lundi 14 mars 2011

Trans figuration : vision et perspective

Trans figuration : vision et perspective  

20 Mars
2ème dimanche Carême Année A
 Textes

Voilà, nous avons avancé d’une semaine dans ce temps de remise en question de soi, qu’est le Carême. Il faut maintenant savoir vers où, vers qui on avance ! Quel est notre vrai visage au-delà de tous les masques et de toutes les apparences d notre vie sociale où nous jouons tous un ou plusieurs rôles :
-          All the world’s a stage and all the men and women merely players! (Le monde est un théâtre et chacun n’est qu’un acteur !) écrivait Shakespeare.
Notre Montaigne n’en pensait pas moins :
-          Toutes nos vacations sont farcesques : mundus universus exercet histrioniam (tout le monde joue la comédie)

 
L'événement du Thabor se situe – dans l’élaboration des évangiles -, après l'épisode de la profession de foi de Pierre disant à Jésus: "Tu es le Messie", suivie aussitôt d'une première annonce de la Passion et de la Résurrection. On sait comment Pierre a réagi: "Non, cela ne t'arrivera pas", ce qui lui vaut la réplique de Jésus: «Passe derrière moi, tes pensées ne sont pas celles de Dieu". (surtout quand on connaît l’épisode de son reniement… en sa présence, autour du brasero de la cour devant la maison de Caïphe !) Jésus profite de l‘occasion pour déclarer alors à ses disciples, et à tous: «Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive".

C'est donc quelques 6 jours après (quoiqu’il ne faille pas y accorder plus d’importance temporelle que cela : mais symbolique, oui ! Les chiffres Six & Sept jouant le rôle de l’imperfection et de la perfection) qu'il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean - qui seront plus tard les témoins d'une autre transfiguration, douloureuse celle là,  l'agonie. Dans les deux cas, il s’agit pour lui, de se montrer à eux au-delà des apparences : la gloire certes, entre Moïse et Elie, la Torah et la Prophétie, mais le passage par un dernier combat : c’est le sens premier du mot « agonie »).
Il les/nous emmène donc aujourd'hui sur une haute ( ? une grosse colline !) montagne – pour évoquer manifestement celle du Sinaï (Moïse) avec la nuée qui traduit une intense présence divine (la Shekinah dans le Temple, figurée par la fumée des holocaustes permanents). Luc nous dit que Jésus était en prière, quand son visage et ses vêtements brillèrent d’une éclatante lumière. C’est bien le nouveau Moïse, mieux : c’est "le Fils bien aimé en qui le Père se complait, que nous devons écouter? "

Comme à l’opéra, le Deus ex machina fait apparaître dans la machinerie mythologique les 2 plus grands porte paroles qui annonçaient – vue du côté des chrétiens -, le mystère de Jésus. Luc précise même qu'ils s'entretenaient avec lui de sa mort prochaine à Jérusalem. La mise en scène est proprement magistrale !
Il y a m^me le côté burlesque de Pierre émerveillé qui ne comprend rien (il parle de dresser 3 tentes, en s'oubliant lui même avec ses 2 compagnons ! Trois tentes pour des spectres du passé !). Aucun des trois ne saisit que Jésus, après leur avoir annoncé le destin de sa croix voulait vraisemblablement les réconforter dans leur foi mise à mal on ne peut plus par une telle prédiction, qui n’est pas un seul effet d’annonce ! Au delà de la souffrance de l’agonie sanglante et de la mort ignominieuse proches, il y a la résurrection (faut voir !) que laisse entrevoir la Transfiguration dont ils sont les témoins : y pensent-ils seulement ?



Quand Luc (lui qui n’y était pas : il n’a jamais vu Jésus, il ne le connaît que par Paul, qui lui non plus ne l’a jamais vu !) ajoute qu'en descendant de la montagne il demanda aux  3 disciples de n'en parler à personne ...et que eux se demandaient entre eux ce que cela pouvait signifier.


Questions :
  1. Pour quoi ce mystère ? Et les 9 autres, alors ? On entend les questions ! Bonjour les traitements de faveur !!!
  2. Pierre, Jacques et Jean se demandaient ce que signifiait quoi ? Le phénomène ou bien la défense d’en parler !
  3. Et nous aujourd'hui, que nous « enseigne » cet épisode de la vie de Jésus? Même si nous sommes « avantagés » par ce que nous savons de la mort et de la Résurrection de Jésus ... ?

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  • Abraham, qui reçoit l’ordre de quitter son pays pour devenir une grande nation, porter un grand nom, devenir source de bénédiction ..., il a bien fallu qu’il fasse preuve d'une extraordinaire confiance en la promesse divine !

  • Paul, qui nous invite, par le truchement de son disciple, à prendre notre part de souffrance en comptant sur la force de Dieu, à croire à la sainteté de notre vocation qui ne se réalise qu'avec sa grâce ..., comment en est-il arrivé à adhérer au Christ Jésus, dans son « délire » religieux où il l’ « aurait vu », au delà de la mort, resplendir de vie et d'immortalité ?

Le carême, c’est çà :
*      contempler en stéréo
-          Jésus dans SA marche vers Pâques à travers SA Vie et SA Passion,
-          et ces témoins qui chacun à sa place et pour ce qui les concerne, se situent sur ce parcours en prenant position avec leurs sens, leur tête et- leur cœur
*      et faire notre religion de ce qui nous est donné, par la grâce, d’en saisir pour en vivre là où nous sommes, aujourd’hui !

Il est inutile d’insister  sur les difficultés de nos vie quotidiennes (crise, inflation, chômage), les épreuves de tous ordres que chacun peut connaître un jour ou l'autre, sans parler de celles plus ou moins douloureuses des fins de vie ... Autant de croix inévitables qui peuvent marquer notre suite de Jésus sur le chemin du Calvaire et du tombeau.
C’est pourquoi ce midrash - petit sermon imagé où se mêlent légendes, morales et folklore comme dans  les paraboles du rabbin Jésus - la Transfiguration rapportée par Luc – qui écrit pour des lecteurs de langue grecque qui aiment le « sensationnel » -, doit être reçu comme une source de l'Espérance la plus merveilleuse qui donne sens à notre vie, en toute circonstance : « Dieu veille sur ceux qui mettent leur espoir en son amour », chante le Psaume 33, car tous ce qui arrive à Jésus annonce ce qui nous arrivera : sa vie, sa mort et… sa résurrection ! C’est pourquoi, du côté des contemporains, voici 3 disciples, côté éternité, voici les plus grands pour le Juif qu’est Jésus : La loi (Moïse) et les Prophètes (Elie) !

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Vous roulez seul sur une route inconnue. La nuit est noire; la pluie rend périlleuse la succession rapide des pentes et des courbes. Soudain, un immense éclair illuminé tout le paysage: vous vous sentez rassurés pour avoir vu d’un  coup l'ensemble de la route. Maintenant vous continuez de rouler, en  sachant que … il y a une route et qu’elle mène quelque part !

C'est l'expérience du Tabor. Depuis un certain temps on ne sait plus très bien où Jésus nous mène !
L'opposition grandit et ses jours sont comptés. Surtout qu’il ne s’en cache pas, en leur annonçant tout de go qu’il devra  souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter” (16, 21). En attendant : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour.” (écho du Baptême : Mt 3, 17 et 12, 18.),  ça fait du bien de l’entendre !



Plus que de l’espérance : une vision et une perspective !

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