lundi 23 août 2010

LES CODES

lundi 23 août 2010


LES CODES


29 août 2010
Vingt-deuxième dimanche du Temps ordinaire Année C


LES CODES

Lectures:
Siracide 3, 17-29
Psaume 67
Hébreux 12, 18-24
4 Luc 14, 1 .7-14


La « parole » - quand elle est prononcée par le prophète de la Bible juive, par l’inspiré du Testament Nouveau, par Jésus Verbe de Dieu – la parole fonctionne comme un véritable code pour remonter le temps, et en déchiffrer les arcanes. Non pas une machine, une formule magique ou un abracadabra de conte de fée : mais un code, un moyen d’interpréter, c’est-à-dire une intelligence qui donne sens à l’Histoire. L’espérance - qui n’est au fond qu’un « désir éperdu de savoir ce qu’il en est au fond » - a intérêt à suivre les deux lignes de conduite que propose 

&






He 22 « Vous êtes venus vers le Dieu de tous, 23 le Dieu des esprits parvenus à la perfection, 24 le Dieu de ce Jésus dont vous avez écouté la parole.

C’est cela « franchir la porte étroite », c’est la clé de ce pays étrange, où chacun a sa place, et où personne n’a à comploter pour usurper celle d’un autre. Ecouter Jésus, c’est avoir trouvé « le Média­teur d'un Nouveau Contrat », c’est choisir « ce qu’il dit » - l'Évangile -, comme flèche du temps : c’est comprendre que

ce que le prophète prophétise dans le futur
devient,
dans la personne éternelle de Jésus,
un évé­nement du présent de l'Histoire[1].

C’est alors que son Esprit – l’Esprit de Jésus -, se transforme en Maître Intérieur et, devenant le maître de notre propre histoire, ne cesse – si nous le laissons parler et prenons le temps de l’écouter ! – de « nous rappeler toutes choses et nous conduire à la vérité tout entière » (Jn 1-, 13). Si l’action de Jésus s’est bien effectuée une fois pour toutes dans son temps historique - donc au passé -, chacun peut renaître à l’aujourd’hui de l'espérance grâce à la parole, à lui offerte en permanence, par le Christ éternel.

Ainsi « éclairé », l’homme comprend que sa condition tangue entre orgueil et humilité. Façonné de l'humus de la terre (adama), il reçoit le souffle même de Dieu (ruah) . Quand il oublie son origine permanente, il prend son élection pour prestige et orgueil. Placé au sommet de la création[2], l'homme a pourtant toutes les clefs pour « faire marcher le monde dans le bon sens ». 



Mais si l'orgueil le fait chavirer dans le mal, il fait sombrer le monde avec lui dans la violence. Niant Dieu d'un côté, l'homme se prend pour le maître absolu de l’Histoire ; jaloux de l'autre, il détruit quiconque convoiterait sa place au sommet ! Sirac le rappelle : « La condition de l'orgueilleux est sans remède car la racine du mal est en lui ».
En guérit-on ?
  • Confondre humiliation et humilité relève-t-il d’une perversité ontogénétique ou d’une confusion mentale passagère ?
  • Torturer pour extraire la vérité par la souffrance et le sang, est-ce la servir, cette vérité, ou satisfaire la part d’ombre de notre ignominieuse prétention à la perfection[3] ?
  • La soit disant incorruptibilité du dogme, est-elle au service des hommes qui ploient sur une condition humaine de plus en plus complexe et de moins en moins maîtrisable ou bien au service des hommes en place pour pérenniser leur position de pouvoir[4]?

*      L’humiliation ne peut que conduire à la violence et produire des révoltés : l’Eglise n’a pas fini d’en découdre avec la misère humaine qui l’ignorera de plus en plus, car elle croyait trouver chez elle un dieu doux et humble de cœur[5] !
*      Seule l’humilité conduit à la révélation des enfants de dieu et est à même de susciter de nouveaux apôtres, des disciples, voire des saints. Car elle ouvre à l'universel : chaque être humain, chaque peuple, chaque culture peut s'examiner. Quel est le choix de vie : l'orgueil, le mal, la violence et la mort ? Ou bien l'humilité, le respect, la paix et la gloire ?
Chaque culture a sa formulation : l'idéal du sage que Sirac nous propre est « Une oreille qui écoute. »
ü      Dieu parle à tous, même si tous n’entendent ni n’écoutent.
ü      Cette parole peut changer le cœur et l’esprit, c’est à-dire la vision.
ü      Elle est une clé pour franchir le seuil de TA porte et une lumière pour éclairer TON chemin :à chacun les siens !
ü      A toi de trouver TA clé et de choisir TA route ! Courage, d’autres l’ont fait avant toi !



L'humilité est le choix d’être de Dieu pour aller au devant des chercheurs : pour la mort de Jésus, le choix s’est même porté sur le châtiment des moins-que-rien. « C'est pourquoi Dieu l'a exalté et lui a donné le Nom au-dessus de tout nom » (Phm 2, 6-11).
Ah ça ! Il faut aimer le paradoxe et l’anticonformisme (unconventional), sinon on est définitivement lost quelle que soit la translation [6]!

Le paradoxe du Dieu unique, maître de tout, et qui se révèle dans et par la faiblesse !!!

On comprend bien que ce Dieu-là ne peut être une construction humaine, une projection de nos désirs : il ne peut que se révéler tellement il est inimaginable ! Comment en effet imaginer un dieu qui « se donne » tout entier dans le ris­que et la faiblesse ? C’est pourtant là qu’est NOTRE force !
C'est pourquoi Luc nous rappelle à toutes fins utiles que « les premiers » seront logiquement « les derniers » s'ils s'invitent eux-mêmes aux pre­mières places. Mettons-nous dans la tête que l'humilité n'est pas le résultat des humiliations qui ne créent que révoltés et violents ! L’humilité est une grâce de Dieu qui nous révèle notre place : si le Verbe a pris la peine de se faire chair, en Jésus le Christ, c’est pour nous révéler non seulement qui est Dieu (vrai Dieu) mais aussi qui est l'homme  (vrai homme)!

Qui est l’homme ?
C’est quelqu’un d’invité à entrer dans la salle du banquet, quelqu’un qui sait qu’il n’est pas le maître de céans, mais son invité, qu’il n’a à se soucier de rien d’autre que de jouir de la sollicitude de son hôte, qu'il n'a aucun droit sur les autres convives, invités comme lui, qu’il n'est enfin maître ni de la vie ni de la mort.

« Bienvenue  au festin de l'Agneau. »









[1] « Le Maître est là, et il t’appelle ! », dira Marthe à Marie, prostrée à la mort de Lazare (Jn 11,27)
[2] A peine le fis-tu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et splendeur (Ps 8,5-7)
[3] Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait (Mt 5, 48)
[6] On se souvient du film de Sofia Coppola, avec Bill Murray et Scarlett Johansson 2002 « Lost in translation »

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