mardi 15 février 2011

LE COÛT DE L’EXCELLENCE

20 février 2011
LE COÛT DE L’EXCELLENCE
Septième dimanche du Temps ordinaire
Année A

Textes
§          Lévit. 19,1-2.17-18


Nous sommes régulièrement affrontés à notre faiblesse, notre couardise, quand ce n’est pas notre débilité mentale ! Nous nous l’avouons à nous-mêmes, d’ailleurs, mais pas en public, plutôt en contemplant notre « gueule de fioriture » dans le miroir de la salle de bains ! Alors le chemin est long pour suivre cette «invitation musclée » :
Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.

Voilà de quoi nous laisser cois et, pour le dire franchement, plus que perplexes : incrédules et paralysés ! Jésus ignorerait-il … encore… à ce point la nature des hommes du monde dans lequel il est venu ? J’ai plutôt le sentiment qu’il a saisi l'occasion - trop belle pour ne pas être saisie -, et  il met le doigt là où ça fait mal. Et il le sait. Et il le fait exprès.



Sadique le Jésus ?
Sadique le cancérologue qui répond à qui l’interroge, qu’il n’en a plus que pour deux ans maxi, à l’allure où il fume ?
Sadique le psy ou le prêtre qui  ne peuvent que constater l’échec d’un couple dont ils se demandent s’il y a eu vraiment mariage au moment du mariage ?
Sadique le prof qui prévoit l’échec au bac de celle ou de celui qui passe tous ses week ends en boîte et met deux jours à récupérer ?

Non, le monde est bien tel qu’il est, mais ce n’est pas pour autant qu’il faille renoncer à dire ou à faire quelque chose… sinon il faut fermer la boutique et jeter la lé à la mer !

A ce propos, je m’interroge toujours pourquoi le Père et le Fils, avec le Saint Espri,t ont décidé de retirer Jésus de l’équipe de sauvetage, à l’âge de 33 ans ! Plutôt jeune encore, non ?
Ils savaient déjà, ils connaissaient déjà le cœur de l'homme que leurs fantastiques prophètes ont décrit comme « compliqué et malade », l’exemplaire Jérémie, par exemple.


Le pire pour nous chrétiens, le plus difficile à reconnaître deux mille ans après l'Incarnation, c'est bien que la venue du Seigneur, sa prédication, sa mort et sa résurrection, l'envoi de l'Esprit... tout cela semble n'avoir rien changé. J’écris « semble »… Je crois que ce n’est pas vrai, quoique j’aie quelque peine à le croire !

Le mal est toujours à l'œuvre de mille et une manières sans cesse renouvelées. Le plus souvent, avec nos sourdes et honteuses complicités, le plus souvent par nos omissions : c’est la catégories des politiques et des traitres ! Le comportement des chrétiens - et des catholiques en particulier toutes étiquette confondues – et à titre individuel ou communautaire - au long de l'histoire du monde autorise un jugement très sévère : et en nos temps, idem !
Pas plus que les autres  - et tous les autres ! -, nous n'avons su résister aux séductions du pouvoir – cela s’appelle maintenant « la stabilité dans la région » [ allez le dire aux Tunisiens st eux Egyptiens !] -, non plus qu'à ses forces sombres et à ses violences : évidemment quand nous l’avions, ce pouvoir !  C’est pourquoi nous étions présents dans l‘histoire « par pensée, par pensée et par action » ! Aujourd’hui, n’ayant plus que le goupillon et plus de sabre, on se limite à être absent de l’histoire, nouvelle définition de « par omission »  !
Mais soyons honnêtes totalement - puisque je ne laisse pas de balayer devant ma porte -, eussions-nous été « parfaits », il n'est pas sûr que le monde pour autant eût accueilli l'Évangile. Il s'en faut de beaucoup que tel eût été le cas...  Mais , comme nous avons été loin d’être parfaits, le résultat est d'autant moins probant.


C’est ce « d’autant moins » qui est à regretter ! Attention, il ne s’agit pas ici de je ne sais quelle autoflagellation de mauvais aloi.  Mais clairement et simplement de ce que dans ma jeunesse on appelait encore un « examen de conscience »

Parce que ce ne sont pas non plus les quelques gestes de demande de pardon du futur bienheureux JPII – qui ne coûtent rien à l’aune de 2000 ans d’histoire, il faut dire ! – qui vont pallier l’absence de volonté politique, sinon de changement, au moins d’ouverture et d’évolution ! Je dirais d’intelligence des signes du temps présent – pour plagier avec plaisir un autre pape qui mériterait d’être, lui, « santo sublito »… depuis un moment déjà ! !

Oui, on peut toujours analyser justement et souhaiter légitimement que le monde se renouvèle, ou notre société contemporaine, lors même que les relations entre les hommes demeurent si entachées par la haine, et que l’Eglise elle-même n’est exempte ni d’affairisme, ni de compromission, ni de scandale ! ?
Oui, de toutes parts, on rapporte des tensions, des affrontements, des soulèvemen,ts, bientôt la révolution du grand peuple des Arabes ! Et personne n'ignore que la question de la  religion fait partie des données du problème - au grand dam, il est vrai, des cœurs vraiment religieux et des authentiques artisans de paix, de par le monde ! Au grand dam surtout du Dieu au Nom (Hashem !)  de qui on commet toutes sortes d’horreurs ! C’est sans aucun doute là que sont la vraie tristesse et le vrai malheur ; là, le vrai péché : que l'homme instrumentalise Dieu - et par là même les autres hommes -, à son profit, pour assouvir son goût de pouvoir jupitérien paranoïaque sur ses semblables et sur la planète ! Comment être « miséricordieux comme le Père céleste est miséricordieux » ?


C’est là  donc qu’il faut être aussi radical : pas étonnant que Jésus appelle, sans compromis possible, à une perfection qui tranche radicalement avec l'humaine condition et ses travers les plus détestables.
C’est donc aussi cette détermination que le Christ – mort et ressuscité -, attend de ses disciples : d’une part :  « Que votre oui soit oui, que votre non soit non. », d’autre part « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! »

On comprend que Paul s’en fasse l’écho : lorsqu'il invite les chrétiens à n'avoir entre eux d'autre rivalité ou d'autre dette que celle de l'amour fraternel qui s’en donne les moyens et l’obligation prophylactiques par le lien de la miséricorde, à l’image de Dieu lui-même ! Certes la perfection est « quelque chose » d’intérieur, de moral, etc. : on pourrait allonger la liste...  On s’aperçoit tous les jours que dans l'approche et la compréhension de la religion, cette perfection est plutôt mince ! Comment faire entrer alors en même temps « perfection et miséricorde » dans la juste compréhension de ce que le Christ attend de ses disciples ? En matière de loi, l’amour miséricordieux et la tentation de perfection doivent être des actes quoitidiens, un travail sur soi, d’abord : un entraînement régulier et san relâche !

L'exigence divine d'aimer est déconcertante : peut-on exiger l’amour de quelqu’un ? C’est pourtant là que se joue la vie humaine, sa « réussite » ou plutôt son accomplissement.  « Quand bien même je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien » (1 Co 13)!
Si Jésus est si radical, c’est que  c'est sur l'amour que nous jouons notre vie. Il est inutile de chercher à biaiser, à faire du zèle en dehors de ce grand enjeu de notre vie chrétienne et humaine.
Le seul rendez-vous de notre cœur est avec l'amour de Dieu et ce qui nous attend certainement, c'est l'expérience cuisante que nous ne savons pas aimer comme il faut, c'est-à-dire comme lui-même aime.

Avoir l'ambition – la tentation ! -, de la perfection, avoir l'ambition – la tentation ! -, de la sainteté, et tout mettre en œuvre pour « succomber à cette tentation »,  c'est le but même d’une existence.
Jésus redit à l’envie que cette perfection, cette sainteté, coïncide exactement avec ce que l'on nomme amour et miséricorde, et se fiche de toutes nos fausses exigences religieuses.

Notre époque est pleine de violences en tous genres (y compris religieuses). Elle a plus que jamais besoin de l'engagement et du témoignage aimant de tous les disciples du Christ ! Pourquoi ? Mais parce que nous crie Paul :



tout vous appartient,
Paul et Pierre,
le monde et la vie et la mort,
le présent et l'avenir :
tout est à vous,
mais vous, vous êtes au Christ,
et le Christ est à Dieu.

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