2e
Dimanche de Pâques - B
15
Avril
Shalom alekhem שלום
עליכם
Pax
vobis !
La
paix soit avec vous!
Depuis
qu’il est ressuscité Jésus « se
manifeste » le dimanche (« dies dominica » = le Jour du
Seigneur), devenu le premier jour de la
semaine. Les chrétiens ne se réunissaient pas tous les jours. Ils avaient, eux
aussi, « autre chose à faire », leur vie quotidienne. Ils ne
pouvaient pas être constamment ensemble : ils ont décidé de le faire dans
le cadre d’une «rencontre hebdomadaire».
Personnelle,
ou individuelle, la présence du Christ ressuscité est ressentie, expérimentée
et célébrée AUSSI dans le cadre communautaire, l’Église.
Ils
se rencontraient, mais ils avaient peur. Au moment où Jean écrit, c’est
toujours la persécution. Les premiers disciples ont pris l’habitude de se
réunir tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre : « messe
domestique ». Ils s’accueillent, mais il y a des défections : et on
comprend ! Ils verrouillent leurs portes. Mais chaque « dimanche »,
se renouvelle le «signe» (sacrement) du Cénacle : avec le pain et le vin, mystérieusement,
Jésus, le Christ, se glisse parmi les siens, là où ils se rassemblent : à
Éphèse, Antioche, Corinthe, Jérusalem, Rome. Et ainsi chaque dimanche
« devi(e)nt » Pâques!
L’Église en tant que telle, c’est
D’ABORD et AVANT TOUT cela : la réunion de femmes et d’hommes au milieu
desquels le Christ ressuscité se rend présent.
Vous
vous rappelez qu’on rapporte que la première parole du Christ après sa
résurrection est une parole de paix, une parole qui, comme un refrain permanent
que l’on siffle dès le matin et qui, têtu, ne vous lâche pas de toute la
journée…Don de la paix qui chasse la crainte et le doute. Pas la paix du monde,
mais la paix confiée aux « premiers chrétiens», comme un héritage
précieux, le soir du jeudi saint : «C’est la paix que je vous laisse, c’est MA
paix que je vous donne»...
Qui
dit présence du Seigneur, dit joie ! La joie de la résurrection est celle
qui vient après la peur de la mort
vaincue et après le doute surmonté. La joie pascale, la joie chrétienne,
n’est ni facile ni spontanée : ce n’est pas celle que nous éprouvons « inconsciemment »
quand tout va bien (santé, jeunesse, vitalité, essor économique, amitié,
famille…). La joie de la résurrection, elle, c’est celle qui vient «après»...
après la peur, après la crise! C’est la joie et la paix qui remontent du
« très profond », d’une situation désespérée (la mort d’un crucifié!)
et que rien désormais ne pourra faire disparaître. Bref, c’est la joie et la
paix que procure la foi en Jésus-Christ.
« Qui a peur de Virginia
Woolf ? » ? Qui n’a
pas (eu ?) peur ? Qui n’a pas
sa peur secrète ?
Nous
avons tous nos peurs : peur de Dieu, peur des autres, peur de souffrir, de
manquer d’argent, de ne pas être à la hauteur, de vieillir, de mourir… Comment
être heureux, comment connaître la joie ?
« N’ayez
pas peur, ayez confiance en moi. J’ai vaincu la pire des peurs : celle de la
mort !»
Le
rassemblement eucharistique établit une paix, au-delà de tout différence, de
toute supériorité et de toute infériorité. «Parmi vous, il n’y a ni Grecs ni
Juifs, ni hommes ni femmes, ni esclaves ni hommes libres» dira Paul, en ces
époques de castes et de classes.
Lors
du premier matin de Pâques, Jésus donne en fait aux disciples une vie « re
nouvelée », « ré insufflée » :
- «Il répandit sur eux
son Souffle et il leur dit: Recevez l’Esprit Saint !». Comme lors DU MYTHE FONDATEUR de la
création d’Adam et Ève, quand, après avoir plané sur les eaux
primordiales, l’Esprit de Dieu leur insuffla la vie : il se passe pour
les disciples et pour nous à leur suite, d’une «création nouvelle»... Nous
sommes recréés, renouvelés…
- Puis Jésus
continue : «Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses
péchés, ils lui seront remis !» : paroles adressées « ce
matin-là » à l’ensemble à venir des disciples du Christ, appel à nous
libérer mutuellement en nous pardonnant les uns les autres.
- Et enfin, la mission
: «De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie»...
Chacun est désormais institué porteur de
la «miséricorde de Dieu», tout (ou presque !) comme Jésus l’était! Vous
vous rendez compte de l’énormité de ce pouvoir : «Tous ceux à qui vous
remettrez les péchés, ils leur seront remis.» ?
Car,
comme l’homme de la Synagogue de Nazareth, chaque chrétien est
« autorisé » à dire : «L’Esprit
de Dieu repose sur moi, l’Esprit de Dieu m’a consacré, il m’a envoyé porter la
bonne nouvelle aux pauvres, annoncer une année de bienfaits de la part de Dieu,
libérer les captifs...» (Luc 4, 18.19).
Mettons-nous
dans la tête que nous sommes porteurs d’un Esprit spécifique : un
Esprit libérateur, un Esprit vivifiant, un Esprit qui pardonne au nom de Jésus.
Si,
à l’heure actuelle, un très grand nombre de baptisés ne fréquentent plus les
églises - sinon comme des « automates » pour le mariage, le baptême
de leurs enfants et les funérailles -, c’est que toutes les générations de
chrétiens n’ont pas été à la hauteur de l’héritage transmis !
Notre vie « de ressuscité » ne
semble pas « nouvelle », mais « congelée », conventionnelle,
aride, inhospitalière, sectaire, muséographique :
« passée » ! No future !
Comment
faire pour que les rassemblements dominicaux entretiennent et vivifient A
NOUVEAU ET DE NOUVEAU notre foi de
croyants! C’est vrai qu’on ne peut
vivre sa foi seul : la foi a besoin de se nourrir de la parole de Dieu, de
s’alimenter à la foi des autres. Et elle a besoin d’être partagée.
Mais
quand « cette foi proposée aujourd’hui » est frappée de péremption,
elle doit être recyclée !
-
« La paix soit avec
vous! » OK
-
« Comme le Père m’a
envoyé, moi aussi je vous envoie ! » Encore OK !
Mais, pour l’amour de Dieu, soyons
convaincants !
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