lundi 24 janvier 2011

Intimissime

30 janv 2011
Intimissime
4ème Dimanche  du Temps Ordinaire
Année A



Seigneur
nous recherchons toujours
dans la sagesse humaine
une solution à nos maux,
nous cherchons à l'extérieur, ailleurs,
d'où nous viendra le secours...
Et, si souvent, nous sommes déçus.
Nous t'en prions,
renouvelle notre regard
sur le monde et sur nous-même.
Fais-nous vivre dès maintenant
de ta Vie, de ta Sagesse, de ta Science.
Que nous goûtions à la béatitude de ton Amour
au coeur même de chaque événement,
quoi que nous vivions.
Tout est grâce
quand nous pouvons te reconnaître
derrière l'apparence des choses.
Seigneur tu es
bonheur pour tes enfants,
bonheur pour ceux qui t'aiment,
bonheur pour qui accueille ta présence,
ta présence douce et bienfaisante
de tous les instants.

Grâces te soient rendues, Seigneur !

(D'après EPHATA)



Textes


La septième ‘béatitude’ est toujours actuelle : elle l’est plus que jamais dans le monde changeant des dernières semaines, où nous avons vécu des affrontement africains du centre et du nord, dans deux pays au moins où notre langue nationale sert de véhicule à la pensée et à la communication. De la Côte d’Ivoire à la Tunisie, de Gbagbo et Ouatarra à Ben Ali, de présidents doubles à président en fuite, qui se lèvera pour dire, en français, en arabe ou en Baoulé, Sénoufo, Yacouba (dan), Agni, Attié, Guéré, Bété, Dioula, Abé, Mahou, Wobé, Lobi, Koulango, Abron, Dida, Adioukrou, Soninké:

« Heureux ceux qui font la paix. » (Mt 5)

comme chez Jean on peut lire :

« Celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3,21).

En quoi est-il différent de « faire la paix » et de « faire la vérité » ?



 
Sous ces problèmes de langue, il y va des visions du monde où « paix » et « vérité » ne se « font » pas de la même façon, de même que ces réalités « se disent » différemment…

Vous-même qui me lisez en français, vous vivez ces réalités avec une sensibilité qui a été façonnée par les mœurs dont vos entourages étaient coutumiers. Et puis, il faut « croire » la paix possible et la vérité « faisable » ! Et qu’il ne peut y avoir de paix ni de vérité sans « justice » ! Si la « béatitude » est un précepte, elle se doit d’être réaliste : aucun commandement ne sera crédible sans tenir compte des réalités quotidiennes que vivent les hommes dans les vicissitudes de leur existence. C’est pourquoi, pour être pris au sérieux, ce « programme de bonheur » doit être conclu par ce verset 12, du chapitre 7 de ce même Matthieu – certainement l’homme « froid » de l’impôt romain, ce collaborateur, ce « publicain » comme on disait à l’époque -, bref un homme qui ne se « payait »  pas de mots, mais d’actes et de faits :

« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous mêmes pour eux — c'est la Loi et les Prophètes » (Mt 7,12), à commencer par le pardon : « Pardonne-nous offenses comme nous pardonnons ! ». La justice commence par la réciprocité des « traitements » : relations, salaires, santé, éducation, chances… « De même que… ainsi… ».

Vous m'appelez le Maître et le Seigneur: et vous dites bien, car je le suis.
Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds,
vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres.
Car je vous ai donné l'exemple,
afin que, comme je vous ai fait, vous fassiez aussi vous-mêmes. (Jn 13, 12-15)

Alors oui, la conséquence qui découle de cette observance — accomplir SEULEMENT, mais TOUT ce que ce commandement demande – est EFFECTIVEMENT – une béatitude ! Car cette justice du traitement réciproque ne peut qu’entraîner des relations de paix entre les hommes, en leur révélant alors « au passage »  leur dignité personnelle : voilà la vérité !

Quand quelqu’un refuse d'entrer dans le circuitle cercle vicieux, en allemand le Teufelskreis, le cercle du diable ! - de rivalité qui emprisonne l'homme perdu, il refuse par le fait même – ipso facto -, de défier son prochain, de le jalouser, de le placer au-dessous de lui, il devra faire face à quiconque le frappe INJUSTEMENT sur la joue, lui marche INJUSTEMENT sur les pieds, attend SA RIPOSTE pour que sa propre violence ait un alibi…, quand quelqu’un refuse d'entrer dans le circuit de la violence, il en brise la pseudo justification et témoigne à sa propre conscience et au spectacle du monde, d’une FORCE ENCORE PLUS GRANDE que la violence dont il accepte d’être frappé, celle de JESUS lui-même, l’homme bafoué que DIEU n’ a pas abandonné ! JAMAIS !

Paul parle d’expérience. Homme de violence fanatique et meurtrière - au non de son idéologie inquisitoriale de pharisien talibanesque -, il se reconnaît désormais frère de ces dockers du port de Corinthe à qui il envoie ces mots (1 Co 1, 26-31):
Regardons-nous !
Ce n’est pas chez nous qu’on trouvera
des philosophes à la mode, des chevaliers d’industrie ni des gens de la haute !
Si nous avons rejoint le christ, c’est parce que nous sommes « des fous »,
 oui je vous le dit !
C’est des gens comme nous qui confondront ceux qui croient tout savoir !
C’est notre apparente faiblesse qui viendra à bout de toute la force du mal !
C’est parce que nous ne « comptons » pas,
 c’est précisément parce que nous ne  sommes « rien »,
que Dieu nous choisit pour renverser ce qui est supposé « être » quelque chose !
Une fois pour toutes,
nous avons compris que notre justice a un nom :
c’est Jésus, le Christ, notre bonheur et notre paix !



 
Celui qui croit la tâche facile, qu’il s’en aille !
Personne n’a idée de ce qu’une telle attitude mentale exige de lutte intérieure pour y parvenir ! Déchirement du cœur, renoncement souvent à « nos droits » ou à « notre fierté » ! Peur normale, enfin, quand nous pensons qu'ont toujours été persécutés et mis à mort, ceux qui ont « fait la paix » : Gandhi, Martin Luther King et, bien sûr, Jésus lui-même !

Question ? Qu’est-ce qui nous fait croire que de tels hommes étaient - et que nous serons -,  heureux ? Peut-être parce que nous avons appris et compris nous aussi que le mot même de PAR DON, peut devenir un MODE D’ÊTRE  (par-don), un DON qui surpasse tout don : certainement parce que, comme Paul, nous avons « entendu » quelqu’un nous l’enseigner avec autorité, pour l'avoir lui-même pratiqué le premier et en avoir porté les conséquences « jusqu'au bout » (Jn 13, 1) ! Peut-être, croyons-nous  que le secret du bonheur est là ! Et son « surcroît » aussi,  que jamais nous n'aurions pu inventer,  tient dans la raison que Jésus donne du vrai bonheur : « Ils seront appelés fils de Dieu. »

Ainsi la promesse associée au « faire la paix » n'est rien moins que la filiation divine - à sa ressemblance, cette ressemblance qu'un fils a toujours avec son père. Si rien n'est plus grand que Dieu, rien ne peut donc surpasser le partage - PAR DON -, que Jésus nous fait de son identité.

 « Faire la paix » n’en demeure pas moins une charge, sinon un fardeau : charge et tâche que Dieu confie à ceux qu’il appelle, non pas pour mieux les dominer, mais pour nous don­ner part - encore PAR DON -, à sa propre Loi qui est de nous communiquer le propre bonheur de Dieu si nous l'imitons.
Ce « devenir Dieu » -  à quoi nous sommes des­tinés -, consiste bien à faire la paix et la vérité, à la manière de Dieu, c’est-à-dire EN TOUTE  JUSTICE !

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