Sa chair à manger
19 AOUT 20EME DIM
La déclaration de Capharnaüm (Jn
6) marque un tournant dans la vie et la mission de Jésus. : "À partir de
ce moment, beaucoup de ses disciples s'en allèrent et cessèrent de marcher avec
lui." Ce qui précipite leur défection est l'enseignement suivant lequel Jésus
est "le pain vivant venu du ciel."
On savait déjà tout à propos de
«pain venu du ciel »: c'était la manne dans le désert, une nourriture certes, mais qui ne rendait pas
immortel. Tandis que Jésus affirme, lui : "Moi, Je Suis le pain vivant,
qui est descendu du ciel: si quelqu'un mange de ce pain, il vivra
éternellement." Et il ajoute, le comble! "Le pain que je donnerai,
c'est ma chair pour la vie du monde."
Effectivement, comment un homme
peut-il donner sa chair à manger et être pris au sérieux?
Et ce n'est pas tout! En plus de
manger sa chair, ses disciples devront maintenant boire son sang!
Alors que, dans la loi ancienne,
même la chair d'un animal ne pouvait être consommée que vidée de son sang! Et
Jésus martèle pourtant: "Seul celui qui mange (« dévore » dit le
texte grec original: « trogo »!) ma chair et boit mon sang a la vie
éternelle."
Insistance parce que le moment
est venu de faire le tri entre ceux qui se promènent à le suivre et ceux qui
sont « avec » lui, qui « marchent » avec lui!
Dans cette force initiale du
propos, on trouve le sens de
l'Eucharistie où nous proclamons la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne (1
Co 11, 26). Et la question de tous les opposants de Jésus reste(ra) sans
réponse en dehors de la foi! Car
-
s'il n'est qu'un homme comme les
autres, il ne peut sûrement pas donner sa chair à manger;
- mais s'il est l'Envoyé et le Fils
de Dieu, alors nous devenons participants de sa nature divine en recevant le
pain du ciel. C'est ainsi qu'il peut dire: "Celui qui mange de ce pain
aura la vie éternelle."
Et la question a de quoi surprendre.
En effet, depuis les tout débuts de l’humanité, que
faisons-nous d’autre que de consommer la « vie » de nos frères
humains, qui travaillent et (en) meurent pour que les autres vivent ?
C'est dans cette lignée que Jésus s’inscrit, en y occupant
une place singulière, unique. Celui qui
mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai
au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la
vraie boisson. Faut l'dire!
Mais personne n'est dispensé de livrer sa vie pour que
d’autres vivent: du fait de Jésus, désormais, ce « don » inévitable a
un effet que nous ne pouvons pas atteindre par nous-mêmes. Car du fait de Jésus
- de sa vie et de sa mort, de notre foi en Lui, du sacrement de cette foi -,
notre « don » fructifie en vie
éternelle.
C'est de cette façon que se trouve assumé, transformé et
exalté le geste - nécessaire et très
charnel -, qui assure la vie de l’humanité.
Tel
est le pain qui descend du ciel: il n’est pas comme celui que vos pères ont
mangé. Eux, ils sont morts; celui qui mange ce pain vivra éternellement.
En définitive, oui, la question ne devrait tant nous
surprendre: car faut-il nous étonner que
les humains vivent solidairement du don qu’ils font de leur vie les uns pour
les autres?
Ce qui est sûr, c'est que nous
n’irions pas imaginer qu’un tel don puisse nous rendre éternels. Et pourtant
Jésus annonce qu'il en est ainsi. Et puisque cet homme-là, Jésus, donne sa vie, nous pouvons incorporer notre
vie à la sienne: et alors dès ce monde – voilà la foi -, nous vivons d’une vie qui ne passe pas. De même que le Père, qui est vivant, m’a
envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra
par moi
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