jeudi 2 juin 2011

CONNECTION AVEC LA GLOIRE DIVINE

CONNECTION AVEC LA GLOIRE DIVINE

Septième dimanche de Pâques Année A

(45e Journée mondiale des communications sociales)
5 juin 2011
Lectures :
-          Actes 1,12-14
-          Psaume 26
-          1 Pierre 4,13-16
-          Jean 17,1b-11a

« Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie » (Jn 17,1) : cette parole attribuée à Jésus par « le vieux  Jean »  - quelque 80 ans ( !) après les évènements : Jean en avait 16 ans à l’époque -, n'est pas évidente pour nos contemporains en raison d'un déca­lage culturel abyssal !

Que signifie « la gloire » aujourd'hui ? [ce mercredi où j’écris, c’est l’ouverture du Festival de Cannes !] Qui utilise encore le langage bibli­que, sinon les chrétiens, avec force contresens et une littéralité qui ne rendent pas facilement accessibles les mystères de la foi ni à eux-mêmes ni au autres! Et continuent d’en décourager plus d’un !



A Cannes et dans le langage courant, « la gloire » correspond à une « grande renommée répandue dans un très vaste public » (Dico). C’est bien ce qui va se passer sur la Côte : 1500 projections en 10 jours et Robert de Niro comme Président de Jury. Aujourd’hui – mal gré qu’on en ait !-, la gloire est liée définitivement à l'utilisation des médias. Jean Paul II s’en était rendu maître et a « fonctionné en fonction » d’eux ! L’Eglise le lui a bien  rendu dimanche 1er Mai lors de sa béatification à Rome par son successeur, avec  90 délégations officielles du monde entier, dont 16 chefs d'Etat. Sans compter les centaines de TV internationales…




Pouquoi l’Eglise ne pense-t-elle pas à « expliquer catéchétiquement, donc pédagogiquement » ce qui se passe, sinon le jour même, sur place, en quelques commentaires du dominicain de service, qu’ « on » n’écoute pas parce qu’ « on » regarde les images ! D’autres le font pourtant : allez sur Internet à http://org-www.tv5.org/TV5Site/enseigner-apprendre-francais/fiche-2392%20Jean_Paul_II_a_ete_beatifie_niveau_B2.htm: vous aurez tout un kit de réflexion et d’analyse sur ce phénomène de la « béatification » pour TOUS.
TV5 l’a fait ! C’est à TV5 qu’il aurait fallu demander de préparer cette 45e Journée mondiale des communications sociales !

A quoi cela rime-t-il qu’en ce jour Rome - Benoît XVI ou un autre responsable romain -, nous invite à « réfléchir sur l'usage que nous faisons des réseaux sociaux » et des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) ? Encore faut-il que nous, les chrétiens, les utilisions avec leurs règles d’utilisation sans les détourner, pour l’explicitation « contemporaine » du message du Christ! Les medias se vengent si on ne les respecte pas !
Cette « Mater et Magistra » que s’autoproclame notre Eglise Romaine n’a toujours pas constitué son corps d’élite de la Communication : non seulement pour produire des images (ce qu’elle fait abondamment et dont elle tire suffisamment de revenus), mais pour réduire le gap effrayant d’avec les cultures contemporaines, et transformer son art et sa manière de traiter des questions de la foi en des « langages » que les hommes du 21ème siècle – enfants d’Internet et de la Globalisation -, puissent assimiler !






La qualité d’une armée repose sur la capacité des sous-officiers à driller et à diriger les hommes de troupe, et pas sur les officiers, les supérieurs surtout, qui donnent des ordres, mais ne sont pas chargés de les faire appliquer ! Dans quel curriculum de quelles études ecclésiastiques inclut-on des cours de cinéma, de TV, de Com et d’Internet, avec mémoires de recherche et stages de perfectionnement ? Au même titre qu’Ecriture Sainte, Dogme et droit Canon !
Après – seulement après – pourra-t-on inviter à « réfléchir sur l'usage que nous faisons des réseaux sociaux » et des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication). Mais là, sur quoi réfléchir ? 

Les évangélistes ont écrits des mémoires, Paul des Lettres, Augustin des romans, François des chansonnettes, Dominique des croisades, Jean de la Croix et Térésa d’ Avila des poèmes et des airs de guitare, Ignace des Exercices, François de Sales des Traités, Lacordaire des homélies : dans notre monde cybernétique, ils auraient fait AUTRE CHOSE, ils auraient « inventé » d’autres formes d’expression ! L’écrit ne convient plus à lui tout seul : la pensée passe par le virtuel, le Christ passe par d’autres canaux que les romains, la foi rejoint les spiritualités du monde, qui ne s’appréhendent qu’avec les moyens mêmes qui ont fait surgir la globalisation religieuse de la planète…
JMJ et Béatification sont de très bonnes choses ! Mais elles ne sont appelées qu’à devenir que des albums de photos. Elles émeuvent le temps de leur apparition et de leur évocation rétrospective ! Le reste du temps, elles dorment dans les coulisses de notre mémoire !

Les enjeux de gloire passent par d’autres sentiers désormais !

  • Qu’il y ait une logique du message chrétien, insépa­rable du messager ;
  • qu’il y ait des risques, notamment celui de se complaire dans un monde parallèle avec un mauvais usage de « profil » où chacun peut construire sa propre image pour en retirer une « gloire » quan­tifiée par le nombre d'amis déclarés ou de visiteurs ;
  • qu’il faille être présent non seule­ment par « l'insertion de contenus ouvertement religieux » mais en témoi­gnant « par des choix, des préférences, des jugements qui soient profondément cohérents avec l'Évangile, même lorsqu'on n'en parle pas explicitement »…
qui l’ignore, qui ne le souhaite ?

Mais « on » est las de n’entendre que des mises en garde et des conseils, tombant « du ciel » sans l’exemple de CE QU’Il FAUDRAIT FAIRE ?
C’est d’abord en imitant le maître que l’apprenti apprend, puis découvre sa propre voie et réalise son chef d’œuvre  !
Où est le maître, où sont les maîtres en Technologies Religieuses ? Où sont les universités de Cybernétique Catéchétique et Mystagogique ? Les évêques, le pape ont-ils été formés MENTALEMENT à évangéliser au 21ème siècle, ou seulement à coups de doctorats romains ?



Oui, certes la manière de vivre du messager (le way of life) est intimement liée à ce qu'il annonce. Plus encore, l'annonce chrétienne, l'Évangile, se réalise dans un jeu de rela­tions : oui, tout se joue dans la relation entre Jésus et son Père, entre Jésus et les siens, entre les siens et son Père : « J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner » (Jn 17,6). « Je prie pour eux :[...] ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi et je trouve ma gloire en eux » (Jn 17,10).
Oui et oui, trois fois oui !
Restent à définir
  • et quelle est AUJOURD’HUI la manière dont doit vivre le messager
  • et  comment Jésus aurait conçu le réseau CONTEMPORAIN de relation entre son Père, les siens et lui-même !
On n’en sortira pas tant qu’on n’aura pas admis que toute communication est éminemment fonction de la culture où elle s’exprime ! Et que sans vergogne, Jésus se mettrait aujourd’hui à son ordinateur, à son Skype et à son Iphone pour communiquer avec les disciples envoyés deux par deux en stage

Et finalement ce n’est pas un « message » que Jésus veut faire « passer » par un « media » ou un autre ! De même qu’il est  déjà « le prêtre, l’autel et la victime »,
  • c’est lui-même le « passeur » par excellence au moment où « il passait » de ce monde à son Père, il « communiquait » par la prière avec tous les siens, gloablement, au-delà de son temps et de son espace.
  • Il se révèle à la fois « passeur » et « webmaster » :
  • il « connecte » résolument à son Père tous ceux que le Père lui a confiés afin qu'ils bénéficient des ses « flux » en abondance (voir Jn 10,10).
  • La vie de Dieu est « connection » avec le Père par le Fils dans l'Esprit.

Alors on peut aller répétant pontificalement et doctement que
  • le contact virtuel ne remplace pas la rencontre effective avec notre prochain ;
  • les tech­niques numériques présentent « le risque d'être plus distraits, parce que notre attention est fragmentée et absorbée dans une monde "différent" de celui dans lequel nous vivons» ;
  • de véritables relations humaines supposent une qualité d'attention à l'autre, un dialogue dans le respect, une certaine durée et un minimum de profondeur ;
  • « la vérité que nous cher­chons à partager ne tire pas sa valeur de sa "popularité" ou de la quantité d'attention reçue. [...]Elle doit devenir un aliment quotidien et non pas une attraction d'un instant» :
tout cela reste vrai mais théorique. Comme pour les critiques de livres ou de films : on aimerait les y voir, les critiques, devant un écran blanc, et derrière une caméra ! Chacun son métier, certes ! Alors laissons travailler ceux qui sont sur le terrain, sans les encombrer et inhiber de protocoles qui, devant la nécessité, n’ont jamais aidé, mais embarrassé !

L'Évangile que nous servons nous dépasse. C’est le B A  BA de la foi !
  • En conjuguant humilité et audace, nous le proposons comme « un don qui requiert une libre réponse ».
  • Le dialogue de Jésus avec les disciples d'Emmaüs reste un modèle de communication qui « stimule le cœur et interpelle la conscience ».
  • Enfin, « la vérité qui est le Christ, en dernière analyse, est la réponse pleine et authentique à ce désir humain de relation, de communion et de sens qui émerge même dans la participation massive aux divers réseaux sociaux ».
  • Car le Christ est l'image parfaite de la communion entre Dieu et l'homme.
Et si l’évangile l'énonce aujourd’hui avec ce vocabulaire, plutôt surprenant pour notre oreille, celui de la gloire, ne baissons pas les bras. Trouvons sa gloire, aujourd’hui, dans les merveilles de la communication globale en temps réel ! EN TEMPS REEL : c’est la performativité même du « sacrement » QUI DANS LE MÊME TEMPS REALISE CE QU’IL SIGNIFIE !

C’est certainement ce à quoi pensait Teilhard de Chardin avec sa « Messe sur le monde » !

« Puisqu'une fois encore, Seigneur, dans les steppes d'Asie, je n'ai ni pain, ni vin, ni autel, je m'élèverai par-dessus les symboles jusqu'à la pure majesté du Réel, et je vous offrirai, moi votre prêtre, sur l'autel de la Terre entière, le travail et la peine du Monde.
Le soleil vient d'illuminer, là-bas, la frange extrême du premier Orient. Une fois de plus, sous la nappe mouvante de ses feux, la surface vivante de la Terre s'éveille, frémit, et recommence son effrayant labeur. Je placerai sur ma patène, ô mon Dieu, la moisson attendue de ce nouvel effort. Je verserai dans mon calice la sève de tous les fruits qui seront aujourd'hui broyés.
Mon calice et ma patène, ce sont les profondeurs d'une âme largement ouverte à toutes les forces qui, dans un instant, vont s'élever de tous les points du globe et converger vers l'Esprit. Qu'ils viennent donc à moi, le souvenir et la mystique présence de ceux que la lumière éveille pour une nouvelle journée
Un à un, Seigneur, je les vois et les aime. [...] Je les évoque, ceux dont la troupe anonyme forme la masse innombrable des vivants ; ceux qui viennent et ceux qui s'en vont ; ceux-là surtout qui, dans la vérité ou à travers l'erreur, à leur bureau, à leur laboratoire ou à l'usine, croient au progrès des Choses, et poursuivront passionnément aujourd'hui la lumière.
Cette multitude agitée, trouble et distincte, dont l'immensité nous épouvante, cet océan humain, dont les lentes et monotones oscillations jettent le trouble dans les cœurs les plus croyants, je veux qu'en ce moment mon être résonne à son murmure profond. Tout ce qui va augmenter dans le monde au cours de cette journée, tout ce qui va diminuer, tout ce qui va mourir aussi, voilà, Seigneur, ce que je m'efforce de ramasser en moi pour vous le tendre; voilà la matière de mon sacrifice, le seul dont vous ayez envie.
Recevez, Seigneur, cette Hostie totale que la Création, mue par votre attrait, vous présente à l'aube nouvelle. Ce pain, notre effort, il n'est de lui-même, je le sais, qu'une désagrégation immense. Ce vin, notre douleur, il n'est encore, hélas ! qu'un dissolvant breuvage. Mais au fond de cette masse informe, vous avez mis un irrésistible et sanctifiant désir qui nous fait tous crier, depuis l'impie jusqu'au fidèle : "Seigneur, faites-nous un". »

Toutes leurs activités, leurs prières et leurs entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale, leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d'esprit et de corps, s'ils sont vécus dans l'Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pourvu qu'elles soient patiemment supportées, tout cela devient offrandes spirituelles agréables à Dieu par Jésus-Christ (voir 1P 2,5) ; et dans la célébration eucharistique ces offrandes rejoignent l'oblation du Corps du Seigneur pour être offertes en toute piété au Père. C'est ainsi que les laïcs consacrent à Dieu le monde lui-même, rendant partout à Dieu dans la sainteté de leur vie un culte d'adoration (Lumen gentium, 34).


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