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dimanche 25 mars 2012

Programme de la Semaine Sainte : du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques en passant par Jeudi Saint, Vendredi Saint et Samedi Saint


Programme de la Semaine Sainte :
du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques
en passant par Jeudi Saint, Vendredi Saint et Samedi Saint


Dimanche des Rameaux – B : Ouverture
01 avril



Textes
-          Is 50,4-7
-          Ps 22(21),8-9.17-18a.19-20.23-24.
-          Phil 2,6-11
-          Mc 14,1-72.15,1-47

Savez-vous que 20% de l’évangile de Marc sont « consacrés » à la Passion, détaillant des événements d’une durée de 24 heures, du jeudi soir au vendredi soir. On se croirait dans la série « 24 h /Chrono », avec Kiefer Sutherland ! D’un coucher du soleil à l’autre !

Le script est bien monté : double accusation et deux procès différents :
  1. un procès «religieux», devant le Sanhédrin, devant tous les grands prêtres : la haute autorité « religieuse » ... (le tribunal de l’Inquisition de l’époque)
  2. et un procès «politique», devant Pilate, représentant de Rome (la Gestapo romaine).
Au cours de ces deux procès, l’identité véritable de Jésus nous est révélée:
  1. «Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni?»
  2. «Es-tu le roi des Juifs?»

Messie, Fils de Dieu, Roi des Juifs.

Dialogues « époustouflant » ! Jésus - le maître de la riposte -, n’a ouvert que trois fois la bouche à partir de son arrestation. Silence impressionnant en raison même des questions dont on le presse.
  1. Devant le Grand Prêtre, il affirme être le Messie, le Fils de l’Homme.
  2. Face à Pilate, il reconnaît être le Roi des Juifs. 
  3. Sur la croix, il reprend la plainte du Serviteur souffrant : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?»

Maître du docu live, Marc met l’accent sur les éléments les plus dramatiques de la condamnation :
  1. au jardin de Gethsémani, il est «triste à mourir», il commence à sentir l’angoisse et la peur, il implore le Père de lui éviter cette mort tragique, il ne trouve personne pour le consoler (ses trois amis les plus proches se sont endormis), il est trahi, renié et tous les disciples l’abandonnent.
  2. Un assassin, Barrabas, est relâché à sa place.
  3. On se moque de lui en le parodiant « roi des Juifs ».
  4. Sur le mont calvaire, en pleine crucifixion, on l’insulte. Seules quelques femmes de ses amies observent de loin.
  5. Et à la fin, lui-même a l’impression que Dieu lui-même l’a abandonné.
En fait, au sommet du calvaire et du supplice,
  1. cet homme réunit toutes les douleurs, toutes les larmes, toutes les angoisses de nos vies
  2. et Dieu par là se montre solidaire de toutes ces souffrances qui étouffent notre monde.

La montée de cette violence extrême a commencé tôt :
  1. Autour de l’homme Jésus de Nazareth s’est développée une animosité qui est devenue graduellement de la violence, une violence aveugle, de plus en plus communicative.
  2. D’abord la haine des membres du sanhédrin, de la secte des pharisiens et celle des Sadducéens. Elle s’étend ensuite à tout le peuple qui finit par crier d’une seule voix : «Crucifie-le».

Le scénario des Matthieu, Luc et Jean souligne beaucoup moins cet aspect dramatique (dramatization) de l’épisode central de la passion. Marc (Pierre, dont il est la plume ?) croit profondément dans l’incarnation de Dieu devenu l’un de nous, avec une vie d’angoisses, de souffrances et de misère, et il sait montrer (le poids de mots, le choc des photos !) comment Jésus, le Christ/Messie crucifié, s’identifie à toute la douleur de vivre, surtout de celles et ceux qui meurent injustement : guerres, tortures, génocides, famine, discrimination, etc.
Tout cela s’organise en deux processions / manifestations qui pratiquent l’inclusion:
1.       l’une conduit Jésus à Jérusalem où il est accueilli avec enthousiasme (Les Rameaux).
2.       L’autre l’entraîne hors de la cité, condamné à la mort la plus atroce imaginée par les hommes (La Passion).
C’est la dualité de la réponse que l’on donne à Dieu à travers l’histoire…
  1. Tantôt nous lui permettons d’entrer chez-nous. Dans la procession des rameaux, il est acclamé comme «Fils de David… qui vient au nom du Seigneur». Les gens étendent leurs vêtements sur la route pour lui rendre hommage.
  2. Tantôt nous le rejetons violemment hors de nos vies. Dans la procession de la passion, la foule lance des cris de haine envers celui qui est condamné à mort pour avoir fait le bien et prétendu être le roi d’Israël. On lui enlève ses vêtements et on le couvre de crachats, de ridicule et d’injures.

Le message de Marc est plastiquement clair : le véritable « kérygme », le sens de la «Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu» est révélé seulement sur la croix. C’est à un centurion romain (cet évangile est écrit à Rome, sous la « dictée » de Pierre) qu’est confiée la synthèse de sa théologie et de sa foi : «Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu».

Ça y est ! Le «secret messianique» est levé ! Jésus « fait » dire enfin qui il est. Toute sa courte vie publique durant, il demandait aux gens de garder le silence sur son identité !

Apparemment, « dit » Marc, on ne peut « comprendre » Dieu qu’en regardant la croix:
  1. Il est «fils», certes, mais pas comme les hommes se l’imaginent...
  2. Il est «roi», certes, mais pas comme les hommes s’y attendent...
-          Ce fils est tout amour, l’amour absolu, qui meurt pour «l’autre »...
-          Ce roi est le serviteur sans privilège et sans domination. Il donne sa vie pour chacun de nous.

Chez Marc, la toute-puissance de Jésus est la faiblesse de son amour.
"Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout"

C’est bien, Marc ! Vous l’avez lu ?

Jeudi saint : La crise et l’espérance.
5 avril 2012




L’invention de l’Eucharistie - de la messe -, par l’homme de Nazareth, est une, LA réponse Espérance au moment de la crise de l’Incarnation.
Les crises, - nous le savons, nous baignons dedans depuis trop longtemps -, ce n'est jamais agréable mais cela oblige, si on prend le temps, de réfléchir en profondeur sur ce qui se passe, et de prendre des décisions majeures pour dépasser durablement  la situation.

Ce fameux « jeudi » (saint) en est à la fois l’exemple, la preuve et le paradigme, car tous les événements vécus cette « semaine » (sainte) - dont nous faisons mémoire -, ont été vécus dans des
contextes de crises.
La Cène - «notre histoire fondatrice, l'histoire de la Nouvelle Alliance de Dieu avec nous» -,  nous révèle un contexte particulièrement ébranlant:
-          Judas a vendu le Christ,
-          Pierre est sur le point de le renier,
-          et le reste des disciples s'apprête à fuir.

C'était la nuit totale, non seulement au sens propre, mais aussi dans le groupe des disciples : la nuit surtout dans le cœur d’un Jésus qui, au début du repas rituel de la Pâque, affirmait que son «âme était triste à en mourir».
Et pourtant, cette crise était porteuse d’une vie « mystique » car l’Eglise est née au moment où « le premier groupe » se désagrégeait…

  • Une histoire se terminait, une histoire d’hommes ! Celle des Apôtres qui avaient conservé l'idée d'un Messie politique (rappelons-nous ce que disaient les disciples d'Emmaüs: Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël).
  • Une autre histoire commençait, celle-là beaucoup plus proche de la forme de libération que cet homme Jésus était venu apporter - la libération du cœur -, se révélant par là  être plus qu’un homme !
  • Alors de la nuit a surgi le jour! La crise a enfanté l’espérance !

La suite s’enchaîne alors : la résurrection de Jésus, enfantant à son tour une nouvelle vie au cœur des Apôtres qui, s'étant ressaisis en intégrant en-fin le message de leur maître, deviennent physiquement sensibles à la présence performante de son Esprit, et partiront annoncer cette Bonne Nouvelle.

C’est pourquoi chaque fois que les chrétiens se réunissent pour « faire Eucharistie» - CAD pour « rendre grâce » -, ils font mémoire de cette crise de laquelle leur Église est issue et y puisent le courage que leurs « anciens » ont su y trouver pour traverser à leur tour les crises actuelles, celles de l'Église du 21ème siècle !

Il n’y a jamais eu d’époque facile ! Faut-il pour autant s’interdire de faire des projets ?
N’est-ce pas justement le temps opportun (in tempore opportuno) de proclamer l’espérance envers et contre tout et tous !
Si nous croyons que le Jésus historique, le Messie du monde, est le maître de l’Histoire, sa fidélité passe aussi par notre histoire, par notre situation historique à nous !

L’heure de l’Eucharistie est toujours l'heure de l'espérance! Ce que NOUS avons à vivre actuellement, réunis autour de la table eucharistique, nous en sommes convaincus, fera naître, de cette énième crise que vit l'Église, une vie « neuve » : de même qu’à la suite de la Cène, le « groupe » écrivit la première page de notre histoire commune…

Convaincus, parce que - nous le croyons ! -, tout notre travail de transformation humanisante rend, à chaque crise un peu plus visible, cette espérance symbolisée - « sacramentralisée » -, dans le blé transformé en pain et que Jésus transforme mystérieusement (divinement) en son propre corps.

Notre tâche est toujours de rendre plus divin le monde dans lequel nous  vivons : tâche symbolisée – je répète « sacrementalisée » -,  par le pain et le vin «christifiés» aujourd'hui, comme hier et demain : «Ceci est mon corps, ceci est mon sang» !
Autrement dit : la consécration du pain (et du vin), c'est le Christ Jésus qui "christifie" ce que nous avons
humanisé en marchant dans les longues nuits de crise !

Les nouvelles pages d'histoire de notre Église s'écriront tant qu'il y aura encore des gens qui s’offriront
- à faire renaître la Parole de l'Évangile là où ils vivent ;
- à faire valoir que la dignité de toute personne dépend d'abord et avant tout du fait qu'elle est aimée de Dieu;
- à bien faire ce qui est à faire, aujourd’hui et maintenant !

«Si Jésus s'est saisi des traîtres, s'est entouré d'eux et en a fait son Église naissante» - comme nous le  rappelle britanniquement Timothy Radcliffe, o.p. -,  imaginez ce qu'il peut faire, par nous, pour l'Église d'aujourd'hui.





Vendedi saint : Ecce homo
6 avril 2012




Nous connaissons la scène dans ses moindres détails (voir Mel Gibson !) , surtout depuis l’invention du cinéma et « grâce » aux centaines de films tournés sur le sujet : les soldats flagellent Jésus, puis le frappent, et enfin l’affublent des signes caricaturaux de la majesté impériale : le manteau de pourpre, la couronne d’épines tressée et le sceptre de roseau.

Ils en font un bouc émissaire sur lequel se déverse toute leur angoisse, en fait l’angoisse de tous les hommes qui souvent déversent leur mal être sur n’importe qui (le plus faible, en général), en espérant éloigner leur angoisse de cette façon.

Ainsi, historiquement et dans les faits, Jésus prend sur Lui – on lui fait porter -, tout le mal de notre humanité, pour nous obtenir la Paix à CE prix : c’est aussi la prédiction du prophète Isaïe : « Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison. »

Bref : Jésus est donc traduit devant Pilate sous cette apparence royale caricaturale. Comme un peu un personnage de carnaval dont on se moque.
Et Pilate le présente bien à la foule comme représentant TOUT homme : « Ecce homo ! Voici l’homme ! », silhouette battue, bafouée et ensanglantée.

Le romain espère-t-il exciter des juifs de la compassion pour celui  qu’il baptise ainsi « l’être humain en tant que tel », dans lequel est « incarnée » la misère de tous ceux qui sont frappés et anéantis par l’occupation ?
Mais qu’est-ce que cela reflète pour le procurateur, sinon d’abord l’inhumanité du pouvoir humain, lorsque le fort écrase le faible et le réduit à une condition servile ? N’est-ce pas ce qui se passe partout où et quand l’homme se détourne de Dieu et prend en main de manière autonome le gouvernement de son monde ? Et qu’au lieu de construite et d’édifier l’humanité, il l’avilit ?
N’est-il pas là, devant nous, cet homme, dans ce  Jésus couronné d’épines et flagellé, humilié et rabaissé par l’homme assoiffé de pouvoir et de domination. ?

Quand l’homme oublie qu’il est à l’image du Créateur, quand il ne se rappelle plus qu’il est gestionnaire et non propriétaire de ce monde, alors la joue meurtrie, celle de Jésus aujourd’hui, révèle aussi une autre face invisible et intouchable : sa profonde dignité ! Son Corps peut bien être meurtri et son honneur bafoué, sa dignité divine et humaine ne peut Lui être enlevée. En Jésus, nous est démontré que même si l’homme est frappé et humilié, il reste en lui l’image de Dieu.

Si Jésus – au nom de Dieu - se laisse ainsi « frapper », c’est pour que toute personne blessée et humiliée garde en elle la dignité de l’image divine. « Vendredi Saint » est saint, parce qu’il ne se referme pas sur et dans la souffrance dans un dolorisme apitoyable : Dieu en personne prend sur Lui cette – la sienne et la nôtre -,  souffrance. Comme dans l’Eucharistie d’hier, ici aussi, claque le vent de l’espérance.

Ce vendredi-là est la preuve historique que, non seulement Dieu est du côté de ceux qui souffrent, mais qu’il est lui-même, dans sa chair, celui qui souffre !
Quand Dieu en Jésus est rabaissé au rang d’esclave ou d’animal, il est au rang de l’homme, pour le « relever le 3ème jour » (re - surrection) et lui rendre sa dignité ôtée.

Un/Le chemin de l’homme divinisé est ainsi paradoxalement la contemplation de CET  homme montré à son  insu par le pleutre Ponce Pilate : « Voici l’homme.»



Samedi saint Nuit : Evidence
7 avril 2012



Là, il y eut deux soirs… Et ce fut au matin du surlendemain que cela se passa…

De grands événements sauveurs se passent de nuit, de la sortie d’Egypte au débarquement allié sur les côtes normandes : on les attend, et puis un matin, on s’aperçoit que « ça » a démarré pendant que nous dormions !

Jeudi soir il inventait l’eucharistie, vendredi après-midi on le mettait à mort, samedi ce fut relâche, le ciel et la terre retenant leur S/souffle ! Et le 3ème jour, c’était fait ! Le soldats de garde n’y virent que du bleu : comment rédiger leur procès verbal ? La seule déposition fut celle d’un « ange », un porte parole de Dieu, aux femmes apôtres, épouvantées et muettes ! Vous croyez aux anges, vous ?
Il n’y eut que Madeleine, qui le prit pour un autre avant de vouloir le retenir : on n’aime vraiment qu’une fois !

Oui, pour garder le fil de la « série Dieu avec les hommes », il faut évoquer les quatre grandes nuits de l’histoire du salut :
1 - La première est celle de la création : le premier mo(uve)ment : "Dieu a créé l’homme pour avoir quelqu’un en qui déposer ses bienfaits" (Irénée). Moment initial et toujours présent : Dieu nous crée à chaque instant de notre existence.
2 - La seconde est celle du « pacte » de Dieu avec Abraham : "Quand le soleil fut couché et que les ténèbres s’étendirent, voici qu’un four fumant et un brandon de feu passèrent entre les animaux partagés. Ce jour là Yahvé conclut une alliance avec Abram" (Ex 15,17-18). Alliance confirmée au terme de l’épreuve où Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils Isaac. Alliance de la foi.
3 - La troisième nuit, c’est la nuit de la sortie d’Egypte, la libération de tout le peuple, qui mènera au Pacte du Sinaï. Le passage de la Mer Rouge, l’évasion en zone libre. La première image du baptême qui, dans l’histoire toujours en cours, fait, des enfants des hommes, des enfants de Dieu
4 - Quant à la quatrième et dernière nuit, ce sera la nuit eschatologique, la nuit de la fin des temps, quand Il reviendra juger les vivants et les morts ! Nuit déjà présente, passée et future avec la résurrection de Jésus : l’avenir, vers lequel nous tendons est déjà présent, puisque cette nuit s’est déjà inscrite dans notre passé.

Oui, toute nuit ouvre sur un matin. Le tombeau est ouvert et vide. Jésus s‘est relevé (anestè) dans le mystère de la nuit.
Il n’est pas indifférent que ce soit des femmes - chez qui se mêlent nature et vocation de spécialistes physiques de la vie, de concevoir et d’enfanter -, celles qui ont enseveli Jésus au soir du sabbat  (samedi) commençant -, elles qui semblent avoir un lien secret avec la vie -, il n’est pas indifférent que ce soit elles les premières à recevoir sans ménagement le message inouï de la vie ressuscitée.
Seraient-elles les premières à pouvoir comprendre ? En tout cas, elles furent les premières à en être avisées !

On peut même dire que comme Marie avait entouré les premiers instants de Jésus venu dans sa chair, ainsi il revient aux femmes d’entourer de leur présence les premiers instants « néo-temporels » du retour de Jésus à la V/vie : elles sont les premières à avoir « réalisé » qu’il ne faut pas chercher parmi les morts celui qui est vivant. Les premières à se rappeler que : "Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite".

Là, les disciples mâles restent en retrait : ils ne croient pas ces propos délirants !
Est-ce le remords qui pousse Pierre à courir au tombeau pour n’y voir qu’un linceul, et s’en « retourner chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé". Ailleurs, il est accompagné de Jean où on rapporte que ce dernier n’en vit pas plus, mais « crut », tandis qu’il ne nous est rien dit de Pierre.

Cette difficulté masculine de croire conforte paradoxalement la foi. Les disciples mâles ont eu besoin de (re)voir personnellement Jésus pour croire en lui à leur tour : voir pour croire ! Bienheureux non sens, qui est encore une preuve de l’infinie patience de Jésus retourné dans la gloire de sa divinité, et devant supporter encore leurs doutes…, et les nôtres jusqu’à la fin des temps !

D’ailleurs, relisez-les : Tous les récits des apparitions du ressuscité soulignent que Jésus doit d’abord vaincre le manque de foi de ses « plus proches » et leur apporter des preuves (« evidences » disent les anglais) que c’est bien lui ! Il n’allait pas de soi alors et il ne va toujours pas de soi de croire à une résurrection ! Non, cela ne va pas de soi non plus pour nous !
Les témoignages des autres peuvent aider, mais c’est à chacun de prendre position !
Les femmes sont déjà la moitié du monde ! Reste l’autre !

Dimanche de Pâques – B : Alléluia
08 Avril




Aujourd’hui, Corinthiens du 21ème siècle, nous continuons à suivre Paul, le plus formidable converti à Jésus :
 «Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, qu’il est apparu à Pierre, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart d’entre eux vivent encore et quelques-uns se sont endormis – ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Et, en tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi, comme à l’avorton. » (1 Co 3-8)

Nos rassemblements sont dus à la transmission de cette Bonne Nouvelle à travers les siècles :
-          nous célébrons la victoire finale de la vie sur la mort,
-     nous célébrons Jésus Christ, notre espérance, qui donne un sens à notre vie, malgré les angoisses, les souffrances et les difficultés de tous les jours.

La lourde pierre qui scellait le tombeau est le symbole de notre incapacité de vaincre la souffrance et la mort par nous-mêmes.
-          D’abord nous nous disons : «Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau?»
-          Puis nous nous rendons compte qu’ « ON » a roulé la pierre pour nous : et on reste c.. !

Ce détail concret (la pierre était lourde !), souligné par les quatre évangélistes, indique qu’une véritable muraille sépare l’être humain de la résurrection : Qui pourrait enlever cet obstacle « sinon Dieu, seul » capable de délester du  poids écrasant de la mort qui pèse sur l’humanité.
L’important n’est pas la tombe vide (encore que…), mais l’annonce de la résurrection. Les femmes ne trouvèrent pas le tombeau vide, POINT : elles rencontrèrent quelqu’un qui leur révéla la résurrection de Jésus.

Pâques, pour le chrétien, est ainsi la fête de cette grande et inouïe révélation !
Stupeur, mais pas peur ! « N’ayez pas peur...» Autant l’apparition de Dieu bouleverse, autant sa présence aussitôt rassure et apaise : il n’a pas à jouer sur la peur. Plus besoin de "Fascinosum ni de tremendum"!

N’ayez pas peur, mais plutôt : «Allez dire à ses disciples qu’il les précède en Galilée…» La Galilée : c’est là où ils sont nés, où ils travaillaient, où ils vivaient.
Où est notre Galilée à nous. Allez! Ne restons pas près de ce tombeau vide. Allons là où Jésus est vivant, là où il nous précède, là où il nous a fixé rendez-vous... en NOTRE Galilée, sur cette terre qui est la nôtre, dans vos activités quotidiennes.

Naître, vivre, mourir, être enterré… c’est la trajectoire normale de l’histoire humaine. La résurrection du Christ Jésus change, poursuit et dépasse cette trajectoire : le tombeau vide s’est métamorphosé en lieu et opportunité d’une nouvelle naissance : «Dieu l’a ressuscité; il n’est pas ici.»

Eh bien non, nous dit « le ciel » : tout ne finit pas au cimetière ! Dans l’histoire de la foi chrétienne, tout – PARADOXALEMENT -, commence au cimetière, autour d’un tombeau vide. Et le messager ne dit pas aux femmes : «Allez dire aux disciples de venir ici en pèlerinage autour d’un tombeau vide.» Mais : «Allez dire à ses disciples et à Pierre qu’ils retournent en Galilée. Là, il le trouveront».

La communauté des disciples n’est pas re créée autour d’une tombe, mais autour d’un « échappé de la tombe », d’un « re suscité » qui vous/nous/les attend là où chacun vit.  Alors oui, cette « grande » fête nous invite à passer de la peur à la joie, du passé au présent, de l’hiver au printemps, de la mort à la vie : la plus grande victoire qui existe, la victoire sur la mort.  Celle-là résistera à l’usure du temps.
Ceci n’est ni une victoire politique, ni une victoire militaire, ni une victoire économique.

Une véritable victoire exige permanence et finalité pour garantir l’espérance à tous nos projets humains : CAD issue, amour, pardon, justice…

L’alléluia s’impose !



lundi 19 mars 2012

Incontournable Annonciation


ATTENTION : 

L'HOMELIE DU 5ème DIMANCHE DE CAREME 
PRECEDE CELLE-CI !!!

Incontournable
Annonciation
26 mars

Textes
-          Is 7, 10-14 ; 8, 10 
-          Héb10, 4-10
-          Lc 1, 26-38

Vous y croyez, vous, qu’un ange vienne visiter une toute jeune fille, encore vierge, et lui annonce qu’elle va concevoir par « l’opération du Saint Esprit » !… Bien sûr, qu’on peut crier à la mythologie qui, par conséquent, disqualifie (sinon ridiculise) ceux qui ont la naïveté – l’infantilisme -, de prendre un tel récit au sérieux, CAD les vessies pour des lanternes !


Il est vrai qu’en intervenant ainsi dans l’histoire humaine, Dieu – notre Dieu -, ne facilite ni notre démarche de croyants ni notre protocole argumentatif !
Il est d’ailleurs coutumier du fait ! Comme en tant d’autres circonstances, il semble prendre un malin plaisir à passer par des médiations (des truchements !) vis-à-vis desquel(le)s « la sagesse de ce monde » (qui n’est  que « le bon sens ordinaire ») n’a que haussement d’épaules sinon mépris. Pensons à tant d’ "apparitions », du Christ ou de Marie, à des enfants ou des personnes insignifiantes : la pauvresse de Lourdes, les petits bergers de Fatima, pour rester européen !
On rapporte que Jésus lui-même !... Ne bénit-il pas son Père d’avoir caché les mystères du Royaume aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits !



Oui, le mystère – c’est un mystère !-, l’Incarnation du Verbe de Dieu dans le sein de la Vierge Marie, comme la résurrection du Christ, relèvent de la même déconcertante  « logique divine » qui fait “scandale pour les juifs et folie pour les païens”. Même l’espérance d’Israël, indéracinable de son identité même que les prophètes ont plantée si profond dans son auto compréhension des desseins d’un Dieu maître de l’histoire),…  même cette espérance donc n’a pu aller jusqu’à

imaginer l’inimaginable :
Dieu prenant corps d’une femme de notre race,
Dieu assumant totalement et, jusqu’à l’extrême, notre condition humaine.

Le chrétien catholique, baignant ataviquement dans la foi de son Église, perçoit difficilement ce qu’ont de scandaleux et de délirant de telles affirmations : même si, sommé de justifier ce qu’il confesse, il serait, IL EST plutôt embarrassé ! Alors  il redit des formules, il fait siens les mots de la Tradition, et se cogne, comme chacun, au Mystère.

Malgré tout, et quelque mal que l’on ait à la « comprendre », cette page d’Evangile est vraiment une bonne, une joyeuse Nouvelle que le chrétien ne se lasse pas d’entendre et de réentendre : 

« L’Ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée… à une jeune fille… et le nom de la jeune fille était Marie… Réjouis-toi comblée de grâces !… Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils…Voici la servante du Seigneur qui me soit fait selon ta parole. »

Pourtant ce texte (« conte », «fable », « histoire symbolique » ?) est « calé » en amont et en aval
  • En amont, il s’enracine dans la logique divine biblique : rappelez-vous le chapitre 7 d’Isaïe : « Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils et on l’appellera Emmanuel c’est-à-dire “Dieu-avec-nous”. » Oui, Dieu-avec-nous… pour toujours !
  • En aval, en paroles : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme. » Et en actions : « Par quelle autorité fais-tu cela ? » 
Paul reste dans cette logique : « Lui qui était dans la condition de Dieu s’est dépouillé, prenant la condition d’esclave et reconnu comme un homme. »

Libre à chacun de s’intéresser ou non à l’Incarnation : en parler peut laisser indifférent. Mais personne ne peut nier que ce terme technique désigne une réalité tellement bouleversante et révolutionnaire, que depuis 2000 ans, elle a saisi et mis en route une multitude d’hommes et de femmes.

Et si c’était vrai, puisque pour Dieu rien n’est impossible !
La venue de Dieu en notre humanité ne nous concernerait-elle pas  tous intensément ?
Que Dieu vienne faire histoire commune avec nous ne constitue-t-il pas l’« évènement » par excellence?  Qu’il se mêle à nos aliénations, à nos servitudes, à nos pulsions de mort ?

Cette Aventure divine célébrée en cette fête de l’Annonciation n’a d’autre objectif que de conduire l’humanité à la lumière et au bonheur éternel, à travers échecs, stagnation et luttes tragiques. Et l’affirmation par Dieu lui-même que ni la lenteur ni les passages ténébreux ne pourront jamais  masquer ce mystérieux et obscur travail de l’Esprit dans les cœurs et les engagements humains.



La mission «IMpossible » de ce Jésus, né de la femme Marie, est de consoler notre finitude en l’assumant avec nous, EN nous donnant de nous voir comme Dieu lui-même nous voit.
La condition ? La conversion de notre regard, délivré de nos fautes et de la mort, pour appréhender notre propre transfiguration.

C’est à l’Amour qu’il faut penser : à l’Amour originaire et éternel de Dieu qui aime le premier et dont rien, pas même la mort, ne pourra nous séparer.

dimanche 18 mars 2012

In novation

In novation

5e dimanche du Carême - B
25 mars

Textes
-          Jér. 31,31-34.
-          Ps 51(50),3-4.12-13.14-15
-          Heb. 5,7-9.
-          Jn 12,20-33.


Parlez-moi de pardon ! C’est le jour !
 «Je vais pardonner leur crime et ne plus me souvenir de leur péché …» (première lecture)
«Aies pitié de moi, ô mon Dieu. Selon ta grande miséricorde, efface tous mes péchés» (Psaume 51)
«Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes (évangile)

Il y a comme ça des saisons, même pour Dieu, vue du côté des hommes !



Celle du carême est une saison de réconciliation avec Dieu et avec les autres. Et avec soi-même !
Que veut dire cette phrase : Dieu veut renouveler son alliance avec nous ? Eh bien, à n’en pas douter, - et sauf exception ? - chacun a quelque chose à se reprocher, un peu comme les pharisiens hautains devant la femme adultère. C’est souvent « la faute des autres » ! Mais lorsque Jésus (nous) invite à lancer la première pierre si nous avons la conscience tranquille, nous ne pouvons que nous éloigner la tête basse, sachant très bien que nous ne valons pas mieux qu’elle !
Et c’est là notre condition humaine.

Comme le roi David (psaume d’aujourd’hui) qui s’y connaissait en matière de transgression criminelle, nous finirons par avouer : «Efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense».

Il n’y a pas plus « moderne » que David ! Il commet l’adultère et fait tuer le général Uri, le mari de sa maîtresse. L’hypocrite David finit par reconnaître sa faute parce qu’il sait ( ?) aussi que Dieu sait ( !)  pardonner.

Jérémie met des paroles merveilleuses dans la bouche de Dieu : «Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés». Non seulement Dieu pardonne, mais le prophète nous dit même qu’il oublie : « il ne se souvient plus ». Et le psaume 130 renchérit : «Si tu retiens les fautes, o mon Dieu, qui subsistera. Mais en toi est le pardon…»



Toute la liturgie de la parole, aujourd’hui, est certes un rappel constant de la tendresse de Dieu pour l’homme. Chaque célébration eucharistique déborde de références à cette infinie miséricorde.
  • Au début : «Seigneur, prend pitié».
  • Au Gloria, c’est toute l’Église pécheresse qui chante : «Toi qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous».
  • Au Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui ont péché contre nous»
  • Immédiatement avant l’échange de paix : «Ne regarde pas nos péchés mais la foi de ton Église».
  • Et à la communion, le prêtre demande à Dieu «que cette communion à son corps et à son sang n’entraîne pour nous ni jugement ni condamnation».

Paradoxalement, la reconnaissance de notre péché n’est donc pas un obstacle à la présence de Dieu en nous : elle est même la base et la condition d’une nouvelle relation avec lui. A la consécration, Jésus proclame chaque fois par la bouche de tous les prêtres à travers le monde depuis 2000 ans : «Ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés.»

« O Felix Culpa ! », chantait même Augustin le Berbère, qui lui aussi savait de quoi il parlait !
En effet, et paradoxalement, admettre ses péchés est l’occasion de chanter la gloire de Dieu qui pardonne, de nous dire heureux d’être invités à la table du Seigneur qui défend notre cause. Et en partageant le corps du Christ, le chrétien accepte sa loi nouvelle, CAD la nouvelle alliance entre Dieu et nous, où se concrétise la promesse prophétique de Jérémie : «Je suis à vous et vous êtes à moi. Je ne me souviendrai plus de vos fautes et de vos péchés».

  • Oui, la croix historique de Jésus le Christ nous rappelle effectivement tout ce qui est mauvais en nous: l’orgueil, le manque de courage, la capacité de faire tort aux autres, l’égoïsme.
  • Mais cette même croix nous rappelle aussi que nous sommes les filles et les fils d’un Dieu qui est un Père toujours prêt à nous pardonner. Car il veut que nous ayons la vie en abondance.



C’est NOTRE foi ! Un point c’est tout !

C’est ça « faire ses Pâques », comme on disait auparavant ! Rafraîchir et embellir son rapport avec Dieu.
Alors profitons  vite des derniers jours du carême pour nous réconcilier avec Dieu ! En méditant Ézéchiel : «Je vous donnerai un coeur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’enlèverai votre coeur de pierre et je vous donnerai un coeur de chair. Je mettrai en vous mon propre Esprit, je vous ferai marcher selon mes lois, garder et pratiquer mes coutumes» (Ézéchiel 36, 26-27). 

lundi 12 mars 2012

Dieu a tant aimé le monde...

Dieu a tant aimé le monde...

4e dimanche du Carême - B

18 mars

Textes
-          Ephés. 2,4-10..
-          2 Chron. 36,14-16.19-23.
-          Ps 137(136),1-2.3.4.5.6
-          Jn 3,14-21

Dans la grande histoire, comme dans nos histoires personnelles, il existe des « moments » où se révèlent de hautes valeurs religieuses et humaines. Chacun en a fait l’expérience. La rencontre de Jésus avec Nicodème, chez Jean, est l’un de ces moments où le rural galiléen affirme à l’urbain pharisien en recherche de vérité que «Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique, afin que celui qui croit en lui ne meure pas mais ait la vie éternelle».

Ainsi, voici la proposition de départ :
  • Dieu aime notre monde,
  • il nous aime malgré nos violences, nos faiblesses et nos péchés.
  • Et « Il a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »


Si le mal de l’humanité est chronique, sous l’emprise des forces de la mort : guerres, destruction, violence, il n’en existe pas moins une autre force, une force de vie qui
  • unit au lieu de diviser,
  • apaise au lieu d’angoisser,
  • guérit au lieu de blesser.

 «Dieu a tant aimé le monde». Ces quelques paroles expriment tout le message chrétien de la rédemption. Paul Claudel écrivait : «Nous ne sommes pas chrétiens parce que nous aimons Dieu mais parce que nous croyons que Dieu nous aime»

Quelque part nous savons que nous ne pouvons nous en sortir seuls –hier, aujourd’hui et demain -, et plus nous avançons en âge, plus cette vérité devient évidente (ou : plus cette évidence devient vérité !).

Voyez une personne qui essaie, de ses propres forces, de se sortir des sables mouvants : plus elle se débat, plus les sables l’attirent vers le gouffre. Seule une main extérieure, peut l’aider à s’en sortir. N’avons-nous pas le sentiment de vivre parfois dans une clairière de sables mouvants dont seule une « main venant d’ailleurs » (celle de Dieu ?) peut nous extirper ?

C’est Albert Camus - dans son célèbre roman "La peste" -, qui décrit l’état misérable et même fatal de l’être humain. La « peste » est la métaphore du mal qui se cache en nous : «Je sais... que chacun de nous la porte en son coeur cette peste et que personne, non personne n’est immunisé.» La Bible présente souvent Dieu comme le «médecin» capable de guérir de cette maladie mortelle.




Notre société ressent une sorte de pessimisme vis-à-vis du mal dans notre univers : «le monde est pourri... y’a rien à y faire : violences, prises d’otage, égoïsmes collectifs, dépravation morale, drogue, guerres»... Qui n’a pas parfois l’impression que le monde traverse une époque glaciale, où manque la chaleur de l’amour.  Comment croire quand même que l’amour de Dieu est y toujours présent ?

Si Jésus vient, si l’Esprit souffle, c’est que le Père de tous les hommes veut donner une vie nouvelle à ce monde qu’il a créé et qui est devenu notre monde !
Comment faire se dissiper les ténèbres pour que brille la lumière ?
Comment vaincre le péché par la grâce ? la haine par l’amour ?
Comment passer de l’incrédulité à la foi ? du découragement à l’espérance ?
De la mort à la vie ?

Nicodème le nocturne est un chercheur de Dieu : c’est aussi un chef des Juifs, membre du Sanhédrin, qui défendra Jésus le vendredi saint et l’ensevelira dans une tombe neuve, aidé de son vieux camarade, Joseph d’Arimathie ! En voilà deux qui en ont vu !
Leur esprit a pressenti une lueur d’espoir en ce Jésus pour ceux qui cherchent la lumière dans la nuit de leurs peurs et de leurs doutes. Et de leur espérance !

L’eucharistie dominicale rappelle ce projet de Dieu pour nous : il nous invite à recevoir son amour, à agir à son exemple pour apporter à notre monde plus de joie, de paix et d’amour. En effet, être disciple de Jésus veut dire suivre son exemple, agir comme lui. Paul disait aux Éphésiens «Montrez-vous bons et compatissants les uns envers les autres, vous pardonnant mutuellement, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ».



C’est pourquoi le message du Carême est un message d’espérance : car notre vie n’est pas un voyage sans but ni espoir. En disant que notre vie est une «passion inutile», Jean-Paul Sartre n’engage que lui !
Autour du pain et de la parole de Dieu, les chrétiens ne sont pas de cet avis !
Ils se rassemblent chaque dimanche pour célébrer leur espérance.
«Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que celui qui croit (et croît) en lui ne meure pas mais qu’il ait la vie éternelle»

dimanche 4 mars 2012

Le respect de Dieu et le respect des autres


Le respect de Dieu et le respect des autres


3e dimanche du Carême – B
11 mars

Textes
-          Ex. 20,1-17. / /. /
-          Ps 19(18),8.9.10.11.
-          1 Co 1,22-25
-          Jn 2,13-25.


Avez-vous remarqué » que les «dix commandements» -ceux des juifs dans Exode 20 -, ne commencent pas par une obligation ou une défense, mais par le souvenir fondateur de ce que Yahvé a fait pour son peuple: «Je suis le Seigneur ton Dieu, celui qui t’a fait sortir d’Égypte, de la maison de l’esclavage».
 
On peut donc s’attendre à ce que le bon comportement du peuple sera(it) la réponse de ceux et celles que Dieu a libérés de l’esclavage, de ceux et celles à qui il a rendu la liberté. Cette mémoire de libération inspire alors des mœurs spécifiques, dont un certain type de conduite (correcte) envers Dieu et envers les autres : «Tu n’opprimeras pas l’étranger. Vous savez ce qu’éprouve l’étranger, car vous-mêmes avez été étrangers au pays d’Égypte. « (Exode 23, 9). C’est d’ailleurs la base de la Loi mosaïque : ces commandements sont fondés sur le respect de ce qui importe dans nos vies : Dieu et les autres.




Ici, rapporte Jean, c’est à cause du manque de respect de la maison de Dieu, que Jésus chasse les vendeurs du Temple : «Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce».
On peut donc dire que le respect de Dieu et des autres – leur dignité -, est au cœur de la liturgie de ce dimanche.

Et qu’est-ce que le respect sinon le résultat effectif – visible -, de la valeur qu’on attache à la personne ou à l'institution auxquelles il s’adresse ? C’est plus qu’une question de simple politesse (bonnes manières et bonne entente) : c’est un témoignage d’estime, d’intérêt, de dignité et même d’amour, mêlé. C’est aussi une condition essentielle pour la paix dans les communautés humaines. Là où le respect manque, l’homme devient  - et vite !-, un loup pour l’homme, et se laisse aller à l’injure, l’insulte, le mépris, l’intimidation, le ridicule, le rejet et l’exclusion.




Peut-on dire que la notion de respect soit (encore) une priorité dans notre société, dans notre communauté humaine ? Si cette attitude fondamentale fait défaut…

Qu’y a-t-il dans notre vie - objets, gestes et personnes -, qui soit pour ainsi dire sacrés ?
Est-ce uniquement un mouvement spontané – un instinct ? -, qui nous fait protéger les petits enfants, les personnes âgées, la famille ? Pourtant l’avortement, les mouroirs et les décompositions-recompositions familiales à répétition… peuvent en faire douter !

Qui, qu’est-ce qui est sacré pour moi, aujourd’hui? Qui respecté-je ?
Dieu, mes parents, la famille, les faibles et les étrangers, ce qui appartient aux autres ?
C’est la question que pose la liturgie de la parole, aujourd’hui !

Voyez la seule première lecture : « Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. » La loi du sabbat est la loi qui caractérise toujours l’identité du peuple juif, et depuis le matin de Pâques, aussi l’identité du peuple chrétien. Et cette loi doit profiter non seulement aux Juifs et aux Chrétiens mais à tous: «Tu ne feras aucun ouvrage le jour du Seigneur, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’étranger qui est dans ton village» (Exode 20).
Ah ! « Le stop dominical », pendant lequel tous ont droit au repos, au moins un jour par semaine! Car tout en étant un projet religieux, le sabbat/dimanche est avant tout un projet laïque et social : «Le septième jour, tu chômeras, afin que ton boeuf et ton âne se reposent et que le fils de ta servante et l’émigré reprennent leur souffle» (Ex 23, 12). [Et le livre du Deutéronome poursuit : «Tu te souviendras qu’au pays d’Égypte tu étais esclave, et que le Seigneur ton Dieu t’a fait sortir de là d’une main forte et le bras étendu ; c’est pourquoi le Seigneur ton Dieu t’a ordonné de pratiquer le jour de sabbat.»] 



C’est donc bien au nom de la liberté (retrouvée !) que nous « observons ce jour » !
Exercer cette liberté c’est respecter la famille, le père, la mère, les femmes, le travailleur, et la propriété. C’est respecter aussi « le lieu de Dieu » !

C’est pour cela très intéressant de constater que le vieil Israël ne parle pas de la Loi comme d’une imposition, mais comme un cadeau généreux de la part de Yahvé : celui de nous permettre de vivre pleinement et, comme le dit le Psaume 119 qui «est lumière pour nos pas» : «Je te recommande d’observer ces commandements afin que tu puisses vivre pleinement» (Deutéronome 30, 15s).

La loi de Dieu est toujours en faveur de l’homme, jamais contre lui : sauf quand des hommes la détournent et l’exploitent à leur profit ! Elle n’est pas prévue pour limiter notre liberté, mais pour la rendre plus solide, plus grande et plus vaste.
Il n’y a pas de code plus laïque qu’elle, qui touche autant au quotidien, au profane de la vie : la famille, les rapports sociaux, le travail, la vie de tous les jours.
Les commandements de Dieu ne sont pas une loi pour des esclaves : elles balisent un chemin de liberté qui nous permet de rester humains et d’avoir des comportements de respect, de partage et de fraternité.

Et « ce lieu de Dieu » est l’endroit où nous venons célébrer le don de la Loi et celui de la liberté. Avec notre respect.




« Alors, SVP, ne faisons pas de  la maison de mon Père une maison de commerce ! ».