Dernier modèle
4e Dimanche de Pâques – B
29 Avril
Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent
Le
«berger qui conduit son troupeau» est un thème bien connu et présent dans tout
l’ancien orient, pour désigner les rois et les chefs de clans. Dans la Bible,
cette image s’applique à Dieu, le pasteur de son peuple: «Voici votre Dieu qui
vient: comme un berger, il fait paître son troupeau; il rassemble les brebis
égarées, il porte les agnelets, il procure de la fraîcheur aux brebis qui le
suivent» (Isaïe). «Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien» (Psaume
22).
La
comparaison était claire facile pour un peuple de bergers nomades en marche
vers la Terre Promise. Qu’étaient ses plus grands chefs sinon des bergers chefs
: en tête Abraham, le patriarche nomade, en passant par Moïse et la révélation
du buisson ardent, jusqu’à David qui garde les moutons de son père, à Bethléem.
Rien
à voir avec le romantisme des bergeries de Marie Antoinette à Versailles ! Dans l’Orient ancien, le
berger était un homme fort, courageux, qui savait défendre son troupeau des
animaux sauvages et des voleurs. Dans 1 Samuel 17, 34-36, David dit au roi Saül
qui voulait l’empêcher de combattre le géant Goliath : «Quand je faisais paître
les brebis de mon père et que venait un lion ou un ours qui enlevait une brebis
du troupeau, je le poursuivais, je le frappais et j’arrachais celle-ci de sa
gueule. Et s’il se dressait contre moi, je le saisissais et je le frappais à
mort.»
Le
christianisme primitif a hérité de cette représentation : le « Christ
comme Bon Pasteur » se retrouve partout : dans les catacombes, les maisons
des chrétiens, leurs salles de réunions. C’est même l’une des premières « images »
de Jésus ressuscité : c’est pourquoi nous parlons de «pratique pastorale»,
d’après conception de Jésus comme « pasteur » de son peuple, venu
pour que ceux et celles qui lui sont confiés aient « la vie, et qu’ils
l’aient en abondance». (Jean 10, 10)
Jean
insiste même sur l’importance de l’individualité de chacun pour Dieu. « Je suis le bon pasteur. Je connais mes
brebis et mes brebis me connaissent ». Ici, pas d’étiquette ni
d’abstraction ! Appeler par le nom est une marque de familiarité, et plus
loin, de respect et d’amour. Ce que se garde bien de faire la règle générale de
la politique des préjugés et de la haine qui ne connaît plus le nom de
personne, qui « efface » le visage, qui nie l’identité.
Un
numéro tatoué sur le bras des prisonniers des KZ (des Konzentrationslager, des
Camps de concentration. Mais aussi à Guantanamo, à Abugraïd) : les numéros
et les catégories rendent la haine, la torture et le meurtre plus faciles. Toute
catégorisation est dangereuse.
Le
chrétien avec son « pasteur » refuse cette négation de la personne.
-
« CE
pasteur-là » connaît ses brebis et il les appelle par leur nom. Chacun est
unique pour lui. Un type de chef qui peut devenir alors un modèle pour ses jeunes
disciples (moins de 25 ans, sauf Pierre : Jésus n’a pas 30 ans !) qui
veulent apprendre, à ses côtés, à éviter les préjugés, le racisme et les
injustices de toutes sortes.
-
Oui, « CE
pasteur-là » est le seul Dieu des Juifs, des Samaritains, des Musulmans,
des Hindous, des Chrétiens… puisqu’il est le Dieu qui nous connaît par notre
nom, qui se préoccupe, qui prend le temps de connaître, qui répond aux besoins
d’une personne à la fois : Marie Madeleine, Zachée, la cananéenne, le bon
larron, le paralytique, la samaritaine, le lépreux, Nicodème, l’aveugle de
Jéricho, etc.… C’est quelqu’un qui veut que nous ayons la vie en abondance.
Si
chaque femme et chaque homme se mettaient à marcher sur ces/ses traces sans a
priori idéologique, et devenaient de bons pasteurs pour les gens autour de
nous, nous en aurions fini avec les crispations identitaires, communautaristes
et fanatiques… Et on pourra dire de nous ce qu’on a dit du Christ :
«Il
a passé sa vie à faire du bien et a aidé les autres à avoir la vie en abondance».
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