“Effata, ce qui veut dire
"Ouvre-toi"”
9 SEPT 23EME DIM
Jésus, l’homme, ne peut pas ne
pas en avoir eu assez devant et devant l'incompréhension de ses compatriotes et
autres - de Nazareth en particulier -, et devant l'hostilité des
« théologiens »/ scribes venus de Jérusalem, le centrale du judaïsme.
Voici que Jésus quitte délibérément « son pays » et passe la
frontière du nord ! Anywhere out of Israël !
Intelligente et vive, une
Syro/phénicienne/libanaise a vite fait de reconnaître le Messie en Jésus, en
recevant de lui, dans la foi, la guérison de sa fille. Jésus continue plein
nord : il quitte maintenant la région de Tyr (Tyre, aujourd’hui), en
remontant jusqu'à Sidon (Saïda aujourd’hui), puis il redescend vers le territoire
de la Décapole (Les 10 Villes, en grec = territoires à l’est du Jourdain). Ayant
ainsi parcouru plus de 100 km, il retrouve les mêmes aspirations et des mêmes
besoins qu'au sein de ses coreligionnaires. Et il inaugure ce que les
théologiens de Vatican II ont appelé depuis, en latin, la "missio ad
gentes", celle qui s'adresse à l'ensemble des nations de la terre : LA mission!
Lui présente-t-on un
sourd-muet ? Il l'emmène aussitôt à l'écart, loin... Jésus fuit de plus en
plus les regards indiscrets et impudiques ; il se cache, et jusqu'à la
« fin », il essaiera vainement de demander qu’on garde le secret.
L'œuvre qu'il accomplit se passe dans les cœurs, et les grandes foules ont bien
du mal à le reconnaître.
"Les yeux levés au ciel, il
gémit [le verbe « stenazô »
exprime plus qu'un simple soupir; c'est un gémissement long et audible] et
lui dit: ‘Effata’." Marc nous décrit alors méticuleusement la scène et
c'est l'un des rares instants où l'on voit aussi clairement un geste de
guérison de Jésus. Prière mise à part, l'action ressemble à celle des
guérisseurs antiques dont la science attribuait à la salive des propriétés
médicinales [nous aussi, nous portons
spontanément à la bouche une éraflure ou une brûlure légère]. Et le fait de
mettre les doigts dans les oreilles était encore un geste de guérison.
Jésus intervient donc d'abord sur
le physique [nous parlons aujourd’hui
d’acte « holistique », car l'être humain n'a rien d'un cerveau
ambulant.]
Mais surtout, il guérit par la
puissance de Dieu, et ce qu'on traduit par l’actif "ouvre-toi" est un
passif dans le texte: "Sois ouvert..." par la force de Dieu qui
restaure aujourd'hui sa création.
L'aveuglement, comme la surdité
et le mutisme, illustrent notre condition humaine devant Dieu : que de
fois Marc ne répète-t-il pas que les disciples sont sourds et muets, qu'ils
sont lents à croire et qu'ils ne comprennent rien!(Marc 6, 52; 7, 18; 8, 18.).
Comment naît une création
nouvelle ?
Un homme nouveau est recréé, issu
du monde païen, celui-là même d'où vient la communauté croyante pour laquelle
écrivait Marc.
De notre monde redevenu païen,
quel Marc racontera la
renaissance ?
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« L’Église est en retard de 200 ans.
Aurions-nous peur ? »
Dans une ultime interview, publiée samedi 1er septembre à titre posthume par le
Corriere della Serra, le cardinal Martini encourage l’Église à
« entreprendre un chemin radical de changement ». En voici de larges
extraits en français.
« L’Église est
fatiguée. Notre culture a vieilli, nos églises sont vastes, nos maisons
religieuses sont vides, et l’appareil bureaucratique de l’Église se développe.
Nos rites et nos habits sont pompeux (…) Nous nous trouvons dans la situation
du jeune homme riche qui s’éloigne, empli de tristesse, alors que Jésus
l’appelle à devenir son disciple. Je sais bien qu’il est difficile de tout
laisser… Mais au moins pourrions-nous chercher des hommes libres et attentifs
au prochain, comme l’ont été Mgr Romero et les martyrs jésuites du
Salvador. Où sont les héros qui pourraient nous inspirer ? En aucun cas,
nous ne devrions nous en tenir aux limites de l’institution. (…) Dans l’Église
aujourd’hui, je vois tant de cendres qui cachent les braises que je me sens
souvent pris d’un sentiment d’impuissance. Comment peut-on libérer ces braises
pour revigorer la flamme de l’amour ? (…) Je conseille au pape et aux
évêques de chercher, pour les postes de direction, douze personnes « hors
normes », proches des pauvres, entourées de jeunes, qui expérimentent des
choses nouvelles. Nous avons besoin de ce contact avec des hommes qui brûlent,
pour que l’Esprit puisse se diffuser partout.
Mon premier conseil est la conversion. L’Église doit
reconnaître ses propres erreurs et entreprendre un chemin radical de
changement, à commencer par le pape et les évêques. À commencer par les
questions posées sur la sexualité et le corps. (…) Nous devons nous demander si
les gens écoutent encore les conseils de l’Église en matière sexuelle. L’Église
est-elle encore, dans ce domaine, une autorité de référence ou seulement une
caricature pour les médias ?
Mon deuxième conseil est l’écoute de la Parole de Dieu. (…)
Seul celui qui reçoit cette Parole dans son cœur peut aider au renouvellement
de l’Église et saura répondre avec justesse aux demandes personnelles. (…) Ni
le clergé ni le droit canonique ne peuvent se substituer à l’intériorité de
l’homme. Tous les règlements, les lois, les dogmes ne nous sont donnés que pour
clarifier la voix intérieure et aider au discernement de l’Esprit.
Enfin, les sacrements sont pour moi, non pas des instruments
de discipline, mais un appui à la guérison des hommes pris dans les faiblesses
de la vie. Portons-nous les sacrements à ceux qui ont besoin d’une force
nouvelle ? Je pense à tous les divorcés et aux familles recomposées. Ils
ont besoins d’une protection spéciale. L’Église soutient l’indissolubilité du
mariage. C’est une grâce lorsqu’un mariage et une famille y parviennent. (…)
L’attention que nous porterons aux familles recomposées sera déterminante pour
la proximité de l’Église avec la génération de leurs enfants. Une femme
abandonnée par son mari trouve un nouveau compagnon qui s’occupe d’elle et de
ses enfants. Ce second amour réussit. Si cette famille est discriminée, la mère
et ses enfants s’éloigneront. Si ces parents se sentent extérieurs à l’Église,
ne se sentent pas soutenus par elle, l’Église perdra les générations futures.
(...) La demande d’accès des divorcés à la communion doit être prise en compte.
Comment l’Église peut-elle venir en aide avec la force des sacrements à ceux
qui vivent des situations familiales complexes ? (…)
L’Église est en retard de 200 ans. Aurions-nous
peur ? Peur au lieu de courage ? La foi, la confiance, le courage
sont les fondements de l’Église. (…) Seul l’amour peut vaincre la fatigue. Je
le vois bien avec toutes les personnes qui m’entourent désormais. »
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