lundi 3 septembre 2012

“Effata", ce qui veut dire "Ouvre-toi"”


“Effata, ce qui veut dire "Ouvre-toi"”

9 SEPT    23EME  DIM


Jésus, l’homme, ne peut pas ne pas en avoir eu assez devant et devant l'incompréhension de ses compatriotes et autres - de Nazareth en particulier -, et devant l'hostilité des « théologiens »/ scribes venus de Jérusalem, le centrale du judaïsme. Voici que Jésus quitte délibérément « son pays » et passe la frontière du nord ! Anywhere out of Israël !



Intelligente et vive, une Syro/phénicienne/libanaise a vite fait de reconnaître le Messie en Jésus, en recevant de lui, dans la foi, la guérison de sa fille. Jésus continue plein nord : il quitte maintenant la région de Tyr (Tyre, aujourd’hui), en remontant jusqu'à Sidon (Saïda aujourd’hui), puis il redescend vers le territoire de la Décapole (Les 10 Villes, en grec = territoires à l’est du Jourdain). Ayant ainsi parcouru plus de 100 km, il retrouve les mêmes aspirations et des mêmes besoins qu'au sein de ses coreligionnaires. Et il inaugure ce que les théologiens de Vatican II ont appelé depuis, en latin, la "missio ad gentes", celle qui s'adresse à l'ensemble des nations de la terre : LA mission!

Lui présente-t-on un sourd-muet ? Il l'emmène aussitôt à l'écart, loin... Jésus fuit de plus en plus les regards indiscrets et impudiques ; il se cache, et jusqu'à la « fin », il essaiera vainement de demander qu’on garde le secret. L'œuvre qu'il accomplit se passe dans les cœurs, et les grandes foules ont bien du mal à le reconnaître.



"Les yeux levés au ciel, il gémit [le verbe « stenazô » exprime plus qu'un simple soupir; c'est un gémissement long et audible] et lui dit: ‘Effata’." Marc nous décrit alors méticuleusement la scène et c'est l'un des rares instants où l'on voit aussi clairement un geste de guérison de Jésus. Prière mise à part, l'action ressemble à celle des guérisseurs antiques dont la science attribuait à la salive des propriétés médicinales [nous aussi, nous portons spontanément à la bouche une éraflure ou une brûlure légère]. Et le fait de mettre les doigts dans les oreilles était encore un geste de guérison.

Jésus intervient donc d'abord sur le physique [nous parlons aujourd’hui d’acte « holistique », car l'être humain n'a rien d'un cerveau ambulant.]
Mais surtout, il guérit par la puissance de Dieu, et ce qu'on traduit par l’actif "ouvre-toi" est un passif dans le texte: "Sois ouvert..." par la force de Dieu qui restaure aujourd'hui sa création.
L'aveuglement, comme la surdité et le mutisme, illustrent notre condition humaine devant Dieu : que de fois Marc ne répète-t-il pas que les disciples sont sourds et muets, qu'ils sont lents à croire et qu'ils ne comprennent rien!(Marc 6, 52; 7, 18; 8, 18.).

Comment naît une création nouvelle ? 



Un homme nouveau est recréé, issu du monde païen, celui-là même d'où vient la communauté croyante pour laquelle écrivait Marc.
De notre monde redevenu païen, quel Marc racontera  la renaissance ?

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« L’Église est en retard de 200 ans. Aurions-nous peur ? »
Dans une ultime interview, publiée samedi 1er septembre à titre posthume par le Corriere della Serra, le cardinal Martini encourage l’Église à « entreprendre un chemin radical de changement  ». En voici de larges extraits en français.




 « L’Église est fatiguée. Notre culture a vieilli, nos églises sont vastes, nos maisons religieuses sont vides, et l’appareil bureaucratique de l’Église se développe. Nos rites et nos habits sont pompeux (…) Nous nous trouvons dans la situation du jeune homme riche qui s’éloigne, empli de tristesse, alors que Jésus l’appelle à devenir son disciple. Je sais bien qu’il est difficile de tout laisser… Mais au moins pourrions-nous chercher des hommes libres et attentifs au prochain, comme l’ont été Mgr Romero et les martyrs jésuites du Salvador. Où sont les héros qui pourraient nous inspirer ? En aucun cas, nous ne devrions nous en tenir aux limites de l’institution. (…) Dans l’Église aujourd’hui, je vois tant de cendres qui cachent les braises que je me sens souvent pris d’un sentiment d’impuissance. Comment peut-on libérer ces braises pour revigorer la flamme de l’amour ? (…) Je conseille au pape et aux évêques de chercher, pour les postes de direction, douze personnes « hors normes », proches des pauvres, entourées de jeunes, qui expérimentent des choses nouvelles. Nous avons besoin de ce contact avec des hommes qui brûlent, pour que l’Esprit puisse se diffuser partout.
Mon premier conseil est la conversion. L’Église doit reconnaître ses propres erreurs et entreprendre un chemin radical de changement, à commencer par le pape et les évêques. À commencer par les questions posées sur la sexualité et le corps. (…) Nous devons nous demander si les gens écoutent encore les conseils de l’Église en matière sexuelle. L’Église est-elle encore, dans ce domaine, une autorité de référence ou seulement une caricature pour les médias ?
Mon deuxième conseil est l’écoute de la Parole de Dieu. (…) Seul celui qui reçoit cette Parole dans son cœur peut aider au renouvellement de l’Église et saura répondre avec justesse aux demandes personnelles. (…) Ni le clergé ni le droit canonique ne peuvent se substituer à l’intériorité de l’homme. Tous les règlements, les lois, les dogmes ne nous sont donnés que pour clarifier la voix intérieure et aider au discernement de l’Esprit.
Enfin, les sacrements sont pour moi, non pas des instruments de discipline, mais un appui à la guérison des hommes pris dans les faiblesses de la vie. Portons-nous les sacrements à ceux qui ont besoin d’une force nouvelle ? Je pense à tous les divorcés et aux familles recomposées. Ils ont besoins d’une protection spéciale. L’Église soutient l’indissolubilité du mariage. C’est une grâce lorsqu’un mariage et une famille y parviennent. (…) L’attention que nous porterons aux familles recomposées sera déterminante pour la proximité de l’Église avec la génération de leurs enfants. Une femme abandonnée par son mari trouve un nouveau compagnon qui s’occupe d’elle et de ses enfants. Ce second amour réussit. Si cette famille est discriminée, la mère et ses enfants s’éloigneront. Si ces parents se sentent extérieurs à l’Église, ne se sentent pas soutenus par elle, l’Église perdra les générations futures. (...) La demande d’accès des divorcés à la communion doit être prise en compte. Comment l’Église peut-elle venir en aide avec la force des sacrements à ceux qui vivent des situations familiales complexes ? (…)
L’Église est en retard de 200 ans. Aurions-nous peur ? Peur au lieu de courage ? La foi, la confiance, le courage sont les fondements de l’Église. (…) Seul l’amour peut vaincre la fatigue. Je le vois bien avec toutes les personnes qui m’entourent désormais. »

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