vendredi 16 décembre 2011

D'une année à l'autre...



Chers amis du Godblog!
Ces jours de grâce, je serai en Drôme Provençale en SAMU pastoral...
Mais pour ne pas interrompre votre consultation du blog,
je vous livre en une fois vos 4 homélies 
- du 24 et du 25 décembre, et
- du 31 décembre et du 1er janvier!

Que Dieu vous bénisse!
Père vp
 
  
La mémoire vivante de la fidélité


24 Dec Nuit
Nuit de Noël



Textes
-          2 Sam. 7,1-5.8-11.16.           
-          Ps 89(88),2-3.4-5.27.29
-          Act. 13,16-17.22-25.
-          Lc 1,67-79.


Voici cette nuit deux chants qui se répondent l’un l’autre comme en écho : le «Cantique » de Zacharie » et le « Magnificat » de Marie. Tous deux remercient Dieu :
- la jeune mère de Nazareth le remercie pour ce qui lui arrive de merveilleux, à elle ;
- le dernier prêtre de l’Ancien Testament des Juifs, et père de Jean Baptiste, le dernier prophète, le remercie de ce qu’il a réalisé pour tous les enfants d’Abraham tout au long de leur histoire.

« Rempli de l’Esprit Saint », Zacharie résume en un seul verset l’œuvre du « Dieu d’Israël » : « il a visité son peuple pour accomplir sa libération ». Depuis la Genèse et le drame mystérieux des origines, Dieu est parti à la recherche de l’homme et n’a eu de cesse de multiplier ses approches de sa créature, par prophètes interposés : il est un dieu de miséricorde. Ne s’était-il pas engagé par serment avec Abraham, le père de tous les croyants et sa descendance à jamais ?

Or avec la naissance du fils de Zacharie et d’Elisabeth,  Jean Baptiste, ce « petit enfant, qu’on appellera prophète du Très-Haut », le temps de l’accomplissement est enfin arrivé. C’est à lui en effet qu’il appartient de « marcher devant Jésus pour lui préparer le chemin », pour le désigner comme « l’Agneau de Dieu qui prend sur lui toute la misère du monde » (Jn 1, 29).

Désormais, même si les hommes, nous-mêmes, sommes encore dans la nuit glauque de la peur et de la précarité, - ou plutôt : même si le jour de l’espérance commence à peine à déchirer les ténèbres de notre doute, nous ne sommes définitivement plus seuls ! Nous avons l’assurance et nous pouvons enfin croire fermement que Dieu, en son fils Jésus, marche à nos côtés : Emmanuel !

Enfin nous est venue cette « force qui nous sauve » et que Dieu, le Père de tous les hommes, a fait lever dans la maison de Joseph, fils de David. Ce Jésus qui vient est l’« Amen » - l’ « OK ! » -, de Dieu, la promesse tenue, l’Alliance scellée « à la vie, à la mort », le gage et la garantie de la fidélité du Dieu Tout-Puissant.

A notre tour, après Zacharie et Marie, de remercier Dieu pour toutes les interventions victorieuses par lesquelles il nous a déjà manifesté la tendresse de son Cœur, dans notre vie personnelle, comme tout au long de l’histoire des hommes. Oh ! les nôtres furent certainement des « visitations » très discrètes : comme une personne que l’on ne remarque que de dos, une fois qu’elle est passée, et que seulement alors nous nous rendons compte que nous ne sommes plus les mêmes qu’avant son passage … Car « lorsqu’il passe, Dieu nous abrite de sa main jusqu’à ce qu’il soit passé. Puis il la retire, et nous ne le voyons que de dos : son visage, personne ne peut le voir » (Ex 33, 22-23).

Luc nous dit que Marie, “gardait tout ce qui lui arrivait et le méditait dans son cœur” (Lc 2, 19) : comme une mémoire sanctuaire de son histoire personnelle avec Dieu !
Essayons de faire de même avec toutes ses visitations dans la nôtre, de vie ! Rappelons-nous, dans le silence débordant de quelques minutes de méditation quotidienne,  toutes les libérations, les guérisons et les résurrections qu’il a déjà accomplies en nous, quasi à notre insu, dans la discrétion de sa tendresse et de sa miséricorde.
Ainsi pourrons-nous nous aussi le célébrer sans crainte, dans la foi et la justice, chaque jour de notre vie !
Ainsi pourrons-nous chanter sans fin son amour, en transmettant à nos enfants le message de sa fidélité (d’après Ps 88).




La cité de Dieu
25 Dec Matin
NOËL

Textes
-          Is 62,11-12.          
-          Ps 97(96),1.6.11-12
-          Tite 3,4-7.
-          Lc 2,15-20




Dans un raccourci formidable, digne du maître du barreau de Carthage, Augustin déclare qu’il y a un rapport de similitude entre Jésus et Marie : l'un et l'autre sont la cité de Dieu.

Car la cité de Dieu – ce royaume du hors temps -,  tant annoncée et attendue dans la Bible d'Israël, donne d’une certaine façon « naissance » à Marie – comme on arrive après toutes les tempêtes d’une traversée  turbulente, à un port abrité et sûr ! Dans une métaphore très « chouraquienne »,
-          Marie est celle qui nous montre dans sa personne humaine et maternelle, « les entrailles matricielles » de la miséricorde du Dieu Père,
-          comme Jésus, en  tant qu’envoyé par Dieu, incarne dans sa personne humaine et filiale, « les entrailles matricielles » de l’humanité d’un Dieu devenu homme.
L'un et l'autre nous montrent l’ « issue », côté divin et côté humain. Continuons dans la métaphore et l’allégorie chrétiennes :
-          l’un et l'autre nous font voir l’ « issue » (Ps 85, 8),
-          et engendrent la nouvelle Jérusalem – c’est-à-dire une humanité nouvelle qui nous réintroduit au Royaume de Dieu.

Similitude encore, car l'un comme l'autre – et comment en serait-il autrement ? - vivent de la plénitude de Dieu :
-          Jésus, dans son « unique » être même – une seule personne -, qui depuis « le commencement sans commencement », est dans le Père et le Père en Lui ;
-          Marie qui dès son « origine », et sans le savoir, fut « comblée de la grâce divine».
Similitude : l'un et l'autre sont nés de Dieu.
-          Jésus comme Dabar, Logos, Verbe est sans commencement mais comme Fils, est engendré par l’Esprit de Dieu et né d’une femme.
-          Marie, comme ventre de Dieu, est née, dès son commencement, et par grâce, de l'Esprit même de Dieu.
Tous deux sont, pour ainsi dire, des «conceptions» du Père, l'un dans l'éternité de son être et l'autre, par grâce, dès le commencement de son existence. 

Semblables, analogues l'un et l'autre : mais non interchangeable !
-          Jésus, le « sans commencement », le « non-créé », est dans son être même dans le Père et le Père en Lui.
Semblables, analogues mais non identiques !
-          Marie est certes depuis son commencement, née de Dieu, née pleine de grâce : mais par pure grâce.
   
Augustin – encore lui ! -, en parlant de Noël, le qualifiait de jour mémorial des noces de Dieu et de l'humanité. Jour nuptial, en effet :
-          le Christ Dieu s’unit véritablement à l’humanité sans rien perdre de sa divinité ??? 
-          Marie se voit véritablement épousée par Dieu (la preuve ? Le fruit de ses entrailles !), introduite dans le monde de la Trinité, sans rien de l'imperfection humaine ???

.Mystères…

Jésus et Marie n'ont existé dans le temps que pour et par un Autre, par le don mutuel de leur vie.
Cela peut-il engendrer - dans la foi et en nous aussi -, une union de la sorte?  Dans un sermon sur Noël, le grand mystique Maître Eckhart a cette réflexion :
-          Dieu engendre son Fils dans une âme parfaite.
-          Il dépose ainsi l'enfant à l'intérieur [de cette âme] pour qu'elle l'engendre plus avant à l'extérieur [dans nos vies].
-          Marie - comme Jésus -, nous donne tout et en tout temps de voir
§         ce qui nous est arrivé un jour du temps
§         et ce qui nous arrive quand nous méditons ces événements dans nos cœurs (Lc 2, 19).

Comment faire naître dans les cœurs, par l'éducation et la transmission, un Dieu « désirable », un Dieu «présentable», un Dieu « assez fou pour nous épouser » ?

Autrement dit : comment remettre en lumière la priorité de Dieu ? Et qu’il existe ! N’est-ce pas la manière dont je garde et cultive sa Parole qui pourrait engendrer Dieu dans mon cœur?








Familles, je vous aime !

30 Dec
SAINTE FAMILLE

Textes
-          Sirac 3,2-6.12-14
-          Ps 128(127),1-2.3.4-5
-          Col 3,12-21
-          Lc 2,22-40.




Noël se fête en famille ! Et quand cela est impossible – voyage, guerre, grève, etc.  . -, eh bien l’homme trouve le moyen de rassembler ceux qui « traînent par là » loin de chez eux pour marquer d’une façon ou d’une autre, cette « réunion » que la tradition occidentale a transmise depuis 2000 ans, en tout cas depuis que le Poverello, Francesco d’Assisi, en inventait la forme vivante, depuis le village du Greccio, bloqué par la neige, en décembre 1223. il réunit le village autour du nouveau-né de la nuit et de ses parents !

C’est une fête de rencontres et de retrouvailles où l’on transmet, de génération en génération, les traditions et les rites qui expriment la vie, l’attachement, les bonnes relations, les valeurs du groupe.
Je me suis trouvé plus dune fois, bloqué sur ma route : un aéroport, une gare ! A minuit, les micros déversaient du « Stille Nacht », et les buvettes servaient gratis… Tout le monde soudaine se « connaissait », on s’embrassait même !

C’et pourquoi cette « fête d’aujourd’hui » s’intègre parfaitement dans le cycle de Noël. C’est au 17e s. qu’une vénération spéciale de la Sainte Famille s’est développée, grâce à Mgr. François de Montmorency Laval (1623-1708), le premier évêque de Québec : la famille étant un environnement privilégié, il en a fait la promotion et, à partir de l’Amérique du Nord, cette fête a été adoptée un peu partout dans le monde.

Avouons que nous connaissons peu de choses – et même rien ! -, sur la vie familiale de Marie, Jésus et Joseph. A part la fugue retentissante de Jésus ! Les rapports des évangiles semblent plus intéressés à l’intégration de cette famille dans le peuple d’Israël qu’aux détails de leur vie quotidienne : qui ne devait pas être bien différente des autres familles de Nazareth. Marie et Joseph accomplissent fidèlement la loi de leur peuple. La famille de Jésus est socialement si bien intégrée (coutumes et traditions, rites et fêtes) que personne ne la remarquait !

Et ce n’est pas un hasard que, selon Luc, ce ne sont pas les autorités officielles – les prêtres et les scribes -, qui, le jour venu,  reconnaissent Jésus, mais des gens ordinaires, des « anawim », des prolétaires. Et les personnages de Syméon et d’Anne sont des «vieux» : ils appartiennent à cette catégorie que toute société a tendance à oublier et à ne pas respecter.  Mais eux, à travers les années, au lieu d’accumuler les désillusions et les déceptions, ont accumulé l’espérance, attendant «la consolation d’Israël, la lumière qui éclaire les nations et la gloire du peuple de Dieu».

Si la liturgie d’aujourd’hui veut nous présenter la « sainte famille comme modèle à suivre », alors, elle ne prétend à rien de bien extraordinaire : c’est une famille normale avec ses peines, ses joies, ses amitiés, ses rejets, ses rames... Comme la vôtre !

On peut imaginer ( !) que Marie et Joseph ont été de bons parents, de bons éducateurs : Jésus, en tout cas, leur doit toute sa formation. Il restera toujours « le fils du charpentier ». « Il leur était soumis et grandissait en âge et en sagesse », entouré d’amour et de respect.
On peut imaginer ( !) que Jésus a appris de sa famille l’honnêteté, le respect des autres, la sincérité, le civisme, la foi, la prière, la justice, l’amour, l’esprit de service et la joie de vivre.

Il semble qu’aujourd’hui, la famille passe souvent au second rang... Ce sont les gouvernements, les pouvoirs publics, les systèmes scolaires et les médias qui contrôlent la croissance et l’éducation des jeunes... Il n’y a pas beaucoup de place pour la famille dans les programmes politiques.

Nous avons trop oublié que la société vaut ce que valent les familles qui la composent.  Il est pourtant certain psycosociologiquement que notre façon d’être, de penser, d’agir, d’aimer, d’évaluer  les personnes et les situations, nous viennent en grande partie de nos parents.

On prête à Sophocle la remarque : « Ce qui est bon pour la famille est bon pour l’État. » S’il a raison, il y a du travail sur la planche !
Des deux côtés…


The future's not ours to see


01 Jan 2012
SAINTE MARIE MERE DE DIEU

Textes
-          Nb 6,22-27.


 
C’est toujours à la fin d’une année et le commencement d’une nouvelle année, que nous saisissons plus facilement la réalité du temps qui s’écoule : cela vaut encore plus pour les ans de nos âges… Et le rythme des saisons nous indique que plus passent nos printemps, plus le temps nous glisse entre les doigts avec rapidité.
Notre âme est de sable…

Que nous apportera 2012?

Que sera sera,
What ever will be, will be,
The future's not ours to see,
Que sera sera

http://www.youtube.com/watch?v=SdhAfMor9BM

C’est au son des bouchons de champagne et des feux d’artifices que l’on célèbre son arrivée à Sydney, Tokyo, Beijing, Hong Kong, Moscou, Berlin, Paris, Londres, New York ! Tout comme dans les mégalopoles misérables de leurs banlieues : mais avec du mauvais vin, du crack ou de la dope meurtrière…

Les chrétiens participeront à de très belles célébrations, illuminées, de la plus petite bourgade au cœur des cathédrales, avec mêmes des « crèches vivantes »…, vivantes parfois seulement, du seul silence et de la foi méditative qui caractérisent Marie dans l’évangile d’aujourd’hui : «Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son coeur.»

In tempore opportuno : faire notre bilan d’année qui s’achève et planifier celle qui commence.
Vous savez sans doute que le mois de janvier, le premier mois de l’année, a pris son nom du dieu romain Janus, un dieu à deux visages : l’un qui regardait en arrière, vers l’année qui se termine et l’autre qui scrutait l’avenir. Janus est donc resté le symbole des bilans et de la planification.

Le bilan des années qui se terminent sont rarement très positifs. 2010 ? Guerres, tremblements de terre et tsunamis, feux de forêts, actes de terrorisme, enlèvements, meurtres et assassinats, crise économique sans précédent, pertes de millions d’emplois, danger de pandémie, scandales sexuels, politico financiers et corruption, etc. Un listing qui rappelle les listes de péchés pour la confession de jadis ! Toujours autant, toujours les mêmes !

Le bilan que nous dresserons peut-être de nos réalités quotidiennes ne sera guère plus reluisant, bien qu’au plan personnel nous soyons plutôt « disposés » à reconnaître avec « bienveillance » qu’il y a eu – et même beaucoup ! - du positif mêlé à l’aspect négatif.
Notre vie n’est pas facile ! Peut-être avons nous vécu des séparations, des divorces, des décès, des accidents, de la maladie, une perte d’emploi, de la solitude. Heureusement qu’il y a eu aussi des rencontres familiales, des fêtes d’enfants, des pardons accordés et les réconciliations qui ont suivi, des visites à l’hôpital pour rétablir notre santé, la naissance d’un enfant, le succès dans notre carrière.

Chacun de nous a ses raisons pour rendre grâce ! Alors faisons-le, que DIANTRE !

En  ce début d’année – comme au « début de tout commencement ! » -, c’est l’espérance qui nous convainc de croire que nous pouvons changer quelque chose en nous et autour de nous, de croire que le bonheur est possible pour nous. L’espérance, c’est l’écologie du désir ! Elle oriente résolument vers une plus grande plénitude !
Regarder en arrière est utile, mais pas plus ! Laissons les morts enterrer les morts !
Il est bien plus important de regarder en avant, de projeter notre regard vers l’avenir, comme on dit ! « Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? »

Car la vie, c’est aller de l’avant, pour compléter ce que nous n’avons pas encore réussi à réaliser. La vie, c’est recommencer avec un coeur neuf là où nous avons peut-être échoué dans le passé. La vie, c’est bâtir « du bon et du beau » (« kaloskagathon, disaient les grecs).

Celui qui dit : «À mon âge, je suis trop vieux pour changer !», est déjà mort !
Si la Bible témoigne de quelque chose, c’est de ces multitudes de personnes âgées qui ont réorienté leur vie. Tout le monde peut/doit prendre de « bonnes » résolutions en début d’année. Même si – je le sais mieux que quiconque – je n’en réalise que 10% !
Mon père disait : Il n‘y a pas de petit bénéfice ! J’essaye.

C’est par là – et pas autrement -,  que Dieu peut transformer notre existence, la pacifier, la guider, la faire chanter. « Aide-toi et le ciel… ! ». Il dépend de moi de rendre ma vie plus abondante, et à entreprendre l’année 2012 dans la joie et dans la confiance.

Alors, oui, je vous dis : «Que le Seigneur te bénisse et te garde! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix!»

Avec cette …, « grâce »  à cette bénédiction de début d’année, engagez-vous dans l’avenir avec confiance et sérénité. Continuez à vivre le plus pleinement possible, à tirer le meilleur parti du temps qui vous est (encore !) offert, faites confiance à demain et recommencez avec un coeur neuf là où vous avons peut-être échoué l’année dernière !

Le premier de l’an, c’est le temps des nouveaux départs : A vos marques !

Bonne et heureuse année 2012
à chacune et à chacun d’entre nous,
chère lectrice,cher lecteur,
chers amis !

Père vp







L’impossible recule devant celui qui avance.
Ella Maillart

La lumière a grondé dans l'éternité bleue,
inaugurant, dans sa trajectoire originaire,
l’espace insoupçonné inventé par le temps.
Quelque chose est bien né au‑delà du principe !
Un début s’est inscrit dans l’Histoire
pour balbutier la patience des devenirs de l’homme.

Des routes ont jailli de la gloire,
engendrant des ères de fulgurances
le long desquelles s'organisera ce qui toujours advient.
Le vide n’était donc ni obscur ni si froid
‑l'océan interstellaire d'où a surgi la première âme,
la masse d'eau noire qu’irisait le souffle,
le chaos qu’on croyait aveugle, amorphe ni muet,-
la vie soudain a lui de toutes les couleurs !

Les destinées alors s'ignorant, se choquant, se métamorphosant :
l'orchestre des existences
- comme autant de soleils, de lunes, et d’étoiles,
comme autant d’univers, de mondes, de comètes, de trous noirs,
ainsi que des nuées, des nébuleuses, des constellations ... -,
l'orchestre de la vie rutilant de ses variations
- désormais -
donnera souffle et rythme à l'azur confondu avec les continents,

Et voici que la terre n’ignore plus l’éternité de l’homme !
Son océan d’espoir écoute désormais la confession des étoiles !
Plus de centre, plus de frontières !
Le chatoiement du mouvement vital est la seule réponse
à l'expansion respiratoire de l'infini. !
Les années de la lumière, les siècles, les millénaires
convertissent  tout calcul en méditations !
L'Aventure de tout homme en sera désormais toujours au vernissage
qu'un big bang originaire célébra une fois pour toutes,
de générations en générations !

0 dessein secret, plus insondable qu'un mystère !
Magnificence répercutée de latitude en longitude !
0 Matrice d’amour interdisant la jauge !

Quelle amoureuse et généreuse intelligence
alluma
dans la nuit fragile et bleue de Bethléem
l’Image de sa Gloire ?


vp

dimanche 11 décembre 2011

Une maison



Une maison
18 Dec
4ème Di Avent

Textes
-          2 Sam. 7,1-5.8-11.16.
-          Ps 89(88), 2-3.4-5.27.29.
-          Rm 16,25-27
Lc 1,26-38

Voilà que David – le joueur de cithare (guitare) devenu chef de guerre vainqueur - veut construire un temple à Jahvé. Celui-ci refuse vertement. « C’est toi qui veux me construire une maison ? … Je te fais savoir que c’est moi qui t’en construirai une ! ».

Dieu n’a aucune envie de se faire enfermer dans un temple de pierre. David, lui,  aimerait construire à Dieu une demeure stable, un espace sacré … pour l’avoir à disposition, en quelque sorte ! Alors que Dieu se veut nomade avec son peuple, et qu’il veut l’accompagner partout où il se trouve. « Mon père était un araméen nomade ! », rappelle le Deutéronome !



Il est fini le temps où l’on cherchait Dieu sur les sommets, dans les nuages, dans les sanctuaires, dans les rites et les sacrifices. Oui, ce temps est fini. Fini aussi le temps des ziggurats, des pyramides, le temps où les hommes multipliaient les efforts pour s’élever jusqu’à Dieu, jusqu’à la tour de Babel ! Fini le temps de églises ? On dirait…

Le mouvement  s’est inversé ! C’est Dieu qui a décidé de venir habiter chez les hommes. Et Il se cherche une demeure. Intéressant contraste entre le projet de David sur Dieu – que Dieu rejette -, et celui de Dieu sur Marie - qui permet à Dieu d’habiter en elle : elle devient ainsi l’arche de la nouvelle Alliance, dont l’ancienne se trouvait ( ?) dans le Saint des Saints du Temple de Jérusalem … que finira par construire Salomon, le fils de David !
Mais l’histoire est en route ! Le nouveau temple de Dieu désormais n’est plus de pierre : il a un cœur qui bat, c’est le corps même de Marie ! Le corps d’une femme !

« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit habite en vous ? Le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous ! », écrira sans hésitation Paul aux chrétiens de Corinthe (l Co 3, 16-17).
Et si Luc utilise l’image de la « shekinah » (la « nuée », « l’ombre »), c’est que pour les Hébreux elle est le signe de la présence de Dieu. « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » avait déclaré Gabriel à Marie, pour répondre au « Comment ? »  délicieux de la jeune fille !
Le livre de la Genèse rapporte qu’au début de la création, l’Esprit planait sur les eaux pour donner la vie (Gn 1, 2) : c‘est ce même Esprit qui vient sur Marie et engendre en elle une création nouvelle.



Nous vivons chaque jour le temps où Dieu cherche un endroit où habiter. Il se peut, comme la dernière fois, que l’on soit obligé de constater « qu’il n’y a pas de place pour lui dans notre auberge ».
Il ne s’agit pas seulement ni absolument d’une demeure de pierre, comme le voulait David : Dieu pense plutôt à une place vivante, en l’homme. Dieu veut éviter d’être mis à part – le sacré ! -,  d’être enfermé dans un lieu « tabou ». Il a décidé de vivre dans la confusion colorée de nos vies quotidiennes. Il n’aime pas le genre de visite officielle où on ne montre pas au Chef ce qui ne va pas ! Des kilomètres de palissades cachaient au pape les tugurios misérables de Lima!

En venant à Noël, Dieu n’était pas entouré de gardes du corps ni protégé par de grandes mesures de sécurité (800 personnes, la délégation américaine pour Obama au dernier G20 de Cannes pour quelques heures ! 3 avions : Air Force 1 & 2 + un 3ème pour sa voiture blindée de 3 tonnes et demi!). Il veut être près des hommes et savoir exactement ce qui se passe sur terre, chez nous et dans le plus profond de nos coeurs. Il ne se fit pas aux itinéraires prédéterminés « pour motif de sécurité ».

Dieu ne s’est pas incarné pour fuir les difficultés de la vie. Au contraire, il est venu dans la confusion d’un recensement de l’empire, pour être l’un de nous et savoir réellement ce qui se passe dans notre monde, et le partager avec chacun.



Dieu ne veut pas être présent seulement dans nos églises (de plus en plus vides, d’ailleurs) : elles sont importantes, certes pour la « communauté chrétienne » réunie… mais Dieu veut aussi s’inviter chez nous, comme il l’a fait chez Marie à Nazareth.
Nous pourrons alors le conduire et le guider un peu partout, dans le vrai monde, dans la vraie vie, particulièrement chez ceux et celles chez qui on ne va jamais et qui ont le plus besoin d’aide : malades,  personnes âgées, jeunes au chômage ou aux prises avec les drogues, les sans travail et les sans foyer, les personnes seules, etc.

Rappelez-vous ! Dès que Marie eût accepté la proposition de Dieu, et apprenant que sa vieille cousine allait accoucher, la voilà qui se met en route illico presto, quittant son village « en hâte » pour prendre la caravane d’Aïn Karem et lui prêter assistance.

Jean écrit : « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu ». Cela se passe encore tous les jours. Qui accueille qui de façon chaleureuse ? La famille, le voisin, l’étranger ?


Le mystère de l’Incarnation n’est pas un simple anniversaire !
C’est une invitation par Dieu à partager sa propre vie.

lundi 5 décembre 2011

Le témoin de la lumière


Le témoin de la lumière


11 Décembre
3ème Dimanche de l'Avent

Textes
-          Is 61,1-2.10-11     
-          Lc 1,46-48.49-50.53-54
-          1 Thess. 5,16-24
-          Jn 1,6-8.19-28

Que dire du Baptiste, le cousin, sinon qu’avec Marie, la mère, il est la grande figure de l’Avent.

Deux dimanches chaque année lui sont dédiés : deuxième et troisième de l’attente ! Pour Jean, c’est le « témoin de la lumière », pour les trois autres (Marc, Luc et Matthieu), c’est le « prédicateur de l’ascèse et de la repentance ». 

Quant à celui qui vient, Jésus, ce sera « la lumière du monde » elle-même, l’un des thèmes johanniques privilégiés. Dès le Prologue, la voici, « la vraie lumière qui illumine tout homme venant en ce monde ». Et plus loin, Jean met dans la bouche de Jésus : « Je suis la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marche pas dans les ténèbres. » (Jean 8, 12).

Baptiste, le précurseur, est le poteau indicateur par excellence, qui donne la direction de Jésus, la direction de la lumière originaire. « Lumière née de la lumière, source de clarté, jour illuminant le jour ! », en ajoutant pour nous, nouveau peuple de Dieu en marche, aveugle parfois, vers cette lumière, que ce Jésus, nous ne le connaissons pas très bien, nous ne le connaissons pas (jamais !) assez : « Il y a parmi vous quelqu’un que vous ne connaissez pas »... L’Avent est prévu pour que nous le découvrions ou re dé couvrions un peu mieux !

Rien n’arrive de soi ! Le temps est nécessaire : entrer dans le grand et épais silence de l’attente qui veille, de la prière sans mots,  de la méditation sans représentation, de la plongée en apnée dans les évangiles… à la recherche de la personnalité de Jésus : « Où étais-tu passé, tout le monde te cherche… ! ».

Peut-être y a –t-il pire que l’athéisme, l’agnosticisme ou l’indifférence ! C’est l’ignorance, qui rejette d’autant plus catégoriquement ce quelle connaît le moins. 


Découvrir est toujours une joie, quoi que l’on découvre, même sans chercher ! A fortiori, quand il s’agit de quelque chose dont le contenu, le sens et la promesse indiquent la direction du bonheur, « de la lumière ! », pour rester dans la métaphore.

Les textes nous rapportent
Ø      la joie exultante de Marie devant les merveilles que Dieu accomplit dans sa vie de jeune fille à peine nubile !
Ø      La joie simple des bergers : « Voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple; aujourd’hui vous est né un sauveur… » (Lc 2, 10).
Ø      La joie communicative de Paul et des chrétiens de (Thes) Salonique : « Restez toujours joyeux. Priez sans cesse. Soyez dans l’action de grâce... N’éteignez pas l’Esprit. »

Une chose importante pour notre temps de foules solitaires, c’est que la découverte du Christ nous rappelle – oh ! Que nous en avons besoin ! -, que nous ne sommes plus jamais seuls, que Dieu marche avec nous (sens d’ « Emmanuel). Avec cette découverte, et presque à notre insu, voici que la vie, notre vie prend un sens et imagine un but, à travers les vicissitudes de nos joies et nos peines. Alors « Même si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal car tu es près de moi », dit le Psaume 23.

« Noël ! Noël ! ». Oui, n’ayons pas honte de nous réjouir car Noël est proche. (Just round the corner ! dit-on outre Manche !). Réjouissons-nous, parce que ce qui nous arrive n’est pas banal, et « proprement » incroyable ! Un dieu qui nous donne rendez-vous dans notre peau humaine !

Oh, les crises qui nous assaillent continuent certes à être un défi quotidien (les emplois de plus en plus menacés, la vie de plus en plus chère, les aides publiques de plus en plus chiches…), mais plus rien n’est vu comme une catastrophe ou une fatalité !
Oh, une personne aimée mourra subitement; le médecin nous informera que notre cancer est terminal ; nous vivrons une rupture définitive dans notre mariage ; un vieil ami nous laissera tomber… Ces épreuves nous frapperont certes, mais ne nous terrasseront pas !
Dieu, par son Christ est présent, fidèle, et avec nous, avec chacun d’entre nous ! C’est « ça » Noël ! L’Espérance de la Lumière et la Lumière de l’Espérance !
Quelque chose découvrir qui est déjà parmi nous et que nous ne connaissons pas.



dimanche 27 novembre 2011

Commencement

« Commencement »


2ème Di Avent
04 Dec

Textes
-          Is 40,1-5.9-11.
-          Ps 85(84),9-10.11-12.13-14
-          2 Pierre 3,8-14.
-          Mc 1,1-8.


Oui, il s’agit bien d’un commencement : celui d’une nouvelle année liturgique. Sur  un voyage évangélique de 3 ans, l’Eglise nous promène allégrement de Matthieu en Marc qui va principalement nous accompagner en 2011-2012 durant cette nouvelle année. Nous trouverons Luc l’an prochain.

Et Marc que nous ouvrons aujourd’hui commence justement par le mot « commencement », le même mot par lequel débute la Genèse, le premier livre de la Bible : « Bereshit : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ». C’est donc une  « nouvelle » qui inaugure une « nouvelle » création, une « nouvelle » histoire d’alliance : celle de Dieu et la communauté universelle des hommes.

Le dimanche, premier jour de la semaine pour les chrétiens, l’Eglise célèbre le Premier jour de la Vie Nouvelle, la Résurrection de son Seigneur qui ouvre le chemin de la Vie.
 
« Bonne Nouvelle » : ce n’est qu’une transcription du mot grec « évangile = έΰ αγγέλον » qui veut dire justement « bonne nouvelle » !
 
Isaïe ouvre le ban : « Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. » Quelle est donc cette bonne nouvelle qu’il faut crier du haut des remparts et des tours de  Jérusalem ?  C’est que le Seigneur Dieu lui-même va venir avec puissance et gloire pour ramener au pays tous les exilés, et les libérer de Babylone.
 
Pierre prend le relais : il porte la bonne nouvelle d’un monde nouveau : « Ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice ». Autrement dit, c’est la bonne nouvelle du royaume de Dieu, déjà annoncée longtemps avant, par le vieil Isaïe, royaume dans lequel, de belle façon imagée, « amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ». Et nous autres, les chrétiens, depuis Jésus, et avec ses propres mots, c’est régulièrement que nous l’attendons et le souhaitons : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ! ».

Car cette fois la nouvelle est vraiment « nouvelle » !  En effet : cette bonne nouvelle est une personne : Jésus Christ !
Qui est cet homme que Marc nous présente au début de son récit ?
« Bonne nouvelle de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu », écrit Marc ! Ce complément de nom (« de » = génitif en latin et en grec) indique
-          non seulement la propriété : cette nouvelle appartient à Jésus-Christ ;
-          mais aussi le contenu : CETTE NOUVELLE EST JESUS CHRIST !

Par ce texte qui lui est attribué – le plus ancien, vers 70 -, Marc veut justement répondre à cette question : qui est donc ce Jésus (de Nazareth, Messie) Christ et Fils de Dieu [le « sauveur », c’est le sens de son nom « Ieshouah »]. Dans un style spontané – comme une catéchèse orale -, il veut révéler progressivement le mystère de la personne de ce Jésus devenu l’amour de sa vie et dont il est le disciple à Rome avec Pierre.

(On croit savoir que c’est lui le jeune homme qui - au jardin des Oliviers où il avait suivi de nuit la bande à Jésus -, s’enfuit tout nu, en laissant le drap qui le recouvrait aux gardes du temple venus arrêter le Galiléen et qui tentaient de l’arrêter lui aussi !).

Le texte de Marc s’adresse à une communauté de païens – citoyens romains -,  convertis dans une époque de crise et de persécution à la fin des années 60 : pensez à Néron !
 
Oui, qui est ce Jésus dont nous sommes nous aussi les disciples ?


 
Ø      Il est d’abord le Christ (en grec) – Messie (en hébreu), c’est-à-dire, selon la tradition biblique, un homme consacré et envoyé par Dieu pour établir son Règne dans le monde. Contrairement à l’attente de certains de ses contemporains, Marc nous dévoilera peu à peu le vrai visage de Jésus : non pas un Messie politique et militaire mais un Messie crucifié, non pas un messie des armées mais un messie désarmé. Scandale et déception !
Ø      Il est de plus le Fils de Dieu. Plus qu’un Messie humain, ce Jésus de Nazareth est Seigneur (kurios, adonai) : il est « Dieu parmi nous » (ce que veut dire le nom d’ « Emmanuel »).

Cette double déclaration de foi – pourrait-on dire -,  en Jésus, Christ et Fils de Dieu, est exprimée plus avant dans le texte de Marc, par deux personnes différentes :
Ø      « Tu es le Christ » (8, 29) confesse Pierre vers Césarée de Philippe tout au nord du pays. (Pierre est le « patron » de Marc à Rome et le chef de l’Eglise naissante !)
Ø      « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu » (15, 39) déclare le centurion romain devant Jésus crucifié et mort à Jérusalem, au Golgotha. (C’est aux Romains d’abord que s’adresse cette catéchèse de Marc !).

Marc est un bon guide, sûr et vif : il nous met en route, dans la foi, à la suite de Jésus. L’attente de Dieu qui vient, nous dit-il,  n’est pas un temps de passivité, c’est un temps de changement (conversion) et de remise à plat (humilité). Se préparer à sa rencontre, continue-t-il, c’est faire le ménage du cœur et de l’esprit, c’est reconnaître enfin avec le Baptiste notre vraie mesure devant sa grandeur : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi ». « Dieu veut que tous aient le temps de changer», écrit Pierre, en exhortant les chrétiens de Rome de tout faire «pour que le Christ les trouve nets et irréprochables».
 
Alors ne laissons pas le souci de nos affaires entraver notre marche à la rencontre de ce Jésus de Marc, si proche et si humain ! 
Réveillons en nous cette intelligence du cœur qui est la fine pointe de l’amour ! 



Et de même que le jeune Marc a sauté de sa terrasse au passage de Jésus pour le suivre, sautons de notre quant à soi pour nous jeter dans LA VIE qui passe devant nous !