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dimanche 10 juin 2012

"Levez les yeux ! " & "Germination et croissance"

ATTENTION !
DEUX HOMELIES :
Le Sacré Coeur (15 juin) et le 11ème Dimanche du Temps Ordinaire (17 juin)

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Levez les yeux !

Vendredi 15 JUIN SACRE CŒUR

« Comme c’était la veille du sabbat, il ne fallait pas laisser des corps en croix durant le sabbat (d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque). Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Des soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis du deuxième des condamnés que l’on avait crucifiés avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. ».



La fête du Sacré Cœur de Jésus commémore cet épisode :
  • il était déjà mort,
  • ils ne lui brisèrent pas les jambes,
  • mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté !
Les faits :
  • Jésus était mort et bien mort ;
  • Le corps de Jésus est resté intact ;
  • Jésus versa son sang jusqu’à la dernière goutte.

Mais c’est avec le plus jeune des apôtres, Jean, que la tradition du Sacré Cœur trouve son origine. Jean, dit-on, reposa sa tête sur le cœur de Jésus durant la Cène (Jn 13,23) et était présent (le seul des Douze) quand le soldat transperça le cœur de son maître bien aimé (Jn 19,34-37). Le thème fut repris par de nombreux saints, tels sainte Catherine de Sienne, sainte Gertrude de Helfta, saint François de Sales, des Chartreux ...
Pendant les premiers siècles du christianisme, le cœur du Christ ne symbolisait pas tant l'organe de l'affectivité et des émotions, comme aujourd'hui, que le siège de toute activité mentale, de façon indifférenciée.

C’est au XVIIe siècle que saint Jean Eudes (1601-1680) mit en place les éléments d'un culte du cœur de la Vierge Marie, puis de celui de Jésus. L'Eglise catholique se considéra confortée dans l'instauration de ce culte à la suite des apparitions que Marguerite-Marie Alacoque (plus tard proclamée sainte) a eu de Jésus dès 1673 à Paray-le-Monial. Saint Claude La Colombière a aidé sainte Marguerite-Marie Alacoque à répandre ce culte du Sacré Cœur : l'image qu'elle propage, entourée de rayons d'or et de flammes de feu, comporte au centre le mot « charitas » c'est-à-dire charité, est l'image du Verbe fait chair, seconde personne de la Trinité, Dieu-Amour, incarné dans un cœur humain. Sœur Anne-Madeleine Rémusat (1696-1730) fut elle aussi une propagatrice de la dévotion au Sacré-Cœur. Pour arrêter la peste à Marseille, Mgr Belsunce, sous l'inspiration de cette religieuse, plaça la ville de Marseille et son diocèse sous la protection du Sacré Cœur, lors d'une messe célébrée le 1er novembre 1720.
Marie Leszczyńska, initiée à cette dévotion par la Visitation de Varsovie, obtient des Evêques de France que la Fête du Sacré Cœur soit étendue à toute la France ainsi que l'Office et propage ce culte à la cour et dans la famille royale, obtenant qu'il y ait même un autel du Sacré Cœur dans la Chapelle du Château de Versailles, ville d'une des premières confréries du Sacré Cœur.


En 1856, le Pape Pie IX étend la Fête du Sacré Cœur à l'Église universelle. Finalement, le pape Léon XIII consacra, par son encyclique Annum Sacrum (du 25 mai 1899), chaque être humain au Sacré Cœur. L'idée de cet acte, que Léon XIII surnomma "le grand acte" de son pontificat, lui avait été soumise par la bienheureuse Marie du Divin Cœur, comtesse Droste zu Vischering, une religieuse supérieure de la Congrégation du Bon Pasteur de Porto, en Portugal, qui prétendait l'avoir surnaturellement reçue du Christ lui-même.

Depuis le milieu du XIXe siècle, des groupes, des congrégations et même des États se sont consacrés au Sacré-Cœur. La France a été consacrée le 29 juin 1873 par un groupe d'une cinquantaine de parlementaires lors d'un pèlerinage à Paray-le-Monial conduite par Gabriel de Belcastel. Le 8 octobre 1873, sur pétition remise au président Gabriel García Moreno, l'Équateu fut le premier pays du monde ainsi consacré. Les familles catholiques se sont appliquées à l'« intronisation du Sacré Cœur » dans leurs maisons et dans leurs pays.

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Quel peut être aujourd’hui le sens de la spiritualité du Cœur de Jésus
  • Dans le « Directoire sur la piété populaire et la Liturgie », publié le 9 avril 2002, la Congrégation pour le culte divin rappelle le sens du culte rendu au Cœur de Jésus : « L'expression "Cœur de Jésus", entendue dans le sens contenu dans la divine Écriture, désigne le mystère même du Christ, c'est-à-dire la totalité de son être, ou le centre intime et essentiel de sa personne: Fils de Dieu, sagesse incréée; Amour infini, principe du salut et de sanctification pour toute l'humanité. Le "Cœur du Christ" s'identifie au Christ lui-même, Verbe incarné et rédempteur (...) ».

  • Dans l'encyclique « Haurietis Aquas in Gaudio », véritable référence pour la compréhension de la spiritualité du Sacré Cœur, Pie XII définit le mystère du cœur de Jésus comme le mystère de l'amour miséricordieux du Christ et de la Trinité tout entière, Père, Fils et Saint Esprit, envers l'humanité.

Ainsi, le mois de juin lui est consacré, mois pendant lequel a lieu la Fête du Sacré Cœur qui est célébrée dans toute l'Église catholique romaine depuis 1856. Cette solennité est célébrée 19 jours après le dimanche de Pentecôte, soit un vendredi.

L’expression spirituelle métaphorique sonne mal à nos oreilles modernes :
-          l’amour du cœur de Jésus est donné au monde ;
-          le cœur de chair de Jésus formé dans le sein de Marie est le moyen divin par lequel l’amour de Dieu est répandu dans le cœur de Marie sa mère.
-          Ce Fils « qui est dans le sein du Père » est donné à Marie.
-          L’Esprit Saint, l’Amour infini du Père et du Fils, se révèle dans les « battements » du cœur de Jésus.
-          Jésus fils de Marie s’est allié avec l’humanité dans une alliance indissoluble.
-          Marie Immaculée a offert à Jésus un cœur mu par l’Esprit Saint qui pouvait le recevoir dans son Amour.
-          Le sang de Marie s’est donné à son « Enfant » pour y former un cœur, premier organe qui se développe chez l’enfant.
-          Jésus a donné son cœur à Marie dès l’origine de sa vie humaine, il lui a donné tout son Amour.
-          Le cœur de Marie en est transformé, elle aime Joseph d’un amour tout nouveau, Anne et Joachim d’une manière toute nouvelle. Marie aimera Jean, l’Eglise, chacun de nous dans l’amour du Cœur de Jésus.
-          En Jésus Dieu fait alliance avec nous : « C’est moi qui apprenais à marcher à l’humanité, la soutenant de mes bras. Elle n’a pas compris que je venais à son secours. Je la guidais avec humanité » dit le prophète.
-          Toute l’histoire de l’humanité est contenue dans ces liens d’amour du Cœur de Dieu : « Je la guidais avec des liens de tendresse… Je la traitais comme un nourrisson qu’on soulève tout contre sa joue, je me penchais vers lui pour le faire manger. »

Chacune de des phrases constitue certes le départ d’une méditation mystique : mais pourquoi ne provoque-t-elle aucun écho chez nos contemporains ?

  • Au cœur de l’Eucharistie, nous annonçons cette alliance nouvelle : « Voici le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle. » Le Cœur de Jésus est désormais donné à l’Église pour qu’elle vive de la vraie vie. « Alors, vous serez comblés, jusqu’à entrer dans la plénitude de Dieu, » dit l’apôtre.
  • Marie a désiré le Christ, Dieu venu dans la tendresse de son amour. Nous pouvons nous situer dans le cœur de Marie pour « entrer » dans le cœur de Jésus. Elle a porté le Christ dans la foi avant de le porter dans sa chair. C’est dans cette Alliance de Dieu que nous faisons alliance.
  • Cette Alliance est dans la Passion et la Résurrection de Jésus. Si le Christ habite en nos cœurs par la foi, nous demeurons enracinés dans l’amour.

Comment trouver une langue qui nous parle ?

Le Pape Benoît XVI soulignait que « Ce mystère de l'amour de Dieu pour nous ne constitue pas seulement le contenu du culte et de la dévotion au Cœur de Jésus : il est, de la même manière, le contenu de toute vraie spiritualité et dévotion chrétiennes. Il est donc important de souligner que le fondement de cette dévotion est aussi ancien que le christianisme lui-même. En effet, être chrétien n'est possible qu'avec le regard tourné vers la Croix de notre Rédempteur, “vers celui qu'ils ont transpercé” (Jn 19, 37 ; cf. Za 12, 10). Le regard fixé sur “le côté transpercé par la lance”, dans lequel resplendit la volonté de salut sans limites de la part de Dieu, ne peut donc être considéré comme une forme passagère de culte et de dévotion : l'adoration de l'amour de Dieu, qui a trouvé dans le symbole du “cœur transpercé” son expression historique et dévotionnelle, demeure essentielle pour un rapport vivant avec Dieu. »

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« Germination et croissance » 

17 JUIN   11EME DIM


Marc est le seul évangéliste à rapporter cette parabole où s'exprime l'une des visions les plus optimistes du Royaume. Alors que les espérances pathétiques des juifs les poussent à chercher des œuvres éclatantes du Messie attendu depuis si longtemps, et que tout semble conduire ce Messie-là, Jésus, à sa perte, ce dernier dit à creux qui le suivent de ne pas s'y laisser tromper: car désormais le Royaume ne peut que grandir. Le semeur est passé. Le grain est en terre. “Wait and see ! » Attendez voir!” semble lancer Jésus à ses amis avec assurance.


Quel mystère que la germination du grain ou l'origine de la vie ! Nous avons beau savoir qu'un grain de blé contient des milliards d'atomes formés d'un noyau autour duquel gravitent des particules de moins d'un milliardième de millimètre, à une vitesse de 297000 kilomètres à la seconde, nous ne savons toujours pas comment agencer ces atomes pour déclencher une chaîne de vie : il existe donc bien comme une force cachée, imperceptible, toujours active et qui redit sans cesse: “Quelle que soit la situation, ne désespérez jamais. Entreprenez. Semez. Le Règne de Dieu en ce monde présent ne va pas vers la mort fatale mais vers la moisson de le vie. »

Le Jésus de Marc est décidément un optimiste. Il n'a pourtant pas réussi à convertir ses contemporains, ou si peu. Et il n'a pas réussi non plus à changer sa propre famille. Alors d'où lui vient cette certitude que le Règne proposé sera le plus sage, le plus répandu, le plus durable de tous les temps? Vraiment, comme l'expliquait un jour le renard au Petit Prince: “l'essentiel est invisible pour les yeux!”

Jésus enchaîne avec « le grain de moutarde »: la semence jetée en terre peut être encore beaucoup plus petite qu'un grain de blé : minuscule, comme une graine de moutarde dont la petitesse est proverbiale. De ce germe presque invisible naîtra le grand arbre où se rassembleront les oiseaux du ciel.

De la modestie à l'amplitude : le Règne de Dieu et son accueil seront grand ouverts à toutes les nations de la terre. Au moment où Marc consigne ce discours par écrit, la Primitive Église implantée à Rome traverse d'énormes difficultés : mais apparemment, plus les problèmes paraissent insurmontables, plus Jésus exprime sa confiance et son optimisme face à l'avenir.
Faut être fou… de Dieu !

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