Dieu a tant aimé le monde...
4e dimanche du Carême - B
18 mars
Textes
- 2 Chron. 36,14-16.19-23.
- Ps 137(136),1-2.3.4.5.6
- Jn 3,14-21
Dans la grande histoire, comme dans nos histoires personnelles, il existe des « moments » où se révèlent de hautes valeurs religieuses et humaines. Chacun en a fait l’expérience. La rencontre de Jésus avec Nicodème, chez Jean, est l’un de ces moments où le rural galiléen affirme à l’urbain pharisien en recherche de vérité que «Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique, afin que celui qui croit en lui ne meure pas mais ait la vie éternelle».
Ainsi, voici la proposition de départ :
- Dieu aime notre monde,
- il nous aime malgré nos violences, nos faiblesses et nos péchés.
- Et « Il a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »
Si le mal de l’humanité est chronique, sous l’emprise des forces de la mort : guerres, destruction, violence, il n’en existe pas moins une autre force, une force de vie qui
- unit au lieu de diviser,
- apaise au lieu d’angoisser,
- guérit au lieu de blesser.
«Dieu a tant aimé le monde». Ces quelques paroles expriment tout le message chrétien de la rédemption. Paul Claudel écrivait : «Nous ne sommes pas chrétiens parce que nous aimons Dieu mais parce que nous croyons que Dieu nous aime»
Quelque part nous savons que nous ne pouvons nous en sortir seuls –hier, aujourd’hui et demain -, et plus nous avançons en âge, plus cette vérité devient évidente (ou : plus cette évidence devient vérité !).
Voyez une personne qui essaie, de ses propres forces, de se sortir des sables mouvants : plus elle se débat, plus les sables l’attirent vers le gouffre. Seule une main extérieure, peut l’aider à s’en sortir. N’avons-nous pas le sentiment de vivre parfois dans une clairière de sables mouvants dont seule une « main venant d’ailleurs » (celle de Dieu ?) peut nous extirper ?
C’est Albert Camus - dans son célèbre roman "La peste" -, qui décrit l’état misérable et même fatal de l’être humain. La « peste » est la métaphore du mal qui se cache en nous : «Je sais... que chacun de nous la porte en son coeur cette peste et que personne, non personne n’est immunisé.» La Bible présente souvent Dieu comme le «médecin» capable de guérir de cette maladie mortelle.
Notre société ressent une sorte de pessimisme vis-à-vis du mal dans notre univers : «le monde est pourri... y’a rien à y faire : violences, prises d’otage, égoïsmes collectifs, dépravation morale, drogue, guerres»... Qui n’a pas parfois l’impression que le monde traverse une époque glaciale, où manque la chaleur de l’amour. Comment croire quand même que l’amour de Dieu est y toujours présent ?
Si Jésus vient, si l’Esprit souffle, c’est que le Père de tous les hommes veut donner une vie nouvelle à ce monde qu’il a créé et qui est devenu notre monde !
Comment faire se dissiper les ténèbres pour que brille la lumière ?
Comment vaincre le péché par la grâce ? la haine par l’amour ?
Comment passer de l’incrédulité à la foi ? du découragement à l’espérance ?
De la mort à la vie ?
Nicodème le nocturne est un chercheur de Dieu : c’est aussi un chef des Juifs, membre du Sanhédrin, qui défendra Jésus le vendredi saint et l’ensevelira dans une tombe neuve, aidé de son vieux camarade, Joseph d’Arimathie ! En voilà deux qui en ont vu !
Leur esprit a pressenti une lueur d’espoir en ce Jésus pour ceux qui cherchent la lumière dans la nuit de leurs peurs et de leurs doutes. Et de leur espérance !
L’eucharistie dominicale rappelle ce projet de Dieu pour nous : il nous invite à recevoir son amour, à agir à son exemple pour apporter à notre monde plus de joie, de paix et d’amour. En effet, être disciple de Jésus veut dire suivre son exemple, agir comme lui. Paul disait aux Éphésiens «Montrez-vous bons et compatissants les uns envers les autres, vous pardonnant mutuellement, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ».
C’est pourquoi le message du Carême est un message d’espérance : car notre vie n’est pas un voyage sans but ni espoir. En disant que notre vie est une «passion inutile», Jean-Paul Sartre n’engage que lui !
Autour du pain et de la parole de Dieu, les chrétiens ne sont pas de cet avis !
Ils se rassemblent chaque dimanche pour célébrer leur espérance.
«Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que celui qui croit (et croît) en lui ne meure pas mais qu’il ait la vie éternelle»
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