dimanche 24 juin 2012

Sts Pierre & Paul ET 13ème Dimanche du Temps ordnaire


Croire et aimer

29 juin St Pierre et St Paul

Textes
·         Act. 12,1-11.
·         Ps 34(33),2-3.4-5.6-7.8-9
·         2 Tim 4,6-8.17-18
·         Mt 16,13-19

L’itinéraire de foi et de folle passion – chacun dans son genre -, qui conduisit Pierre et Paul de leurs terres natales de Jérusalem et de Tarse pour arriver à travers le bassin méditerranéen jusqu’au cœur  de l’Empire Romain est en quelque sorte comme le modèle du parcours que chaque chrétien est appelé à accomplir pour témoigner de sa foi dans le Christ ressuscité.



C’est le paradigme du chemin spirituel chrétien : un itinéraire de conversion, de foi et d’amour à l’égard du Christ qui commence par une expérience personnelle de rencontre avec lui. Car c’est bien à partir de cette rencontre intime et mystérieuse où, saisis par le Christ, nous le reconnaissons comme notre Seigneur et notre Sauveur, que nous l'accueillons comme tel dans notre existence et que nous pouvons alors devenir en chaque circonstance de notre vie quotidienne un signe (plus ou moins) éloquent de sa force victorieuse de notre mal !

« Tu es heureux, Simon Fils de Jonas » ! Cela rappelle les paroles d’Elisabeth à Marie : « Bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur » (Lc 1, 45). Cette béatitude nous est également destinée, membres de la communauté des croyants de ce début de troisième millénaire : « Bienheureux êtes-vous, si vous conservez l'Evangile dans sa pureté et qui si vous continuez à le proposer enthousiasme aux hommes de votre temps ! »

La foi, c’est le fruit de la rencontre mystérieuse – avons-nous dit -, entre la grâce divine et la faiblesse humaine qui s’en remet tout entière à elle : là se trouve le secret de la paix intérieure et de la joie du coeur qui anticipent d'une certaine manière le bonheur auprès de Dieu.

Paul, missionnaire s’il en fut !, répète que la foi se « conserve » dans la mesure où on la partage, si bien qu’au moment où il fait le bilan de sa vie, il peut s’écrier : « J'ai combattu jusqu'au bout le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi » (2 Tm 4, 7).

C’est la même mission, initiée à la Pentecôte, qui se poursuit dans le temps, et c'est la manière normale avec laquelle l'Eglise, à travers les membres que nous sommes, distribue le trésor de la foi.

Mais cette foi ne sauve que dans la mesure où elle est animée de l’amour même de Dieu : de la charité. C’est ici que leur martyre - de Pierre et de Paul au terme de toute leur entreprise au nom de l’Evangile -,  révèle ce qui en constituait ait toute l’essence et tout le dynamisme : l’amour de Dieu et l’amour des hommes, glorifier de Dieu en sauvant les hommes du mal.


D’abord croire, ensuite…on verra !

1ER JUILLET    13EME DIM

Textes
·         Sg 1,13-15.2,23-24.
  • Ps 30(29),2.4.5-6.11.12a.13b. 5.
  • / 2 Cor. 8,7.9.13-15
  • Mc 5,21-43

Voici donc Jésus parti avec Jaïre, le chef de la synagogue, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu'elle l'écrasait. L’évangéliste est comme d’habitude un extraordinaire et ingénieux metteur en scène : c'est Jésus qui accompagne le père éploré jusque chez lui, et en chemin, il trouve une occasion de faire un autre prodige.

Ceci est fréquent chez Marc, il interrompt souvent son récit pour en insérer un autre: ce procédé s'appelle l'inclusion. Ainsi la première mission des disciples inclut la mort de Jean Baptiste 6,14-19. L'histoire du figuier desséché comprend celle des vendeurs du temple. Ici, la résurrection de la fille de Jaïre est reliée à une expression de foi suivie d'une guérison.

Peut-être nous faut-il traverser la peur pour saisir que Jésus est la source de la vie ! Coup sur coup, ce morceau d’Evangile nous rapporte donc deux actions  qui semblent intégrées l’une à l’autre : la résurrection de la fille de Jaïre et  guérison de la femme atteinte d’hémorragie.



Sur le chemin… en route..., il y a là une femme perdue dans la foule, malade chronique depuis des années : elle cherche à toucher le manteau de Jésus. Les reliques, déjà ! Elle sait qu’elle sera guérie (voilà la foi : elle « sait » sans savoir pourquoi !) et l’hémorragie la quitte. Puis, alors qu’on tente de décourager Jaïre d’ « importuner » Jésus en le faisant, car sa fille est morte entre-temps, Jésus rend la vie à la jeune fille.

Voici donc deux attitudes face à Jésus. Deux attitudes fort différentes mais qui ne sont pas sans nous rappeler nos propres attitudes face à Dieu. Deux attitudes et pourtant la même réponse de miséricorde gratuite où se révèle sa puissance de vie.

Ce qu'attend ce père, c'est un rite de guérison pour sa fille, comme on le demande à un chamane : Jésus est renommé comme un prophète qui guérit (Mc 5, 36). L'attitude de Jaïre est impressionnante, pour Jésus qui n’est qu’un « laïc » et les autres qui savent qui est Jaïre ! Le chef de synagogue n'hésite pas à se mettre à genoux et à supplier instamment, jusqu’à mettre de côté la dignité de la haute fonction qui est la sienne, et ce, devant la foule qui le connaît bien, et au travers de laquelle il s'est frayé un chemin comme tout un chacun. Pour sa petite fille qu'il aime ! Irrémédiable appel crié parce que l'espoir de la vie semble s'évanouir. Jésus ne dit rien, à ce moment-là. Pas même un simple mot pour tranquilliser Jaïre. « Allons-y ! ».

L’autre pauvresse, elle, ne va pas directement se mettre en face de Jésus. Peu importe la raison. Elle a certainement peur de lui adresser la parole en public : elle ne sait pas parler ! Elle a même honte de dire son état devant tous ceux qui sans doute la connaissent aussi ! Pudeur ! Et pourtant quelle attente, quelle espérance : depuis 40 ans ! Oh elle a dû y réfléchir longtemps en elle-même (Marc 5, 28) et elle se décide, à l'occasion de son passage près de chez elle, à lui dérober ce « quelque chose » d’immatériel qu'il possède, elle le sait !

La réaction de Jésus n'est ni étonnement ni reproche : mais on ne peut rien lui « prendre » à son insu! Toute parole ou tout silence éloquent, tout geste direct ou indirect, doit signifier un échange vécu intimement entre nous et lui. Le contact par la foi est d'un autre ordre que le contact obtenu par de simples gestes humains qui y conduisent…
Pour lui, personne n’est anonyme, perdu dans une foule : il ressent chaque appel, même discret ! Il les connaît parce qu'il est la force vive de Dieu. Il est la Vie, et le Chemin de la vérité sur soi !

Deux miracles, l’un « extorqué », l’autre « demandé » : tous deux donnent la vie par la foi. «Ta foi t’a sauvée », dit Jésus, et encore « Ne crains pas, crois seulement ». Ces deux guérisons, si différentes en apparence, sont très proches en fait. Si la mort biologique subsiste toujours, les deux miracles de ce jour, qui accordent un sursis aux deux personnes qui en bénéficient, deviennent le symbole de cette vie définitive que Jésus est venu annoncer :

«Vous connaissez la générosité, la grâce, la gratuité du don de notre Seigneur Jésus-Christ. » (2 Cor. 8. 9)

dimanche 17 juin 2012

Pour vous et pour moi, qui est Jésus?



Dès le premier chapitre de Luc (1, 66), tous les voisins se demandaient au sujet du cousin Jean : “Que deviendra donc cet enfant?” Et plus tard: “Tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n'était pas le Messie” (3, 15). Au fil des événements que rapportent les évangiles, l'atmosphère messianique grandissait jusqu'à devenir palpable : les gens attendaient une Jeanne d’Arc, un De Gaulle !



Les bergers avaient bien entendu: “Aujourd'hui vous est né un Sauveur” (2, 11). Mais les gens de Nazareth se sont pourtant demandé: “N'est-ce pas là le fils de Joseph?” Pardonne-t-il les péchés, on se demande: “Quel est cet homme qui dit des blasphèmes?” (5, 21). Même Jean emprisonné, n’en pouvant plus d’attendre, lui fait demander: “Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre?” (7, 18) Devant la tempête apaisée, les apôtres s'étonnent encore: “Qui est-il donc?” (8, 25).

On voit bien que l'identité de Jésus est la question-clé du message évangélique. Dans les huit premiers chapitres de Luc, seuls les démons ont percé le mystère: “Je sais qui tu es!”, lui lance le démoniaque dans la synagogue. Ses disciples, eux, le prendront d’abord et surtout pour un libérateur politique. Et on comprend tous ces jeunes hommes, lassés de l’occupation romaine !
Jusqu’au Messie lui-même, qui pose la même question au groupe venu le rejoindre au nord du pays. Il leur demande dans un premier temps: “Pour la foule, qui suis-je?” Car la mort de Jean Baptiste a beaucoup impressionné tout le monde, et c'est le premier nom qui leur vient à l'esprit. Élie, de son côté, représente la tradition prophétique dans la Bible, avec les célèbres miracles d'Élisée, au neuvième siècle avant notre ère, dans le second livre des Rois.

Jésus regarde ses disciples dans les yeux et les invite à rendre compte de leur foi. C’est  Pierre, d’après la tradition, qui répond au nom du groupe: “Tu es le Messie de Dieu.”
Ce qui est dit est dit, et cela marquera un tournant décisif dans le récit, même si les activités du Maître demeurent inchangées. Désormais, un « tout petit » groupe de ceux qui l’ont suivi depuis le début réalise qu'il est l'envoyé de Dieu, ce Messie de Dieu promis et attendu depuis des générations. Ainsi, Jésus serait vraiment le Messie ? Mais cette réponse globale restera incomplète, jusqu’au matin de Pâques: “Il faut que le Fils de l'homme soit livré aux mains des pécheurs, qu'il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite” (24, 7).
On ne comprend jamais bien, que dans l’ « après coup » !

Quand le Baptiste l’a-t-il  définitivement compris ?




Les Églises chrétiennes fête sa nativité, aussi bien en Orient qu'en Occident, exactement six mois avant Noël, le 24 juin, au moment du solstice d'été ; c'est une exception à la tradition qui fête les saints le jour de leur mort. Parmi les nombreux rites qui sont associés à cette fête, certains semblent venir directement des anciennes grandes fêtes celtes du solstice d'été, lorsque cette nuit était réputée surnaturelle, et des feux cérémoniels étaient allumés. La pratique des feux de la Saint-Jean, directement hérités des fêtes polythéistes du solstice d'été, reste très vivace dans de nombreuses villes et villages du monde occidental.
Comme la fête de Noël pour la date de naissance de Jésus, la date du 24 juin pour fêter celle de Jean Baptiste a été choisie au Ve siècle. Les deux naissances sont ainsi placées à six mois d'écart, trois jours après chaque solstice, moment où avec un moyen d'observation rudimentaire, on peut voir que la durée des jours commence à augmenter (25 décembre), ou à diminuer (24 juin).

Pour l'Église catholique romaine parvenue depuis un siècle au pouvoir, il s'agissait à la fois de « recouvrir » deux fêtes païennes par des fêtes devenues chrétiennes, mais aussi d'illustrer la phrase qu'aurait prononcé le Baptiste en parlant de Jésus: « Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse17,18. »

« L'église a ainsi christianisé le vieux rite païen qui célébrait l'astre du jour: le soleil qui commence sa descente à partir du 21 juin symbolise Jean-Baptiste; et quand il recommence sa montée à partir du 22 décembre, il représente Jésus » (Alexandre Najjar)
« Entre le Précurseur et le Messie, Luc s’attache d’ailleurs à construire une rigoureuse symétrie : ils naissent à six mois d’intervalle, ce que la tradition chrétienne a conservé en célébrant leurs naissances aux deux solstices opposés. L’un naît d’une femme réputée trop vieille pour enfanter, l’autre d’une vierge ; l’un est rempli du Saint Esprit, l’autre est conçu du même Saint-Esprit. » (Claudine Gauthier). Cette opposition si complète les ramène à l’unité et en fait des quasi-jumeaux.



NB : La fête de la Nativité de saint Jean Baptiste est aussi la fête nationale des Canadiens français depuis 1834 lors de la création de la Société Saint-Jean-Baptiste. Jean le Baptiste a été décrété patron des Canadiens français en1908 par le pape Pie X. En 1977, la fête de la Saint-Jean devint la fête nationale du Québec, incluant les Québécois de toutes origines.
La fête de la Saint-Jean-Baptiste est aussi une fête maçonnique importante à travers le monde.
La mort de Jean le Baptiste est célébrée le 29 août aussi bien en Orient qu'en Occident : c'est sa Décollation (ou décapitation).

dimanche 10 juin 2012

"Levez les yeux ! " & "Germination et croissance"

ATTENTION !
DEUX HOMELIES :
Le Sacré Coeur (15 juin) et le 11ème Dimanche du Temps Ordinaire (17 juin)

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Levez les yeux !

Vendredi 15 JUIN SACRE CŒUR

« Comme c’était la veille du sabbat, il ne fallait pas laisser des corps en croix durant le sabbat (d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque). Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Des soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis du deuxième des condamnés que l’on avait crucifiés avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. ».



La fête du Sacré Cœur de Jésus commémore cet épisode :
  • il était déjà mort,
  • ils ne lui brisèrent pas les jambes,
  • mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté !
Les faits :
  • Jésus était mort et bien mort ;
  • Le corps de Jésus est resté intact ;
  • Jésus versa son sang jusqu’à la dernière goutte.

Mais c’est avec le plus jeune des apôtres, Jean, que la tradition du Sacré Cœur trouve son origine. Jean, dit-on, reposa sa tête sur le cœur de Jésus durant la Cène (Jn 13,23) et était présent (le seul des Douze) quand le soldat transperça le cœur de son maître bien aimé (Jn 19,34-37). Le thème fut repris par de nombreux saints, tels sainte Catherine de Sienne, sainte Gertrude de Helfta, saint François de Sales, des Chartreux ...
Pendant les premiers siècles du christianisme, le cœur du Christ ne symbolisait pas tant l'organe de l'affectivité et des émotions, comme aujourd'hui, que le siège de toute activité mentale, de façon indifférenciée.

C’est au XVIIe siècle que saint Jean Eudes (1601-1680) mit en place les éléments d'un culte du cœur de la Vierge Marie, puis de celui de Jésus. L'Eglise catholique se considéra confortée dans l'instauration de ce culte à la suite des apparitions que Marguerite-Marie Alacoque (plus tard proclamée sainte) a eu de Jésus dès 1673 à Paray-le-Monial. Saint Claude La Colombière a aidé sainte Marguerite-Marie Alacoque à répandre ce culte du Sacré Cœur : l'image qu'elle propage, entourée de rayons d'or et de flammes de feu, comporte au centre le mot « charitas » c'est-à-dire charité, est l'image du Verbe fait chair, seconde personne de la Trinité, Dieu-Amour, incarné dans un cœur humain. Sœur Anne-Madeleine Rémusat (1696-1730) fut elle aussi une propagatrice de la dévotion au Sacré-Cœur. Pour arrêter la peste à Marseille, Mgr Belsunce, sous l'inspiration de cette religieuse, plaça la ville de Marseille et son diocèse sous la protection du Sacré Cœur, lors d'une messe célébrée le 1er novembre 1720.
Marie Leszczyńska, initiée à cette dévotion par la Visitation de Varsovie, obtient des Evêques de France que la Fête du Sacré Cœur soit étendue à toute la France ainsi que l'Office et propage ce culte à la cour et dans la famille royale, obtenant qu'il y ait même un autel du Sacré Cœur dans la Chapelle du Château de Versailles, ville d'une des premières confréries du Sacré Cœur.


En 1856, le Pape Pie IX étend la Fête du Sacré Cœur à l'Église universelle. Finalement, le pape Léon XIII consacra, par son encyclique Annum Sacrum (du 25 mai 1899), chaque être humain au Sacré Cœur. L'idée de cet acte, que Léon XIII surnomma "le grand acte" de son pontificat, lui avait été soumise par la bienheureuse Marie du Divin Cœur, comtesse Droste zu Vischering, une religieuse supérieure de la Congrégation du Bon Pasteur de Porto, en Portugal, qui prétendait l'avoir surnaturellement reçue du Christ lui-même.

Depuis le milieu du XIXe siècle, des groupes, des congrégations et même des États se sont consacrés au Sacré-Cœur. La France a été consacrée le 29 juin 1873 par un groupe d'une cinquantaine de parlementaires lors d'un pèlerinage à Paray-le-Monial conduite par Gabriel de Belcastel. Le 8 octobre 1873, sur pétition remise au président Gabriel García Moreno, l'Équateu fut le premier pays du monde ainsi consacré. Les familles catholiques se sont appliquées à l'« intronisation du Sacré Cœur » dans leurs maisons et dans leurs pays.

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Quel peut être aujourd’hui le sens de la spiritualité du Cœur de Jésus
  • Dans le « Directoire sur la piété populaire et la Liturgie », publié le 9 avril 2002, la Congrégation pour le culte divin rappelle le sens du culte rendu au Cœur de Jésus : « L'expression "Cœur de Jésus", entendue dans le sens contenu dans la divine Écriture, désigne le mystère même du Christ, c'est-à-dire la totalité de son être, ou le centre intime et essentiel de sa personne: Fils de Dieu, sagesse incréée; Amour infini, principe du salut et de sanctification pour toute l'humanité. Le "Cœur du Christ" s'identifie au Christ lui-même, Verbe incarné et rédempteur (...) ».

  • Dans l'encyclique « Haurietis Aquas in Gaudio », véritable référence pour la compréhension de la spiritualité du Sacré Cœur, Pie XII définit le mystère du cœur de Jésus comme le mystère de l'amour miséricordieux du Christ et de la Trinité tout entière, Père, Fils et Saint Esprit, envers l'humanité.

Ainsi, le mois de juin lui est consacré, mois pendant lequel a lieu la Fête du Sacré Cœur qui est célébrée dans toute l'Église catholique romaine depuis 1856. Cette solennité est célébrée 19 jours après le dimanche de Pentecôte, soit un vendredi.

L’expression spirituelle métaphorique sonne mal à nos oreilles modernes :
-          l’amour du cœur de Jésus est donné au monde ;
-          le cœur de chair de Jésus formé dans le sein de Marie est le moyen divin par lequel l’amour de Dieu est répandu dans le cœur de Marie sa mère.
-          Ce Fils « qui est dans le sein du Père » est donné à Marie.
-          L’Esprit Saint, l’Amour infini du Père et du Fils, se révèle dans les « battements » du cœur de Jésus.
-          Jésus fils de Marie s’est allié avec l’humanité dans une alliance indissoluble.
-          Marie Immaculée a offert à Jésus un cœur mu par l’Esprit Saint qui pouvait le recevoir dans son Amour.
-          Le sang de Marie s’est donné à son « Enfant » pour y former un cœur, premier organe qui se développe chez l’enfant.
-          Jésus a donné son cœur à Marie dès l’origine de sa vie humaine, il lui a donné tout son Amour.
-          Le cœur de Marie en est transformé, elle aime Joseph d’un amour tout nouveau, Anne et Joachim d’une manière toute nouvelle. Marie aimera Jean, l’Eglise, chacun de nous dans l’amour du Cœur de Jésus.
-          En Jésus Dieu fait alliance avec nous : « C’est moi qui apprenais à marcher à l’humanité, la soutenant de mes bras. Elle n’a pas compris que je venais à son secours. Je la guidais avec humanité » dit le prophète.
-          Toute l’histoire de l’humanité est contenue dans ces liens d’amour du Cœur de Dieu : « Je la guidais avec des liens de tendresse… Je la traitais comme un nourrisson qu’on soulève tout contre sa joue, je me penchais vers lui pour le faire manger. »

Chacune de des phrases constitue certes le départ d’une méditation mystique : mais pourquoi ne provoque-t-elle aucun écho chez nos contemporains ?

  • Au cœur de l’Eucharistie, nous annonçons cette alliance nouvelle : « Voici le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle. » Le Cœur de Jésus est désormais donné à l’Église pour qu’elle vive de la vraie vie. « Alors, vous serez comblés, jusqu’à entrer dans la plénitude de Dieu, » dit l’apôtre.
  • Marie a désiré le Christ, Dieu venu dans la tendresse de son amour. Nous pouvons nous situer dans le cœur de Marie pour « entrer » dans le cœur de Jésus. Elle a porté le Christ dans la foi avant de le porter dans sa chair. C’est dans cette Alliance de Dieu que nous faisons alliance.
  • Cette Alliance est dans la Passion et la Résurrection de Jésus. Si le Christ habite en nos cœurs par la foi, nous demeurons enracinés dans l’amour.

Comment trouver une langue qui nous parle ?

Le Pape Benoît XVI soulignait que « Ce mystère de l'amour de Dieu pour nous ne constitue pas seulement le contenu du culte et de la dévotion au Cœur de Jésus : il est, de la même manière, le contenu de toute vraie spiritualité et dévotion chrétiennes. Il est donc important de souligner que le fondement de cette dévotion est aussi ancien que le christianisme lui-même. En effet, être chrétien n'est possible qu'avec le regard tourné vers la Croix de notre Rédempteur, “vers celui qu'ils ont transpercé” (Jn 19, 37 ; cf. Za 12, 10). Le regard fixé sur “le côté transpercé par la lance”, dans lequel resplendit la volonté de salut sans limites de la part de Dieu, ne peut donc être considéré comme une forme passagère de culte et de dévotion : l'adoration de l'amour de Dieu, qui a trouvé dans le symbole du “cœur transpercé” son expression historique et dévotionnelle, demeure essentielle pour un rapport vivant avec Dieu. »

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« Germination et croissance » 

17 JUIN   11EME DIM


Marc est le seul évangéliste à rapporter cette parabole où s'exprime l'une des visions les plus optimistes du Royaume. Alors que les espérances pathétiques des juifs les poussent à chercher des œuvres éclatantes du Messie attendu depuis si longtemps, et que tout semble conduire ce Messie-là, Jésus, à sa perte, ce dernier dit à creux qui le suivent de ne pas s'y laisser tromper: car désormais le Royaume ne peut que grandir. Le semeur est passé. Le grain est en terre. “Wait and see ! » Attendez voir!” semble lancer Jésus à ses amis avec assurance.


Quel mystère que la germination du grain ou l'origine de la vie ! Nous avons beau savoir qu'un grain de blé contient des milliards d'atomes formés d'un noyau autour duquel gravitent des particules de moins d'un milliardième de millimètre, à une vitesse de 297000 kilomètres à la seconde, nous ne savons toujours pas comment agencer ces atomes pour déclencher une chaîne de vie : il existe donc bien comme une force cachée, imperceptible, toujours active et qui redit sans cesse: “Quelle que soit la situation, ne désespérez jamais. Entreprenez. Semez. Le Règne de Dieu en ce monde présent ne va pas vers la mort fatale mais vers la moisson de le vie. »

Le Jésus de Marc est décidément un optimiste. Il n'a pourtant pas réussi à convertir ses contemporains, ou si peu. Et il n'a pas réussi non plus à changer sa propre famille. Alors d'où lui vient cette certitude que le Règne proposé sera le plus sage, le plus répandu, le plus durable de tous les temps? Vraiment, comme l'expliquait un jour le renard au Petit Prince: “l'essentiel est invisible pour les yeux!”

Jésus enchaîne avec « le grain de moutarde »: la semence jetée en terre peut être encore beaucoup plus petite qu'un grain de blé : minuscule, comme une graine de moutarde dont la petitesse est proverbiale. De ce germe presque invisible naîtra le grand arbre où se rassembleront les oiseaux du ciel.

De la modestie à l'amplitude : le Règne de Dieu et son accueil seront grand ouverts à toutes les nations de la terre. Au moment où Marc consigne ce discours par écrit, la Primitive Église implantée à Rome traverse d'énormes difficultés : mais apparemment, plus les problèmes paraissent insurmontables, plus Jésus exprime sa confiance et son optimisme face à l'avenir.
Faut être fou… de Dieu !

dimanche 3 juin 2012

“Prenez, ceci est mon corps”


Prenez, ceci est mon corps”

10 JUIN SAINT SACREMENT

Textes
  • Ps 116(115),12-13.15-16ac.17-18
  • Heb. 9,11-15
  • Mc 14,12-16.22-26. 

La célébration du Jeudi saint remonte aux tout premiers temps de l'Église, mais celle de la Fête-Dieu ne fut composée qu'en l'an 1264, par saint Thomas d'Aquin, à la demande du pape. Elle est d'une grande densité de doctrine et de foi, et l'on y redécouvre l'Eucharistie, c'est-à-dire “l'action de grâces de l'Église et du ciel.”

Le récit de l'évangile est celui de Marc qui, comme toujours, se centre sur l'essentiel, clair et succinct : le fait!

Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna en disant: Prenez, ceci est mon corps.”



Jésus connaît bien la Pâque juive. Comme enfant, il l'a célébrée chaque année en compagnie de Joseph et de Marie. Tout lui est donc familier: le récit des événements, le pain, le vin, l'agneau immolé, les herbes amères, les prières et les psaumes. Mais ce soir-là – le dernier -, avec ses disciples, il donne à la fête un contenu nouveau: par le don de sa vie, il sera lui-même le Libérateur qui donne à la multitude l'accès au « pain de la liberté », le pain de la vie sans limite ni frontière. Il est l’acteur, le chemin et le but !

La Pâque, la libération, Independance Day : un repas de la fête qui libère de l'ancien esclavage, un repas où l'on se rappelle l'Alliance que Dieu a conclue avec Moïse et tout le peuple, le pacte solennel marqué par un rite signifiant l'engagement sans retour : celui du sang. Jadis, le sang de l'agneau, ce dernier soir, le sang de Jésus! Car Jésus donne ce soir-là à la fête de la Pâque le sens nouveau du don de sa vie librement consenti par amour.

Il sait qu'il est un homme traqué. Il a encore des amis, mais en cachette. Il a donc dû donner un code secret aux disciples afin qu'ils trouvent une salle, qu'ils se procurent un agneau et qu'ils préparent la fête en suivant un homme à la cruche. Jésus sait qu'il va mourir et que ce repas sera son dernier. Ce soir, il se révèle à ses disciples comme le véritable agneau pascal dont le sang répandu préservera la vie !



 
Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, répandu pour la multitude.”

Le Conseil oecuménique des Églises, en 1974, s'est mis d'accord sur l'excellent texte suivant: “Ce repas de pain et de vin est le sacrement, le signe efficace et l'assurance de la présence du Christ lui-même, qui a sacrifié sa vie pour tous les hommes et s'est donné à eux comme pain de vie; pour cette raison, le repas eucharistique est le sacrement du corps et du sang du Christ.”