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lundi 29 août 2011

Les douleurs de l'amour

Les douleurs de l’amour

04 sept
23ème DTO

Textes
  • Ez 33, 7-9
  • Ps 94, 1-2.6-7.8-9
  • Rm 13, 8-10
  • Mt 18, 15-20


« S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. »

Encore faut-il que j’aie envie de lui parler, et qu’il écoute !
Conditions difficiles à remplir en même temps !
Ce serait pourtant l’accomplissement parfait de la loi, cet « amour-là » !
Le vie spirituelle, c’est certainement la participation totale au mystère de Dieu, dont on dit qu’il est amour, et que cet amour se concrétise dans son désir d’accueillir tous les hommes, tous !
De toujours donner une seconde chance 


C’est certainement aussi ça, la grâce : elle permet à l’homme faible, limité et pécheur de communier à l’éternité, à la perfection, à l’Amour.

Il ne s’agit pas ici d’affectivité ni d’éprouver nous-mêmes quelque sentiment. C’est une « passion » objective, dans la distance entre la faiblesse et le devoir, la claire vision de la place de chacun dans une relation qui varie sur le curseur de la paix et de la guerre, de l’amour et de la haine…

Le souci du bien véritable, du salut, de la vie !
La manifestation de l’amour de Dieu pour les hommes - et pour nous en particulier -, n’est pas d’abord de l’ordre affectif : elle est constituée par sa volonté de sauver notre existence.
Aimer, pour Dieu, c’est ainsi vouloir et agir dans l’intérêt de l’humanité. Dieu veut le bien de l’homme, son bonheur, sa vie. : le bien de tous les hommes.
Aimer, pour Dieu, c’est faire vivre et entretenir la vie !
Alors : Croître dans l’amour de Dieu - et dans l’amour fraternel, sa conséquence -, c’est prendre (soudain !) conscience de cet appel à la vie divine, et désirer que tout homme y participe. C’est pourquoi, la véritable charité ouvre à et débouche immanquablement sur une co-responsabilité pour leur bien qui se manifeste à son tour par un souci de l’autre. Et plus loin,  par la prière commune qui fait que nous « faisons le plein » ensemble à la source de l’amour véritable qu’est Dieu : « station » toujours ouverte !



Aussi, la charité ne se mesure pas à l’aune de nos sentiments pour telle ou telle personne, telle ou telle catégorie sociale. Ce type d’amour se vérifie dans une volonté mise en œuvre pour le bien, le bonheur, l’intérêt vital de l’autre.

Aimer comme Dieu aime, vouloir, et agir dans l’intérêt de l’autre, pour son salut, revient à ce que saint Jean de la Croix appelle l’union des volontés. Nous, nous aimons, non pas pour partager narcissiquement de beaux sentiments, « dans un délicieux tennis » mondain, mais pour nous tourner et croître ensemble vers l’amour véritable, CAD Dieu !
Gardons-nous pourtant de verser dans la tyrannie et de pervertir l’amour ! Manipulation et instrumentalisation sont toujours là à nous guetter ! Il n’est pire despote que celui qui prétend connaître, à la place de l’autre, quel est son intérêt sous prétexte que l’ « ON » connaîtrait la volonté de Dieu : les inquisiteurs – grands ou petits (les pires !) -, ne sont pas tous morts ! Qui suis-je, pour juger a priori de la conduite de l’autre ?




Trois critères que Jésus lui-même demande d’absolument respecter.
1. « Écouter… »
Même celui qui a péché demeure un « frère » auquel je peux parler ; parler pour qu’il « écoute ». Demander à entrer dans la manière d’écouter et de parler du Christ.
2. « Délier »
Tout acte a des conséquences. Tout péché engendre des suites, visibles ou invisibles, des filets qui tiennent prisonniers. Il est donné à l’homme la capacité, proprement divine, de délier les péchés. Quels liens me lient ? Comment pourrai-je les délier ?
3. « Deux ou trois »
Jésus souligne cette puissance fondamentale d’une vraie communion. Dès que au moins deux de ses disciples sont vraiment unis pour « demander », il est là. A fortiori s’ils sont plus de deux ! Pour « se mettre d’accord », il faut sans doute parler et aussi… écouter mon frère et… notre Père à tous…

Le frère à qui je souhaite faire une remarque n’est pas moins enfant de Dieu que moi, et autant que moi il a la capacité d’accueillir la lumière de Dieu et d’entendre sa parole. Je suis comme lui en chemin vers un dieu d’amour.
Sans la mise en œuvre de ces trois critères, toutes nos démarches de correction fraternelle ne seront que des tentatives d’imposer mon point de vue limité et partiel et ne pourrait se prévaloir d’être ni juste ni vrai.

Le scandale se révèle être moins le conflit ou la rupture que le découragement ou l’acceptation de la situation, du statu quo !
La clef pour sortir de cet enfermement ?
On n’en sort pas à moins de pardonner, jusqu’à 77 fois 7 fois !

La foi comme l’amour est plus forte que le mal et que la mort ! « Faut l’faire » pour comprendre !
C’est d’ailleurs peut-être cela l’originalité de la foi chrétienne : cette capacité (d’où nous vient-elle ?) à reconstruire, à restaurer l’amitié et la communauté.

Sans cesse ! Ad astra per aspera ! Car la blessure nécessite un temps plus ou moins long de cicatrisation : et même alors, l’endroit reste toujours sensible !


*    *
*

Un jour d’été que je me trouvais à camper avec les jeunes de mon aumônerie dans les montagnes de Corse, nous fîmes halte dans la fraîche petite église de Costa Et nous remarquâmes une petite statue, dans la nef, à gauche, au-dessus d'un pilier, dans une niche vitrée. J’appris qu’elle avait été offerte en remerciement d’une grâce reçue.

Marie est blessée par sept glaives qui s'enfoncent dans sa poitrine et forment autour d'elle une sinistre auréole ! Elle lève vers le ciel un regard suppliant et plein de confiance.
C'est Notre-Dame des sept douleurs !
Les jeunes furent saisis et moi avec eux !




En silence chacun contemplait : une légende détaillait les douleurs de Marie !
-         La première douleur, qui annonce toutes les autres, est la prophétie de Siméon dans le temple de Jérusalem.
la deuxième : La fuite en Egypte
- la troisième : La disparition de l'Enfant Jésus au Temple de Jérusalem
- la quatrième : Le portement de Croix
- la cinquième : La crucifixion
- La sixième : La déposition de Croix
- la septième : La mise au tombeau.

On fête Notre Dame des Douleurs le 15 septembre, le lendemain de la fête de la Sainte Croix, ce qui est normal, non ?, puisque la plus grande douleur de Marie fut de voir son fils sur la croix !


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