dimanche 25 mars 2012

Programme de la Semaine Sainte : du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques en passant par Jeudi Saint, Vendredi Saint et Samedi Saint


Programme de la Semaine Sainte :
du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques
en passant par Jeudi Saint, Vendredi Saint et Samedi Saint


Dimanche des Rameaux – B : Ouverture
01 avril



Textes
-          Is 50,4-7
-          Ps 22(21),8-9.17-18a.19-20.23-24.
-          Phil 2,6-11
-          Mc 14,1-72.15,1-47

Savez-vous que 20% de l’évangile de Marc sont « consacrés » à la Passion, détaillant des événements d’une durée de 24 heures, du jeudi soir au vendredi soir. On se croirait dans la série « 24 h /Chrono », avec Kiefer Sutherland ! D’un coucher du soleil à l’autre !

Le script est bien monté : double accusation et deux procès différents :
  1. un procès «religieux», devant le Sanhédrin, devant tous les grands prêtres : la haute autorité « religieuse » ... (le tribunal de l’Inquisition de l’époque)
  2. et un procès «politique», devant Pilate, représentant de Rome (la Gestapo romaine).
Au cours de ces deux procès, l’identité véritable de Jésus nous est révélée:
  1. «Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni?»
  2. «Es-tu le roi des Juifs?»

Messie, Fils de Dieu, Roi des Juifs.

Dialogues « époustouflant » ! Jésus - le maître de la riposte -, n’a ouvert que trois fois la bouche à partir de son arrestation. Silence impressionnant en raison même des questions dont on le presse.
  1. Devant le Grand Prêtre, il affirme être le Messie, le Fils de l’Homme.
  2. Face à Pilate, il reconnaît être le Roi des Juifs. 
  3. Sur la croix, il reprend la plainte du Serviteur souffrant : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?»

Maître du docu live, Marc met l’accent sur les éléments les plus dramatiques de la condamnation :
  1. au jardin de Gethsémani, il est «triste à mourir», il commence à sentir l’angoisse et la peur, il implore le Père de lui éviter cette mort tragique, il ne trouve personne pour le consoler (ses trois amis les plus proches se sont endormis), il est trahi, renié et tous les disciples l’abandonnent.
  2. Un assassin, Barrabas, est relâché à sa place.
  3. On se moque de lui en le parodiant « roi des Juifs ».
  4. Sur le mont calvaire, en pleine crucifixion, on l’insulte. Seules quelques femmes de ses amies observent de loin.
  5. Et à la fin, lui-même a l’impression que Dieu lui-même l’a abandonné.
En fait, au sommet du calvaire et du supplice,
  1. cet homme réunit toutes les douleurs, toutes les larmes, toutes les angoisses de nos vies
  2. et Dieu par là se montre solidaire de toutes ces souffrances qui étouffent notre monde.

La montée de cette violence extrême a commencé tôt :
  1. Autour de l’homme Jésus de Nazareth s’est développée une animosité qui est devenue graduellement de la violence, une violence aveugle, de plus en plus communicative.
  2. D’abord la haine des membres du sanhédrin, de la secte des pharisiens et celle des Sadducéens. Elle s’étend ensuite à tout le peuple qui finit par crier d’une seule voix : «Crucifie-le».

Le scénario des Matthieu, Luc et Jean souligne beaucoup moins cet aspect dramatique (dramatization) de l’épisode central de la passion. Marc (Pierre, dont il est la plume ?) croit profondément dans l’incarnation de Dieu devenu l’un de nous, avec une vie d’angoisses, de souffrances et de misère, et il sait montrer (le poids de mots, le choc des photos !) comment Jésus, le Christ/Messie crucifié, s’identifie à toute la douleur de vivre, surtout de celles et ceux qui meurent injustement : guerres, tortures, génocides, famine, discrimination, etc.
Tout cela s’organise en deux processions / manifestations qui pratiquent l’inclusion:
1.       l’une conduit Jésus à Jérusalem où il est accueilli avec enthousiasme (Les Rameaux).
2.       L’autre l’entraîne hors de la cité, condamné à la mort la plus atroce imaginée par les hommes (La Passion).
C’est la dualité de la réponse que l’on donne à Dieu à travers l’histoire…
  1. Tantôt nous lui permettons d’entrer chez-nous. Dans la procession des rameaux, il est acclamé comme «Fils de David… qui vient au nom du Seigneur». Les gens étendent leurs vêtements sur la route pour lui rendre hommage.
  2. Tantôt nous le rejetons violemment hors de nos vies. Dans la procession de la passion, la foule lance des cris de haine envers celui qui est condamné à mort pour avoir fait le bien et prétendu être le roi d’Israël. On lui enlève ses vêtements et on le couvre de crachats, de ridicule et d’injures.

Le message de Marc est plastiquement clair : le véritable « kérygme », le sens de la «Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu» est révélé seulement sur la croix. C’est à un centurion romain (cet évangile est écrit à Rome, sous la « dictée » de Pierre) qu’est confiée la synthèse de sa théologie et de sa foi : «Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu».

Ça y est ! Le «secret messianique» est levé ! Jésus « fait » dire enfin qui il est. Toute sa courte vie publique durant, il demandait aux gens de garder le silence sur son identité !

Apparemment, « dit » Marc, on ne peut « comprendre » Dieu qu’en regardant la croix:
  1. Il est «fils», certes, mais pas comme les hommes se l’imaginent...
  2. Il est «roi», certes, mais pas comme les hommes s’y attendent...
-          Ce fils est tout amour, l’amour absolu, qui meurt pour «l’autre »...
-          Ce roi est le serviteur sans privilège et sans domination. Il donne sa vie pour chacun de nous.

Chez Marc, la toute-puissance de Jésus est la faiblesse de son amour.
"Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout"

C’est bien, Marc ! Vous l’avez lu ?

Jeudi saint : La crise et l’espérance.
5 avril 2012




L’invention de l’Eucharistie - de la messe -, par l’homme de Nazareth, est une, LA réponse Espérance au moment de la crise de l’Incarnation.
Les crises, - nous le savons, nous baignons dedans depuis trop longtemps -, ce n'est jamais agréable mais cela oblige, si on prend le temps, de réfléchir en profondeur sur ce qui se passe, et de prendre des décisions majeures pour dépasser durablement  la situation.

Ce fameux « jeudi » (saint) en est à la fois l’exemple, la preuve et le paradigme, car tous les événements vécus cette « semaine » (sainte) - dont nous faisons mémoire -, ont été vécus dans des
contextes de crises.
La Cène - «notre histoire fondatrice, l'histoire de la Nouvelle Alliance de Dieu avec nous» -,  nous révèle un contexte particulièrement ébranlant:
-          Judas a vendu le Christ,
-          Pierre est sur le point de le renier,
-          et le reste des disciples s'apprête à fuir.

C'était la nuit totale, non seulement au sens propre, mais aussi dans le groupe des disciples : la nuit surtout dans le cœur d’un Jésus qui, au début du repas rituel de la Pâque, affirmait que son «âme était triste à en mourir».
Et pourtant, cette crise était porteuse d’une vie « mystique » car l’Eglise est née au moment où « le premier groupe » se désagrégeait…

  • Une histoire se terminait, une histoire d’hommes ! Celle des Apôtres qui avaient conservé l'idée d'un Messie politique (rappelons-nous ce que disaient les disciples d'Emmaüs: Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël).
  • Une autre histoire commençait, celle-là beaucoup plus proche de la forme de libération que cet homme Jésus était venu apporter - la libération du cœur -, se révélant par là  être plus qu’un homme !
  • Alors de la nuit a surgi le jour! La crise a enfanté l’espérance !

La suite s’enchaîne alors : la résurrection de Jésus, enfantant à son tour une nouvelle vie au cœur des Apôtres qui, s'étant ressaisis en intégrant en-fin le message de leur maître, deviennent physiquement sensibles à la présence performante de son Esprit, et partiront annoncer cette Bonne Nouvelle.

C’est pourquoi chaque fois que les chrétiens se réunissent pour « faire Eucharistie» - CAD pour « rendre grâce » -, ils font mémoire de cette crise de laquelle leur Église est issue et y puisent le courage que leurs « anciens » ont su y trouver pour traverser à leur tour les crises actuelles, celles de l'Église du 21ème siècle !

Il n’y a jamais eu d’époque facile ! Faut-il pour autant s’interdire de faire des projets ?
N’est-ce pas justement le temps opportun (in tempore opportuno) de proclamer l’espérance envers et contre tout et tous !
Si nous croyons que le Jésus historique, le Messie du monde, est le maître de l’Histoire, sa fidélité passe aussi par notre histoire, par notre situation historique à nous !

L’heure de l’Eucharistie est toujours l'heure de l'espérance! Ce que NOUS avons à vivre actuellement, réunis autour de la table eucharistique, nous en sommes convaincus, fera naître, de cette énième crise que vit l'Église, une vie « neuve » : de même qu’à la suite de la Cène, le « groupe » écrivit la première page de notre histoire commune…

Convaincus, parce que - nous le croyons ! -, tout notre travail de transformation humanisante rend, à chaque crise un peu plus visible, cette espérance symbolisée - « sacramentralisée » -, dans le blé transformé en pain et que Jésus transforme mystérieusement (divinement) en son propre corps.

Notre tâche est toujours de rendre plus divin le monde dans lequel nous  vivons : tâche symbolisée – je répète « sacrementalisée » -,  par le pain et le vin «christifiés» aujourd'hui, comme hier et demain : «Ceci est mon corps, ceci est mon sang» !
Autrement dit : la consécration du pain (et du vin), c'est le Christ Jésus qui "christifie" ce que nous avons
humanisé en marchant dans les longues nuits de crise !

Les nouvelles pages d'histoire de notre Église s'écriront tant qu'il y aura encore des gens qui s’offriront
- à faire renaître la Parole de l'Évangile là où ils vivent ;
- à faire valoir que la dignité de toute personne dépend d'abord et avant tout du fait qu'elle est aimée de Dieu;
- à bien faire ce qui est à faire, aujourd’hui et maintenant !

«Si Jésus s'est saisi des traîtres, s'est entouré d'eux et en a fait son Église naissante» - comme nous le  rappelle britanniquement Timothy Radcliffe, o.p. -,  imaginez ce qu'il peut faire, par nous, pour l'Église d'aujourd'hui.





Vendedi saint : Ecce homo
6 avril 2012




Nous connaissons la scène dans ses moindres détails (voir Mel Gibson !) , surtout depuis l’invention du cinéma et « grâce » aux centaines de films tournés sur le sujet : les soldats flagellent Jésus, puis le frappent, et enfin l’affublent des signes caricaturaux de la majesté impériale : le manteau de pourpre, la couronne d’épines tressée et le sceptre de roseau.

Ils en font un bouc émissaire sur lequel se déverse toute leur angoisse, en fait l’angoisse de tous les hommes qui souvent déversent leur mal être sur n’importe qui (le plus faible, en général), en espérant éloigner leur angoisse de cette façon.

Ainsi, historiquement et dans les faits, Jésus prend sur Lui – on lui fait porter -, tout le mal de notre humanité, pour nous obtenir la Paix à CE prix : c’est aussi la prédiction du prophète Isaïe : « Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison. »

Bref : Jésus est donc traduit devant Pilate sous cette apparence royale caricaturale. Comme un peu un personnage de carnaval dont on se moque.
Et Pilate le présente bien à la foule comme représentant TOUT homme : « Ecce homo ! Voici l’homme ! », silhouette battue, bafouée et ensanglantée.

Le romain espère-t-il exciter des juifs de la compassion pour celui  qu’il baptise ainsi « l’être humain en tant que tel », dans lequel est « incarnée » la misère de tous ceux qui sont frappés et anéantis par l’occupation ?
Mais qu’est-ce que cela reflète pour le procurateur, sinon d’abord l’inhumanité du pouvoir humain, lorsque le fort écrase le faible et le réduit à une condition servile ? N’est-ce pas ce qui se passe partout où et quand l’homme se détourne de Dieu et prend en main de manière autonome le gouvernement de son monde ? Et qu’au lieu de construite et d’édifier l’humanité, il l’avilit ?
N’est-il pas là, devant nous, cet homme, dans ce  Jésus couronné d’épines et flagellé, humilié et rabaissé par l’homme assoiffé de pouvoir et de domination. ?

Quand l’homme oublie qu’il est à l’image du Créateur, quand il ne se rappelle plus qu’il est gestionnaire et non propriétaire de ce monde, alors la joue meurtrie, celle de Jésus aujourd’hui, révèle aussi une autre face invisible et intouchable : sa profonde dignité ! Son Corps peut bien être meurtri et son honneur bafoué, sa dignité divine et humaine ne peut Lui être enlevée. En Jésus, nous est démontré que même si l’homme est frappé et humilié, il reste en lui l’image de Dieu.

Si Jésus – au nom de Dieu - se laisse ainsi « frapper », c’est pour que toute personne blessée et humiliée garde en elle la dignité de l’image divine. « Vendredi Saint » est saint, parce qu’il ne se referme pas sur et dans la souffrance dans un dolorisme apitoyable : Dieu en personne prend sur Lui cette – la sienne et la nôtre -,  souffrance. Comme dans l’Eucharistie d’hier, ici aussi, claque le vent de l’espérance.

Ce vendredi-là est la preuve historique que, non seulement Dieu est du côté de ceux qui souffrent, mais qu’il est lui-même, dans sa chair, celui qui souffre !
Quand Dieu en Jésus est rabaissé au rang d’esclave ou d’animal, il est au rang de l’homme, pour le « relever le 3ème jour » (re - surrection) et lui rendre sa dignité ôtée.

Un/Le chemin de l’homme divinisé est ainsi paradoxalement la contemplation de CET  homme montré à son  insu par le pleutre Ponce Pilate : « Voici l’homme.»



Samedi saint Nuit : Evidence
7 avril 2012



Là, il y eut deux soirs… Et ce fut au matin du surlendemain que cela se passa…

De grands événements sauveurs se passent de nuit, de la sortie d’Egypte au débarquement allié sur les côtes normandes : on les attend, et puis un matin, on s’aperçoit que « ça » a démarré pendant que nous dormions !

Jeudi soir il inventait l’eucharistie, vendredi après-midi on le mettait à mort, samedi ce fut relâche, le ciel et la terre retenant leur S/souffle ! Et le 3ème jour, c’était fait ! Le soldats de garde n’y virent que du bleu : comment rédiger leur procès verbal ? La seule déposition fut celle d’un « ange », un porte parole de Dieu, aux femmes apôtres, épouvantées et muettes ! Vous croyez aux anges, vous ?
Il n’y eut que Madeleine, qui le prit pour un autre avant de vouloir le retenir : on n’aime vraiment qu’une fois !

Oui, pour garder le fil de la « série Dieu avec les hommes », il faut évoquer les quatre grandes nuits de l’histoire du salut :
1 - La première est celle de la création : le premier mo(uve)ment : "Dieu a créé l’homme pour avoir quelqu’un en qui déposer ses bienfaits" (Irénée). Moment initial et toujours présent : Dieu nous crée à chaque instant de notre existence.
2 - La seconde est celle du « pacte » de Dieu avec Abraham : "Quand le soleil fut couché et que les ténèbres s’étendirent, voici qu’un four fumant et un brandon de feu passèrent entre les animaux partagés. Ce jour là Yahvé conclut une alliance avec Abram" (Ex 15,17-18). Alliance confirmée au terme de l’épreuve où Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils Isaac. Alliance de la foi.
3 - La troisième nuit, c’est la nuit de la sortie d’Egypte, la libération de tout le peuple, qui mènera au Pacte du Sinaï. Le passage de la Mer Rouge, l’évasion en zone libre. La première image du baptême qui, dans l’histoire toujours en cours, fait, des enfants des hommes, des enfants de Dieu
4 - Quant à la quatrième et dernière nuit, ce sera la nuit eschatologique, la nuit de la fin des temps, quand Il reviendra juger les vivants et les morts ! Nuit déjà présente, passée et future avec la résurrection de Jésus : l’avenir, vers lequel nous tendons est déjà présent, puisque cette nuit s’est déjà inscrite dans notre passé.

Oui, toute nuit ouvre sur un matin. Le tombeau est ouvert et vide. Jésus s‘est relevé (anestè) dans le mystère de la nuit.
Il n’est pas indifférent que ce soit des femmes - chez qui se mêlent nature et vocation de spécialistes physiques de la vie, de concevoir et d’enfanter -, celles qui ont enseveli Jésus au soir du sabbat  (samedi) commençant -, elles qui semblent avoir un lien secret avec la vie -, il n’est pas indifférent que ce soit elles les premières à recevoir sans ménagement le message inouï de la vie ressuscitée.
Seraient-elles les premières à pouvoir comprendre ? En tout cas, elles furent les premières à en être avisées !

On peut même dire que comme Marie avait entouré les premiers instants de Jésus venu dans sa chair, ainsi il revient aux femmes d’entourer de leur présence les premiers instants « néo-temporels » du retour de Jésus à la V/vie : elles sont les premières à avoir « réalisé » qu’il ne faut pas chercher parmi les morts celui qui est vivant. Les premières à se rappeler que : "Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite".

Là, les disciples mâles restent en retrait : ils ne croient pas ces propos délirants !
Est-ce le remords qui pousse Pierre à courir au tombeau pour n’y voir qu’un linceul, et s’en « retourner chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé". Ailleurs, il est accompagné de Jean où on rapporte que ce dernier n’en vit pas plus, mais « crut », tandis qu’il ne nous est rien dit de Pierre.

Cette difficulté masculine de croire conforte paradoxalement la foi. Les disciples mâles ont eu besoin de (re)voir personnellement Jésus pour croire en lui à leur tour : voir pour croire ! Bienheureux non sens, qui est encore une preuve de l’infinie patience de Jésus retourné dans la gloire de sa divinité, et devant supporter encore leurs doutes…, et les nôtres jusqu’à la fin des temps !

D’ailleurs, relisez-les : Tous les récits des apparitions du ressuscité soulignent que Jésus doit d’abord vaincre le manque de foi de ses « plus proches » et leur apporter des preuves (« evidences » disent les anglais) que c’est bien lui ! Il n’allait pas de soi alors et il ne va toujours pas de soi de croire à une résurrection ! Non, cela ne va pas de soi non plus pour nous !
Les témoignages des autres peuvent aider, mais c’est à chacun de prendre position !
Les femmes sont déjà la moitié du monde ! Reste l’autre !

Dimanche de Pâques – B : Alléluia
08 Avril




Aujourd’hui, Corinthiens du 21ème siècle, nous continuons à suivre Paul, le plus formidable converti à Jésus :
 «Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, qu’il est apparu à Pierre, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart d’entre eux vivent encore et quelques-uns se sont endormis – ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Et, en tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi, comme à l’avorton. » (1 Co 3-8)

Nos rassemblements sont dus à la transmission de cette Bonne Nouvelle à travers les siècles :
-          nous célébrons la victoire finale de la vie sur la mort,
-     nous célébrons Jésus Christ, notre espérance, qui donne un sens à notre vie, malgré les angoisses, les souffrances et les difficultés de tous les jours.

La lourde pierre qui scellait le tombeau est le symbole de notre incapacité de vaincre la souffrance et la mort par nous-mêmes.
-          D’abord nous nous disons : «Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau?»
-          Puis nous nous rendons compte qu’ « ON » a roulé la pierre pour nous : et on reste c.. !

Ce détail concret (la pierre était lourde !), souligné par les quatre évangélistes, indique qu’une véritable muraille sépare l’être humain de la résurrection : Qui pourrait enlever cet obstacle « sinon Dieu, seul » capable de délester du  poids écrasant de la mort qui pèse sur l’humanité.
L’important n’est pas la tombe vide (encore que…), mais l’annonce de la résurrection. Les femmes ne trouvèrent pas le tombeau vide, POINT : elles rencontrèrent quelqu’un qui leur révéla la résurrection de Jésus.

Pâques, pour le chrétien, est ainsi la fête de cette grande et inouïe révélation !
Stupeur, mais pas peur ! « N’ayez pas peur...» Autant l’apparition de Dieu bouleverse, autant sa présence aussitôt rassure et apaise : il n’a pas à jouer sur la peur. Plus besoin de "Fascinosum ni de tremendum"!

N’ayez pas peur, mais plutôt : «Allez dire à ses disciples qu’il les précède en Galilée…» La Galilée : c’est là où ils sont nés, où ils travaillaient, où ils vivaient.
Où est notre Galilée à nous. Allez! Ne restons pas près de ce tombeau vide. Allons là où Jésus est vivant, là où il nous précède, là où il nous a fixé rendez-vous... en NOTRE Galilée, sur cette terre qui est la nôtre, dans vos activités quotidiennes.

Naître, vivre, mourir, être enterré… c’est la trajectoire normale de l’histoire humaine. La résurrection du Christ Jésus change, poursuit et dépasse cette trajectoire : le tombeau vide s’est métamorphosé en lieu et opportunité d’une nouvelle naissance : «Dieu l’a ressuscité; il n’est pas ici.»

Eh bien non, nous dit « le ciel » : tout ne finit pas au cimetière ! Dans l’histoire de la foi chrétienne, tout – PARADOXALEMENT -, commence au cimetière, autour d’un tombeau vide. Et le messager ne dit pas aux femmes : «Allez dire aux disciples de venir ici en pèlerinage autour d’un tombeau vide.» Mais : «Allez dire à ses disciples et à Pierre qu’ils retournent en Galilée. Là, il le trouveront».

La communauté des disciples n’est pas re créée autour d’une tombe, mais autour d’un « échappé de la tombe », d’un « re suscité » qui vous/nous/les attend là où chacun vit.  Alors oui, cette « grande » fête nous invite à passer de la peur à la joie, du passé au présent, de l’hiver au printemps, de la mort à la vie : la plus grande victoire qui existe, la victoire sur la mort.  Celle-là résistera à l’usure du temps.
Ceci n’est ni une victoire politique, ni une victoire militaire, ni une victoire économique.

Une véritable victoire exige permanence et finalité pour garantir l’espérance à tous nos projets humains : CAD issue, amour, pardon, justice…

L’alléluia s’impose !



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