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dimanche 4 mars 2012

Le respect de Dieu et le respect des autres


Le respect de Dieu et le respect des autres


3e dimanche du Carême – B
11 mars

Textes
-          Ex. 20,1-17. / /. /
-          Ps 19(18),8.9.10.11.
-          1 Co 1,22-25
-          Jn 2,13-25.


Avez-vous remarqué » que les «dix commandements» -ceux des juifs dans Exode 20 -, ne commencent pas par une obligation ou une défense, mais par le souvenir fondateur de ce que Yahvé a fait pour son peuple: «Je suis le Seigneur ton Dieu, celui qui t’a fait sortir d’Égypte, de la maison de l’esclavage».
 
On peut donc s’attendre à ce que le bon comportement du peuple sera(it) la réponse de ceux et celles que Dieu a libérés de l’esclavage, de ceux et celles à qui il a rendu la liberté. Cette mémoire de libération inspire alors des mœurs spécifiques, dont un certain type de conduite (correcte) envers Dieu et envers les autres : «Tu n’opprimeras pas l’étranger. Vous savez ce qu’éprouve l’étranger, car vous-mêmes avez été étrangers au pays d’Égypte. « (Exode 23, 9). C’est d’ailleurs la base de la Loi mosaïque : ces commandements sont fondés sur le respect de ce qui importe dans nos vies : Dieu et les autres.




Ici, rapporte Jean, c’est à cause du manque de respect de la maison de Dieu, que Jésus chasse les vendeurs du Temple : «Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce».
On peut donc dire que le respect de Dieu et des autres – leur dignité -, est au cœur de la liturgie de ce dimanche.

Et qu’est-ce que le respect sinon le résultat effectif – visible -, de la valeur qu’on attache à la personne ou à l'institution auxquelles il s’adresse ? C’est plus qu’une question de simple politesse (bonnes manières et bonne entente) : c’est un témoignage d’estime, d’intérêt, de dignité et même d’amour, mêlé. C’est aussi une condition essentielle pour la paix dans les communautés humaines. Là où le respect manque, l’homme devient  - et vite !-, un loup pour l’homme, et se laisse aller à l’injure, l’insulte, le mépris, l’intimidation, le ridicule, le rejet et l’exclusion.




Peut-on dire que la notion de respect soit (encore) une priorité dans notre société, dans notre communauté humaine ? Si cette attitude fondamentale fait défaut…

Qu’y a-t-il dans notre vie - objets, gestes et personnes -, qui soit pour ainsi dire sacrés ?
Est-ce uniquement un mouvement spontané – un instinct ? -, qui nous fait protéger les petits enfants, les personnes âgées, la famille ? Pourtant l’avortement, les mouroirs et les décompositions-recompositions familiales à répétition… peuvent en faire douter !

Qui, qu’est-ce qui est sacré pour moi, aujourd’hui? Qui respecté-je ?
Dieu, mes parents, la famille, les faibles et les étrangers, ce qui appartient aux autres ?
C’est la question que pose la liturgie de la parole, aujourd’hui !

Voyez la seule première lecture : « Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. » La loi du sabbat est la loi qui caractérise toujours l’identité du peuple juif, et depuis le matin de Pâques, aussi l’identité du peuple chrétien. Et cette loi doit profiter non seulement aux Juifs et aux Chrétiens mais à tous: «Tu ne feras aucun ouvrage le jour du Seigneur, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’étranger qui est dans ton village» (Exode 20).
Ah ! « Le stop dominical », pendant lequel tous ont droit au repos, au moins un jour par semaine! Car tout en étant un projet religieux, le sabbat/dimanche est avant tout un projet laïque et social : «Le septième jour, tu chômeras, afin que ton boeuf et ton âne se reposent et que le fils de ta servante et l’émigré reprennent leur souffle» (Ex 23, 12). [Et le livre du Deutéronome poursuit : «Tu te souviendras qu’au pays d’Égypte tu étais esclave, et que le Seigneur ton Dieu t’a fait sortir de là d’une main forte et le bras étendu ; c’est pourquoi le Seigneur ton Dieu t’a ordonné de pratiquer le jour de sabbat.»] 



C’est donc bien au nom de la liberté (retrouvée !) que nous « observons ce jour » !
Exercer cette liberté c’est respecter la famille, le père, la mère, les femmes, le travailleur, et la propriété. C’est respecter aussi « le lieu de Dieu » !

C’est pour cela très intéressant de constater que le vieil Israël ne parle pas de la Loi comme d’une imposition, mais comme un cadeau généreux de la part de Yahvé : celui de nous permettre de vivre pleinement et, comme le dit le Psaume 119 qui «est lumière pour nos pas» : «Je te recommande d’observer ces commandements afin que tu puisses vivre pleinement» (Deutéronome 30, 15s).

La loi de Dieu est toujours en faveur de l’homme, jamais contre lui : sauf quand des hommes la détournent et l’exploitent à leur profit ! Elle n’est pas prévue pour limiter notre liberté, mais pour la rendre plus solide, plus grande et plus vaste.
Il n’y a pas de code plus laïque qu’elle, qui touche autant au quotidien, au profane de la vie : la famille, les rapports sociaux, le travail, la vie de tous les jours.
Les commandements de Dieu ne sont pas une loi pour des esclaves : elles balisent un chemin de liberté qui nous permet de rester humains et d’avoir des comportements de respect, de partage et de fraternité.

Et « ce lieu de Dieu » est l’endroit où nous venons célébrer le don de la Loi et celui de la liberté. Avec notre respect.




« Alors, SVP, ne faisons pas de  la maison de mon Père une maison de commerce ! ».



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