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lundi 29 novembre 2010

L’Eau, l’Esprit et le Feu

L’Eau, l’Esprit et le Feu
dimanche 05 décembre 2010
2ème dimanche de l'Avent, année A

Textes
§          Is 11,1-10.
§          Ps 72,2.7-8.12-13.17.
§          Rm 15,4-9.
§          Mt 3,1-12.


Jean-Baptiste devrait revenir, comme « en ces jours-là » !

Jean-Baptiste est la figure qui inaugure le temps de l’Avent : on l’appelle le Précurseur – celui qui court en avant pour faire savoir que celui qu’on attend, arrive enfin ! Et il le montre du doigt, quand il paraît : « C’est lui ! ».
Jean-Baptiste est le médiateur, celui qui se place à l’intersection, au croisement, entre l’avant et l’après : un présent déjà passé, et qui tombe de suite dans le futur. C’est toujours le présent, quand on évoque l’action et la parole du Baptiste : c’est pourquoi c’est aujourd’hui qu’il parle. Qu’il nous parle !

Jean-Baptiste est le dernier parlant-visionnaire des Juifs de la Bible : il se retourne alors, et devient le parlant-visionnaire des hommes de l’Evangile : un bras vers l’arrière, un bras vers l’avant.
Il est même une / la vraie figure de l’Eglise qui se veut porte-parole de et pour tous ceux et celles qui ont annoncé que c’est bien ce Jésus-là qui est venu, qui vient et qui viendra !

JB fait savoir clairement qui il est et qui il n’est pas, pour qu’on ne fasse pas d’erreur sur son compte : « Moi, je vous baptise, dans l’eau (la manière juive, le « mikvé »[1]), en signe de pénitence ; mais celui qui vient après moi (et là, il montre du doigt, son cousin, Jésus), est plus grand que moi, et je ne suis pas digne de lui cirer les chaussures.  Lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint[2] et le feu.»"



Il y aurait donc un baptême dans l’eau, et il y a un baptême dans le feu !  Qu’est-ce que cela signifie ? 
Le baptême de Jean est un baptême dans l’eau.  Tout comme le baptême de l’Eglise. 
Il y a donc un baptême dans l’eau, qui est celui de l’Eglise, et un baptême dans le feu. 
Or, que veut dire le rabbin pharisien Paul quand il parle d’"un seul baptême" (Ep. 4, 5). 
On ne peut nier que l’eau, ce n’est pas le feu, l’eau et le feu devant être compris ici au sens matériel : pourtant dans le baptême « matériel » de l’Eglise, il s’agit d’une vraie eau, et pour ce qui est du baptême de feu, il s’agit bien de vrai feu, puisque Jean-Baptiste dit d’une manière expresse et terrible: ". . . brûler la paille dans un feu qui ne s’éteint pas."

Pierre, dans la seconde épître à lui attribuée, nous donnerait-il la clé de ce mystère ?
"Les cieux et la terre d’aujourd’hui (présent) sont gardés par la même parole divine et réservés pour le feu, au jour du jugement et de l’anéantissement des impies." (2 P. 3, 7) 



Ainsi, le baptême dans l’eau et le baptême dans le feu trouvent tout leur sens propre :
o        le baptême dans l’eau est destiné à purifier l’âme,
o        tandis que le baptême dans le feu est destiné à purifier le corps. 

§         Durant notre vie sur terre,, dans le temps et l’espace, notre âme est donc purifiée de ses péchés par le baptême, ainsi que par la pénitence (qui peut être comprise comme la perpétuation de la grâce baptismale tout au long de l’existence);
§         mais notre corps n’est pas encore purifié : il ne le sera qu’à la fin des temps, lorsque le Seigneur ressuscitera notre corps pour la gloire éternelle (selon la formule imagée de l’Ecriture !).

La formule est « formidable », au sens de « qui fait peur », bien qu’elle sonne de façon bucolique ! Ecoutez plutôt : «Il tient en main le van ; il va nettoyer son aire, amasser le froment dans son grenier, mais brûler la paille dans un feu qui ne s’éteint pas

Le van est une sorte de panier-passoire qui sert à séparer les grains de la paille et des autres déchets.  Jean-Baptiste affirme que le Christ va être chargé de séparer le grain de tout le reste : image encore pour dire « régler tous les comptes ». Dieu a certes créé tous les hommes par Amour ! Mais Dieu est aussi Justice ! 
Et il est toujours dangereux de séparer Amour et Justice en Dieu - et en chacun, d’ailleurs ! -, car ce serait tronquer la réalité de son être et de tout être.  Il faut en tenir compte, sans quoi on se trompe, on trompe les autres, et on se perd ensemble . . . 
Dit autrement : Dieu nous offre son Amour, mais si nous n’y répondons pas, nous aurons à rendre compte à sa Justice.

Quand Paul nous avertit : "Que chacun donc se mette soi-même à l’épreuve, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe." (1 Cor. 11, 28), il définit le rôle de l’Eucharistie, qui, en effet – bien que « devenue la messe qui lasse et qu’on délaisse » -, est l’Amour d’un Dieu qui se donne, mais qui vient toujours avec sa justice
o        soit nous ressusciter pour la gloire (voir plus haut),
o        soit nous accepter que nous nous condamnions nous-mêmes à l’ignominie. 

L’Eucharistie,  c’est aussi – comme je le disais en ouverture à l’image du Baptiste -, ce signe et cette réalité prophétiques où l’Eglise tout entière devrait être consciente d’être présente, celle d’hier dans celle d’aujourd’hui, qui annonce celle de demain ! 

*      *
  *

Trois temps donc:

  1. Changer de vie, mettre le cap sur Dieu, dont ainsi on s’approche du Règne (comme Israël est « invité » à le faire, après l’Egypte et après Babylone).
  2. Toute conversion engage nécessairement une réponse "en conscience" à un appel personnel : appartenir à la descendance d'Abraham ou à l’Eglise ne suffit pas, et ne garantit rien automatiquement. Cette conversion en profondeur est selon Jean Baptiste un "tout ou rien", vigoureux : la refuser, c'est tomber sous la rigueur du jugement de Dieu. Baptiste est bien le dernier prophète en Israël depuis 3 siècles, et sa tenue, son mode de vie, et sa manière de parler avec une telle force, ne pouvaient qu'attirer les foules des hommes en quête de « quelque chose » pour entendre ce qu’il avait à dire.
  3. Il ne faut pas confondre Jean Baptiste et le Messie attendu et annoncé. Cela est est manifeste dans la différence des baptêmes : entre l’eau rituelle répétitive, et l’eau sainte primordiale, en vue d’une réalité intérieure objective et invisible : à savoir la communication de l'Esprit même de Dieu, totalement insaissable et indéfinissable, mais pour autant "incontournablement" nécessaire pour transmettre à tout homme ce que Jésus aura achevé, pour tous, dans son "Heure" décisive de mort-résurrection.



Les disciples - après la Résurrection de leur Maïtre et après leur propre Pentecôte -, reprendront et transmettront ce message :

croire en Jésus –mort et ressuscité -  est indispensable à l’éternité.

Oui :
ü      l’engagement jusqu’à l’ultime du juif Jésus, dans son obéissance à la volonté de son Dieu jusqu'au dernier moment de son existence,
ü       et son baptême, fruit de cet engagement,
ont été réalisés pour communiquer à tout homme venant sur terre le "jugement" de Dieu, tout de vérité, mais d'une vérité inséparable de sa miséricorde et de son pardon !

Car le dieu de Jésus-Christ est et reste un Dieu d'Amour,
qui, par les chrétiens de chaque aujourd’hui du monde,
se fait pauvre en l’homm- messie Jésus qu’ils incarnent,
pour nous enrichir de son seul bien :
sa divine pauvreté

(2 Co 8, 9 et 1 Jn, 4, 7 - 16).


[1] Le Mikvé (ou mikveh) (en hébreu: מִקְוָה; au pluriel: mikvaot) est un bain rituel utilisé pour l'ablution nécessaire aux rites de pureté dans le judaïsme. C'est l'un des lieux centraux de la vie communautaire juive, avec la synagogue et l'école juive (yeshiva)
[2] Le mot qui désigne l'Esprit Saint dans la Bible hébraïque est le substantif féminin, rûah, qui signifie très concrètement « e souffle ou le vent »; Il en est ainsi en grec ancien (πνεμα, « pneũma ») et en latin (spiritus) ; ptah, disait la religion pharaonique : « celui qui ouvre », le démiurge de Memphis, dieu des architectes.). On entend « éclater » l’air que ses consonnes libèrent dans toutes ses appellations! - Dans le Nouveau Testament, il est représenté par des symboles : la colombe (Mc 1, 10), la tempête, les langues de feu (Ac 2, 2-3). Saint Jean le désigne comme Paraclet, ce qui veut dire « Consolateur » ou « avocat » (Jn 14, 15).

jeudi 25 novembre 2010

La vie…

Au moment où un ami évêque me commandait
un texte sur la vie,
une amie se mourait du cancer...
Je dédie à Liliane le texte de Norbert...



Introduction à la vie qui vient…

Toi qui entres ce soir dans le ventre de la montagne,
je t‘invite à rejoindre les entrailles de la vie,
de la tienne, d’abord, et celles de la vie elle-même :
car il n’y a que la vie pour engendrer la vie
qui continue sans cesse depuis le début,
depuis les aubes bleues des premiers matins du monde !

C’est à l’orée des choses,
- dans le silence immobile du viseur,
et pendant tous ces jours nécessaires,
sans la raison encore pour commander -
que la patience éternelle du bois qui travaille
mobilise les reins des hommes, à l’âme arc-boutés.

La route de la vie est toujours correcte quand elle conduit à la vie :
il n’y a pas de détour, c’est le chemin, le chemin parcouru !
Penser n’avance à rien, ici,
mais le poids de vie de chaque jour,
depuis l’œil qui s’allume jusqu’à l’œil qui s’éteint,
chaque jour après l’autre,
avec le seul poids de l’existence
- manger, boire, dormir, se laver, se vider,
marcher ce jour, le lendemain encore,
somme de bête humaine visitée au passage,
seul compagnonnage de la rumeur des maîtres
inlassablement fréquente !

Alerte obéissante au bon vouloir des révélations,
ellipses fulgurantes,
mémoire ensemencée par le lait de l’Histoire,
contemporaine d’élections
et des centenaires à profusion…




II n’y a pas de frontière :
c’est l’existence,
l’existence menée !
Savoir n’explique pas,
Mais l’avion, le bateau, la voiture, le train, les polices, les douanes,
entre un coup de sifflet et un dernier appel !
La longue patience du voyage,
racines vers le centre pour l’amour du milieu !

Ah ! le bord des mondes !
Investigation essentielle des gigantesques marges
aux extrêmes de nos représentations,
à pied d’œuvre pour d’autres grandes marches,
itinéraires obscurs de la naissance,
air rare des altitudes !

Oraison verticale…

La vie, la véritable ?
Oublier ce qui passe,
retenir ce qui dure,
se lier à l’intérieur !
Aimer totalement qui j’ose aimer autant !

« Toute la nuit,
j’ai cherché celui que mon cœur aime.
Étendue sur mon lit,
je l’ai cherché (!) et je ne l’ai pas trouvé !
II faut que je me lève,
que je parcoure la ville, les carrefours et les rues.
Je veux chercher celui que mon cœur aime…
Je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé… »
(Cantique des Cantiques 3.1 - 4)

Car
« Les cieux sont à moi et la terre est à moi.
À moi les nations, à moi les justes, à moi les pécheurs.
Les anges sont à moi et la mère de Dieu est à moi.
Tout est à moi.
Dieu est à moi et pour moi,
puisque le Christ est à moi et tout entier pour moi ! »
(St jean de la Croix, cf. 1 Co 3,22-23)

Si La vie est une chance, saisis-la.
Si La vie est beauté, admire-la.
Si La vie est béatitude, savoure-la.
Si La vie est un rêve, fais-en une réalité.
Si La vie est un défi, fais-lui face.
Si La vie est un devoir, accomplis-le.
Si La vie est un jeu, joue-le.
Si La vie est précieuse, prends-en soin.
Si La vie est un richesse, conserve-la.
Si La vie est amour, jouis-en.
Si La vie est un mystère, perce-le.
Si La vie est promesse, remplis-là.
Si La vie est un hymne, chante-le.
Si La vie est un combat, accepte-le.
Si La vie est une tragédie, prends-la à bras-le-corps.
Si La vie est une aventure, ose-la.
Si La vie est un bonheur, mérite-le.
Si La vie est la vie, défends-la.
Mère Teresa



Oui, défends-la
Toujours, partout, quelle que soit sa durée, sa couleur ou sa foi !
Les fleurs aussi rêvent d’érernité,
quand on les coupe, lors des fêtes,  pour en faire des bouquets !
Les bébés phoques et les tortues des sables
sont les frères et les sœurs des enfants qui éclatent
sur les mines personnelles des déserts de malheur,
irakiens et afghans,
ou qui finissent dans les poubelles et l’indifférence
dans les arrière cours terribles des cliniques
oublieuses d’Hippocrate …

Ne deviens pas celui qui s'assied près de l'âtre
et regarde le feu s'éteindre, puis souffle en vain sur les cendres mortes.
N'abandonne pas la lutte :
céder à la fatalité est la pire des fragilités humaines.

Repends toi si tu veux pour tes lâchetés,
comprends ton erreur si tu as brisé ton arc et détruit ton carquois.
Agenouille-toi dans ton temple,
tant que tu veux !
Courbe-toi dans ta mosquée,
balance-toi devant ton mur !

Mais n’oublie pas :
Toi qui m’écoutes et moi qui te parle,
nous sommes les enfants d'une même vie,
celle qui va par tous les sentiers de l’âme
en quête de l’Être de tous les commencements,
vers une main tendue à tous,
depuis l’éternité,
offrant à tous la totalité de l'Esprit !



Les ailes de l’Esprit permettent de voler

au vaste firmament de l'Amour et de la Liberté.
Faut-il que nous coupions ces ailes avant même qu’elles ne poussent
et que nous forcions la vie à naître,
à ramper comme un ver sur la terre?
La vie est un coursier de la nuit,
plus rapide est son vol et plus proche l’aurore !


Vincent Paul Toccoli, sdb
25 novembre 2010














...

lundi 22 novembre 2010

Si on avait su…

Si on avait su…
dimanche 28 novembre 2010
1er dimanche de l'Avent, année A

Textes

§          Is 2,1-5.
§          Ps 122,3-4.6-7.8-9.
§          Rm 13,11-14.
§          Mt 24,37-44.

« Je suis un survivant des camps de concentration ; mes yeux ont vu ce qu’aucun homme ne devrait
voir : des chambres à gaz construites par des ingénieurs instruits, des enfants empoisonnés par des médecins éduqués et par des infirmières qualifiées, des femmes et des bébés exécutés et brûlés par des diplômés de l’université, je me méfie donc de l’enseignement.
Ma requête est la suivante :
aidez nos élèves à devenir des êtres humains. Vos efforts ne doivent jamais produire des monstres éduqués, des psychopathes qualifiés, des Eichmann instruits. La lecture, l’écriture, l’arithmétique ne sont impor tantes que si elles ser vent à rendre nos enfants plus humains. »
Un Directeur d’école américain.

Nous autres chrétiens, nous disons que le Christ est venu ! Nous disons que nous avons cru au message des apôtres ! Nous prétendons mettre au monde, au milieu du monde, un peuple nouveau qui fait corps, et doit manifester ainsi, aux yeux de tous, que notre vérité est unité dans l’amour, ou amour dans l’unité, c’est selon l’époque et le lieu !
Et pourtant, voici que la liturgie d’aujourd’hui - à la suite de l’Écriture -, nous renvoie en quelque sorte au point de départ de l’aventure, puisqu’elle nous prescrit de raviver en nous l’attente, l’espérance et l’ouverture à ce qui vient.



Longue attente dans la foi qui remplit tout l’avant Jésus !
Cela rejoint quelque chose qui nous habite tous, souvent à notre insu : une insatisfaction de ce que nous sommes et avons à vivre. Les publicitaires le savent, qui nous annoncent sans cesse du « nouveau » ou « d’autres manières de… ». Les lendemains qui chantent ont toujours leur succès.

Laissons là le futur, le grammatical et l’hypothétique, le futur d’Isaïe et de David !
Découvrons que cette insatisfaction confuse, et qui semble souvent sans objet, recouvre en fait l’espérance de notre accès à l’homme nouveau dont parle Paul.
L’homme nouveau et terminal que rien ni personne ne puisse dépasser.
Le chemin jusqu’à nous a été fait par Jésus, le Christ, l’ultime Fils de l’homme (c’est ça l’incarnation): la réalité, c’est que c’est lui qui vient toujours vers l’homme : notre « passivité active » consiste à l’attendre et à l’accueillir.
Nous sommes ici sous le régime de la grâce ! Dans le temps de l’attente !




"Tenez-vous prêts", dit Jésus par la bouche de Matthieu.
Fort bien : mais en faisant quoi et pour quoi faire ?
Rien de particulier : la liste de comportements établie par Paul : « Conduisons-nous honnêtement sans ripailles ni beuveries, sans orgies ni débauches, sans dispute ni jalousie; ne vous abandonnez pas aux préoccupations de la chair pour satisfaire ses tendances égoïstes. »  n’est rien d’autre que de la morale ordinaire.
Quant à Jésus, on lui fait dire seulement que si les gestes sont les mêmes pour tous ceux qui pratiquent le même métier, l’état d’esprit peut être très différent. Bien des motivations sont possibles : tuer le temps, nourrir sa famille, faire de l’argent, afficher sa supériorité, réelle ou illusoire…
Certaines sont compatibles avec l’attente du Christ, d’autres non : que voulons-nous vraiment ?
Notre « type » d’attente du come back de Dieu colore tout ce que nous choisissons d’entreprendre : il nous habite même quand nous n’y pensons pas. Que ce soit la foi ou autre chose, cela peut se vivre au milieu de tous les bouleversements du monde, de tous les déluges.

En fin de compte, tout ce que nous avons à souffrir rejoint – que nous en soyons conscients ou pas -, la croix du Christ que nous incarnons même à notre insu et prélude ainsi à une permanente résurrection de nous-mêmes.

Ah !« Tenez-vous prêts !» Matthieu insiste sur le caractère inopiné de ce moment de révélation ! Paul en souligne plutôt l’imminence : « L’heure est venue (…) La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. » De toute façon, il importe de rester vigilant : on nous avertit que cela ne sera annoncé par aucun signe prémonitoire.
Ce temps – ce « Moment », comme aime à dire l’allemand en nous empruntant le mot -, n’est pas à situer au bout de « notre » temps : il touche en quelque sorte à la dimension invisible de ce que nous vivons. C’est ce que nous voulons dire quand nous affirmons la présence de Dieu dans tous nos « maintenant » ?
Ubi caritas et amor, Deus ibi est !
Dès qu’il y a amour dans nos vies, il y a présence de Dieu en nous, et de nous en Dieu.
Sinon – corollaire et collatéral -, le Christ est bien encore là, mais crucifié. Jusqu’à la fin du monde, ajoute Pascal.



La présence de la crucifixion fait toujours corps avec la Résurrection ! Nous n’échapperons jamais à la puissance qui nous fonde - et que nous, les chrétiens, appelons Dieu -, … mais ailleurs, dans cet autre monde que nous ne pouvons imaginer, mais qui est toujours là, à nos portes. Ad portas ! On ne peut en être que plus proche chaque jour qui passe…

*       *
*
Voilà donc : Jésus vient de renseigner ses contemporains – ses disciples et les autres -, sur les signes moraux ou prophétiques qui marqueront l'approche de son Grand Come back ! L’espérance prime en dépit de tout… le reste ! L’exemple du « figuier » fait florès depuis Malachie (Mal.3:17) jusqu’à Jean (21:18,19) !
Quelle allure aura la nouvelle génération issue de l’Israël historique, de l’Israël de son époque, et de l’Israël futur qui lèvera dans les temps de la fin ?
Ce (ne) pourra être (qu’) un groupe de fidèles au milieu d'une masse incrédule[1]. Ceux qui, au temps de Jésus, s'étaient opposés à lui pour le rejeter et le mettre à mort, ont subi quelques années plus tard le châtiment annoncé (Luc 21:24). A son retour, ceux qui porteront les mêmes caractères moraux que cette génération connaîtront le même sort.

Ces paroles rapportées de Jésus luisent comme une lampe prophétique qui luira dans l'obscurité avant la lumière du grand jour (2 Pi.1:19) et s'accompliront inéluctablement. Quant au jour et l'heure où se dérouleront les événements rapportés dans ces passages, ils sont inscrits dans le conseil secret du Père (v.36) (Act.1:6-7). Les croyants qui attendent la délivrance sont ainsi toujours tenus en éveil. Insouciance des incrédules et vigilance des croyants : v. 37-44.

Ainsi la génération de Noé était elle aussi – déjà -, caractérisé par l'incrédulité et l'injustice (Gen.7:1) : Matthieu ne laisse pas Jésus insister ici sur la violence et la corruption qui dominaient alors. Il relève plutôt l'insouciance de ces gens, leur recherche des jouissances terrestres, dans la poursuite de leurs intérêts et de leur prospérité. Sans inquiétude pour l'avenir, ces « impies » fermaient leurs oreilles à la voix divine (par la prédication de Noé), tandis que l'arche se construisait (1 Pi.3:19,20; Héb.11:7; 2 Pi.2:5).
On se demande bien ce qui a changé depuis ! Manque-t-on aujourd’hui, à tous les échelons de la «société » - des sociétés doit-on dire, civile et religieuse -, de ces innombrables « mangeurs et buveurs » (2 Cor.15:32) qui en sont venus à ne plus se soucier du règlement de compte qui accompagne la mort ? Pieds et poings liés à la « terre » lors du Grand Retour, et le cœur hermétiquement clos à l'évangile du royaume, ils se laisseront emporter en un instant (2 Thess.1:8,9) ! Foi versus incrédulité : seul Dieu saura distinguer, selon ses critères qui n’ont jamais été les nôtres !

Paul ne cesse d’exhorter les romains : « L’heure est venue de sortir de se réveiller. La nuit est bientôt finie, le jour se lève. Cessons le marché noir, prenons la tenue du combat de la lumière ». C'est pour ce monde insouciant, endormi, plongé dans la nuit, que le Seigneur vient comme un voleur (1Thess 5:2-7;  2 Pi.3:10).

En un moment, ceux qui n'auront vécu que pour la terre seront dépouillés de tout (v.43). Et même de la terre…




[1] Alors le SEIGNEUR dit à Ésaïe : Sors, je te prie, à la rencontre d'Achaz, toi et Shéar-Yashoub, ton fils… au nom hautement significatif ! "Shéar-Yashoub" signifie : "un résidu reviendra !"
Mais pourquoi donc ce nom donné à son fils ? Lors de son appel, le jeune homme Ésaïe avait demandé à Dieu : "Jusqu’à quand ?" (Is  6.11) Jusqu’à quand faudra-t-il avertir, parler, prophétiser ? Et Dieu lui répondit : jusqu’à la ruine de tout Israël ! L’homme de foi, pénétré de la fidélité de Dieu, comprend : de la ruine inéluctable sortira un reste du peuple sanctifié… "Un reste reviendra !" Que sera ce reste du peuple qui connaîtra l’accomplissement des promesses ? Comment sera-t-il suscité ?

dimanche 14 novembre 2010

Le Royaume du dedans

Le Royaume du dedans
dimanche 21 novembre 2010
Solennité du Christ, Roi de l'Univers

Textes
§          2 Sam. 5,1-3.

οδ ροσιν· δο δε · κε, δο γρ βασιλεία το θεο ντς μν στιν.
Et on ne dira point : voici, il est ici; ou voilà, il est là; car voici, le Règne de Dieu est au-dedans de vous. (Lc 17:21)

Quand les hommes de toutes les tribus se rendirent à Hébron, ce fut pour reconnaître à la fois que chacun était  du même sang que’ lui, et pour le plébisciter comme roi d’Israël, élu par Yahvé ! Ils s’en remettaient à l’un d’entre eux, qui avait fait ses preuves devant le hommes et devant Dieu : « Dans le passé déjà, quand Saül était notre roi, tu dirigeais les mouvements de l'armée d'Israël, et le Seigneur t'a dit : 'Tu seras le pasteur d'Israël mon peuple, tu seras le chef d'Israël. ' ».

Après tant de guerres, et avant tant d’autres, le psaume 122 - le chant de la montée vers le lieu où Yahvé a rendez-vous avec son peuple, vers Jérusalem -, résonne d’une espérance toujours remise, d’un espoir sursitaire de la paix. Les pèlerins crient leur joie, quand on leur a dit : « Montons à la maison du Seigneur ! »  et qu’ils sont parvenus devant les portes de la Ville Sainte, une ville où tout ensemble ne fait qu'un, où le droit a son siège, comme la maison de David… Alors, appelons le bonheur sur Jérusalem : « Paix à ceux qui t'aiment ! Que la paix et le bonheur règnent dans tes murs! »

C’est dans les mêmes teintes d’espérance que le pharisien Saul de Tarse, notre Paul, célèbre la continuité du royaume : ce dieu qui rendus les chrétiens capables d’avoir part à leur tour, à l’héritage du peuple choisi jadis. L’hymne merveilleuse, trésor du patrimoine mondial de l’humanité, est l’écho du psaume des montées :

Il est l'image du Dieu invisible,
le premier-né par rapport à toute créature,
c'est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre,
les êtres visibles et les puissances invisibles :
tout est créé par lui et pour lui.
Il est avant tous les êtres, et tout subsiste en lui.


Et vient alors la spécificité de ce royaume inauguré par ce Juif, fils d’une juive de Nazareth, et de l’Esprit même de Yahvé Dieu, fils de David…

Il est aussi la tête du corps, c'est-à-dire de l'Église.
Il est le commencement, le premier-né d'entre les morts,
puisqu'il devait avoir en tout la primauté.
Car Yahvé Dieu a voulu
que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total.
Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui,
sur la terre et dans les cieux,
en faisant la paix par le sang de sa croix.

La situation a du être dramatique pour tous les juifs sincères, témoins de l’apparition météoritique de ce Jésus de Galilée qu’on venait de crucifier ! Il faut se représenter la scène, à la manière des Exercices de Saint Ignace de Loyola (tous les détails !) :
ü      Le peuple restait là à regarder, muet d’horreur et d’interrogation !
ü      « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs » : c’était écrit en 3 langues sur le cartouche au dessus de sa tête : en hébreu, en latin et en grec, de façon que l’empire entier le sache !
ü      Tous y allaient de leur quolibet !
1.      Les chefs des prêtres (les curés, évêques et cardinaux de l’époque) ricanaient un peu facilement : « Il en a sauvé d'autres : qu'il se sauve lui-même, s'il est le Messie de Dieu, l'Élu ! »
2.      Les soldats aussi se moquaient de lui, comme le chat joue avec la souris, quand elle est blessée et qu’elle se traîne lamentablement sur le sol : ils lui donnaient de la boisson vinaigrée : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
3.      Même l'un des deux malfaiteurs crucifiés avec lui l'injuriait : « N'es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
4.      Tandis que l’autre le reprenait vivement: « Tu n'as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c'est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n'a rien fait de mal… Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. »
Ø      Et c’est là que tout pointait :
ü      Jésus lui répondit :
Ø      « Je te le déclare solennellement :
Ø      aujourd'hui,
Ø      avec moi,
Ø      tu seras dans le royaume. »


*     *
*
Je ne peux m’empêcher de rappeler deux citations parmi des dizaines, que les papes successifs ont cru devoir prononcer sur le royaume de France puis sur la République Française[1] :
Ø      Clément V (Bulle Rex gloriae, 27 avril 1311)
« Dans la nouvelle alliance, la France est le peuple élu de Dieu et occupe à peu près la même place qu'Israël dans l'Ancien Testament ».
Ø      Pie XII (1940, message radiodiffusé)
« La France a partie liée avec le Christ qui n'a jamais été vaincu et ne le sera jamais »

Il ne peut échapper à personne que les circonstances expliquent étonnamment ces déclarations ‘intempestives’[2] et [3] : la peur et l’appel à l’aide !
C’est pourquoi j’ai mis en exergue ce verset de Luc :
« οδ ροσιν· δο δε · κε, δο γρ βασιλεί το θεο ντς μν στιν ».
« Et on ne dira point : voici, il est ici; ou voilà, il est là; car voici, le Règne de Dieu est au-dedans de vous ». (Lc 17:21)
Qu’est-ce qu’un chrétien authentique?
  • Quelqu’un né de nouveau ou né “d’En Haut”, né d’eau et d’Esprit, c’est-à-dire né de la Parole de Dieu et du Saint-Esprit. (Jean 3:3,5)
  • Quelqu’un passé “de la mort à la vie”, qui est ” mort et ressuscité avec Christ” (Eph 2:1-10)
  • Quelqu’un qui s'est vraiment repenti sa vie passée et est sauvé par grâce, par la foi dans le Christ, et non par ses propres bonnes oeuvres. (Eph 2:8)
  • Quelqu’un qui veut être disciple de Jésus, c’est-à-dire qui, ayant reconnu Jésus comme son Sauveur personnel, et l’ayant confessé, veut aussi lui obéir comme Seigneur et Maître de toute sa vie, et veut marcher sur ses traces en pensant, en parlant et en agissant toujours plus COMME Jésus a lui-même pensé, parlé, et agi. ( Act 11:26)

Mais comment - vraiment, profondément -, réaliser qu’un chrétien, c’est d’abord un homme ou une femme qui a “déménagé” en esprit, c’est-à-dire qui a pris possession, dans le Christ, de son nouveau « domicile », de sa nouvelle « patrie », quelqu’un qui est déjà entré dans « le royaume de Dieu » ?
Il nous a ressuscités ensemble et fait asseoir ensemble avec Christ” (Eph 2:6)
Pour nous, notre cité est dans les cieux” (Phil 3:20)

Qui plus est, comment réaliser qu’un chrétien, c’est quelqu’un qui est réellement devenu “une nouvelle créature en Christ” (2 Cor 5:17): que c’est un homme ou une femme, un être NOUVEAU, en qui le Christ habite par son Esprit, et qui est désormais appelé à marcher selon l’Esprit, c’est-à-dire comme Jésus lui-même a marché, en laissant la vie de Jésus se manifester, s’incarner en lui. C’est quelqu’un dont la vieille nature a été crucifiée avec Christ ! (Gal 2:20;Eph 4:20-24;Col 3:9-10)
“J’ai été crucifié avec Christ, et ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi”
Un authentique chrétien est donc un individu NOUVEAU qui est devenu citoyen et habite un “pays” NOUVEAU: LE ROYAUME DE DIEU
Et ce, qu’il habite physiquement en France, au Japon, aux USA, dans n’importe quel pays du monde ou même en…Israël !

Pour beaucoup –d’entre nous tous -, le royaume de Dieu est perçu seulement comme un “lieu” où nous serons plus tard, c’est-à-dire au ciel, avec Jésus, pour l’éternité: c’est une réalité céleste qui ne concerne pas aujourd’hui nos affaires sur la terre. Pour d’autres encore, le royaume de Dieu sera établi physiquement sur la terre au retour de Jésus à Jérusalem (?), quand il viendra régner pour mille ans, et que nous régnerons avec Lui, selon les prophéties…
Certes, tout cela est juste et vrai, mais partiellement seulement.
Pour d’autres, il nous appartient d’établir le royaume de Dieu sur cette terre avant le retour de Jésus, et là, c’est certainement faux et contraire aux Ecritures.

Mais avons-nous vraiment conscience de la réalité concrète du royaume de Dieu, ici et maintenant, dans notre vie ?
“Le royaume de Dieu est au dedans de vous” ( ou encore “au milieu de vous”).


Oui, le royaume de Dieu est une réalité concrète sur la terre aujourd’hui pour chacun de ceux et celles qui sont devenus chrétiens par cette nouvelle naissance qu’est le baptême dans la mort et la résurrection du Christ.
Il consiste dans le règne effectif de notre Seigneur Jésus-Christ dans le cœur et sur tout l’Être : (ce que nous sommes) corps et âme - c’est-à-dire pensées, émotions, volonté- et esprit ; règne aussi sur nos actions et comportements (ce que nous faisons) qui dépendent de ce que nous sommes et de la manière dont nous percevons ce que nous sommes dans le Christ.

A mesure que Jésus étend véritablement son règne sur ma vie, et dans chaque domaine de ma vie, dirigeant tout mon Etre, c’est-à-dire à mesure que je lui obéis et lui suis vraiment soumis, le royaume de Dieu s’étend au-dedans de moi ! Et à mesure que son règne s’étend au-dedans de moi, son règne s’étend autour de moi ! Chacun d’entre nous est appelé à être, sur cette terre, un ambassadeur du royaume de Dieu. (2 Cor 5:20) “Que ton règne vienne !”

Toute nouvelle naissance marque son entrée dans le royaume de Dieu par une « porte étroite nommée Jésus ». Mais jour après jour, le chrétien apprend à devenir un véritable disciple de Jésus-Christ, son Sauveur et  son Seigneur, qui est le ROI de ce royaume. Pour cela, jour après jour et même instant après instant, le chrétien apprend à suivre « le chemin étroit », c’est-à-dire notamment il apprend à “ne plus se conformer au monde présent (ou au siècle présent) mais à se  laisser transformer par le renouvellement de son intelligence, c’est-à-dire de ses PENSEES - afin de pouvoir discerner la volonté de Dieu : « ce qui est bon, agréable et parfait » (Rom 12:2).




[1] Citations des papes sur la Mission divine de la France
[2] Ce n'est finalement que le 16 octobre 1311 que le concile de Vienne, présidé par Clément V, commence ses travaux. 300 évêques et abbés étaient convoqués, mais il n'en vint que 114, surtout italiens et français. Les conclusions des commissions pontificales diffèrent cependant de ce que désire le roi et son gouvernement: l'Ordre du Temple doit être réformé et non aboli. Plusieurs évêques ne sont pas convaincus de la culpabilité des Templiers et penchent dans le même sens. Ils voudraient les entendre se défendre. Ne voulant pas s'opposer ouvertement au roi, Clément V va atermoyer pendant plusieurs mois.
Au printemps 1312, les membres du concile apprennent que Philippe le Bel est à Lyon avec son armée. Prenant peur, ils acceptent alors tout ce que le pape décrète. Par la bulle Vox in excelso du 22 mars 1312, celui-ci supprime purement et simplement le Temple, bien qu'il ne le condamne pas. La bulle Ad providam du 2 mai décrète que les biens du Temple passeront aux mains des Hospitaliers. Enfin, une troisième bulle, datée du 6 mai, annonce que le pape se chargera du jugement des dignitaires de l'Ordre. - Le concile de Vienne prend officiellement fin le 11 mai 1312.
[3] Les Allemands envahissent la France. Débâcle et exode des civils qui fuient l’armée allemande. Plus de sept millions de personnes sont sur les routes.