lundi 20 février 2012

NOCES

NOCES


8ème  Dimanche du Temps Ordinaire
26 Fev

Mc 2,18-22

Marc - dans son chapitre 2, versets 18 à 22 -, administre en deux coups de cuillère une potion purgative express aux mauvais coucheurs!
1 – La première :
verset 18 : Les disciples de Jean et les Pharisiens étaient en train de jeûner, et on vient lui dire : "Pourquoi les disciples de Jean et les disciples des Pharisiens jeûnent-ils, et tes disciples ne jeûnent-ils pas ?"
verset 19 & 20 : Jésus leur dit : "Les compagnons de l'époux peuvent-ils jeûner pendant que l'époux est avec eux ? Tant qu'ils ont l'époux avec eux, il ne peuvent pas jeûner. Mais viendront des jours où l'époux leur sera enlevé ; et alors ils jeûneront en ce jour-là.



Et vlan !
2 – la seconde :
verset 21 : Personne ne coud une pièce de drap non foulé à un vieux vêtement ; autrement, la pièce neuve tire sur le vieux vêtement, et la déchirure s'aggrave.
Verset 22 : Personne non plus ne met du vin nouveau dans des outres vieilles ; autrement, le vin fera éclater les outres, et le vin est perdu aussi bien que les outres. Mais du vin nouveau dans des outres neuves ! »



Démonstration par la fête des noces et par la nouveauté de la vie !
Voilà qui peut résumer l'Évangile aujourd'hui si nous voyons en quoi ces paroles sont associées et constituent par là l'heureuse nouvelle de ce dimanche.

En effet, Jésus vient de "banqueter" entre Publicains (les collaborateurs avec l’occupant romain) et Pêcheurs (truands et gabelous) (Mc 2,13-17). Au monde du péché sous toutes ses formes, Jésus oppose la fête nuptiale qui réconcilie ; au monde du péché, disciples de Jean et Pharisiens, eux, opposent le jeûne. C’est possible !
Mais le jeûne est dans la bible le temps du deuil, de la conversion et du désir de voir Dieu surgir qui tarde à venir. Il a couleur de la cendre. Il est nécessaire ce temps de l'absence de l' « Époux », car il doit nous conduire à ce constat incontournable : sans l' « Époux », rien ne vaut, rien ne vit, rien ne tient. Tout désir se meurt, toute possession est vaine, tout effort à vouloir vivre est inutile.

-          Si nous pensons - comme semblent le faire les disciples de Jean et comme les Pharisiens - qu'il faut par conséquent continuer à jeûner, alors ce triste constat devient un constat désolant et désolé, un constat mortifère, une « culture de mort » !
-          Mais si ce temps de jeûne, de l'absence, de l'épreuve, en vient à dégager peu à peu l'espace « libéré » de l'abandon et de l'offrande de soi, alors, l' « Époux » vient prendre place dans le cœur de sa bien-aimée, et là, l'espace devenu « désertique » sans lui est désormais par lui tout entier « rempli de vie».
·         Le rien du jeûne est devenu le tout de sa présence,
·         ce creuset une abondance,
·         ce renoncement un accomplissement,
·         ce dépouillement une plénitude.
Quand « il ne se passe rien » de notre côté, le jeûne nous a été indispensable. Il fallait « faire ce rien ». Jouons sur les mots :
§         « Rien » ne nous est en effet plus nécessaire que « ce rien » pour jouir de l'avènement joyeux de sa présence.
§         Car je n'y suis pour « rien » quand mon Dieu est mon tout !
§         Continuer à jeûner serait désespérer de la venue de l' « Époux », pire : se tromper d' « Époux ».
§         Continuer à jeûner serait en définitive une fatale tromperie sur son propre cœur et se tromper sur le cœur de Dieu.
§         Continuer à jeûner serait prétendre que l'on pourrait ajouter quelque chose à ce que Dieu donne et que ce don divin ne saurait être ni total ni totalement gratuit.

Dans ce mystère nuptial, évoqué par le chaste Jésus,
il ne saurait y avoir tromperie sur les personnes, comme dans « Cosi  fan tutte » de Mozart !
Une « Épouse » plus ou moins bien arrangée pour un « Époux » plus ou moins bien disposé.
Celui qui se donne, se livre à l’extrême !
Oui, mystère de ces noces mystiques 
-          où une fidélité donnée sans retour est la réponse à l'infidélité sans cesse multipliée,
-          où un Amour gratuit s’oppose à l'ingratitude d'un mépris !
Il n'y a qu'un festin de Noces à célébrer même pour une prostituée épousée !(cf. Osée).

Au monde du péché, Jésus oppose l'heureuse nouvelle d'une Alliance définitive et accomplie. Seulement par là et par lui, le mal qui nous détruisait est anéanti par un bien qui nous submerge, nous et note mal ! Dieu seul fait de son pardon un festin de noces et de l'atavique péché il fait toute nouveauté.

Mais pourtant : pas de compromis possible entre la Sainteté de Dieu et le monde du péché. JAMAIS ! On ne met pas une pièce neuve sur un vieux vêtement ni du vin nouveau dans de vieilles outres.
-          Ou bien Dieu fait toutes choses nouvelles
-          ou bien ce monde court à sa ruine.

Il faut désormais boire le vin nouveau de la Joie de Dieu,
il faut désormais se débarrasser des oripeaux couvrant la nudité du péché et se parer du vêtement de noces de la liberté et du salut : le Jour de Dieu est arrivé !

C’est cette ivresse du Bonheur, c’est ce resplendissement de Gloire, c'est bien ce que les disciples, les compagnons de l' « Époux », ont éprouvé "charnellement" au contact de l' « Époux ». La présence de l' « Époux » dans la désolation de leur monde et du nôtre est une véritable transfiguration : il métamorphose la tristesse en joie et le péché en sainteté.

O felix culpa !



Sa présence et elle seule suffit à notre vie. Tel il te trouve, tel il te prend. C'est dans ce qui manquait à l'Amour que Dieu t'a comblé d'un Amour plus fort que la mort.
L' « Époux »entre chez toi et toi, tu deviens l'Épousée.
Allez, ne ferme pas la porte !


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