Pages

dimanche 23 octobre 2011

Servir et Régner - L'homme des Béatitudes - Marana Tha!

Chers amis du godblog!
Je serai en mission à Hong Kong du 24 oct au 3 nov 2011!
Avant de partir, je vais vous bloguer à la suite les 3 prochaines homélies:
celles du dimanche 30 octobre, de la Toussaint et des Défunts 1 & 2 novembre...
Bonne semaine!
Père vp

Servir & Régner

31e dim. Du temps Ordinaire
30 octobre


Textes
  • Ml 1, 14b -- 2, 2b.8-10
  • Ps 130
  • I Th 2, 7b-9.13,
  • Mt 23, 1-12

Il y a deux tentations « religieuses » aussi détestables l’une que l’autre : celle de la religion elle-même pour récupérer des adeptes, par tous les moyens possibles ; et celle des adeptes eux-mêmes, en subornant ceux qui dépendent d’eux : familialement, économiquement, hiérarchiquement ! En somme, la religion peut devenir une menace pour tous : croyants et non croyants !
Il est si grisant de vivre dans la bonne conscience, en se posant "secrètement" comme Dieu, que cette séduction et cette ivresse se  transforment toujours en un orgueil de suffisance et d’intolérance, voire de tyrannie. C‘est ici le champ de manœuvres de tous ceux que l'on appelle parfois les "bien-pensants". Même – surtout ! -, avec un langage religieux, ils savent écraser de toute leur morgue et prétention, non seulement le chercheur de Dieu, ceux qui ont de la peine à croire, mais aussi – et c’est la pire lâcheté ! -, les gens simples, ceux qui ont faim et soif de spiritualité authentique. 


Voici donc que les Hébreux, retour de l’exil babylonien (Ah Nabucco !), ont achevé la reconstruction du Temple, avec les subventions de Cyrus lui-même ! Le culte a certes repris, mais voilà, il est devenu formaliste : c’est le contenant vidé de son contenu !  Les prêtres sont tièdes, et la morale sociale, la fidélité conjugale, etc. sont considérées comme dépassées. Malachie, le Prophète, vient secouer l'indifférence de ses contemporains. Il supplie que l'on retrouve la piété authentique et que l'on combatte le relativisme ambiant... Il dénonce notamment les négligences apportées au culte de Dieu, la répudiation et le comportement injuste des hommes par rapport à la femme qu'ils ont aimée dans leur jeunesse. (Ce livre est d’ailleurs un important témoignage du passage progressif à la monogamie fidèle)

Car le véritable croyant – chante le Psaume - ignore la prétention : il est humble comme l'enfant dans sa simplicité. Rien à voir avec tous ceux qui ne cherchent qu'à se mettre en valeur, en prétendant être « Honest to God » ! Le véritable apôtre type paulinien n'a non plus rien non plus de l'homme écrasant par sa bonne conscience et ses exigences envers les autres : il « se contente » d’être totalement dévoué à sa tâche de serviteur de la Parole de Dieu. Et il rend grâce à Dieu de voir les hommes – ici les Thessaloniciens -, grandir dans la FOI


Comme d’habitude, Jésus ne manque aucune occasion d’affronter directement scribes et pharisiens, et ce, publiquement en présence de la foule.  Car ces derniers enseignaient bien la Vérité, le problème c’est que non seulement ils ne la pratiquaient pas, mais ils étaient intransigeants pour ceux à qui ils l’enseignaient… Il n’empêche que le cri de Jésus résonne jusqu’à nous : « Faites ce qu'ils disent, mais ne faites pas ce qu'ils font. »

Car parmi ceux qui se disent chrétiens, et surtout catholiques romains, hiérarques comme fidèles, combien ne méritent-ils pas les reproches de Jésus aux dirigeants religieux de son temps ? Doit-on revenir sur le tsunami pédophile ?... Et la surdité des responsables ? Comment la comprendre ? Tout le monde sait qu’il est beaucoup plus facile de proclamer la Vérité que de la mettre en pratique. Et les bras  nous en tombent : jusqu’aux plus engagés ! "Tout le monde le fait, nous pouvons le faire" est passé en adage chez un grand nombre de chrétiens. Il est certain que tous les Pharisiens – le Pharisien Saul Paul oui, qui alla, avant le chemin de Damas, jusqu’à approuver la lapidation d’Etienne !-, non, tous ne méritaient pas cette volée de bois vert ! Il y avait de fidèles observateurs de la Loi... D’ailleurs Jésus reconnaît volontiers leur compétence, mais il veut affermir ses disciples dans une pratique de la Loi de Moïse - et de la sienne bientôt -, non pour être vu des hommes mais pour plaire à Dieu...

C’est un cliché d’objecter, comme le font tous ceux qui expliquent leur non pratique religieuse en disant : "Les chrétiens pratiquants ne sont pas meilleurs que les autres" ! Ceux-là sont des Pharisiens modernes, new style !  Jésus n'a pas condamné les Pharisiens parce qu'ils pratiquaient trop, mais parce qu'ils pratiquaient mal, …en ne mettant pas en pratique ce qu'ils enseignaient...


Il faut en toute situation accorder nos actions à nos paroles... « Be true to thyself ! » (Hamlet). Les Scribes et les Pharisiens étaient les riches et les puissants du temps de Jésus... Et ici, Jésus défend les pauvres, les ignorants, les sans voix, les laissés pour compte ! Tout le monde en connaît, de ceux – peut-être en sommes-nous ?! -, qui font, entre la poire et le fromage, de grandes déclarations sur la pauvreté du Tiers-monde, mais qui ont « de la peine » à se priver de quelque chose pour leur venir en aide ... Ce serait cela « agir comme on parle », non ?

Au bout du compte, les Pharisiens de tous les temps se perdent par leur orgueil et leur dissimulation. Du nouveau disciple, Jésus trace un merveilleux portrait : c’est un homme simple, qui ne se prend pas pour un autre, qui n'a qu'une parole et qui est discret…

Simplicité et Droiture. Jésus vise moins ici « la pharisienne attitude » en tant que telle, que la formation de ses disciples. Il ne s’agira pas désormais d'appliquer l'Évangile  - Une Bonne Nouvelle ! -, comme un cataplasme aux autres : Jésus conseille de regarder d’abord sa propre vie et condamne toute prétention d'être dépositaire de la VÉRITÉ. Dieu seul peut enseigner la Vérité absolue car IL est la VÉRITÉ même. L’homme, le croyant, le chrétien ne fait que s’en approcher par la foi.

Une Fraternité authentique implique l'égalité : c’est le/un nouveau nom pour la charité !
Quand nous serons-nous (???) convaincus que nous sommes tous les enfants du même Père ?
Quand admettrons-nous qu’à l’image de Jésus, celui qui veut « primer » - être « considéré » par ses frères -, doit se mettre au service de ses frères, les hommes ...

Servir les hommes, c'est régner comme Jésus…


On peut imaginer combien il faut prier Dieu pour toutes celles et ceux  qui exercent le pouvoir dans l'ÉGLISE...  Ils sont censés être la lampe sur le boisseau et sont de ce fait sujets à tous les coups de vent... Etaient-ils faits pour ce service et cette tâche ? Parfois ils ont accepté leur « nomination » - au nom de l’obéissance, disent-ils, - malgré leurs limites dont ils étaient conscients… Pourquoi ? « Régner pour s’abriter ? ».
La prière et la compassion des autres n’y peuvent rien ! C’est toujours aux dépens des plus faibles qu’une solidarité corporatiste les conforte dans leur erreur d’aiguillage !

Avoir été consacré, est-ce un blanc seing pour la Gloire de Dieu ?



L’homme des Béatitudes
Toussaint
Mardi 1er  Novembre

La lâcheté tend à projeter sur les autres la responsabilité qu'on refuse.
Julio Cortazar (Extrait de Façons de perdre)

Textes
§          Ap 7, 2-4.9-14
§          Ps 23, 1-2.3-4ab.5-6
§          1 Jn 3, 1-3
§          Mt 5, 1-12a

Avez-vous déjà pris le temps de regarder un tournesol ? Vous êtes-vous déjà levés de très bonne heure le matin, assis près d’un champ de tournesols, à attendre que le soleil pointe à l’horizon ? Je sais, tout le monde n’a pas de champ de tournesols en bas de chez lui !!!
Faisons comme si ! Un peu d’imagination, « que diable »!

Ces fleurs, repliées sur elles pendant la nuit, s’ouvrent instinctivement dès que le soleil pointe son nez – si on peut parler du nez du soleil ! -,  et mieux encore, suivent la trajectoire du soleil durant toute la journée. On dirait des visages ouverts qui cherchent inlassablement la chaleur du bonheur.

Le mot « heureux », mis dans la bouche de Jésus, revient presque cinquante fois dans le Nouveau Testament. Jésus veut faire de tous ceux qui le suivent, des gens heureux ! Voilà pourquoi, nous disons que l’Evangile est une « bonne nouvelle ».

Il n’empêche que ce type de « message » provoque tout net chez  certains et chez moi, toujours depuis toujours ! -, beaucoup d’a priori et un peu d’étonnement.
Etrange message de bonheur, pour un monde « moderne », qui, bien qu’ayant entendu depuis 21 siècles la proclamation de ces ‘Béatitudes’, les refuse et vit d’une manière diamétralement opposée.
Qu’exaltent en effet les valeurs de ce monde sinon la force, la puissance, la volonté, le désir personnel ? Quels sont nos critères de réussite sinon des critères « guerriers » : il s’agit de s’imposer, d’en imposer aux autres pour s’affirmer et avoir le sentiment d’exister.
Et voilà que sur cette colline, un rabbin itinérant s’en va louant les petits, les faibles, les humbles, ceux qui n’ont rien ou ne sont rien. Comment voulez-vous que notre monde ne récuse pas ce message des Béatitudes ?

D’ailleurs chacun au fond de lui-même se sent dérangé, ne veut pas trop y croire ! Bref  il y a quelque chose qui nous hérisse.
Faudrait-il vraiment pleurer pour connaître le bonheur, faudrait-il vraiment connaître le malheur pour être heureux ?
Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Que veut dire ce paradoxe de l’Evangile ?

Et bien ce message apparemment si contradictoire avec ce que nous vivons au jour le jour, peut devenir une solution possible pour notre vie en société, tant au niveau familial, local, national et international. Car ce message, avant d’être une ligne de conduite, un règlement à apprendre et à respecter - comme on essaye tous de le faire avec le code de la route et la morale répressive -, est avant tout une personne à rencontrer et à rendre présent dans sa vie personnelle.

Ce message des Béatitudes est avant tout un homme, Jésus, le Christ, à rencontrer, à faire exister au cœur de la vie, de sa vie : car c’est un chemin de vie ! Apprendre à avoir comme lui, un cœur sans hauteur, un cœur de douceur….

Il est certes le fils de Dieu, du moins  pour ceux qui le croient ! Mais toute sa vie sera donnée, à la disposition des petites gens. Comme disciples – d’abord des body gars -, il appellera quelques journaliers, des hommes dans culture autre que celle de la pêche et du travail dur. Toute sa vie, il sera proche de ceux qui en bavent. Il vivra, dit St Paul, la vie des esclaves, et il mourra de la mort des esclaves, nu, sur une croix.
Et lui-même quand il lui arrivait de parler de lui - alors qu’il possédait tout : la puissance, la Parole, la connaissance du bien et du mal, alors qu’il était « l’égal de Dieu » -, par amour pour les êtres humains, le voilà qui refuse tout, pour se faire transparent et que l’on puisse voir Dieu à travers lui !
Jésus n’a rien gardé pour lui, il s’est laissé traverser par le dessein de son Père : ainsi, en lui, on pouvait, nous pouvons voir qui est Dieu. A travers lui, on apprenait, on sait maintenant que ce Dieu qu’il annonçait hier et aujourd’hui, est le Dieu des petits, le Dieu des pauvres, le Dieu des humbles, parce Jésus rejoint chaque homme dans ce qu’il est. C’est lui le pauvre de cœur, c’est lui, le doux …

Prenons le temps de regarder maintenant du côté de chez nous ! Demandons-nous si, aujourd’hui, dans ce monde tel qu’il est, dans ce monde d’individualisme, de violence, un monde d’agression permanente, dans ce monde là, peut-on vraiment - oui, vraiment -, être aujourd’hui encore, l’homme des Béatitudes ?
Pensez-vous que c’est non seulement possible, mais aussi nécessaire, indispensable même.
La condition ? Devenir un homme, une femme des Béatitudes : un « pauvre de cœur », parce que toutes les Béatitudes ne sont qu’une explication de la première : « heureux le pauvres de cœur !».

Prendre vraiment conscience de ce qu’être chrétien signifie : être un autre Christ, être un « pauvre de cœur » à la manière du Christ.

Comment se conformer à la personne du Christ ? C’est de cette façon que l’on comprendra et que l’on vivra les Béatitudes. C’est en devenant un autre Christ au milieu des hommes et dans sa vie personnelle que l’on pourra entendre au fond de soi les Béatitudes, et le message de vie, d’espérance et d’amour qu’elle apporte !

Jouons au tournesol ! Le tournesol qui, tout au long de la journée, va suivre le mouvement du soleil, absorber sa lumière et sa chaleur et ainsi présenter au monde émerveillé une fleur de vie.

Alors, réjouissons-nous : notre récompense sera grande auprès de Dieu !






Marana Tha

Défunts
2 novembre


La prière pour les défunts permet d’entrer dans un réseau d’amour, de paix, de bonheur dont nous faisons partie avec eux. Ils ont franchi une limite qui nous est familière, celle du temps et de l’espace. Leur vie, cependant, n’est pas terminée, elle est transformée. C’est ce que nous croyons !

La fête de la Toussaint – hier -, et la commémoration des fidèles défunts – aujourd’hui -, ont quelque chose en commun. Ces deux célébrations parlent d’une même vie, mais d’une vie transformée - nous disons une vie éternelle -, une vie au-delà la mort. Si nous n’y croyions pas, il serait contre-indiqué de célébrer la fête de la Toussaint et, encore moins indiqué, de prier pour les défunts.



Par sa mystérieuse résurrection, la foi nous apprend que Jésus ouvre la voie d’un lieu où le temps s'arrêtera sur nous pour céder le pas à l'éternité où l'amour sera total. Qu’est-ce à dire?

Notre vie est bien à nous : pas prêtée, mais donnée. Cette vie est relationnelle avec celui qui la donne ! Bien sûr que nous pouvons, comme l’incroyant dont parle le livre de la Sagesse, nous contenter d’une lecture superficielle de la vie, à ras de terre. Notre souffle s’évanouit. La pensée s’éteint. Le corps s’en va en cendres. Il n’y a plus rien. Écoutons-le : « Nous sommes nés par hasard, et après, nous serons comme si nous n’avions pas existé : le souffle de nos narines s’évanouit comme la fumée, et la pensée est une étincelle qui jaillit au battement de notre cœur : si elle s’éteint, le corps s’en ira en cendres, et l’esprit se dissipera comme une brise légère. » (Sg 2, 2-3)

Mais ne peut-on pas prendre le risque d’aller plus loin que cette lecture d’une existence sans espérance? Pourquoi est-il si répandu chez les hommes de ne pas reconnaître que si la vie nous est donnée, elle l’est « pour le temps et l’éternité »? Le don de la vie est-il si riche que nous n’en connaissions pas encore/jamais toute la richesse ? Pourquoi ce don devrait-il disparaître?
Est-ce si peu évident de reconnaître, comme nous le faisons dans la foi, que nous n’avons pas pris encore toute la mesure du don reçu?

L’expérience commune ne peut être mise de côté et rejetée du revers de la main : notre vie change et par la mort elle échappe à nos certitudes et à nos sensations. Le croyant n’évite ni ne fuit l’angoisse du « devoir mourir ».
Mais pourquoi croit-on, pourquoi crois-tu ? 


Saint Paul écrivait aux Corinthiens : « L’amour ne passera pas » (I Co 13,8). En fait, la transformation est déjà commencée, elle commence le jour même de notre naissance ! 
Saint Jean de la Croix (1543-1591) aimait à dire que l’homme est sur le chemin d’une « union transformante », une « union d’amour » (La Montée du Carmel 2, 4) avec Celui que l’œil ne peut voir et que les mains ne peuvent toucher - une union vécue ici-bas 
- dans le mystère de la nuit bien souvent, derrière le voile qui atténue sa souveraine splendeur, 
- dans la foi en Celui qui est passé par la mort et que le Père a relevé,
- le rendant puissant pour nous sauver 
- et le faisant le Premier-né d’une multitude.


Nuits terribles et fécondantes, lieux et moments d’une transformation « totale » que l’homme de Jésus, le chrétien, attend dans la foi et l’espérance : cette attente qui faisait répéter aux premiers chrétiens le célèbre « Marana Tha » (Viens, Seigneur, viens), derniers mots de l’Apocalypse et du Testament Nouveau !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire