LA CROIX
GLORIEUSE
14 septembre
Que deviennent les
symboles ? Le drapeau national? L’alliance du mariage ? La
croix…, entre autres !
Portez-vous autour du cou une
chaîne avec une croix ? Madonna la portait - la porte ? -, aux oreilles, ailleurs
même, je crois !
La croix : un ornement, un
bijou, un gris-gris ?
La croix, c’est le symbole qu’a
choisi la foi chrétienne, le signe visible et matériel du ralliement au Christ…
La CROIX GLORIEUSE !
Curieuse association de deux mots : croix et gloire !
Est-ce si glorieux de mourir sur
une croix ? Du temps de Jésus, c’est la manière dont la loi punissait un
délit important. Pas étonnant que les contemporains de Jésus aient buté sur
cette fin triste et misérable.
Objectivement, pour eux, Jésus est mort sur un échec. Ils ont alors parlé du
scandale de la Croix. Les lettres de Paul et les évangiles portent les traces
du désarroi des premières générations chrétiennes. En effet,
la Résurrection de Jésus n’effaçait pas sa condamnation à mort ni son
supplice infâmant sur une croix, et en plus, entre deux bandits... Dieu
avait-il besoin de s’abaisser à ce point ? On avait beau faire appel à
l’Écriture, le scandale demeurait...
La Croix, signe du
chrétien ? Tu parles d’un emblème !
A séparer de façon dichotomique
la vie et la mort de Jésus, « on »
a toujours eu tendance à dire que c’est sa mort qui nous a sauvés. En réalité,
c’est par toute sa vie que Jésus a conduit les hommes à Dieu, c’est toute sa
vie qui a été un chemin vers Dieu...
c’est-à-dire TOUT ce qu’il a été, TOUT ce qu’il a vécu, TOUT ce qu’il a dit...
sa vie, sa mort ET sa résurrection... Et si sa mort a été décidée et perpétrée
par ceux qui n’acceptaient pas ses actes, ni ses paroles ni son influence,
c’est sa vie TOUTE entière qui l’a mené jusque-là !
La croix est DE FAIT le signe qui
rappelle que Jésus a dérangé et continue de déranger beaucoup de gens : il
bouscule les sociétés, comme il avait bousculé la société juive. Au Golgotha,
comme depuis dans l’Histoire, on supprime celui qui veut inaugurer une vie
autre, un monde nouveau, dont la règle d’or est l’AMOUR.
« Vexilla
Regis » : la croix est devenue « l’étendard du roi » !
Car c’est la seule réponse :
l’AMOUR. Quand « on » aime comme personne n’a jamais aimé, c’est
qu’ « on » ne fait pas mine d’être un homme. En acceptant toutes
les conditions humaines, y compris la mort, et une mort abominable, « on »
a montré jusqu’où peut aller un amour.
L’amour invraisemblable de
Dieu !
Un amour qu’on croyait las de
pardonner et prêt à juger, et qui a inventé ce geste fou, cette
« déclaration d’amour », pour
dire à tous les hommes de l’Histoire, qu’il est toujours un amour
incandescent... En ce sens la Croix ne peut qu’être glorieuse... et si le
chrétien peut en être fier, ce n’est pas à cause du supplice enduré, mais de
l’amour qu’elle représente...
Si l’Eglise est fière des 7
moines de Thibirine en Algérie, ce n’est pas de ce qu’ils ont souffert :
détention et décapitation, mais de l’amour qu’ils ne cessaient d’avoir dans le
cœur... au point de pardonner à l’avance à ceux qui pouvaient les mettre à
mort... ce qui est advenu d’ailleurs.
Retenons deux choses :
1.
Ce qui compte dans nos vies, c’est ce qui part du
cœur : c’est cela qui donne du sens à nos actes, et non pas la difficulté.
La souffrance, sous quelle que forme que ce soit, n’est pas à rechercher ;
elle n’a pas de valeur en elle-même. Demander la grâce de souffrir est
contre nature! Nous avons bien assez de « porter » la souffrance
quand elle se présente. Et dire que Dieu éprouve ceux qu’il aime bien est une
contre vérité ! Avouons être incapables de trouver de réponse au deuil, à
la mort brutale, aux « croix » qui s’accumulent sur certains.
Respectons en silence ceux qui souffrent !
2.
Mais l’amour peut effectivement conduire jusqu’à la
« croix », sous une forme ou sous une autre : « Celui
qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ! »
Tout homme fidèle à vivre un peu comme le Christ dans le don de lui-même aux
autres, dans la solidarité avec les plus malheureux, rencontre tôt ou tard la
contradiction, les moqueries, les incompréhensions, y compris de la part de ses
meilleurs amis, et parfois même dans sa propre famille.
“Qui suis-je?”
16 SEPT 24EME DIM
Voici que Marc nous présente un Jésus qui s'informe, et qui s’informe sur la perception qu’on a de lui : “ Pour les gens, qui suis-je?”
Qui ne s’est pas posé ce type de
question, surtout s’il a tant soit peu une « carrière sociale ».
Certains s’en fichent, car leur succès ou leur élection - tout aussi inattendus l’un que l’autre -,
leur suffit : imposés ou installés, ils n’ont cure de ce qu’on pense
d’eux désormais !
Les disciples, eux, vont comparer
Jésus aux plus grands des prophètes: “Les uns te prennent pour
Jean-Baptiste, d'autres pour Élie, et d’autres d'autres encore, Jérémie ou l'un
des prophètes.”
Ça, c’est la rumeur : Jésus
ne s’en contente pas ! « Et vous, qu’est-ce que vous en dites? »
Et c’est le flash : Simon-Pierre, le chef, prend la parole: “Tu es le Messie” !
Et c’est le flash : Simon-Pierre, le chef, prend la parole: “Tu es le Messie” !
Bien sûr la scène est censée se
dérouler avant la Résurrection de Jésus et la Pentecôte de l’Esprit ! Mais
si Marc – qui écrit à Rome sous la
dictée de Pierre, quelque trente ans plus tard, ne l’oublions pas -, fait
déclarer explicitement à ce dernier cette reconnaissance du Fils de Dieu
annoncé par les prophètes, c’est que Pierre « se souvient » : il
« sent » qu’il « savait » ! Il « sentait
aussi » que Jésus avait du mal à (faire) accepter sa véritable vocation de
Messie : il voulait que la foi des compagnons - et la sienne en
particulier, quoique faible -, aidât Jésus et tout le groupe à accepter le
chemin difficile qu'ils devraient prendre, chacun pour son grade.
C'est pourquoi aussi – d’après
Marc -, Jésus commence à prédire sa Passion et à leur expliquer qu'il devra
monter à Jérusalem : Marc le lui fera répéter 3 fois, comme pour s’en
persuader, lui et le groupe !
Souvenons-nous aussi que
Jérusalem, à l'époque, était le centre de la foi juive, là où se dressait le
Temple comme signe de la présence de Dieu au milieu de son peuple.
Il est « normal » que
ce soit là précisément, à Jérusalem, au cœur de la ville sainte, que Jésus
devra accomplir son destin de souffrance et de mort ! Message mystérieux
et insensé pour les Douze, dont beaucoup comptaient sur lui pour libérer le
peuple juif de la domination romaine.
Son sort serait arrêté en partie
par les notables de Jérusalem, dont les chefs des prêtres, les anciens et les
scribes, des gens instruits, des spécialistes de la Parole de Dieu qui se
croyaient fidèles en tout.
Voilà ce que Jésus leur laissa
entendre, ce jour-là ! En entrant au cœur de la condition humaine, le fils
de dieu n'avait l'intention ni de contourner ni de rejeter la souffrance ou la
réalité de la mort quelle qu’en soit la forme ! Non, Dieu ne va rien
éviter : mais s’il entre bien jusque dans la réalité de la mort, c’est
pour la traverser…
Pierre – qui se souvient toujours
-, se souvient encore qu’il lui était impossible à l’époque d'accepter cette
perspective qui conduit à la mort infâme sur la croix : et le dit
crûment ! Alors il se fait renvoyer dans les cordes non moins
véhémentement : « Passe derrière moi, Satan! Tes pensées ne sont pas
celles de Dieu, mais celles des hommes ! »
Quand la situation semble ne
laisser aucun espoir, il peut sembler plus facile d'opter pour le mensonge. Le
renoncement n'a jamais été une option très à la mode. On préfère toujours
l’éviter ! Et le sacrifice alors ! La vie elle-même se charge de l’imposer le plus souvent.
La nouveauté de l'évangile est
que le renoncement et la peine ne sont pas vains : ils portent des fruits,
CAD des défis à relever ! Ici la lecture de l'évangile et l'expérience de
la vie se rencontrent : les uns assument le sacrifice, d'autres perdent
courage et jettent le gant, d’autres enfin songent même un jour ou l'autre à
s'enlever la vie.
“Car celui qui veut sauver sa vie
la perdra.” Celui qui veut vraiment donner un sens à sa vie et être
gagnant doit accepter d'en payer le prix : il semble que c'est le don de
sa vie qui donne du fruit.
“Celui qui perd sa vie à cause de
moi la gardera.” A cause de lui ! Ce serait ainsi, à son
exemple, qu'on gardera la vie.
Ceci est actuel : à travers
le monde, des gens paient de leur vie le seul fait de leur foi, de leurs
options chrétiennes, de leur engagement à la suite de Jésus, le Christ, le Fils
de Dieu !
“Quel avantage en effet un homme
aura-t-il à gagner le monde entier, s'il le paye de sa vie?”
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