dimanche 11 décembre 2011

Une maison



Une maison
18 Dec
4ème Di Avent

Textes
-          2 Sam. 7,1-5.8-11.16.
-          Ps 89(88), 2-3.4-5.27.29.
-          Rm 16,25-27
Lc 1,26-38

Voilà que David – le joueur de cithare (guitare) devenu chef de guerre vainqueur - veut construire un temple à Jahvé. Celui-ci refuse vertement. « C’est toi qui veux me construire une maison ? … Je te fais savoir que c’est moi qui t’en construirai une ! ».

Dieu n’a aucune envie de se faire enfermer dans un temple de pierre. David, lui,  aimerait construire à Dieu une demeure stable, un espace sacré … pour l’avoir à disposition, en quelque sorte ! Alors que Dieu se veut nomade avec son peuple, et qu’il veut l’accompagner partout où il se trouve. « Mon père était un araméen nomade ! », rappelle le Deutéronome !



Il est fini le temps où l’on cherchait Dieu sur les sommets, dans les nuages, dans les sanctuaires, dans les rites et les sacrifices. Oui, ce temps est fini. Fini aussi le temps des ziggurats, des pyramides, le temps où les hommes multipliaient les efforts pour s’élever jusqu’à Dieu, jusqu’à la tour de Babel ! Fini le temps de églises ? On dirait…

Le mouvement  s’est inversé ! C’est Dieu qui a décidé de venir habiter chez les hommes. Et Il se cherche une demeure. Intéressant contraste entre le projet de David sur Dieu – que Dieu rejette -, et celui de Dieu sur Marie - qui permet à Dieu d’habiter en elle : elle devient ainsi l’arche de la nouvelle Alliance, dont l’ancienne se trouvait ( ?) dans le Saint des Saints du Temple de Jérusalem … que finira par construire Salomon, le fils de David !
Mais l’histoire est en route ! Le nouveau temple de Dieu désormais n’est plus de pierre : il a un cœur qui bat, c’est le corps même de Marie ! Le corps d’une femme !

« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit habite en vous ? Le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous ! », écrira sans hésitation Paul aux chrétiens de Corinthe (l Co 3, 16-17).
Et si Luc utilise l’image de la « shekinah » (la « nuée », « l’ombre »), c’est que pour les Hébreux elle est le signe de la présence de Dieu. « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » avait déclaré Gabriel à Marie, pour répondre au « Comment ? »  délicieux de la jeune fille !
Le livre de la Genèse rapporte qu’au début de la création, l’Esprit planait sur les eaux pour donner la vie (Gn 1, 2) : c‘est ce même Esprit qui vient sur Marie et engendre en elle une création nouvelle.



Nous vivons chaque jour le temps où Dieu cherche un endroit où habiter. Il se peut, comme la dernière fois, que l’on soit obligé de constater « qu’il n’y a pas de place pour lui dans notre auberge ».
Il ne s’agit pas seulement ni absolument d’une demeure de pierre, comme le voulait David : Dieu pense plutôt à une place vivante, en l’homme. Dieu veut éviter d’être mis à part – le sacré ! -,  d’être enfermé dans un lieu « tabou ». Il a décidé de vivre dans la confusion colorée de nos vies quotidiennes. Il n’aime pas le genre de visite officielle où on ne montre pas au Chef ce qui ne va pas ! Des kilomètres de palissades cachaient au pape les tugurios misérables de Lima!

En venant à Noël, Dieu n’était pas entouré de gardes du corps ni protégé par de grandes mesures de sécurité (800 personnes, la délégation américaine pour Obama au dernier G20 de Cannes pour quelques heures ! 3 avions : Air Force 1 & 2 + un 3ème pour sa voiture blindée de 3 tonnes et demi!). Il veut être près des hommes et savoir exactement ce qui se passe sur terre, chez nous et dans le plus profond de nos coeurs. Il ne se fit pas aux itinéraires prédéterminés « pour motif de sécurité ».

Dieu ne s’est pas incarné pour fuir les difficultés de la vie. Au contraire, il est venu dans la confusion d’un recensement de l’empire, pour être l’un de nous et savoir réellement ce qui se passe dans notre monde, et le partager avec chacun.



Dieu ne veut pas être présent seulement dans nos églises (de plus en plus vides, d’ailleurs) : elles sont importantes, certes pour la « communauté chrétienne » réunie… mais Dieu veut aussi s’inviter chez nous, comme il l’a fait chez Marie à Nazareth.
Nous pourrons alors le conduire et le guider un peu partout, dans le vrai monde, dans la vraie vie, particulièrement chez ceux et celles chez qui on ne va jamais et qui ont le plus besoin d’aide : malades,  personnes âgées, jeunes au chômage ou aux prises avec les drogues, les sans travail et les sans foyer, les personnes seules, etc.

Rappelez-vous ! Dès que Marie eût accepté la proposition de Dieu, et apprenant que sa vieille cousine allait accoucher, la voilà qui se met en route illico presto, quittant son village « en hâte » pour prendre la caravane d’Aïn Karem et lui prêter assistance.

Jean écrit : « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu ». Cela se passe encore tous les jours. Qui accueille qui de façon chaleureuse ? La famille, le voisin, l’étranger ?


Le mystère de l’Incarnation n’est pas un simple anniversaire !
C’est une invitation par Dieu à partager sa propre vie.

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