dimanche 16 janvier 2011

PROCHE TOUT PROCHE

PROCHE TOUT PROCHE
3ème Dimanche du Temps Ordinaire
Année A
23 janvier


Seigneur Jésus,
lorsque le temps fixé par le Père fut venu,
tu t’es arraché à la tendresse de Marie,
aux tiens et à ta petite Patrie
pour faire la volonté du Père.
Ainsi, tu peux exiger
la même « radicalité » dans le don
et le même zèle au service du Père
de ceux que tu as choisis
pour être tes disciples...
Aussitôt, laissant tout,
sans un regard en arrière,
ils te suivirent.
Irrésistible attraction vers la lumière !
Et nous, nous sommes rivés à notre médiocrité
bien que tu nous appelles à la Vie
à la plénitude des biens du Royaume.
Tu nous demandes tout
pour nous rendre libres
de tout recevoir de ta main.
Guéris-nous de nos peurs,
de notre sagesse humaine,
afin que nous puissions ouvrir les yeux
sur les réalités d’En-Haut
et que nous convertissions nos coeurs
pour être les messagers
de la Bonne Nouvelle.
AMEN
(D'après EPHATA)



Textes
1 Co 1,10-13.14


Le temps – notre temps -, est toujours bref. Les anthropologues parlent désormais de temps bref et de temps long. Chacun vit un temps court (sur Sophia Antipolis, on est vieux à 35 ans !) dans le vaste temps.  Mais il ne faut pas pour autant renoncer à prendre un temps, même ‘fulgurant’, pour méditer la Parole de Dieu, celle d’aujourd’hui, comme celle de demain ‘tant qu’il fait jour, dit un jour Jésus. D'autant plus que, ce matin, le mot clé de l'Évangile est bien fait pour éveiller l'attention : « Le Royaume de Dieu est tout proche de vous. »



Ce leitmotiv des synoptiques indique que là est  l'essentiel de la mission apostolique qui se continue – cahin, caha -, dans l'Église. Si cela signifiait que les apôtres avaient pour mission d'annoncer « des cieux nouveaux et une terre nou­velle », quelque chose qui ressemblerait à un retour du paradis sur terre … eh bien, on peut dire qu’à l’évidence que ce n’est pas demain l’avant-veille ! Fin des temps, Parousie ? Notre monde est censé devoir passer d’abord  par une période de bonheur édénique - à la manière dont Isaïe prophé­tise poétiquement les temps messianiques où ‘le loup ne devrait plus manger l'agneau’...

On peut toujours rêver, et adroitement solliciter les textes, avec, en plus, une bonne dose d'optimisme pour s'imaginer cela ! Il est bien plus objectif et vraisemblable – hélas peut-être ! -, d’admettre qu'aussi longtemps que les hommes seront ce qu'ils sont, le monde restera ce qu'il est : une terre déchirée, où la paix et la justice ne règnent guère que de façon précaire et sporadique, et encore ! dans de rares îlots fragiles et menacés, au milieu d'un redoutable océan de cupidité maladive, de corruption structurelle, de bêtise obstinée, de haine aveugle et de mal polymorphe ... S’il ne faut donc pas se tromper sur le Royaume que nous attendons, n’oublions pas que les temps de Jésus n’étaient guère plus’gentils’ : la Galilée, par ex., - où il est censé avoir vécu les trente premières années de sa vie (!) -,  était souverainement méprisée par les judéens de Jérusalem, et sous occupation militaire permanente, vu qu’elle était un ‘carrefour de nations’ du nord et de l’est, d’où venait l’une des Routes de la Soie. Pour les judéo chrétiens de l’empire, l’état du monde romain n’était en rien meilleur, entre esclavage et persécution !



Le type de Royaume à l'avène­ment duquel nous sommes ‘appelés’ à œuvrer, et pour la venue duquel nous prions cha­que fois que nous récitons le Pater : Que ton règne vienne ! est au-dedans de nous, parmi nous et entre nous : nulle part ailleurs. Au demeurant, c'est ce que répètent les Évangiles à longueur de pages – à bon lecteur, salut ! -, en comparant ce ‘régime’ à la graine qui germe au plus profond du sol de notre être, ou au levain enfoui dans la pâte de nos vies.

‘J’vous dis pas l’chantier’ !

Travailler à répandre autour de soi la paix et la justice, combattre le mensonge et le mal sous toutes ses formes, ce n’est pas, cela n’a jamais été du gâteau ! Allons plus loin : on se tromperait même si l'on croyait qu'il suffirait de bâtir une société humaine socialement juste pour que le Royaume de Dieu soit réalisé !
Tout cela est d’un autre ordre - comme dirait Pascal ! -, d'un autre ordre que le bonheur du grand soir ! Cela commence – eh oui ! -, par le don et l’accueil de cette ‘chose’ indescriptible proprement qu’on appelle ‘la grâce’ dans notre être tout entier, et qui est un ‘bouquet’ de ce qu’on appelle ‘les valeurs évangéliques’ : la charité,  la douceur, l'humilité, et … le plus dur…, l'amour de l'ennemi...
Ça ne se fabrisque pas, ce ne sont pas des produits manufacturés qui se monteraient dans les ateliers mystiques d’une relocalisation ecclésiale des âmes ! Une espèce de transmigration de style brahmanique !
Il s’agit d’une dotation gratuite de Dieu, que l’on peut refuser, comme on peut ne pas accepter tout autre cadeau ! Comme on a le droit malheurerusement de rejeter toute exigence : pour la terre comme pour le ciel !
Surtout que ce cadeau-là l’est pas mal, exigeant !




Car - on n’en sortira pas !-, l’amour est don de soi à l’autre dans la liberté.  Vous le savez bien ! Un tel chemin est exigeant. Vous le savez aussi ! Un chemin où l’échec n’est pas une fatalité : mais le symptôme d’un manque de volonté et d’espérance qui ouvrent toujours une issue vers une démarche de vérité et de pardon.
Cette liberté de la grâce ne connaît pas la crainte non plus : vous l’avez plus d’une fois prouvé par votre vie, à votre insu le plus souvent, chaque fois que vous n’avez pas refusé de vous engager : que ce soit dans le mariage, dans la famille, dans la vie sacerdotale ou religieuse, dans un parti politique, dans une organisation syndicale ou culturelle…
Quand Dieu s’engage avec vous, c’est sans retour !

Vous connaissez la lettre où l’Apôtre épanche pour les Corinthiens,  ces 6 versets  qui sont plus qu’un poème d’amour (1 Co 13, 4-7 ; 11-12): véritable définition du Dieu de Jésus-Christ :

Car Dieu - comme l'amour -, est patient et bon ;
Il ignore, lui,  ce que sont : envie et vanité, vantardise et orgueil !
Honnête et généreux, il fait confiance et  pratique la justice et la vérité ;
L’amour excuse tout, l’amour croit tout, l’amour espère tout, l’amour supporte tout. …
L’amour- comme Dieu -, n’a pas de fin !

La finale est encore plus belle : je vais la transposer pour vous, mes chers amis !

Quand vous étiez enfants,
vous parliez comme des enfants,
vous pensiez comme des enfants,
vous raisonniez comme des enfants ;
maintenant que vous avez grandi,
vous allez inévitablement faire disparaître tout ce qui était de l'enfant !



 
Jusqu’à ce jour,
vous vous regardiez à travers un miroir, d'une manière obscure ;
mais maintenant, vous allez pouvoir vous voir face à face !
Jusqu’à ce jour,
 vous ne vous connaissiez qu’à peine !
Et voici que l’espérance de l’amour va vous révéler
A vous-même comme un autre….



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