samedi 19 mars 2011

QUI (n') A (pas) SOIF ?

QUI (n') A (pas) SOIF ?
27 Mars

3ème dimanche  Carême

Textes
-          Ex. 17,3-7.
-          Jn 4,5-42.


Accepter de mourir pour un homme juste, c'est déjà difficile !
Peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien !
Mais se laisser massacrer par et  pour des moins que rien…
en dehors de Jésus, qui ?
(Traduction perso pour Rm 5,8)



C’est le ton exact de la catéchèse que rend ici le style de Jean : pratiquement, « catéchèse » veut dire en grec, « ping pong » ou « tennis » : A toi, à moi ! A toi, à moi ! Avec échange de smatches, de revers et de services !
C’est  le ton de réparties agiles entre deux esprits vifs ! Nous apprenons les étapes du cheminement de la foi, depuis l'inattention, voire le mépris, jusqu'au témoignage et la mission !

La scène est cinématographique ! Script :
  • un Jésus fatigué de la route s'est assis à la margelle d'un puits ;
  • arrive une femme qui semble vivre au ban de la société, puisqu'elle vient seule puiser de l'eau sous le soleil de midi.
  • Lui simplement : “Donne-moi à boire.”
  • Elle objectant : “Vous êtes juif! Ici, c’est la Samarie !”
  • Lui poursuivant, en voyant qu’elle a « soif » elle aussi : “Si tu savais le don de Dieu, c'est toi qui aurais demandé à boire.”
Dur ! Dur pour établir un climat de confiance et d'intimité !

On apprend que cette femme est rien moins qu’instable : elle a déjà raté cinq mariages ! Elle en essaye un 6ème ! Mais elle n’a pas du en être seule responsable ! « Une femme est une femme », disait Jean-Luc Godard !
Elle conserve pourtant un grand espace de liberté et d’attente au fond d’elle-même !
  • Jésus va lui « tendre la main » sur le sentier de la foi : « main-tenant » !
  • Passé le premier mouvement d'impatience, elle lui « tend l'oreille ».

Et la maïeutique christique/ chrétienne se met en marche : à partir d'un peu d'eau, Jésus l'amène au bout de ses questions. [C’est ce qu’on appelle la mystagogie : le guide vers le mystère !]



Jésus promet à une exclue (divorcée remariée récidiviste !),  blessée par la vie, une « eau » qui jaillira dans son cœur comme une source. Il lui révèle donc, dans une métaphore allégorique, qu’il est lui-même la fontaine de vie qui s'ouvre en elle pour ne plus jamais se refermer.
Elle vient de trouver son 7ème amant : parfait et divin, celui-là !

Et le miracle de la grâce, c’est qu’elle comprend çà! Elle comprend surtout que toute personne qui accueille Jésus, aura accès à cette surabondance de vie !

Alors le second miracle – si on peut dire ! -, c’est qu’il lui « dit tout ce qu'elle a fait »: le terrible quotidien des bonheurs d'occasion, des projets sans lendemain, des espoirs et des amours déçus. Il lui révèle que ce n’est pas pour autant qu’elle n’a pas d’avenir, puisqu’elle se reconnaît dans ce passé, son passé, le seul passé qu’elle ait… Sans ça, elle ni personne ne peut avancer !

Mais elle nourrit un tel désir de vie vraie! Alors s’étant mise à la table de la Parole qui s’échange - parce qu'elle a faim et soif de sens - et avide de retrouver sa place au grand soleil de Dieu, elle réintègre le projet du Créateur sur elle.
Au-delà de la chair et du sang – dira Jean dans son Prologue -, Jésus lui enseigne le culte en esprit et en vérité ! Et elle n’a qu’une hâte alors : remise «  en marche », elle court annoncer cette  (Bonne) Nouvelle aux gens de Sykar, qui accueillent Jésus à leur tour.

*    *
*

Peut-être faut-il avoir mené une vie mouvementée – comme notre Samaritaine – et avoir été suffisamment secoué, pour être capable de tendre la main à Dieu qui passe !
Ceux et celles qui continuent de « dormir », continueront de « crever de faim et soif » !

Le dernier sondage[1] nous apprend une schizophrénie (exceptionnellement ?) française : 34% des catholiques français ne croient pas en Dieu !!!
Comment s’y prendrait donc Jésus AUJOURD’HUI les amener à l'eau vive?
Bonne question, non ?

*    *
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Chrétiens - donc disciples de celui dont nous portons le nom -, nous rencontrons tous, sur nos chemins, de ces exclus  - peut-être en faisons-nous nous-mêmes partie, parfois en tout cas ? -, pourtant invités eux aussi à manger et à boire à la table de CE Royaume ! Ou alors, n’est-ce qu’une naïve « utopie » pour les « simples d’esprit » ? U-topie veut dire « non-lieu » en grec !


En tout cas, ON nous dit :
Le banquet est prêt, la table est mise et la fontaine donne son eau. C’est  l'heure ! (Isaïe 25, 6 et surtout 66, 18-21) !
Si nous n’arrivons pas à changer un peu les menus et à y amener les exclus au hasard de nos rencontres, tout va finir par
refroidir,
s’affadir
et pourrir …


[1] Selon un sondage Harris Interactive publié hier 06 février  par le Parisien/Aujourd'hui en France,
36% des Français croient en Dieu,
34% sont athées,
22% ne savent pas s’ils croient en Dieu mais se posent la question,
8% ne savent pas mais ne se posent pas la question.
Le résultat le plus remarquable de ce sondage est que "34% des sondés qui se disent catholiques avouent ne pas croire en Dieu".
http://tulipe7.free.fr/index.php/2011/02/08/seulement-36-des-francais-croient-en-dieu-22-se-posent-la-question-34-catholiques-avouent-ne-pas-croire-en-dieu/

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