« Commencement »
2ème Di Avent
04 Dec
Textes
- Ps 85(84),9-10.11-12.13-14
- 2 Pierre 3,8-14.
- Mc 1,1-8.
Oui, il s’agit bien d’un commencement : celui d’une nouvelle année liturgique. Sur un voyage évangélique de 3 ans, l’Eglise nous promène allégrement de Matthieu en Marc qui va principalement nous accompagner en 2011-2012 durant cette nouvelle année. Nous trouverons Luc l’an prochain.
Et Marc que nous ouvrons aujourd’hui commence justement par le mot « commencement », le même mot par lequel débute la Genèse, le premier livre de la Bible : « Bereshit : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ». C’est donc une « nouvelle » qui inaugure une « nouvelle » création, une « nouvelle » histoire d’alliance : celle de Dieu et la communauté universelle des hommes.
Le dimanche, premier jour de la semaine pour les chrétiens, l’Eglise célèbre le Premier jour de la Vie Nouvelle, la Résurrection de son Seigneur qui ouvre le chemin de la Vie.
« Bonne Nouvelle » : ce n’est qu’une transcription du mot grec « évangile = έΰ αγγέλον » qui veut dire justement « bonne nouvelle » !
Isaïe ouvre le ban : « Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. » Quelle est donc cette bonne nouvelle qu’il faut crier du haut des remparts et des tours de Jérusalem ? C’est que le Seigneur Dieu lui-même va venir avec puissance et gloire pour ramener au pays tous les exilés, et les libérer de Babylone.
Pierre prend le relais : il porte la bonne nouvelle d’un monde nouveau : « Ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice ». Autrement dit, c’est la bonne nouvelle du royaume de Dieu, déjà annoncée longtemps avant, par le vieil Isaïe, royaume dans lequel, de belle façon imagée, « amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ». Et nous autres, les chrétiens, depuis Jésus, et avec ses propres mots, c’est régulièrement que nous l’attendons et le souhaitons : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ! ».
Car cette fois la nouvelle est vraiment « nouvelle » ! En effet : cette bonne nouvelle est une personne : Jésus Christ !
Qui est cet homme que Marc nous présente au début de son récit ?
« Bonne nouvelle de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu », écrit Marc ! Ce complément de nom (« de » = génitif en latin et en grec) indique
- non seulement la propriété : cette nouvelle appartient à Jésus-Christ ;
- mais aussi le contenu : CETTE NOUVELLE EST JESUS CHRIST !
Par ce texte qui lui est attribué – le plus ancien, vers 70 -, Marc veut justement répondre à cette question : qui est donc ce Jésus (de Nazareth, Messie) Christ et Fils de Dieu [le « sauveur », c’est le sens de son nom « Ieshouah »]. Dans un style spontané – comme une catéchèse orale -, il veut révéler progressivement le mystère de la personne de ce Jésus devenu l’amour de sa vie et dont il est le disciple à Rome avec Pierre.
(On croit savoir que c’est lui le jeune homme qui - au jardin des Oliviers où il avait suivi de nuit la bande à Jésus -, s’enfuit tout nu, en laissant le drap qui le recouvrait aux gardes du temple venus arrêter le Galiléen et qui tentaient de l’arrêter lui aussi !).
Le texte de Marc s’adresse à une communauté de païens – citoyens romains -, convertis dans une époque de crise et de persécution à la fin des années 60 : pensez à Néron !
Oui, qui est ce Jésus dont nous sommes nous aussi les disciples ?
Ø Il est d’abord le Christ (en grec) – Messie (en hébreu), c’est-à-dire, selon la tradition biblique, un homme consacré et envoyé par Dieu pour établir son Règne dans le monde. Contrairement à l’attente de certains de ses contemporains, Marc nous dévoilera peu à peu le vrai visage de Jésus : non pas un Messie politique et militaire mais un Messie crucifié, non pas un messie des armées mais un messie désarmé. Scandale et déception !
Ø Il est de plus le Fils de Dieu. Plus qu’un Messie humain, ce Jésus de Nazareth est Seigneur (kurios, adonai) : il est « Dieu parmi nous » (ce que veut dire le nom d’ « Emmanuel »).
Cette double déclaration de foi – pourrait-on dire -, en Jésus, Christ et Fils de Dieu, est exprimée plus avant dans le texte de Marc, par deux personnes différentes :
Ø « Tu es le Christ » (8, 29) confesse Pierre vers Césarée de Philippe tout au nord du pays. (Pierre est le « patron » de Marc à Rome et le chef de l’Eglise naissante !)
Ø « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu » (15, 39) déclare le centurion romain devant Jésus crucifié et mort à Jérusalem, au Golgotha. (C’est aux Romains d’abord que s’adresse cette catéchèse de Marc !).
Marc est un bon guide, sûr et vif : il nous met en route, dans la foi, à la suite de Jésus. L’attente de Dieu qui vient, nous dit-il, n’est pas un temps de passivité, c’est un temps de changement (conversion) et de remise à plat (humilité). Se préparer à sa rencontre, continue-t-il, c’est faire le ménage du cœur et de l’esprit, c’est reconnaître enfin avec le Baptiste notre vraie mesure devant sa grandeur : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi ». « Dieu veut que tous aient le temps de changer», écrit Pierre, en exhortant les chrétiens de Rome de tout faire «pour que le Christ les trouve nets et irréprochables».
Alors ne laissons pas le souci de nos affaires entraver notre marche à la rencontre de ce Jésus de Marc, si proche et si humain !
Réveillons en nous cette intelligence du cœur qui est la fine pointe de l’amour !
Et de même que le jeune Marc a sauté de sa terrasse au passage de Jésus pour le suivre, sautons de notre quant à soi pour nous jeter dans LA VIE qui passe devant nous !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire