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lundi 23 mai 2011

DE L'ESPRIT POUR LA ROUTE

DE L'ESPRIT POUR LA ROUTE

Sixième dimanche de Pâques Année A
29 mai 2011

Lectures :
  • Actes 8,5,..17
  • Psaume 65
  • 1 Pierre 3,15-18
  • Jean 14,15-21


Y aurait-il des réserves d’ Esprit Saint, comme il y a des recharges d’encre pour les stylos ou de gaz pour les briquets ? Histoire de pouvoir stocker en cas de pénurie ou de hausse des prix !

Il ne semble pas être assimilable à un liquide dont on pourrait mesurer la quantité et appréhender le manque.

Pourtant, s’il est déjà reçu au baptême, pourquoi est-il – de nouveau – (re ?)donné spécialement dans la confirmation ? Pourquoi  intervient-il aussi  dans tous les autres sacrements, … et encore à bien d'autres occasions ?


D’abord soyons clairs sur la 1ère lecture :
-          le baptême reçu par les Samaritains n’est pas celui de l’Eglise Catholique et le nôtre
-          et l'imposition des mains par les apôtres n’est pas sa confirmation.
puisque le récit des Actes précise lui-même que « l'Esprit n'était encore venu sur aucun d'entre eux » (Ac 8,16).
De toute façon, rappelons que les Samaritains étaient considérés comme des hérétiques par les Juifs, et inversement. (On se souvient du dialogue de Jésus avec la Samaritaine à propos de sanctuaires différents : Garizim et Jérusalem !) : et comme ils repoussaient Jésus, ils ne pouvaient pas en conséquence recevoir immédiatement l'Esprit Saint : il fallait que la réconciliation soit ratifiée par les apôtres Pierre et Jean. (Le conflit était très ancien : Ez 37). Et comme aussi rien n’est neutre, il est  « intéressant », troublant même,  de rencontrer ici les mêmes apôtres qui réali­sèrent le fait de la résurrection de Jésus en voyant son tombeau vide (voir Jn 20,1-10).

Un constat donc : l'Esprit Saint ne peut pas être accordé en dehors de la communion : pour être accordé, il suppose un minimum d'accord avec Dieu et avec les autres...  Cet Esprit est donné pour fortifier le Corps Organique : c’est un Esprit de Corps ! Ce n’est pas un kit per­sonnel : la prétention de Simon le Magicien - qui aurait voulu acquérir l'Esprit Saint à prix d'or – est très éloquente (voir Ac 8,18-24). Sans humilité, obéissance ni désir de réconciliation et souci de communion : difficile de le recevoir ! Bref un consentement volontaire et actif, l'Esprit ne peut guère intervenir.



L'Évangile développe le même thème en associant étroitement : amour, fidélité aux commandements et don de l'Esprit. « Si vous m'aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c'est l'Esprit de vérité. » Directement proportionnel !

Alors nous découvrons la constante question : Quels ont donc, fondamentalement, « les commandements du Christ » !  L'énoncé en est si simple, pourtant ! Et néanmoins si … difficile à réaliser au jour le jour ! Il s'agit de la conjonction des deux grands commandements en un seul, à savoir « vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12). Et le Christ précise bien comment aimer en vérité : « Celui qui a reçu mes commande­ments et y reste fidèle, c'est celui-là qui  m'aime (Jn 14,23).       

Comment faire pour que l'obéissance soit l'expression de l'amour ?
Comment vivre pour que loin d'être une contrainte, elle soit source de la véritable liberté - puisqu'elle est censée ouvrir largement au don de l'Esprit ?
Comment devenir capable de croire que l’amour – crucifiant – pour les autres, n’est pas une mutilation de notre être propre, mais le moyen le plus sûr de notre propre accomplissement. ?



S’il est vrai que l'Esprit agit d'autant plus et mieux qu'il rencontre des êtres accordés au projet de Dieu, alors quel est le projet de Dieu sur moi, avec moi, pour moi ? Quelle sa volonté, c’est-à-dire quelles sont ses « impulsions » (Ac 5,32 à ne pas confondre avec mes « pulsions »

L’alternative est théoriquement claire : l'Esprit est-il pour moi
-          une force d'appoint pour mes projets
-          ou celui qui me rend capable d'accomplir ce que Dieu attend de moi (voir Jn 14,12) ?
À quelques encablures de la Pen­tecôte, il serait  bon d'approfondir mon adhésion à ce Christ (encore) neuf de la Résurrection, de me laisser configurer – encore chaud et malléable - à son agir pour me disposer (me rendre dispos !) à recevoir son propre Esprit ! Ce serai louper le cochée (encore une fois ?)

Revenons à la question initiale : si nous avons déjà reçu l'Esprit Saint, pourquoi le demander encore ?
Eh bien, je répondrais :
-          le reçoit-on jamais assez ?
-          est-on jamais sûr de l’avoir reçu ?
-          Ne vaut-il pas mieux deux fois qu’une ?
-          Et le rab, alors ? ça existe, non ?

Recevons-le donc pour autant que nous sentons en avoir besoin…
-          Baptême, confirmation,  pour commencer certes !
-          Et puis, tout au long de la traversée : réconciliation, eucharistie.
-          Pour certains, un jour : mariage, sacerdoce.
-          Et pour tous, en fin de croisière : le dernier, pour le havre !


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