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mercredi 17 août 2011

Le chemin de l’impossible

Le chemin de l’impossible

21 Août
21ème DTO

Textes
-         Is 22, 19-23
-         Ps 137, 1-2a.2bc-3.6 et 8bc
-         Rm 11, 33-36
-         Mt 16, 13-20


C’est l’une des premières questions jamais posées aux siens les plus proches par Jésus : « POUR LES GENS, QUI SUIS-JE ? ». Il devait bien se demander ce que ses compagnons pouvaient bien entendre sur son passage. Cela, sans l’inquiéter (encore que…), devait bien le préoccuper un peu,  si tant est qu’il avait une mission, et que cette mission, il n’avait pas l’éternité pour la mener à bien : puisqu’elle devait se passer sur terre !



Pour les gens que nous connaissons nous-mêmes, que disent-ils de Jésus qu’en principe le chrétien reconnaît comme l’envoyé et le fils de dieu soi-même !
Oui, que dit-on de Jésus autour de nous : à l’école ? au lycée ? au travail ? en famille ? entre amis ?
Que dit-on de Jésus ? Rien peut-être?...
Pas possible !
Oh ! Alors ! Si nous n’entendons jamais prononcer le nom de Jésus autour de nous…, C’est déjà une réponse…


C’est donc que Jésus est le grand absent, celui dont on ne parle pas, auquel on ne fait jamais allusion… jamais référence.
Celui qui n'est pas là...
Nous le savions déjà. C’est donc bien vrai : l’indifférence est bien la première religion de France… De France seulement ?
Vous imaginez le défi que cela constitue pour l’Eglise et sa « plus grande fille » !

Quand l’indifférence règne, comment donner le goût de croire ?... Comment offrir la chance de croire ?

Jésus ne laisserait-il pas tout le monde indifférent ?
Les medias vont/ont rapporter/é que des centaines de milliers (un ou deux millions - ?! - de « jeunes » et de « moins jeunes » seront/se trouvaient[1] à Madri(d) ! Evènement intéressant ! JPII lance l’ « affaire », BXVI ne peut que suivre… sinon, où va-t-on ?
Supposons (pourquoi pas ?) que beaucoup de ces « pèlerins » new style de tous les âges, soient sinon des « croyants », au moins pour la plupart, en tout cas, des « chercheurs de Dieu », comme on a baptisé « les indécis devant l’Eglise Catholique Romaine ». Quand on aime à rapporter ce qu’ils en disent – retour chez eux -, les commentateurs religieux ont un vocabulaire très diplomatique, très romain : les « jeunes » auraient "une parole en liberté et pourtant en fidélité" !
Ce « et pourtant » « en dit bien plus qu’il n’est gros », diraient les Femmes Savantes…


C’est comme les cafés philo : pourvu que les participants aient prononcé un mot - même si c’est n’importe quoi !-, l’animateur (et les autres ?) se réjoui(ssen)t parce que « un tel » a « parlé » !

JMJ & JO : même combat? L’essentiel est donc de participer !?
Eh bien, si c’est comme ça, alors il n’y a qu’à « faire Eglise universelle » tous les 4 ans ! Les anciens grecs de l’amphictyonie l’avaient « institutionnellement » bien compris : célébrer la paix une fois tous les 4 ans, suffisait amplement pour « rendre grâce aux dieux » (eucharistein) et à se reposer  (repos dominical) des guerres intestines permanentes (création, décréation, recréation)... qu'on reprendrait sitôt la clôture !

Dis-je que ce sera la seule voie ? Non ! Les « maison sont multiples chez Dieu » ! (Multas mansiones apud Deum). Heureusement!
A la question : « Que dit-on de Jésus autour de vous ? », certains hebdomadaires chrétiens, occasionnellement, rapportent de « sublimes » réponses ! Sub-limes justement, car elles dépassent (sub) le seuil (limes) du tout venant, de l’homme de la rue, de vous et de moi en définitive !

Ø     Quand ce couple de viticulteurs déclare :
« Nous n’aurons jamais trop de notre vie entière pour remercier Jésus de nous avoir fait connaître le vrai visage de Dieu et de nous donner la force de remplacer la vengeance par le pardon et l’amour ».
Ø     Un cadre de 40 ans : « Je demande à être baptisé. Je me tourne vers Jésus car il est celui qui a prononcé, il y a 2000 ans, des paroles inouïes et je sais que rien ne peut être dit de meilleur ».
Ø     Un enfant de 8 ans : « Jésus, il aime tout le monde, même les voleurs. »
Ø     Ou une mère de famille : « Marie-Madeleine avait vu juste, au matin de Pâques, en prenant Jésus pour le jardinier, car il en a l’entêtement, la patience, la délicatesse, l’indéracinable espérance, la moindre pousse, la plus fragile, le mobilise tout entier. Regardez le s’émouvoir, prendre du temps, se compromettre avec des « moins que rien », avec des « pas grand-chose », une samaritaine, une pauvre veuve, un publicain Zachée, une femme adultère, un pauvre larron. Que serions-nous devenus mes amis, si Jésus n’était pas passé par là ! »
Ø     Ou enfin ce prêtre enfin qui raconte qu’il a reçu en début d’année une lettre de vœux : « Bonne reprise et merci à cause de votre « faible » pour Jésus ». Il ajoute : « En effet, j’ai un faible pour Jésus et il me semble que d’année en année, ce « faible » devient de plus en plus fort. »
Bien sûr que l’on pourrait continuer…

Mais – me semble-t-il -, l’intérêt de la question de Jésus réside dans le fait qu’elle se pose à propos de ce que pensent ceux qui ne le suivent pas. Et
- pas forcément ceux qui savent le mieux parler,
- pas forcément ceux qui disent le plus de choses,
- pas forcément les endroits religieux les mieux étiquetés.
La réponse de ceux - des centaines de millions d’hommes et de femmes,  des 6 milliards -,  à travers le monde qui donnent leur réponse (quelle réponse?) dans la vie de tous les jours, à la maison ou au travail, comme dans les mille dévouements qui soutiennent les grandes causes.

Il y a des choses que l’on ne ferait pas pour un million de dollars ! « Moi non plus ! » dira-t-on ! Ce que l’homme ne ferait pas pour de l’argent, même beaucoup d’argent, Jésus l’invite (INFORMELLEMENT) à le faire par amour !

*       *

*

La deuxième question de Jésus « POUR VOUS, QUI SUIS-JE ? » a du retentir si fort que les mouches de Césarée de Philippes ont dû elles-mêmes arrêter de voler et faire silence pour entendre la réponse des douze compagnons !
Un silence éloquent fut la seule réponse !
Et ce n’est pas moi qui vais le leur reprocher !

Parce que la réponse dogmatiquement hyper correcte de Simon/Pierre :


Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant

fut rédigée après 2 ou 3 générations (années 80) par la Communauté Primitive (Jérusalem puis Rome) - qui depuis les années 40/50 a quitté la Palestine pour la capitale de l’empire, et -, a eu le temps de voir les coreligionnaires juifs de la diaspora la rejeter : les judéo-chrétiens encore là, et les pagano- chrétiens qui deviennent de plus en plus nombreux ont alors récupéré légitimement ce qui leur revient
-         du dieu qui s’est révélé à Israël  (le Dieu Vivant)
-         de son envoyé (le Christ / Messie qu’ils reconnaissent en Jésus de Nazareth = là est le 1er point de rupture définitive)
-         et dont ils font la 2nde Personne – le Fils de Dieu -, de la Trinité avec l’Esprit (2nd point de rupture définitive)

Nous avons ainsi affaire à une anticipation définie du futur - ou un futur anticipé - dans le récit de l’histoire : au choix ! Ce qui amène Matthieu (16,16) à attribuer à Jésus - dans les années 80 - une formule de fondation adressée au Chef, Pierre,  de l’Eglise naissante

Tu es Pierre et sur cette « pierre » je bâtirai mon Eglise !

Why not ?

Mais de même que jadis à une telle question les apôtres auraient pu répondre par un simple et merveilleux aveu d’amour de Jésus : Toi qui sais tout, tu sais bien que je t’aime !, nous-mêmes sommes invités PERSONNELLEMENT  à donner notre réponse ?

Tu es chrétien, tu portes mon nom, qui suis-je pour toi ?

Est-ce que je compte pour toi ?
Qu’est-ce que je représente pour toi ?
Qui est Jésus pour moi qui suis prêtre ?
Pour vous, qui, en ce moment, vivez peut-être des semaines éprouvantes ou bien, au contraire, vous qui avez la chance d’être comblé de bonheur ?
Ou qui êtes à Madri(d)…

Ah, le silence !
Personne ne peut répondre à notre place : ni le catéchisme, ni la théologie, ni le Pape…Ni Madri(d)…
Cela ne relève pas du registre sentimental. La foi n’est pas de cet ordre-là !
Ni non plus registre intellectuel. Tout le monde n’est pas théologien !

Le fils d’un dieu vivant attend une réponse vitale : CAD "des paroles et des actes" (c'est le sens du mot hébreu 'dabar')  montrant une vitalité de vie
·        un chemin… même au-delà de la mort,
·        un pardon… même au-delà du tolérable,
·        une espérance … même au-delà de l’échec :
·        au-delà du bien et du mal,
-         non pas sous forme de « nihilisme » (à la Nietzsche),
-         mais dans un élan de vie telle que tout ce qui est même « du lait de la tendresse humaine » (Shakespeare = the milk of human kindness) devienne insuffisant !
Plus d’insupportables discours, mais en acte et en vérité.

Camarades, vous vous rappelez ce que nous écrivions (j’en étais !) sur les murs de la Sorbonne en 68 :

Soyez réalistes, exigez l’impossible !

J’ai l’impression que c’est quelque chose comme ça !

… Mais je me trompe certainement, car je vois que l’Eglise – à la différence patente de son maître -, ne sait aller que le chemin des possibles !



[1] J’écris le vendredi 5 août

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