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lundi 5 septembre 2011

Laisser libre


Laisser libre
24èmeDTO
11 Sept

Textes
§          Si 27, 33–28, 9
§          Ps 102, 1-2.3-4.9-10.11-12
§          Rm 14, 7-9
§          Mt 18, 21-35


Ainsi, Dieu serait « tendresse et pitié » et nous inviterait à notre tour à pardonner aux autres (comme nous pardonnons à ceux qui… etc. etc. Tout le monde connaît !)
Il semble que ce soit LA nouveauté qu’apporte le Christ, L’originalité de la foi chrétienne.

Question formidable, alors !
COMMENT ENSEMBLE L’EGLISE DONNE-T-ELLE A VOIR CE VISAGE DU DIEU QUI PARDONNE?



Quand  Paul parle des rites et prescriptions légales des juifs - qui donnent aux faibles les béquilles qu’ils estiment nécessaires pour tenir dans la foi et la religion -, d’autres (lui-même !) ont su et pu s’en libérer. Pourtant là n’est pas l’essentiel, dit-il : car, s’il faut respecter les faibles, tout revient à Dieu, en définitive. C’est de lui qu’il s’agit, de sa vie en nous et pour nous.

(Entre parenthèses, la structure stylistique binaire de ces versets (Rm 14, 7-9) autour du binôme vie / mort leur donne une grande force dans une belle forme rythmée).
Le seul ‘jugement’ désormais est celui de Jésus ressuscité ; et c’est une des prérogatives de sa gloire. Tout l’univers, aussi bien les vivants en ce monde que les morts, est évalué selon ses critères. Les  conditions de ce monde ancien sont révolues, et ce sont celles du monde nouveau, qui comptent. DEJA ! S’agit-il de lois ? Non, mais de relations personnelles, œuvre de la puissance de l’Esprit : « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il ne lui appartient pas » (Romains 8,9). Un point, c’est tout !

La question de Pierre chez Matthieu est à la fois intéressante et naïve ! Mais en cela, il représente tous les disciples : « Pardonner ? … Combien de fois ? … jusqu’à sept fois ? » (cela veut-il dire toujours ?).


La parabole du débiteur impitoyable est une réponse on ne peut plus claire (tout en devant être prise selon le style des paraboles, qui, comme la comédie, appuie sur les traits pour les rendre plus évidents et convaincants !) Ainsi, l’énormité de la somme due signifie l’impossibilité radicale dans laquelle l’on se trouve de payer certaines  dettes : ainsi de l’homme devant Dieu ! On ne peut dissocier la relation à Dieu de la relation aux autres.  « À ceci nous avons connu l’amour... » (1 Jean 4,9-11) : c’est à ce niveau johannique que nous devons nous placer pour  pardonner « de tout cœur » : sans sincérité il n’est nul pardon possible, et c’est la seule condition pour être soi-même pardonné par Dieu.

Vous avez dit « sincérité » ?
ü     Tout tenter ? Tout ?
ü     Peut-on mettre une borne au pardon, sans encourager l’irresponsabilité et le mal, sans cautionner des abus qu’il faudrait réprimer ?
ü     Serons-nous jamais quittes ?
ü     Est-ce une simple question d’arithmétique –même ‘parfaite’, comme le chiffe 7 !) ?
ü     Peut-on « acheter » le repos de sa conscience ? Même au-delà de la culpabilité morbide de certains esprits chagrins et aigris.

Dans l’univers de l’amour, on ne peut parler de « mesures » : c’est amour contre amour ! C’est se livrer à la miséricorde ! Pas facile… d’être insatiable et de tendre vers l’infini.

Ø     Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, Dieu ne ‘juge’ pas, au sens d’un Cyrus Vance, procureur, ou d’un Michaël Obus, juge :  c’est notre propre attitude en face de lui, Dieu, qui nous ‘juge’ en nous montrant si nous nous orientons effectivement vers lui ou non.
Ø     De même, Dieu ne punit personne : ce sont les hommes qui se punissent eux-mêmes en se dérobant à ses bienfaits, et en s’en privant par le fait même !
Dieu nous aime même entêtés (Jonas), même ingrats (Judas), même pécheurs (Pierre).
Sinon, j’en suis sûr, il n’est plus le Dieu de Jésus-Christ !
Mais il lui est en revanche impossible de pardonner à celui qui se ferme à son pardon en le refusant aux autres.

Car ce pardon ne ‘pénètre’ pas, ne ‘prend’ pas sur celui qui se veut imperméable à la pitié. Si on refuse de pardonner, c’est qu’on n’a pas bien ‘reçu’ ou pas bien ‘connu’ le pardon de Dieu.


Je pense  - d’expérience ! - que, quand Dieu constate que, malgré tous ses pardons, je n’ai pas appris à pardonner et que, malgré tout son amour, je n’ai pas appris à aimer,… Oh, ne croyez pas qu’Il m’a retiré son amour et son pardon ! Mais je reconnais qu’Il est bien forcé de reconnaître que son pardon ne m’a pas gagné, que je suis resté imperméable à ce qu’Il a voulu me communiquer 



Ici Jésus nous avertit très miséricordieusement des conséquences de nos choix : nos refus peuvent être catastrophiques. Passer toute son éternité ( ?!) dans un état où on n’aime personne, où on n’espère rien sera terrible…
« L’enfer » est partout où on n’aime pas et où on ne pardonne rien.
« Le ciel » est partout où on s’aime et où l’on pardonne tout.

Pardonner, c’est en fait inaugurer une nouvelle liberté.
Refuser de pardonner, c’est se la refuser et la refuser à l’autre.
Celui qui pardonne coupe la corde qui l’enchaîne à l’ennemi et se rend libre en libérant l’autre de son propre fardeau !  

Vous vous rappelez l’épisode où l’indien guarani, chassé comme esclave par le capitaine Mendoza, coupe la corde qui retient le paquet d’armes que Robert de Niro, devenu novice jésuite, ne peut cependant pas se résoudre à abandonner…





In Memoriam

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