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lundi 29 août 2011

Les douleurs de l'amour

Les douleurs de l’amour

04 sept
23ème DTO

Textes
  • Ez 33, 7-9
  • Ps 94, 1-2.6-7.8-9
  • Rm 13, 8-10
  • Mt 18, 15-20


« S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. »

Encore faut-il que j’aie envie de lui parler, et qu’il écoute !
Conditions difficiles à remplir en même temps !
Ce serait pourtant l’accomplissement parfait de la loi, cet « amour-là » !
Le vie spirituelle, c’est certainement la participation totale au mystère de Dieu, dont on dit qu’il est amour, et que cet amour se concrétise dans son désir d’accueillir tous les hommes, tous !
De toujours donner une seconde chance 


C’est certainement aussi ça, la grâce : elle permet à l’homme faible, limité et pécheur de communier à l’éternité, à la perfection, à l’Amour.

Il ne s’agit pas ici d’affectivité ni d’éprouver nous-mêmes quelque sentiment. C’est une « passion » objective, dans la distance entre la faiblesse et le devoir, la claire vision de la place de chacun dans une relation qui varie sur le curseur de la paix et de la guerre, de l’amour et de la haine…

Le souci du bien véritable, du salut, de la vie !
La manifestation de l’amour de Dieu pour les hommes - et pour nous en particulier -, n’est pas d’abord de l’ordre affectif : elle est constituée par sa volonté de sauver notre existence.
Aimer, pour Dieu, c’est ainsi vouloir et agir dans l’intérêt de l’humanité. Dieu veut le bien de l’homme, son bonheur, sa vie. : le bien de tous les hommes.
Aimer, pour Dieu, c’est faire vivre et entretenir la vie !
Alors : Croître dans l’amour de Dieu - et dans l’amour fraternel, sa conséquence -, c’est prendre (soudain !) conscience de cet appel à la vie divine, et désirer que tout homme y participe. C’est pourquoi, la véritable charité ouvre à et débouche immanquablement sur une co-responsabilité pour leur bien qui se manifeste à son tour par un souci de l’autre. Et plus loin,  par la prière commune qui fait que nous « faisons le plein » ensemble à la source de l’amour véritable qu’est Dieu : « station » toujours ouverte !



Aussi, la charité ne se mesure pas à l’aune de nos sentiments pour telle ou telle personne, telle ou telle catégorie sociale. Ce type d’amour se vérifie dans une volonté mise en œuvre pour le bien, le bonheur, l’intérêt vital de l’autre.

Aimer comme Dieu aime, vouloir, et agir dans l’intérêt de l’autre, pour son salut, revient à ce que saint Jean de la Croix appelle l’union des volontés. Nous, nous aimons, non pas pour partager narcissiquement de beaux sentiments, « dans un délicieux tennis » mondain, mais pour nous tourner et croître ensemble vers l’amour véritable, CAD Dieu !
Gardons-nous pourtant de verser dans la tyrannie et de pervertir l’amour ! Manipulation et instrumentalisation sont toujours là à nous guetter ! Il n’est pire despote que celui qui prétend connaître, à la place de l’autre, quel est son intérêt sous prétexte que l’ « ON » connaîtrait la volonté de Dieu : les inquisiteurs – grands ou petits (les pires !) -, ne sont pas tous morts ! Qui suis-je, pour juger a priori de la conduite de l’autre ?




Trois critères que Jésus lui-même demande d’absolument respecter.
1. « Écouter… »
Même celui qui a péché demeure un « frère » auquel je peux parler ; parler pour qu’il « écoute ». Demander à entrer dans la manière d’écouter et de parler du Christ.
2. « Délier »
Tout acte a des conséquences. Tout péché engendre des suites, visibles ou invisibles, des filets qui tiennent prisonniers. Il est donné à l’homme la capacité, proprement divine, de délier les péchés. Quels liens me lient ? Comment pourrai-je les délier ?
3. « Deux ou trois »
Jésus souligne cette puissance fondamentale d’une vraie communion. Dès que au moins deux de ses disciples sont vraiment unis pour « demander », il est là. A fortiori s’ils sont plus de deux ! Pour « se mettre d’accord », il faut sans doute parler et aussi… écouter mon frère et… notre Père à tous…

Le frère à qui je souhaite faire une remarque n’est pas moins enfant de Dieu que moi, et autant que moi il a la capacité d’accueillir la lumière de Dieu et d’entendre sa parole. Je suis comme lui en chemin vers un dieu d’amour.
Sans la mise en œuvre de ces trois critères, toutes nos démarches de correction fraternelle ne seront que des tentatives d’imposer mon point de vue limité et partiel et ne pourrait se prévaloir d’être ni juste ni vrai.

Le scandale se révèle être moins le conflit ou la rupture que le découragement ou l’acceptation de la situation, du statu quo !
La clef pour sortir de cet enfermement ?
On n’en sort pas à moins de pardonner, jusqu’à 77 fois 7 fois !

La foi comme l’amour est plus forte que le mal et que la mort ! « Faut l’faire » pour comprendre !
C’est d’ailleurs peut-être cela l’originalité de la foi chrétienne : cette capacité (d’où nous vient-elle ?) à reconstruire, à restaurer l’amitié et la communauté.

Sans cesse ! Ad astra per aspera ! Car la blessure nécessite un temps plus ou moins long de cicatrisation : et même alors, l’endroit reste toujours sensible !


*    *
*

Un jour d’été que je me trouvais à camper avec les jeunes de mon aumônerie dans les montagnes de Corse, nous fîmes halte dans la fraîche petite église de Costa Et nous remarquâmes une petite statue, dans la nef, à gauche, au-dessus d'un pilier, dans une niche vitrée. J’appris qu’elle avait été offerte en remerciement d’une grâce reçue.

Marie est blessée par sept glaives qui s'enfoncent dans sa poitrine et forment autour d'elle une sinistre auréole ! Elle lève vers le ciel un regard suppliant et plein de confiance.
C'est Notre-Dame des sept douleurs !
Les jeunes furent saisis et moi avec eux !




En silence chacun contemplait : une légende détaillait les douleurs de Marie !
-         La première douleur, qui annonce toutes les autres, est la prophétie de Siméon dans le temple de Jérusalem.
la deuxième : La fuite en Egypte
- la troisième : La disparition de l'Enfant Jésus au Temple de Jérusalem
- la quatrième : Le portement de Croix
- la cinquième : La crucifixion
- La sixième : La déposition de Croix
- la septième : La mise au tombeau.

On fête Notre Dame des Douleurs le 15 septembre, le lendemain de la fête de la Sainte Croix, ce qui est normal, non ?, puisque la plus grande douleur de Marie fut de voir son fils sur la croix !


lundi 22 août 2011

Dis-moi comment tu penses…

Dis-moi comment tu penses…
28 août
22ème DTO



Textes :
-         Jr 20, 7-9
-         Ps 62, 2.3-4.5-6.8-9
-         Rm 12, 1-2
-         Mt 16, 21-27

« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »




Voilà que tout va re-commencer ! Quand « on » rédige cela, « Pierre, les Douze », c’est déjà l'Eglise depuis des dizaines d’années déjà, au coeur de l’empire. Mais comme on "rapporte" le passage du Maître sur la Terre, on met dans sa bouche ce que l’Eglise a dû prendre comme initiatives et décisions. Et l’une d’elles – car tout le monde se fait vieux et va mourir ! -, a consisté à assurer la suite… des temps et des… institutions !

Il ne suffit pas de reconnaître Jésus une seule fois dans notre pèlerinage terrestre : surtout si c’est seulement avec des mots de catéchisme et  de théologie ! Qu’on ne comprend pas toujours ! : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux
Nos re-commencements sont continuels. Nous croyons avoir compris la Parole de Dieu, avoir suivi Jésus, et au détour d’un chemin, voilà un obstacle, toujours le même : Passe derrière moi Satan ! Il nous faut en effet marcher derrière Jésus.



Et puis ce n’est toujours le moment d’en parler ! A tort et à travers ! Ou pour en dire n’importe quoi !
"Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Messie ».
C’est tellement facile de « dire » !
Quant à le suivre, CAD « faire comme il a fait »…

C’est précisément à partir de ce moment, que Jésus le Christ commença à dévoiler à ses disciples qu’il lui fallait
  • partir pour Jérusalem (de la périphérie au centre de l'époque),
  • souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes (remettre TOUS et TOUT en question=, et en assumer les conséquences fatales),
  • être tué (ça finit toujours comme ça !),
  • et le troisième jour ressusciter (ça, c’est le NOUVEAU !).
C’est alors que Pierre, le prenant à part, se mit à le gronder !
« Dieu t’en garde, Seigneur (c’est le comble, parce que c’est précisément le plan ! Et il n’y en a qu’un !) ! cela ne t’arrivera pas. »
La répartie est cinglante : « Vade retro Satanas ! Tu es un obstacle sur ma route »

Pourquoi ?
Voilà LA clé :

Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.

Suivre Jésus vise à (nous) donner d’expérimenter son propre rapport à Son Dieu et à ses semblables : d’apprendre à éviter toutes les compromissions avec le Menteur (diabolè : « celui qui brouille tout »), avec le prince de ce monde. C’est d’ailleurs ce que Jésus laisse entendre indirectement à Pierre.
Regardez un peu : Pierre vient de proclamer devant les autres compagnons que Jésus est le « Fils du Dieu Vivant », c’est-à-dire qu’il est Dieu lui-même !
Mais cependant il n’a pas encore compris – il ne peut pas, c’est trop NEUF ! -, quel type de chemin Jésus va emprunter.

*     *
*

L’enseignement de ce texte, rédigé deux générations après le départ de Jérusalem, a pour theologoumenon (pour but theologique), de bien (nous) faire comprendre que le chemin du pouvoir et de la puissance des hommes, n’est pas – et ne sera jamais, malgré la tentation à laquelle l’Eglise n’a pas su résister -, celui que le chrétien doit prendre !

 
 
Marcher derrière lui, c’est résolument
-         renoncer au soi
-         prendre sa propre croix et
-         et l’imiter !
Pas de compromis ni de compromission : impitoyable logique !
-         Sauver sa propre vie, c’est la perdre,
-         la perdre, c’est la garder.
-         Aucun avantage à gagner le monde entier, en le payant de sa vie :
-         Combien vaux-tu ?

Cette ardeur qui tenaille le cœur de Jésus était déjà préfigurée par le prophète Jérémie :
-         « Il y avait en moi un feu dévorant, au plus profond de mon être.

Il ne s’agit pas de se renier soi-même ou de nier la beauté de la vie : mais de mettre Dieu d’abord ! Au début et à la fin de toutes nos pensées, de nos paroles et de nos actions.
Voilà en quoi consiste une mort à notre « moi » - à l’ego -,  pour vivre d’Esprit dans la miséricorde. Travail infini, qui peut décourager !

Que Jésus est déroutant, on l’avait compris dès le début !
Son programme n’a jamais été électoral ! On doit reconnaître qu’il y a de quoi décourager plus d’un, et la bonne volonté ne suffit certainement pas.
Mai la réaction de Pierre est tout à fait compréhensible, elle vient de la distance qui existera toujours entre les exigences de la vie selon Dieu et nos vues humaines inévitablement limitées, dans l’espace temps. La condition humaine !
ü      Manque de hauteur de vue qui permet de discerner ce qui est profitable au bien commun ?
ü      Hostilité atavique à la remise en question et  au changement ?
ü      Difficulté d’ajuster notre pensée à la pensée de Dieu sur le monde ?

Il semble que la « tension », ce soit de se hisser à « la hauteur de vue » de Dieu, et adopter la règle de jeu « à qui perd gagne ».
C’est-à-dire d’admettre (???) que les valeurs du monde ne sont pas ses valeurs à lui ! Facile à dire ! De toute façon, la facilité ne peut conduire à rien de « bien », et surtout pas à marcher sur ses traces : une ascèse, en somme, qui fait choisir en tout l’essentiel de la vie.
C’est dire qu’il faut risquer et « lâcher prise », comme on aime à dire, sans trop savoir ce que c’est !
Sublime et difficile vocation du disciple !

Apprendre à regarder le monde avec des yeux toujours « autres »…




vendredi 19 août 2011

EGLISE ET WEB



SÉLECTIONNÉ PAR LE NOUVELOBS
Par Olivier Cimelière
Ex-journaliste, communicant,
Modifié le 19-08-11 à 15:07

L'Eglise catho-geek, en pointe sur le web 2.0
ÉGLISE ET WEB. L’Église catholique a visiblement compris tout l'intérêt qu'offrait l'Internet 2.0. Olivier Cimelière, communicant, nous décortique le récent ancrage numérique de la religion catholique et de ses fidèles.


Sélectionné et édité par Maxime Bellec
Crise des vocations, désertion des fidèles, messages souvent brouillés et à contretemps de l’époque, l’Église catholique peine à se faire entendre de ses croyants comme de la société civile. Pourtant, un élan de foi numérique souffle de manière surprenante sur la Toile. En l’espace de quelques mois, Vatican, clergé et pratiquants ont investi la blogosphère avec un entrain étonnant. Pour eux, moins qu’une ambition évangélisatrice digitale, il s’agit de s’ouvrir à ce que le Père Federico Lombardi, directeur de presse du Saint-Siège, qualifie de "nouvelle opinion publique, qui aide à la formation de la pensée dans l’Eglise". En route pour un petit bréviaire 2.0 des cathos digitaux !

 Le Pape Benoit XVI au square Cibeles à Madrid le 18 août 2011 (CHEMA MOYA/EFE/SIPA)

Le moins qu’on puisse dire est que le pontificat de Benoît XVI n’avait pas démarré sous les meilleures auspices communicantes. Déclarations choquantes sur l’épidémie de SIDA en Afrique, commentaires maladroits sur l’avortement d’une petite fille brésilienne violée par son oncle, levée hâtive de l’excommunication des prêtres intégristes et autres boulettes du même acabit, ont tôt fait d’affubler le successeur de l’emblématique Jean-Paul II, du délicat surnom de "Panzer Pape".

Bulle dogmatique contre bulle médiatique

Autant de postures qui ne militent pas pour cultiver l'image d'une Église ouverte sur le monde et son évolution. Autant d’obstacles pour convaincre des gens pour qui Dieu est une question fondamentale, mais qui refusent l’aspect identitaire et communautaire fermé sur lui-même. Au point même de générer ce que d’aucuns ont appelé la "catholicophobie", dont les scandales pédophiles dans l’Église n’ont pas été les moindres aiguillons.

Dans les médias, les voix d’éditorialistes aussi notoires que Claude Imbert du Point, Ivan Rioufol du Figaro, Philippe Val de France Inter ou encore l’incontournable Eric Zemmour ont toutes tonné avec fièvre sur les catholiques "qui se multiplient comme des rats". En face, la réaction est l’aune des critiques violentes. Devant les attaques, le Pape réplique vertement aux médias en les accusant d’ "ignoble tentative" et de "jacasseries médiocres de l’opinion dominante" qui concourent à ses yeux à une tentative d’abattre l’Église catholique.


Le Pape Benoit XVI dans son avion vers Madrid le 18 août 2011 (GALAZKA/SIPA)

Bref, au bout de cinq ans de règne sur le Vatican, l’image du Pape et de l’Église catholique semblait plutôt destinée à continuer de rôtir dans l’enfer médiatique jusqu’à la désaffection totale. Pourtant en avril 2010, un collectif d’intellectuels français catholiques décide de réagir en publiant dans Le Monde, une tribune sans concession sur la nécessité de sortir du bunker dogmatique dans lequel le clergé se calfeutre. Sous leur plume, on peut notamment lire ce constat inflexible : "Ne pas avoir le courage de demander pardon et ne pas s’engager à faire les modes de gouvernance dans l’Eglise, c’est ouvrir la porte à l’emballement des accusations et des fausses justifications, à l’enchaînement des rancœurs sordides, à la désignation des boucs émissaires."

A la même époque, le philosophe allemand Richard David Precht enfonce encore plus fermement le clou contre ce déni caractérisé de la papauté. Selon lui : "Dans les sociétés démocratiques comme les nôtres, nous tolérons de plus en plus difficilement ces systèmes dictatoriaux, et le décalage ne va faire que s’accentuer. A mon sens, la papauté se trouve dans la même situation que le socialisme d’État sur sa fin : soit elle reste dogmatique et les gens s’enfuient, soit elle essaie de se réformer."

Aide-toi et la Toile t’aidera !

C’est à l’orée de 2010 que les questions et les initiatives vont alors affleurer de plus en plus pour desserrer l’étau communicant dans lequel la hiérarchie vaticane semble s’être auto-verrouillée. Directeur du pôle Recherche du collège des Bernardins à Paris, Antoine Guggenheim décrit fort pertinemment l’enjeu de communication que doit désormais relever l’Église pour ne pas tomber dans une impasse :

"Ce qui touche les chrétiens d’abord et préoccupe des 'cadres' de l’Église, c’est l’usure du tissu paroissial : la couverture du territoire n’est plus assurée (…) D’ailleurs, l’observateur extérieur est davantage frappé par le désengagement culturel de l’Église sur plusieurs décennies et la diminution de son rôle social (…) L’on perçoit à certains signes que ce grand corps historique et universel, témoin de la 'résurrection' qu’est l’Église, invente un nouveau régime de présence. Les circonstances semblent favorables pour une nouvelle rencontre entre la raison et la foi."

De fait, la communication papale va marquer un net infléchissement en avril 2011 pour les célébrations de Pâques. Pour la première fois, Benoît XVI se prête volontiers au jeu de la télévision au cours d’une interview sur la chaîne italienne RAI Uno. Une interview bâtie via les milliers de questions envoyées par des téléspectateurs, et sur des thèmes sensibles et sans aucune complaisance. L’exercice apparaît alors convaincant d’autant que la salle de presse du Vatican s’empresse d’être au diapason de la nouvelle ligne en ouvrant un tout nouveau portail d’information en ligne en mai 2011 baptisé News.va.

Ce portail se veut le point d’entrée fédérateur de toutes les canaux d’information du Vatican, des plus classiques comme l’Osservatore Romano, Radio Vatican aux plus modernes, comme ces espaces informatifs ouverts sur Twitter, Facebook, YouTube, FlickR et cerise sur le gâteau, accessibles sur iPhone et iPad. Rien de moins !


Capture d'écran de la chaîne Youtube de Jean-Paul II

Une conversion numérique qui ne s’arrête pas aux fils d’information à destination des journalistes et de la communauté chrétienne. Le 1er mai 2011, la cérémonie de béatification du pape Jean-Paul II est retransmise en direct sur la célèbre plateforme de partage vidéo YouTube. Plus de 70.000 personnes se connectent pour suivre l’événement. Pas mal pour cette première numérique grandeur nature ! Dans la foulée, 150 blogueurs catholiques sont conviés au Saint-Siège pour les conseils pontificaux en charge de la communication et de la culture pour échanger les points de vue et la nécessité des catholiques d’être présents sur la Toile. Ce qui fait d’ailleurs dire au prêtre néerlandais Roderick Vonhögen que "si le Christ revenait, il serait blogueur. Je veux être un berger pour ceux qui en ont besoin, et non pour ceux qui en ont déjà".

Les missionnaires débarquent sur le Net

Les voies du Seigneur ont en tout cas vite bifurqué sur les autoroutes du numérique. Déjà en juin 2010, l’Église catholique de France avait conçu un ambitieux plan de communication pour tenter d’enrayer la crise des vocations et le nombre en chute libre d’ordinations de prêtres. Cela s’était notamment traduit par la création d’un site Internet baptisé "Et pourquoi pas moi.org" et d’une page Facebook dédiée. Une démarche qu’assume pleinement l’un des responsables de l’opération, le père Olivier Plaincassagne (9) : "Cette démarche n’est pas immédiatement vocationnelle mais elle permet aux jeunes de voir que les prêtres ne sont pas des gens hors du monde."


Capture d'écran de la page Facebook "Et pourquoi pas moi ?"

Depuis, l’usage du digital a fait florès, et nombreux sont les hommes d’Église à manier avec autant de dextérité le goupillon que le clavier. Un des précurseurs dans le domaine est le jeune abbé Pierre-Hervé Grosjean. Il explique ce qui l’a conduit à créer son blog intitulé Padreblog.fr (10) : "C’était au moment des prises de position de Benoît XVI sur le préservatif. Le message était brouillé, les analyses présentées dans les médias pas toutes compréhensibles. Bref, ils ne savaient plus quoi croire". Aujourd’hui, le site accueille en moyenne 20.000 visiteurs et s’est même enrichi de deux nouveaux abbés contributeurs, pour alimenter et mettre à jour les différentes rubriques.

Dans le même registre, le père Izarny, pourtant âgé de 78 ans à l’époque n’a pas hésité un seul instant lorsqu’il s’est agit de lancer Cybercuré il y a plusieurs années. A l’heure actuelle, le site comptabilise plus d’un million de connexions par an et le père s’amuse toujours autant : "Je fais du journalisme religieux. On m’a beaucoup consulté sur le baptême républicain mis en place par la mairie de Paris. Certains se demandent s’ils peuvent se faire débaptiser ou si on peut confesser par téléphone ou Internet."


Capture d'écran du site Cybercuré

Un "Ave", un "Pater" et… Twitter !

Twitter est également devenu un instrument de foi. L’évêque de Soissons est ainsi devenu le premier "twittévêque" de France en se lançant dans le microblogging depuis janvier 2011. En 140 signes, il s’efforce de partager des méditations quotidiennes. Pour lui, "c’est un vrai travail de haïku et je souhaite avant tout être incitatif, non pas impératif". En juin, il avait recueilli 220 suiveurs. Actuellement, il a allègrement franchi la barre des 500. Pas mal comme rythme pour des hommes d’Eglise souvent perçus comme rétrogrades ! Plus étonnant encore est le fil Twitter ouvert par "Le Confesseur". Via le hashtag #jeudiconfession, il invite chacun à venir déposer ses réflexions, ses aveux et ses confessions sur la Toile. Près de 950 pénitents digitaux ont déjà souscrit à ce confessionnal du Web !

Les pratiquants ne sont pas en reste pour également pratiquer leur foi sur la Toile. On ne compte plus les initiatives qui foisonnent çà et là pour insuffler la bonne parole ou même mobiliser pour recueillir des dons nécessaires à la rénovation d’un monastère. D’autres comme le site Révélateur.org ont choisi de construire une Web télé faisant une large part à l’humour pour partager leur message chrétien.

Plus oécuménique encore, le site fort justement appelé OecuMenic.com propose à chaque membre de se créer un profil et de poster des intentions de prière au-delà des différences spirituelles et religieuses. Antoine Bordier, l’un des fondateurs, détaille son approche (13) : "Le réseau social apporte un supplément d’âme (…) Nous voulons redonner du sens à la relation humaine. Cela passe par affirmer ses convictions comme la foi. D’où l’idée de regrouper tous les croyants sur un même réseau en ligne."


Capture d'écran du site OecuMenic.com


Le web 2.0 constitue probablement une opportunité unique de décorseter et libérer la parole religieuse, trop longtemps kidnappée par une certaine hiérarchie cléricale rigoriste et peu au fait des évolutions sociétales. Le fait de constater la floraison abondante de sites, de blogs et de réseaux sociaux en tout genre peut représenter un véritable intérêt, tant pour les croyants qui s’interrogent, que pour les prêtres qui ont du mal à toucher leurs ouailles.

Il reste à voir si le Vatican saura poursuivre sur la lancée numérique qu’il a lui-même amorcé il y a quelques mois, et se débarrasser enfin de cette gangue dogmatique qui rebute plus d’une personne.
Auteur parrainé par Daphnée Leportois

mercredi 17 août 2011

Le chemin de l’impossible

Le chemin de l’impossible

21 Août
21ème DTO

Textes
-         Is 22, 19-23
-         Ps 137, 1-2a.2bc-3.6 et 8bc
-         Rm 11, 33-36
-         Mt 16, 13-20


C’est l’une des premières questions jamais posées aux siens les plus proches par Jésus : « POUR LES GENS, QUI SUIS-JE ? ». Il devait bien se demander ce que ses compagnons pouvaient bien entendre sur son passage. Cela, sans l’inquiéter (encore que…), devait bien le préoccuper un peu,  si tant est qu’il avait une mission, et que cette mission, il n’avait pas l’éternité pour la mener à bien : puisqu’elle devait se passer sur terre !



Pour les gens que nous connaissons nous-mêmes, que disent-ils de Jésus qu’en principe le chrétien reconnaît comme l’envoyé et le fils de dieu soi-même !
Oui, que dit-on de Jésus autour de nous : à l’école ? au lycée ? au travail ? en famille ? entre amis ?
Que dit-on de Jésus ? Rien peut-être?...
Pas possible !
Oh ! Alors ! Si nous n’entendons jamais prononcer le nom de Jésus autour de nous…, C’est déjà une réponse…


C’est donc que Jésus est le grand absent, celui dont on ne parle pas, auquel on ne fait jamais allusion… jamais référence.
Celui qui n'est pas là...
Nous le savions déjà. C’est donc bien vrai : l’indifférence est bien la première religion de France… De France seulement ?
Vous imaginez le défi que cela constitue pour l’Eglise et sa « plus grande fille » !

Quand l’indifférence règne, comment donner le goût de croire ?... Comment offrir la chance de croire ?

Jésus ne laisserait-il pas tout le monde indifférent ?
Les medias vont/ont rapporter/é que des centaines de milliers (un ou deux millions - ?! - de « jeunes » et de « moins jeunes » seront/se trouvaient[1] à Madri(d) ! Evènement intéressant ! JPII lance l’ « affaire », BXVI ne peut que suivre… sinon, où va-t-on ?
Supposons (pourquoi pas ?) que beaucoup de ces « pèlerins » new style de tous les âges, soient sinon des « croyants », au moins pour la plupart, en tout cas, des « chercheurs de Dieu », comme on a baptisé « les indécis devant l’Eglise Catholique Romaine ». Quand on aime à rapporter ce qu’ils en disent – retour chez eux -, les commentateurs religieux ont un vocabulaire très diplomatique, très romain : les « jeunes » auraient "une parole en liberté et pourtant en fidélité" !
Ce « et pourtant » « en dit bien plus qu’il n’est gros », diraient les Femmes Savantes…


C’est comme les cafés philo : pourvu que les participants aient prononcé un mot - même si c’est n’importe quoi !-, l’animateur (et les autres ?) se réjoui(ssen)t parce que « un tel » a « parlé » !

JMJ & JO : même combat? L’essentiel est donc de participer !?
Eh bien, si c’est comme ça, alors il n’y a qu’à « faire Eglise universelle » tous les 4 ans ! Les anciens grecs de l’amphictyonie l’avaient « institutionnellement » bien compris : célébrer la paix une fois tous les 4 ans, suffisait amplement pour « rendre grâce aux dieux » (eucharistein) et à se reposer  (repos dominical) des guerres intestines permanentes (création, décréation, recréation)... qu'on reprendrait sitôt la clôture !

Dis-je que ce sera la seule voie ? Non ! Les « maison sont multiples chez Dieu » ! (Multas mansiones apud Deum). Heureusement!
A la question : « Que dit-on de Jésus autour de vous ? », certains hebdomadaires chrétiens, occasionnellement, rapportent de « sublimes » réponses ! Sub-limes justement, car elles dépassent (sub) le seuil (limes) du tout venant, de l’homme de la rue, de vous et de moi en définitive !

Ø     Quand ce couple de viticulteurs déclare :
« Nous n’aurons jamais trop de notre vie entière pour remercier Jésus de nous avoir fait connaître le vrai visage de Dieu et de nous donner la force de remplacer la vengeance par le pardon et l’amour ».
Ø     Un cadre de 40 ans : « Je demande à être baptisé. Je me tourne vers Jésus car il est celui qui a prononcé, il y a 2000 ans, des paroles inouïes et je sais que rien ne peut être dit de meilleur ».
Ø     Un enfant de 8 ans : « Jésus, il aime tout le monde, même les voleurs. »
Ø     Ou une mère de famille : « Marie-Madeleine avait vu juste, au matin de Pâques, en prenant Jésus pour le jardinier, car il en a l’entêtement, la patience, la délicatesse, l’indéracinable espérance, la moindre pousse, la plus fragile, le mobilise tout entier. Regardez le s’émouvoir, prendre du temps, se compromettre avec des « moins que rien », avec des « pas grand-chose », une samaritaine, une pauvre veuve, un publicain Zachée, une femme adultère, un pauvre larron. Que serions-nous devenus mes amis, si Jésus n’était pas passé par là ! »
Ø     Ou enfin ce prêtre enfin qui raconte qu’il a reçu en début d’année une lettre de vœux : « Bonne reprise et merci à cause de votre « faible » pour Jésus ». Il ajoute : « En effet, j’ai un faible pour Jésus et il me semble que d’année en année, ce « faible » devient de plus en plus fort. »
Bien sûr que l’on pourrait continuer…

Mais – me semble-t-il -, l’intérêt de la question de Jésus réside dans le fait qu’elle se pose à propos de ce que pensent ceux qui ne le suivent pas. Et
- pas forcément ceux qui savent le mieux parler,
- pas forcément ceux qui disent le plus de choses,
- pas forcément les endroits religieux les mieux étiquetés.
La réponse de ceux - des centaines de millions d’hommes et de femmes,  des 6 milliards -,  à travers le monde qui donnent leur réponse (quelle réponse?) dans la vie de tous les jours, à la maison ou au travail, comme dans les mille dévouements qui soutiennent les grandes causes.

Il y a des choses que l’on ne ferait pas pour un million de dollars ! « Moi non plus ! » dira-t-on ! Ce que l’homme ne ferait pas pour de l’argent, même beaucoup d’argent, Jésus l’invite (INFORMELLEMENT) à le faire par amour !

*       *

*

La deuxième question de Jésus « POUR VOUS, QUI SUIS-JE ? » a du retentir si fort que les mouches de Césarée de Philippes ont dû elles-mêmes arrêter de voler et faire silence pour entendre la réponse des douze compagnons !
Un silence éloquent fut la seule réponse !
Et ce n’est pas moi qui vais le leur reprocher !

Parce que la réponse dogmatiquement hyper correcte de Simon/Pierre :


Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant

fut rédigée après 2 ou 3 générations (années 80) par la Communauté Primitive (Jérusalem puis Rome) - qui depuis les années 40/50 a quitté la Palestine pour la capitale de l’empire, et -, a eu le temps de voir les coreligionnaires juifs de la diaspora la rejeter : les judéo-chrétiens encore là, et les pagano- chrétiens qui deviennent de plus en plus nombreux ont alors récupéré légitimement ce qui leur revient
-         du dieu qui s’est révélé à Israël  (le Dieu Vivant)
-         de son envoyé (le Christ / Messie qu’ils reconnaissent en Jésus de Nazareth = là est le 1er point de rupture définitive)
-         et dont ils font la 2nde Personne – le Fils de Dieu -, de la Trinité avec l’Esprit (2nd point de rupture définitive)

Nous avons ainsi affaire à une anticipation définie du futur - ou un futur anticipé - dans le récit de l’histoire : au choix ! Ce qui amène Matthieu (16,16) à attribuer à Jésus - dans les années 80 - une formule de fondation adressée au Chef, Pierre,  de l’Eglise naissante

Tu es Pierre et sur cette « pierre » je bâtirai mon Eglise !

Why not ?

Mais de même que jadis à une telle question les apôtres auraient pu répondre par un simple et merveilleux aveu d’amour de Jésus : Toi qui sais tout, tu sais bien que je t’aime !, nous-mêmes sommes invités PERSONNELLEMENT  à donner notre réponse ?

Tu es chrétien, tu portes mon nom, qui suis-je pour toi ?

Est-ce que je compte pour toi ?
Qu’est-ce que je représente pour toi ?
Qui est Jésus pour moi qui suis prêtre ?
Pour vous, qui, en ce moment, vivez peut-être des semaines éprouvantes ou bien, au contraire, vous qui avez la chance d’être comblé de bonheur ?
Ou qui êtes à Madri(d)…

Ah, le silence !
Personne ne peut répondre à notre place : ni le catéchisme, ni la théologie, ni le Pape…Ni Madri(d)…
Cela ne relève pas du registre sentimental. La foi n’est pas de cet ordre-là !
Ni non plus registre intellectuel. Tout le monde n’est pas théologien !

Le fils d’un dieu vivant attend une réponse vitale : CAD "des paroles et des actes" (c'est le sens du mot hébreu 'dabar')  montrant une vitalité de vie
·        un chemin… même au-delà de la mort,
·        un pardon… même au-delà du tolérable,
·        une espérance … même au-delà de l’échec :
·        au-delà du bien et du mal,
-         non pas sous forme de « nihilisme » (à la Nietzsche),
-         mais dans un élan de vie telle que tout ce qui est même « du lait de la tendresse humaine » (Shakespeare = the milk of human kindness) devienne insuffisant !
Plus d’insupportables discours, mais en acte et en vérité.

Camarades, vous vous rappelez ce que nous écrivions (j’en étais !) sur les murs de la Sorbonne en 68 :

Soyez réalistes, exigez l’impossible !

J’ai l’impression que c’est quelque chose comme ça !

… Mais je me trompe certainement, car je vois que l’Eglise – à la différence patente de son maître -, ne sait aller que le chemin des possibles !



[1] J’écris le vendredi 5 août

jeudi 11 août 2011

LE CIEL A UN COEUR

LE CIEL A UN COEUR

15 Aout
Assomption

Textes
-         Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab
-         Ps : 44, 10bc.11.12ab.16
-         1 Co 15, 20-26
-         Lc 1, 39-56


La fête de l'Assomption est un jour de joie : car Dieu a vaincu, l'amour a vaincu, la vie a vaincu.
L'amour est plus fort que la mort : Dieu possède la véritable force : une force qui est à la fois  bonté et amour.



Depuis que Marie a été élevée au ciel, corps et âme, nous savons qu’il y a une place en Dieu,
-         non seulement pour l’immatériel de l’âme – voilà qui n’est pas surprenant et ne nécessite qu’une compréhension « logique », même sans adhésion ! -,
-         mais aussi pour le matériel de la chair ! Comment ? Voilà qui exige la démarche de la foi qui dépasse la logique et la raison pratiques !

« Le ciel » n'est plus pour nous un domaine « très » éloigné et inconnu : ce n’est plus un « domaine réservé !
De plus, nous y avons désormais une mère, la Mère de Dieu lui-même, la Mère du Fils de Dieu, notre Mère selon ce que Jésus lui-même est rapporté avoir dit à Jean : "Voici ta Mère!". Le ciel a un coeur.

Le Magnificat, cette grande poésie, est un portrait, une véritable icône de Marie et où se reflète toute sa personnalité
La 1ère parole : « mon âme "magnifie" », fait affirmer par Marie, fille des hommes, ce désir que Dieu soit grand dans le monde, soit grand dans la vie de chacun, soit présent parmi nous tous. Les hommes n’ont pas à avoir peur que Dieu puisse être un "concurrent" dans notre vie, qu'il puisse ôter quelque chose de notre liberté, de notre espace vital, quelque grand qu’il soit ! Cette parole affirme que si Dieu est grand, nous aussi, nous sommes grands. Notre vie n'est pas opprimée, mais élevée, élargie augmentée : ce n'est qu'alors qu'elle devient grande dans la splendeur de Dieu.
Le péché est là : un Dieu trop grand pourrait ôter quelque chose à notre vie. Alors mettons-le de côté pour avoir de la place pour nous-mêmes, et, pourquoi pas, toute la place !


La grande tentation de l'époque moderne, des trois ou quatre derniers siècles, a souvent suivi cette dérive, estimant que "Dieu ne nous laisse pas notre liberté, et rend étroit l'espace de notre vie avec tous ses commandements. Dieu doit donc disparaître; nous voulons être autonomes, indépendants. Sans ce Dieu, nous serons nous-mêmes des dieux, et nous ferons ce que nous voulons".  Les mythes, depuis l’Eden et Babel jusqu’à Zarathushtra et Big Brother  ne cessent de raconter, à l’endroit et à l’envers, la même parabole que, précisément et paradoxalement, c’est en vertu même du fait d'être en relation avec (un) Dieu, que l’homme est "libre". Rompre, s’en éloigner, c’est se rendre esclave de tout ce que l’homme met à la place de Dieu, c’est consumer la substance de sa vie et courir à la ruine…

Si être moderne, c’est mettre Dieu de côté pour acquérir une autonomie d’autosuffisance (nos seules idées, notre seule volonté, faire ce que bon nous semble sans que personne ne nous donne aucun ordre), c’est ne pas vouloir voir là où Dieu disparaît, que l'homme ne devient pas plus grand et qu’il perd au contraire sa dignité proprement divine, la splendeur même de Dieu sur son visage.  A la fin, l’homme n'apparaît plus que le produit d'une évolution aveugle ou d’un déterminisme historique, et, en tant que tel, il peut être utilisé, instrumentalisé, usé, abusé et remisé…
L'expérience de notre époque le confirme chaque jour dans les scandales surmédiatisés du pouvoir, du sexe et de l’argent, nouvelle Trinité de mort, qui comme un Baal saturnien, dévore ses propres enfants



 Ce n'est que si Dieu est grand que l'homme est également grand.

Avec Marie, nous devons commencer à le comprendre.

Rendre Dieu présent, faire en sorte qu'Il soit grand dans notre vie, c’est en quelque sorte nous diviniser, car alors nous revient en partage toute la splendeur de la dignité divine. C’est pourquoi il est si important et terriblement urgent que Dieu soit grand « au milieu de nous » (uper hémon = Luc), dans la vie publique et dans la vie privée, pour que nous poussions suivre une orientation, une route commune. Nous constatons bien qu’autrement les différences deviennent inconciliables, car alors n'existe aucune véritable reconnaissance de notre dignité commune.

Laisser chaque jour un espace à Dieu dans notre vie publique et privée ! Réserver le temps de Dieu ! On peut rêver ! Ce le fut un temps par la force ! Il est plus difficile de le faire par adhésion libre ! Au travail, donc !



Comment, comme la Marie que le peuple a chantée, être « chez soi » - pour ainsi dire -, dans la Parole de Dieu ? Vivre de la Parole de Dieu, c’est d’abord la connaître ! En être pénétrée, c’est parler et penser avec les paroles de Dieu, et en faire ses propres paroles, en être imprégné : en somme, devenir familier l’un de l’autre !
Comment, comme la Marie que le peuple a chantée, être illuminé par la lumière intérieure de la sagesse ? Peut-être que penser avec Dieu, c’est  penser « bien », et parler avec Dieu, c’est  parler « bien », c’est acquérir des critères de jugement valables pour toutes les choses du monde. C’est devenir savant, sage, et, dans le même temps, bon. C’est enfin devenir fort et courageux, par la force même de Dieu qui résiste au mal et promeut le bien.

Parlons avec Marie ! Entrons avec elle dans le grand "temple" de la Parole de Dieu, et avec elle, apprenons à l'aimer !

Ainsi l’Eglise affirme que Marie est élevée corps et âme à la gloire du ciel, et, avec Dieu et en Dieu, elle est Reine du ciel et de la terre.
Ces paroles ronflent un peu ! Mais comment dire les choses qu’on ne peut prouver sauf dans l’adhésion de la foi : CAD ensemble, du cœur et de l’esprit ?

C’est de "de l'intérieur" que le choses se vivent : beaucoup de nos contemporains sont devenus sourds et muets parce qua la vie qu’ils mènent a fini par les vider de toute substance personnelle et de toute  sensibilité à l’immatériel ! Quand on leur parle des choses de a terre, ils y croient peine, comment pourraient-ils croire ceux qui leur racontent le choses du ciel ?