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lundi 22 août 2011

Dis-moi comment tu penses…

Dis-moi comment tu penses…
28 août
22ème DTO



Textes :
-         Jr 20, 7-9
-         Ps 62, 2.3-4.5-6.8-9
-         Rm 12, 1-2
-         Mt 16, 21-27

« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »




Voilà que tout va re-commencer ! Quand « on » rédige cela, « Pierre, les Douze », c’est déjà l'Eglise depuis des dizaines d’années déjà, au coeur de l’empire. Mais comme on "rapporte" le passage du Maître sur la Terre, on met dans sa bouche ce que l’Eglise a dû prendre comme initiatives et décisions. Et l’une d’elles – car tout le monde se fait vieux et va mourir ! -, a consisté à assurer la suite… des temps et des… institutions !

Il ne suffit pas de reconnaître Jésus une seule fois dans notre pèlerinage terrestre : surtout si c’est seulement avec des mots de catéchisme et  de théologie ! Qu’on ne comprend pas toujours ! : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux
Nos re-commencements sont continuels. Nous croyons avoir compris la Parole de Dieu, avoir suivi Jésus, et au détour d’un chemin, voilà un obstacle, toujours le même : Passe derrière moi Satan ! Il nous faut en effet marcher derrière Jésus.



Et puis ce n’est toujours le moment d’en parler ! A tort et à travers ! Ou pour en dire n’importe quoi !
"Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Messie ».
C’est tellement facile de « dire » !
Quant à le suivre, CAD « faire comme il a fait »…

C’est précisément à partir de ce moment, que Jésus le Christ commença à dévoiler à ses disciples qu’il lui fallait
  • partir pour Jérusalem (de la périphérie au centre de l'époque),
  • souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes (remettre TOUS et TOUT en question=, et en assumer les conséquences fatales),
  • être tué (ça finit toujours comme ça !),
  • et le troisième jour ressusciter (ça, c’est le NOUVEAU !).
C’est alors que Pierre, le prenant à part, se mit à le gronder !
« Dieu t’en garde, Seigneur (c’est le comble, parce que c’est précisément le plan ! Et il n’y en a qu’un !) ! cela ne t’arrivera pas. »
La répartie est cinglante : « Vade retro Satanas ! Tu es un obstacle sur ma route »

Pourquoi ?
Voilà LA clé :

Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.

Suivre Jésus vise à (nous) donner d’expérimenter son propre rapport à Son Dieu et à ses semblables : d’apprendre à éviter toutes les compromissions avec le Menteur (diabolè : « celui qui brouille tout »), avec le prince de ce monde. C’est d’ailleurs ce que Jésus laisse entendre indirectement à Pierre.
Regardez un peu : Pierre vient de proclamer devant les autres compagnons que Jésus est le « Fils du Dieu Vivant », c’est-à-dire qu’il est Dieu lui-même !
Mais cependant il n’a pas encore compris – il ne peut pas, c’est trop NEUF ! -, quel type de chemin Jésus va emprunter.

*     *
*

L’enseignement de ce texte, rédigé deux générations après le départ de Jérusalem, a pour theologoumenon (pour but theologique), de bien (nous) faire comprendre que le chemin du pouvoir et de la puissance des hommes, n’est pas – et ne sera jamais, malgré la tentation à laquelle l’Eglise n’a pas su résister -, celui que le chrétien doit prendre !

 
 
Marcher derrière lui, c’est résolument
-         renoncer au soi
-         prendre sa propre croix et
-         et l’imiter !
Pas de compromis ni de compromission : impitoyable logique !
-         Sauver sa propre vie, c’est la perdre,
-         la perdre, c’est la garder.
-         Aucun avantage à gagner le monde entier, en le payant de sa vie :
-         Combien vaux-tu ?

Cette ardeur qui tenaille le cœur de Jésus était déjà préfigurée par le prophète Jérémie :
-         « Il y avait en moi un feu dévorant, au plus profond de mon être.

Il ne s’agit pas de se renier soi-même ou de nier la beauté de la vie : mais de mettre Dieu d’abord ! Au début et à la fin de toutes nos pensées, de nos paroles et de nos actions.
Voilà en quoi consiste une mort à notre « moi » - à l’ego -,  pour vivre d’Esprit dans la miséricorde. Travail infini, qui peut décourager !

Que Jésus est déroutant, on l’avait compris dès le début !
Son programme n’a jamais été électoral ! On doit reconnaître qu’il y a de quoi décourager plus d’un, et la bonne volonté ne suffit certainement pas.
Mai la réaction de Pierre est tout à fait compréhensible, elle vient de la distance qui existera toujours entre les exigences de la vie selon Dieu et nos vues humaines inévitablement limitées, dans l’espace temps. La condition humaine !
ü      Manque de hauteur de vue qui permet de discerner ce qui est profitable au bien commun ?
ü      Hostilité atavique à la remise en question et  au changement ?
ü      Difficulté d’ajuster notre pensée à la pensée de Dieu sur le monde ?

Il semble que la « tension », ce soit de se hisser à « la hauteur de vue » de Dieu, et adopter la règle de jeu « à qui perd gagne ».
C’est-à-dire d’admettre (???) que les valeurs du monde ne sont pas ses valeurs à lui ! Facile à dire ! De toute façon, la facilité ne peut conduire à rien de « bien », et surtout pas à marcher sur ses traces : une ascèse, en somme, qui fait choisir en tout l’essentiel de la vie.
C’est dire qu’il faut risquer et « lâcher prise », comme on aime à dire, sans trop savoir ce que c’est !
Sublime et difficile vocation du disciple !

Apprendre à regarder le monde avec des yeux toujours « autres »…




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