Si tu veux tu peux
Homélie du 6ème dimanche ordinaire
12 février 2012-02-06
Textes
§ Ps 32(31),1-2.5.11
§ 1 Co 10,31-33.11,1
§ Mc 1,40-45
Nous n’avons aucune idée de la situation dramatique des lépreux au temps de Jésus : ils étaient bannis de la société, excommuniés en somme. En raison de leur maladie, on les considérait comme impurs. Ils représentaient un danger dont il fallait absolument se protéger. Ils étaient donc obligés de partir loin de leur famille et de leur milieu de vie. Ils se trouvaient donc condamnés à la solitude et au désespoir.
Chacun se souvient de cette séquence de Ben Hur, quand le héros part à la recherche de sa mère et de sa sœur, lépreuses, dans les grottes où elles devaient se terrer : s’enterrer vivantes !
Grâce à Dieu et à la science, la lèpre n’est plus une cause d’exclusion. Elle est même devenue une cause et un stimulus de générosité : missionnaires et collectes s’y emploient ! Combien d’actions pourraient être engagées avec seulement le prix d’un seul avion à réaction de la dernière génération !
Mais combien d’autres exclus aujourd’hui ! Qu’ils sont toujours nombreux celles et ceux qui sont mis à l’écart. Certains, c’est parce qu’ils représente(raie)nt un danger dont il faut se protéger : attention, cela peut arriver à tout le monde ! Croyances, opinions, maladies…
D’autres, c’est parce qu’ils nous mettent (effectivement) mal à l’aise ! Cultures, mœurs, comportements !
Et la course effrénée au profit qui fait que les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres !
Et la (re)montée exponentielle du racisme, du chômage et de la précarité !
D’autres – enfin ? -, sont exclus à cause de leur passé et de leur réputation ou encore parce qu’ils ont fait un séjour en prison ! La réhabilitation est-elle une utopie ?
Nous - la société, le peuple - les enfonçons par mesure de prudence (Risque Zéro) et ne leur laissons aucune chance (Priorité aux honnêtes gens !).
Vous rappelez-vous le film de Steven Spielberg, Minority Report, sur l’attitude préventive de la société, punissant l’acteur avant l’acte ?
Marc –depuis la Rome impériale !-, voudrait nous aider à changer notre regard et notre attitude. Il campe un Jésus qui circule dans les lieux inhabités - là précisément où sont les lépreux ! Un Jésus qui ne craint pas de prendre le risque de les rencontrer ; et c’est ce qui arrive : « Un lépreux vient trouver Jésus ; il tombe à genoux et le supplie : Si tu le veux, tu peux me purifier ». En juif pieux et respectueux des codes, Jésus aurait dû s’écarter loin de cet homme – puisque la loi de Moïse lui-même le lui imposait. Mais à lire Marc, Jésus ne se dérobe jamais à la souffrance et au mal : il veut au contraire communier à la détresse de l’homme pour le libérer. Suivant les comparaisons d’une civilisation pastorale, il est « le bon Pasteur qui ne cesse de partir à la recherche de la brebis perdue ».
Le lépreux rencontré aujourd’hui reconnaît sa pauvre et lamentable situation (impureté légale, péché peut-être !). Mais à la vue de Jésus, il reprend confiance : il est sûr qu’il peut être guéri. Il nous faut reconnaître l’audace de cet homme dont le contact rendait impur. Mais il « sent » qu’avec Jésus, c’est la pureté qui devient contagieuse et non la lèpre : la preuve, en le touchant, Jésus ne devient pas lépreux. C’est le lépreux qui devient guérit au contact de la « merveilleuse » -miraculeuse -, divinité de Jésus.
Voilà une bonne nouvelle de la plus haute importance pour aujourd’hui !
Car nous croyons à notre tour – comme le lépreux de jadis -, que ce que Jésus a fait autrefois en terre de Palestine, il est capable de le continuer aujourd’hui. Il est capable de nous rejoindre dans toutes les lèpres qui bouleversent notre vie et celle de notre monde : lèpres corporelles, les maladies, les cancers, le sida, l’alcoolisme, la drogue… et lèpres psychologiques et morales qui ont fait des nœuds dans les cœurs : malheurs des divorces et des avortements, par exemple.
Le chrétien, lui, n’oublie pas la lèpre du péché qui ronge et enferme sur soi.
Quels que soient notre situation et notre état, Marc nous signale un lépreux physique qui a osé s’adresser avec confiance à Jésus : parce qu’il a « saisi d’un coup » - un coup de foi ! -, que lui seul a vraiment reconnu sa détresse personnelle et pouvait le « relever ».
Leçon sur l’essentiel : l’amour du prochain. Se faire proche de celui qui est dans le besoin pour le restaurer dans sa dignité. Le baptême fait du chrétien un membre du Corps du Christ, avec mission d’ « être Jésus » auprès des autres, appelé à aimer et à rayonner son amour audacieux et libre.
Nombreux, jamais assez, – gloire de l’homme à l’image de Jésus! -, sont au service de la santé et qui donnent le meilleur d’eux-mêmes à cette cause ! Service Evangélique des malades, Aumôneries d’hôpitaux, de cliniques et de maisons de Retraite : médecins, infirmiers et infirmières, familles et même les malades (car il y a toujours plus malade que soi).L’amour du Christ – reconnu ou non -, doit continuer de rayonner !
Paul écrivait aux chrétiens de Corinthe : « Mon modèle c’est le Christ. » Cette parole doit caractériser tout chrétien : comme lui, prendre le Christ pour modèle. Sa loi d’amour - qu’il est venu instaurer -, est bien plus forte que tous les interdits imposés par toutes les sociétés. Quand Jésus touche le lépreux, c’est Dieu qui abolit toutes les distances : le Père se fait proche pour re-placer son enfant dans le monde de la vie et des autres : le « ré-intégrer », le « re-communier »
L’Eucharistie doit être la «station service » où les chrétiens viennent se remplir et s’imprégner de cet amour de Dieu. « Ite, Missa est », cela veut dire : allez maintenant prolonger à votre tour votre propre tendresse dans vos relations avec les autres. Devenez des témoins de la bonté de Dieu et de sa victoire sur le mal pour que tout homme en reçoive une espérance.
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