jésus avec son Père. C’est pourquoi les vocations au ministère sacerdotal et à la vie consacrée sont avant tout le fruit
-          d'un contact permanent avec Jésus Christ, vivant, et avec le Dieu, vivant,
-          et d'une volonté globale fortifiée par l’Esprit, vivant,  de salut pour soi d’abord et des autres ensuite.
PS : savez-vous qu’en cas de dépressurisation de l’avion, l’adulte se passe le masque d’abord à lui-même, et ensuite à l’enfant à côté de lui : car il ne pourra l’aider à survivre que si lui-même est en vie !
L’Eglise en dépressurisation ne manque pas de masques…
Les évêques et les prêtres en ont à revendre…
Personne n’en veut…
Ils suffoquent !
Pourquoi ?




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