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mardi 31 janvier 2012

Jésus lui prit la main

Jésus lui prit la main


5e dimanche du Temps de l'Église - B
05 Fev 2012

Textes 
§          Job 7,1-4.6-7..
§          Ps 147(146),1-2.3-4.5-6
§          1 Co 9,16-19.22-23
§          Mc 1,29-39

« Joindre le geste à la parole », comme on dit ! C’est joindre à la Bonne Nouvelle, les guérisons ! Qu’elles soient physiques et/ou morales !



Et la lente et longue prière ! Par-dessus tout : le temps du silence et de la communication non verbale avec celui qui dépasse toute capacité humaine d’être nommé ! Sinon du nom de « Père » ! C’est au cours de ces haltes que Jésus semble découvrir chaque jour  sa mission personnelle.

« Evangéliser » !

Évangéliser,
-         ce n’est pas faire de la propagande ou du recrutement !
-         Ce n’est pas chercher à ramener les gens à l’E/église ou à convertir les « païens » à tout (!) prix.
-         Ce n’est pas une croisade (même si on y a cru un temps !) ni une tentative de récupération « télévangélique » (comme le pensent encore les mouvements dits « charismatiques » « yankeesés »!).
Évangéliser – on semble en prendre lentement (trop lentement !) conscience -, c’est « instiller », au coeur de la vie de nos contemporains, une espérance fondée sur un amour qu’on ne pouvait imaginer, celui que  Dieu a pour nous et que nous a révélé Jésus. Évangéliser, c’est annoncer cette Bonne Nouvelle-là :
  1. Dieu nous aime,
  2. la vie a du sens,
  3. la mort n’est qu’un moment de transition.

La promotion humaine fait intégralement partie de cette évangélisation. L’attention de Jésus tout au long des évangiles pour les malades, les laissés pour compte et les parias de sa société d’alors est constante :
-         il guérit les lépreux, le paralytique, le myopathe, l’hémorroïsse, la fille Syro Phénicienne, l’épileptique, l’aveugle de Jéricho, le serviteur du Centurion romain.
-         Il ressuscite la fille de Jaïre et son ami Lazare.
-         Il réintègre dans la société Marie-Madeleine, Zachée, la femme adultère, les lépreux, la Samaritaine, etc.
Pour Jésus, il semble qu’il n’y ait pas d’évangélisation sans promotion humaine. Imaginez un Jésus qui n’aurait « entretenu aucun contact avec celles et ceux qui souffrent physiquement et mentalement !!! On ne le voit que faire preuve de tendresse et de compassion - presque de préférence -, pour les découragés, et leur redonner une « espérance inespérée » !



Par ses paroles et par ses gestes, Il n’a de cesse que de rappeler que Dieu « essuiera toute larme de nos yeux. De mort il n’y en aura plus. De pleurs, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé. Celui qui siège sur le trône déclare « Voici, que je fais l’univers nouveau » (Apocalypse 21, 4-5)

Évangéliser, c’est faire renaître l’espérance comme le Phénix : même si elle a été réduite en cendres par les brûlures de l’existence! C’est bien ce que Jésus accomplit dans sa vie, sa mort et sa résurrection. Son action ne s’est jamais limitée – et nul ne saura jamais la limiter -, à l’espace religieux  du Temple (l’Eglise actuelle) ni à la Loi (le dogme actuel) ! La terre du vrai monde, avec ses souffrances, ses solitudes, ses injustices, ses violences, VOILA  le terrain qu’il choisit D’ABORD ET SURTOUT pour proclamer cette Bonne Nouvelle de l’amour indéfectible de Dieu et de l’espérance irréfragable d’un monde meilleur.

MAIS si Jésus est indéniablement l’homme pour les autres, il est aussi et « au premier chef » l’homme de la « prière » : en contact permanent avec son Père, il cultive le sanctuaire imprenable de son âme et de son cœur pour ne pas être emporté par la paranoïa du succès, du pouvoir et de la manipulation. La « prière » est TOUJOURS un pic culminant de son activité et un nouveau commencement.

Marc nous rapporte cette journée typique de Jésus comme une suggestion à suivre.
Nous n’avons peut-être pas le pouvoir de guérir –encore que… ! -, mais chacun peut (et doit) compatir, être présent, écouter, accueillir, tenir la main, prier avec la personne en détresse.
Dans un monde blessé quotidiennement par tant de violences barbares, de misères injustes, de souffrances intolérables, il devient urgent –  et pour le chrétien en particulier -, d’allumer une petite flamme au coeur de la nuit du « pauvre », de trouver une issue à l’impasse des histoires singulières.




Faire renaître l’espoir qui s’éteint, rallumer la lampe qui vacille, redonner le goût de vivre et la force de continuer le chemin ; mettre la main sur l’épaule du blessé, le regarder droit dans les yeux et lui redonner confiance, l’encourager, le motiver. Un simple regard suffit parfois, une tape dans le dos.
Peut-être êtes-vous même en mesure pratique
-         de donner – ne serait-ce qu’un temps !-,  un emploi à un chômeur ou à un jeune qui entre sur le marché du travail,
-         d’offrir une nuit un gîte à un sans-abri…
-         de garder un jour les enfants d’une mère seule,
-         d’ouvrir – qui sait ! -, une patrie à un réfugié ou à un exilé...
Mais déjà, au jour le jour,
-         accompagner sans juger,
-         aider sans poser de questions,
-         être là pour la personne blessée, accusée, condamnée, jetée par terre...

« Jésus la fit se lever en la prenant par la main »

lundi 30 janvier 2012

Consacrés


Consacrés
Année B
02 Février 2012
Textes
§          Malachie 3,1-4.
§          Luc 2,22-40.


Quarante jours après sa naissance, l'Enfant Jésus est amené au Temple par ses parents, Joseph et Marie, pour être présenté à Yahvé, suivant ce qui est écrit dans la Loi de Moïse : "Tout premier-né mâle sera consacré au Seigneur" (Ex. 13, 2), et pour offrir le sacrifice prescrit : une paire de tourterelles ou deux pigeonneaux."

Quarante jours après le 25 décembre 2011, c'est aujourd'hui : 2 février 2012. Jésus est ainsi consacré à Dieu par Marie et par Joseph. Certes, en tant que Fils de Dieu, Jésus n'avait pas besoin de consécration : il est, était et il demeurera éternellement consacré à Dieu son Père. Mais, en tant qu'homme, Jésus devait être consacré à Dieu afin d'être et d’indiquer le modèle de tous ceux et de toutes celles qui deviendraient un jour ses frères et ses soeurs selon l'Esprit même de Dieu, les membres de son Corps spirituel (mystique), cette grande famille de Dieu destinée à vivre pour lui et à le rejoindre.



Consécration à Dieu qui peut être vécue de différentes manières dans l’Eglise née après lui.
  1. Et tout d'abord, la plus commune et la plus répandue, celle des baptisés et des confirmés au nom du Christ, qui vivent dans le monde, sans être du monde, mais tout en ayant « à faire » avec le monde : pères et mères, fondateurs des familles humaines.
  2. Ensuite, la consécration à Dieu (censée être) la plus radicale et la plus absolue est celle des religieux et des religieuses. La plupart de ceux-ci et de celles-là ont quitté le monde, corps et âme, et se sont rassemblés dans des couvents ou des monastères, afin de chercher Dieu et de le trouver à leur façon dans la paix du coeur et de l'âme. Le monde est d’une certaine manière déjà « mort » pour eux, ou plutôt, ce sont eux qui sont pourrait-on dire déjà « morts » pour le monde. Ils ont décidé de ne rien avoir « à faire » avec lui.
  3. Enfin, la dernière consécration à Dieu est celle des prêtres et de tous ceux qui se préparent au sacerdoce « actif ». La loi de l’Eglise (romaine) leur demande d’une part de ne pas fonder de famille humaine, mais  d’autre part d’être très actifs dans le monde pour « enfanter » le plus de fils et de filles de l’Eglise



Ainsi : si l'Eglise est une grande « famille », qui comprend des membres divers, fort différents les uns des autres, pourquoi vouloir modeler tout le monde d'après le même moule ? Cela se verra de plus en plus, dans les proches années à venir : on sera en présence de personnes que Dieu a comblées et gratifiées de dons surprenants et non encore reconnus par nos habitudes « catholiques », et que l’Eglise romaine devra intégrer en se transformant elle-même devant de nouvelles réalités sociologiques, anthropologiques, culturelles et religieuses !

Il faudra prêter plus attention à ce que nous dira l'Esprit de Dieu, et ne pas étouffer sa voix ! Le monde dans lequel nous vivons ne laisse guère de place à l'Esprit de Dieu, c’est vrai, mais si l’Eglise fait de même !!! Les hommes, quels qu’il soient,  ont vite recours à des parades pour ne pas croire à ce que dit l'Esprit.
-         La sociologie, la psychologie, le raisonnement purement cartésien (etc.)…
-         tout comme la théologie, la dogmatique et le droit canonique (etc.)
ont tôt fait de réduire à néant toute prétention prophétique, dans le monde comme dans l'Eglise d'aujourd'hui.

Rares sont ceux qui sont à l'écoute de l'Esprit de Dieu et qui sont dociles à sa conduite. Ne l'oublions pas, même en ce jour de fête : "Beaucoup sont appelés, peu sont élus." (Mt. 22, 14)

Il faut le répéter : l'Eglise est certes une grande famille, la grande famille de Dieu. Mais elle est d’essence prophétique : elle n’est pas le Règne de Dieu, elle l’annonce ! Elle en témoigne.

Mais croyons-nous, croit-elle vraiment que Dieu lui-même continue de parler, et que, réellement, il le fait AUSSI par des hommes qui ne sont pas nécessairement des « hommes d’Eglise », tout en étant consacrés par Lui… à notre insu? Si oui, tant mieux : l'Esprit Saint est ALORS vraiment avec nous ! Si non, regardons Jésus enfant, tournons nos yeux vers ce jeune homme, qui est Dieu, mais qui passa trente ans  DANS LE SILENCE avant d’oser un mot !

Sa grâce, c’est en ces jours la grâce de croire vraiment
  • qu'il est tout-puissant,
  • qu'il peut tout,
  • que, par son Esprit, il peut nous parler, lui, le Verbe, la Parole de Dieu. 
  • Et faire de chaque chrétien, à sa place, un prophète pour un monde
-         qui n’est pas encore éclos
-         et qui ne pourra éclore qu’avec la liberté retrouvée des enfants de Dieu !



mercredi 25 janvier 2012

En homme qui a autorité

 « En homme qui a autorité »
4e dimanche du Temps de l'Église - B

29 Janvier 2012


Textes
§          Dt. 18,15-20.

Marc n’a pas connu Jésus  (Moi, je crois que le jeune homme qui à Gethsémani s’enfuit tout nu pour échapper à la soldatesque, c’est lui !), mais il a été en tout cas l’un des premiers chrétiens. Les Actes des Apôtres nous rapportent qu’à sa sortie de prison, à Jérusalem, Pierre est allé se réfugier dans la maison de sa mère. Marc a donc « au moins » côtoyé certains apôtres. Il a même été à bonne école :  il a, un temps, accompagné l’ « impossible » Paul dans ses voyages, et plus tard, il « serait » resté à Rome, comme secrétaire auprès de Pierre, jusqu’à la mort de celui-ci sous l’Empereur Néron : les experts disent même que l’évangile de Marc est en fait l’évangile de Pierre – la catéchèse de la communauté de Rome -,  car l’évangéliste a pris ses informations directement du premier et du plus vieux des apôtres. 


Le but principal que se propose l’évangile de Marc est de nous présenter Jésus-Christ et de répondre à la question : «Qui est cet homme? » En fait, la réponse est donnée dès le début de son récit, dans le titre, pourrait-on dire : «Commencement de l’évangile (Bonne Nouvelle) de Jésus (Sauveur), le Christ (Messie), le Fils de Dieu (on ne peut être plus clair !» Et ensuite, tout au long de son bref évangile (16 chapitres), il dévoile aux chrétiens de Rome l’identité de « cet homme, Jésus de Nazareth. »

En bon reporter magazine, Marc nous raconte une journée-type de Jésus. À travers ce procédé littéraire, il nous présente son activité tout en soulignant les traits essentiels de son ministère. Ce matin, nous lisons la première partie de cette journée. 
 
Là, Marc a certainement voulu focaliser l’attention du lecteur sur « Jésus, le Maître », puisque les mots "enseigner" et "enseignement" reviennent quatre fois en quelques lignes : «Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.» Et à la fin du texte : «Tous s’interrogeaient : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité ! » Marc insiste ici moins sur le contenu de l’enseignement de Jésus, mais plutôt de l’impression qu’il fait sur les auditeurs.


Car c’est d’abord de l’intérieur que Jésus rejoint les gens. Il ne juge ni ne condamne, mais redonne espérance et joie de vivre. Ce qui séduit l’auditoire : «Il parle avec autorité ».
En latin, le mot « auctoritas = autorité » vient de « augeo » et veut dire : « augmenter, faire grandir », « faire croître », « aider à se développer ». L’autorité parentale, par exemple, devrait désigner la capacité des parents à faire grandir des enfants libres et pleins d’espoir pour l’avenir. C’est en tout cas ce genre d’autorité que Jésus exerce, « une autorité de service à la personne », pour la rendre plus libre et lui permettre de prospérer.

Si la communauté chrétienne a toujours admiré le Christ pour son enseignement, elle l’a aussi aimé pour son action, pour ce qu’il fait : par exemple pour sa compassion envers ceux qui souffrent, qui sont dans le besoin et qui sont rejetés par les autres. Jésus a laissé une impression vraiment profonde sur les gens tout autour de lui, non seulement parce qu’il proclamait un message nouveau, mais aussi parce qu’il joignait le geste à sa parole, et agissait en conformité avec ce qu’il disait, en invitant les autres à faire de même.

Ainsi, pendant cette « journée type » décrite par notre reporter, Jésus va à la synagogue pour prier avec la communauté de son village, et là il enseigne. Ensuite, il guérit un malade en chassant un esprit mauvais. (Aujourd’hui, les esprits mauvais seraient tout ce qui nous empêche d’être bien dans notre peau : et il y en a ! Les psychologues et les psychiatres connaissent bien ce genre de mauvais esprit : l’addiction à la drogue, à l’alcoolisme, aux jeux de hasard, au travail excessif, à la poursuite effrénée de l’argent, de la carrière, du pouvoir, le manque de confiance en soi, les peurs incontrôlées, etc.)
Après la synagogue, Jésus retourne à la maison et là, il remet sur pied la belle-mère de Pierre. Le soir venu, une fois le sabbat terminé, il guérit toutes sortes de malades. Et le matin suivant, très tôt, il s’isole pour prier.



À travers son reportage « Paris-Match » des paroles et des actions de Jésus, Marc révèle au lecteur qui est cet homme qui sort de l’ordinaire : petit à petit ! Ce Messie, ce fils de Dieu, le  voilà présenté comme un frère, comme une personne proche et de grande compassion !

Nous aurons le temps de le découvrir à loisir tout au long de cette année qui puisera dans cet évangile. Nous verrons que les plus grands « miracles » de Jésus ne sont pas les guérisons subites et merveilleuses qu’il accomplit, mais les conversions étonnantes des cœurs les plus durs et les plus éloignés du Règne de Dieu.



Pourquoi ? Parce qu’il parlait en homme qui a autorité !

dimanche 15 janvier 2012

Let’s go !


Let’s go !

3e dimanche du Temps de l'Église – B
22 janvier 2012

Textes
§          Jonas 3,1-5.10.

La dimension essentielle de toute vie et de la vie chrétienne au premier chef est le provisoire et le contingent : la vie de pèlerin et d’étranger. C’est le temps de la «paroikia», c’est à dire du pèlerinage.
Les mots «paroissiens» et «paroisse» sont des dérivés de ce mot grec :  « Ceux qui fréquentent une paroisse sont des gens en route, et le provisoire fait partie de leur vie quotidienne ; ils doivent être toujours prêts à se désinstaller pour aller plus loin. Comme Abraham : « jusqu’au pays que je te montrerai » lui dit Yahvé (Gn)! Ces gens ne s’arrêtent jamais, ce  ne sont pas des sédentaires, mais des nomades : « Mon père était un araméen nomade ! » (Abraham toujours, Dt). Car « nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous recherchons celle de l’avenir (Hb 13, 14).


Les trois lectures du jour nous parlent du provisoire et du temps qui passe :
-         « Encore 40 jours et Ninive sera détruite » (Jonas) : et les Ninivites se sont hâtés !
-         « Le temps se fait court et il nous faut carguer (replier) les voiles pour entrer au port » (S. Paul) : et Paul n’a pas chômé !
-         et le Christ ajoute: « Les temps sont accomplis et le Règne de Dieu est tout proche » : tout reste encore à faire !

Le temps !
-         Ovide écrivait : « Le temps est un animal féroce qui dévore tout... la jeunesse, la santé, les richesses, la force physique, les projets les plus chers... »
-         Sur les clochers à horloge du Moyen Âge, on inscrivait la phrase suivante: « Il est plus tard que tu ne penses ».
-         « Tuer le temps» c’est ce que l’être humain essaye toujours de faire. Mais à la fin, c’est le temps qui nous tue. » (H. Spencer) 
-         Quant aux expressions de tous les jours : « Le temps passe vite, on ne le voit pas. » - « Le temps c’est de l’argent. » - « Votre père en a pour six mois maximum. » - « Demain, j’aurai soixante ans! », etc.

1 Pour les gens de la Bible, le temps est quelque chose de positif, de beau et de bon : un cadeau de Dieu qui nous permet de porter du fruit, de nous convertir, de participer à développer le Règne de Dieu.
2 Pour Paul et pour le Christ le temps est comme une porte ouverte sur une perspective de vie plus vaste et plus belle : un don ! Il ne s’agit pas de pleurer sur le temps qui passe, mais d’accueillir les « temps nouveaux » qui s’ouvrent à nous.
3 L’expression : « Les temps sont accomplis !» est une invitation à considérer la vie sous une optique d’éternité (sub specie aeternitatis) :
-         Le temps n’est pas une valeur insignifiante, mais un don précieux et un gage d’éternité. »
-         Nous sommes au seuil d’un monde nouveau, celui qu’Isaïe nous promettait : « Voici que je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle » (Is 65, 17).
-         Les textes d’aujourd’hui nous rappellent qu’il est temps de nous convertir, comme les habitants de Ninive et comme les disciples du Christ.

Jésus a vécu dans une période de violence et d’injustice. Les tyrans gouvernaient un peu partout et les légions romaines opprimaient les peuples sans se préoccuper des conséquences néfastes pour ceux et celles qui tombaient sous leur emprise. 



C’est précisément DANS CE monde de guerre et d’injustice, que Dieu a décidé d’envoyer son Fils
-         pour proposer à l’homme une vision plus humaine et plus juste de l’histoire,
-         pour lui redonner l’espérance,
-         pour l’encourager à créer un monde plus fraternel.

Si l’homme le veut, « le Règne de Dieu est tout proche de nous ».
La condition ? Changer le cœur et l’esprit !
Et croire à la Bonne Nouvelle.

lundi 9 janvier 2012

"Que cherchez-vous ? "


« Que cherchez-vous ? »

2e dimanche du Temps de l'Église – B
15 janvier 2012

Textes
§          1 Sam. 3,3b-10.19. /
§          1 Co 6,13c-15a.17-20. /
§          Jn 1,35-42

Le Lac, le Jourdain… où se font donc les rencontres ?

Chez Jean, on apprend à connaître Jésus par l’intervention d’intermédiaires:
-         Jean-Baptiste conduit André et un autre disciple à Jésus,
-         André invite son frère Simon à le rencontrer,
-         Simon en parle à Philippe qui, à son tour, transmet la nouvelle à Nathanaël...


 Et il en est ainsi depuis 2000 ans! L’ « appel » passe par quelqu’un qui, ayant «trouvé» Jésus, en parle à d’autres personnes : «Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie... nous vous l’annonçons.» (1 Jn 1, 1-4)


Comment cela s’est-il passé pour nous, pour chacun ?
Quelles personnes nous ont introduit au Christ: nos parents, nos grands-parents, un oncle, une tante, un parrain, une marraine, celles et ceux qui nous ont enseigné, le curé de notre paroisse... Qu’est-ce que l’histoire du christianisme sinon une grande chaîne de personnes qui en conduisent d’autres à Dieu ?

Crise des vocations ? Oui, nous sommes tentés de multiplier les sondages, les enquêtes, les analyses sociologiques. C’est sans doute nécessaire, mais nous devons nous demander : qu’est-ce que JE fais MOI pour annoncer Jésus et sa Bonne Nouvelle ?



Lorsque Jésus rencontre ses premiers disciples, il ne leur dit PAS D ABORD : « Suivez-moi»… MAIS : «Que cherchez-vous?"» Ce sont ses premiers mots dans l’évangile de Jean.
Oui : «Que cherchons-nous? Quel est le sens de ma vie? Quels sont mes désirs et mes aspirations? » Que cherchons-nous dans la famille, au travail, au club, au bar, à l’église ? Quelles sont nos priorités?

Une fois ces priorités clarifiées, le contact avec Jésus conduit immanquablement à un changement de direction, à une conversion, à une rectification du cap !
Car, devenir disciple de CE Jésus, cela veut dire «changer sa/de vie», entrer dans une aventure nouvelle.
Telle est le sens du changement de nom de Simon.
-         «Tu es Simon, le fils de Jean » SOIT !
-         « A l’avenir, tu t’appelleras Pierre ».
Jésus lui révèle :
§         qui il est maintenant
§         et qui il deviendra plus tard.

Vivre chrétiennement en vérité, c’est apprendre petit à petit
-         à changer sa façon de comprendre les choses,
-         à adapter sa mentalité à celle du Christ,
-         à voir à travers les yeux de Jésus.
C’est ce contact qui transforme et donne un sens nouveau à la vie.

Jésus appelle donc André, Jacques, Simon et Jean : et nous à travers eux et au-delà d’eux !
Si autrefois il y avait « plein » de prêtres, de religieux et religieuses, de gens qui s’engageaient au nom de leur foi chrétienne, et si aujourd’hui, ils sont beaucoup moins nombreux à répondre de cette façon,  ce n’est pas de lamentations dont nous avons besoin ! Chaque chrétien ne peut plus se permettre de laisser aux autres le soin de faire le travail à sa place.
Le temps des substitutions est terminé.
Nous ne pouvons plus dire maintenant :
-         «Que les religieuses et les « Bons Pères » se chargent d’éduquer nos enfants et nos petits enfants dans la foi chrétienne;
-         que les missionnaires aillent aider les gens des pays plus pauvres;
-         que les bénévoles visitent les malades;
-         que les laïcs engagés s’occupent des personnes âgées, etc.»
Aujourd’hui, chacun est désormais appelé à faire sa part, à donner un coup de main.
Dans l’Eglise, plus que jamais, le temps des substitutions est terminé !

Une nouvelle Eglise est en train de naître !

 

 


Personne ne peut plus se contenter d’assigner aux autres le travail à faire et les responsabilités à assumer, tout en se réservant le « beau rôle » de spectateur et de critique « éclairé » de ce que les curés, les religieux- religieuses, les laïcs engagés font ou doivent faire.

Ø      Chacun désormais doit collaborer avec Jésus, le Seigneur – je dirais, directement !-, pour rendre notre monde meilleur, plus humain, plus fraternel.
Ø      Chacun est « sommé » de créer autour de lui un monde de pardon, de partage, de tendresse et d’amour.
Ø      Avec André et Simon, Jacques et Jean, le chrétien – et les autres-,  tout le monde doit mettre la main à la pâte, pour travailler, et construire, jour après jour, le Royaume de Dieu chez nous. Nous sommes appelés par notre nom, et le ciel – CAD notre cœur -, nous indique le chemin qui s’ouvre devant nous.

« Tu es Simon, Claudette, Hélène, Jean-Claude; tu t’appelleras messager de paix, éducateur, tendresse, protecteur des faibles, encouragement… » .

Il y a du travail pour tout le monde !

jeudi 5 janvier 2012

« Quand le ciel se déchire … »

« Quand le ciel se déchire … » 


Baptême du Seigneur - B
9 janvier

Textes
§          Is 42,1-4.6-7
§          Ps 29 1a.2.3c-4.3b.9b-10
§          Mc 1,7-11


Isaïe avait supplié Dieu d’interrompre son silence : «Ah! Si tu déchirais les cieux et descendais.»

A Bethlehem et au Jourdain, le ciel s’est déchiré : Dieu habite désormais parmi nous : finie l’attente... Ce Jésus effectue une «déchirure» dans l’univers clos de la planète et lance un pont avec le monde divin : l’ouverture comme cadeau de saison !
La création n’est plus l’étroite prison dans laquelle l’humanité s’est trouvée enfermée depuis qu’elle avait pris peur de Dieu, depuis l’étrange soupçon d’Adam et Ève dans l’Éden : « J’ai entendu ton pas dans le jardin, dit Adam à Dieu. J’ai eu peur… et je me suis caché. » (Genèse 3, 10) La communication est enfin rétablie.


 Est-ce vrai pour moi?

Au Jourdain, Jésus s’est fait solidaire de tout homme, en se joignant à ceux qui viennent recevoir le baptême de Jean. Mais en même temps se révèle la solidarité profonde de Dieu.
Messie humble, solidaire et fraternel : la voix du ciel, l’esprit qui descend présentent quelqu’un qui rejoint l’être humain là où il est :
-         la souffrance : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai... car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez soulagement. » (Mt 11, 28)
-         le mal vivre : « Il ne fera point de querelles ni de cris… le roseau froissé, il ne le brisera pas, et la mèche fumante, il ne l’éteindra pas. » (Mt 12, 19-20).
-         La compassion : Il devient notre Emmanuel, le Dieu-avec-nous,  prenant place dans la longue lignée des « nécessiteux » que nous sommes : solidaire de chacun, malgré TOUT !

Aujourd’hui, chacun est renvoyé de fait à son propre baptême !



Si nous ne le vivons pas comme une grande libération, nous serons toujours des idolâtres de tous les faux dieux de nos existences : l’argent, le travail, le sexe, l’état, la nation, le pouvoir, la religion, etc. Le baptême est censé nous inviter à n’adorer que Dieu seul et nous libérer du joug d’oppression de tous nos autres dieux « familiers ».

Cette grâce/force – dite « baptismale » -, reçue jadis pour la plupart, peut être continuellement renouvelée
-         par la parole de Dieu – si nous ouvrons l’évangile -,
-         par l’eucharistie – si nous la fréquentons -,
-         par la rencontre de foi en communauté – si nous ne sommes pas des sauvages -,
-         par une prière quotidienne – si nous savons « parler », etc.

Mon baptême personnel n’est pas une histoire qui ne commencerait qu’avec moi.
-         Il me rattache aux milliards de chrétiens qui ont vécu avant moi.
-         Il est l’aboutissement d’un long cheminement et la continuation de l’expérience de foi des apôtres, des martyrs, des moines d’antan, des nombreux baptisés à travers les siècles.
Ø      Je suis en fait le résultat de la foi, de la charité et de l’amour de mes aïeux, de mes grands-parents, de mes parents….
Ø      Je suis inséré dans une innombrable suite d’engagements, pris par des gens – les chrétiens - qui transmettent cette foi de génération en génération.

C’est GRÂCE à cette longue chaîne de croyantes et de croyants que le Dieu qui « déchire les cieux » du Jourdain aujourd’hui a pu dire AUSSI à notre baptême ce qu’il a révélé DE son fils Jésus :

Tu es ma fille, tu es mon fils bien-aimé,
en toi j’ai mis tout mon amour.

Ainsi, pour MOI AUSSI, « le ciel UN JOUR s’est déchiré » et CE MÊME Dieu est venu habiter chez MOI.



Une chose opportune aujourd’hui, c’est de refaire le plein de cette grâce, en célébrant ma solidarité avec le Christ, et en lui faisant une place un peu plus grande chez moi…


dimanche 1 janvier 2012

Les chercheurs de Dieu

" Les chercheurs de Dieu "

8 JANVIER Epiphanie – B

Textes
§          Is 60,1-6
§          Ps72,2,7-8.10-11.12-13
§          Eph 3,2-3a.(-6.
§          Mt 2,1-12


« Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand ».

C’est tout ce que dit Matthieu sur Noël, la naissance de Jésus. Luc en dit bien plus. En revanche, quand il rapporte la visite des Mages - qui est une sorte d’introduction à tout son témoignage -, Matthieu insiste sur la « signification » de cette naissance.



Car l’arrière-fond historique du récit symbolique  des Rois – quasi « mythique -, comporte au moins deux aspects principaux :
-          d’une part, l’agressivité cachée d’un vieux roi - Hérode - dont la pathologie paranoïaque est bien connue : Jésus – nouveau libérateur d’Israël -, est poursuivi par un roi ennemi, à l’instar de Moïse en Égypte par le pharaon ;
-          d’autre part, Matthieu a écrit son texte pour des « judéo-chrétiens » de Syrie, des chrétiens d’origine juive. Ces derniers se croyaient supérieurs au reste du monde parce qu’ils appartenaient au peuple choisi. Matthieu, juif lui-même, invite ses coreligionnaires à reconnaître le « roi des juifs » dans un petit enfant, déposé dans une mangeoire. Dur, dur !

Ce ne seront en effet pas les puissants - laïcs ou religieux - d’Israël qui le découvriront et le reconnaîtront pour ce qu’il est, mais de simples « bergers » d’abord, et – fête d’aujourd’hui -, des savants « étrangers », venant de loin et exerçant une profession mal vue : l’astrologie.

Ainsi c’est bien une couronne royale qui est en jeu !
Du tyran ou de l’enfant, qui est réellement le «roi» des juifs,?
Lorsque les sages voyageurs demandent  au vieil Hérode : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? », ils parlent d’un bébé, faible et dépendant, incapable de se défendre.

Ce titre de roi reviendra chez Matthieu à la fin  de son  récit, quand les soldats romains, trente ans plus tard, se moqueront de Jésus entravé, en disant : « Salut, roi des Juifs ! ». Ponce Pilate fera même inscrire, et en 3 langues, sur la croix du supplice la cause de sa condamnation : « Celui-ci est le roi des Juifs ». Quant aux scribes et aux grands prêtres, ils lui crieront au Golgotha : « Si tu es le roi des Juifs, descends de la croix ! ».

Le récit des sages d’Orient joue ainsi déjà un prélude à ce qui arrivera plus tard.



Quel type de roi est donc ce Jésus ?
Un roi qui vient pour servir … Inouï !!! Voilà un royaume étonnant – à l’envers ! -, plutôt différent de celui d’Hérode.
- Et quelle différence entre Jérusalem et Bethléem !
- A Jérusalem - la plus grande ville du pays, le centre du culte d’Israël, le lieu privilégié du Temple -, l’étoile ne brille pas !
Mais à Bethléem, « la maison du pain » (ce que veut dire son nom), le village du berger David, une bourgade d’une vingtaine de familles où vivent des gens sans prétention et ouverts :  c’est là que Jésus a choisi de naître et le fils de dieu de s’incarner : un lieu simple et retiré.

Et que sont ces Mages, sinon des gens en quête de lumière et de vérité. Les gens de la grande ville croient posséder la vérité, et depuis longtemps ils ont cessé de chercher.

Clair-obscur de la recherche du chemin de vie ! Chemin semé de « up and down », prélude à une nouvelle route. Comme les Rois Mages, qui retournèrent chez eux par un autre chemin !
La recherche du sens et de Dieu ouvre des voies inconnues et change notre façon de penser, d’agir et de vivre. Un jour, il faut choisir et se décider !

Ou bien pour les Rois de la route
ou bien pour le Roi  du palais……………….

Sur le chemin de la vie, des « signes » nous sont donnés qui nous interrogent. Oh, ce n’est pas nécessairement une étoile, mais ce peut être une personne, un livre, un film, un événement …, ce texte que vous lisez…

Que vous disent-ils de vous et de notre vie ?


Il a fait craquer Marie,
Il a fait craquer Joseph
Il a fait craquer des bergers
Il a fait craquer des rois
Il a fait craquer l’âne
Il a fait craquer le bœuf
O mon âme,
Resteras-tu de marbre       (Auteur non connu)