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lundi 20 juin 2011

Une seule sorte de pain

Une seule sorte de pain
26 Juin       Saint Sacrement
13ème DTO

Questions
l          Dt 8, 2-3.14b-16a
l          147, 12-13.14-15.19-20
l          1 Co 10, 16-17
l          Jn 6, 51-58



L'Eucharistie est censée réaliser l'unité : elle en est le signe, le sacrement.
Il y a un moment précis, dans la messe, qui devrait attirer notre attention, car nous disons alors une parole énorme, qui pourrait/devrait  avoir des conséquences extrêmes dans notre vie.
Ce moment - aussi imperceptible qu'important -, c'est quand nous recevons le pain sur notre main ou sur notre langue.
Le ministre dit : " Le Corps du Christ ",
et nous répondons " AMEN ".



Ce simple petit mot AMEN, exhalé dans un souffle à peine audible, "en dit beaucoup plus qu'il n'est gros!"  : il signifie tout ensemble foi, promesse et défi.
C'est ce sens que nous fêtons aujourd'hui, en ce jour consacré au Corps et au Sang du Christ,
"Amen!" Oui , je crois.
Oui, je crois que ce petit morceau de pain est vraiment le Corps et le Sang du Christ.
Oui, je crois que c'est lui, le Christ, qui fait de nous tous un seul corps, une seule famille. "

Personne ne comprend parfaitement la grande doctrine de l'Eucharistie, et ce petit Amen que nous prononçons - simples fidèles et théologiens, prêtres et évêques, et jusqu'au pape... c'est notre façon à nous, peuple de Dieu, de dire oui à ce que les grands savants de la religion expliquent si mal dans de si gros livres.
Parce que cela est "inexplicable"!

Ce grand mystère de notre foi veut tout simplement nous dire ceci :
" Nous sommes unis, nous faisons un avec Jésus lui-même."
Et encore plus que cela :
"Nous sommes unis, nous, tous les baptisés,
nous formons un peuple, une communauté,
avec toute la famille des enfants de Dieu,
celle d'hier, d'aujourd'hui et de demain! "

Alors il y a des conséquences colatérales!
Dire Amen au Corps et au Sang du Christ veut dire que nous voulons former un seul corps avec lui,
et que nous nous engageons à entretenir ce corps, à le renforcer, à le réparer s'il est brisé, et surtout à lui garder son unité.
Cadeau du ciel, certes, l'Eucharistie n'en est pas moins aussi un devoir et une responsabilité de toute une vie chrétienne!



Aucune maille d'un filet ne doit céder, sinon la pêche s'en échappe.
Et aucune maille n'est plus importante que les autres.
La tâche du pêcheur, c'est de contrôler son filet et de le réparer si c'est nécessaire.
Aujourd'hui il y a tellement de réparations à faire, vu l'état déplorable des filets, qu'il faut se demander si le temps n'est pas venu d'investir dans un filet neuf, quel qu'en soit le prix.
On continuerait de se servir des vieux filets pour les pêches côtières ou de rivières, de mares et de ruisseaux.
Mais pour la pêche hauturière, pour la pêche en eaux profondes, décider d'utiliser d'autres filets venus d'ailleurs!
Dans l'économie globale de la mission, nos magasins européens et occidentaux on été dépassés par ceux des pays émergents qui possèdent d'autres techniques de fabrication et d'autres savoir faire : le "made in China" surpasse désormais le "made in Rome"!

La meilleure façon d'assurer que nous ayons un bon filet chrétien - dit-on encore! -, serait de pratiquer la charité, d'être serviable envers les autres, de promouvoir les personnes plutôt que de chercher la petite bête noire à leur égard, et de défaire leur réputation!
Certes! Cela ne peut pas faire de mal! Et c'est bien ce en quoi consiste cette économie de proximité propre aux communautés locales!

Mais Jésus n'a pas eu à passer de Jérusalem à Rome: ses disciples, oui!
Nos grands parents... dans la foi, n'ont pas eu à compter avec la mondialisation, nos parents oui, et nous, qui sommes leurs enfants!

Il ne suffit plus d'aimer le prochain comme soi-même: mais le lointain!
Et apprendre à le connaître, à l'aimer, et à se livrer à une mutuelle adaptation!
Être chrétien ne peut plus se réduire à une façon d'être et de vive occidentale!
Être chrétien, c'est enfin devenir "catholique", c'est-à-dire "universel"!

Ainsi, à chaque fois que nous entretiendrons des relations fortes et saines avec un être humain de l'autre bout du monde, nous renforcerons et nous agrandirons le nouveau filet de l'Église, et nous prendrons au sérieux - seulement alors -  l'ordre du Christ de garder, et surtout de faire, l'unité dans un monde nouveau!



Mais peut-être - c'est-à-dire certainement ! - avant de faire des réparations ou/& d'investir, il faut absolument savoir pourquoi notre vieux filet est en si mauvais état.
Parmi les maux qui menacent le plus notre Église ou notre communauté,
il y a les préjugés, vous savez, ces opinions toutes faites d'avance que nous avons sur les gens, avant même de bien les connaître, avant même parfois de connaître les circonstances qui entourent leurs actions ou les conditions dans lesquelles ils vivent depuis bien plus longtemps que nous, parfois!. Et ce, qu'ils soient proches ou lointains!
Sous quelque  forme que ce soit, les préjugés et les jalousies affaiblissent l'intelligence et l'esprit et peuvent même détruire une communauté locale, nationale ou mondiale.
Une forme particulière de préjugés - qui sévit plus que jamais dans l'Eglise et qui prépare - piano ma forte !- sa perte, c'est d'ignorer les autres membres de la famille humaine, et de croire "mordicus" que notre "way of life" est le seul valable, et de droit divin, encore plus que romain!

Tout le monde s'éloigne de l'Eglise, qui peut encore courir!
Oh, elle aura encore son rôle à jouer - et tant qu'il y en aura !-, auprès des croyants immobiles - ou immobilisés en phase quasi terminal: personnes âgées, handicapés, marginalisés sociaux...



Mais, pour les jeunes, c'est fini! C'est comme s'ils n'existaient que le temps des JMJ!
10 jours tous les 4 ans!
Fini le filet communautaire et paroissial: fini le grand poisson de haute mer!
Il reste la petite friture qui n'est pas négligeable, mais...
L'Eglise devient un continent émergent...

L'Eucharistie de ce jour a beau redire - comme chaque année -, le désir de Jésus d'être avec nous, d'être tout près de nous, et même d'être en nous, c'est-à-dire de nous accompagner dans nos profondes peines comme dans nos grandes joies.
Oh oui! Il veut vraiment partager toute sa vie avec nous, en nous livrant son Corps et son Sang.


Si l'Église est un peuple en marche, si Dieu lui donne quotidiennement des vivres pour le chemin, ce n'est pas pour s'installer dans quelque auberge et pour stocker le ravitaillement! Du pain, il n'y en aura peut-être pas toujours, car les boulangers en ont assez de travailler en vain et de voir leur production délaissée voire bradée!

Je connais une boulangerie qui offre plus de 150 sortes de pains!!!
En vend-elle plus? Je ne sais! Je n'ai jamais fréquenté que la plus humble des boulangeries, celle où l'on demandait "du pain", sans avoir à préciser plus, car il n'y en avait qu'une seule sorte!

Panen quotidianum da nobis hodie!


Le Christ n'est qu'une seule sorte de pain

ce pain de vie qui n'ignore pas la mort, mais s'en sort!

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